La définition la plus simple de la vérité pourrait être la suivante : ce que no
La définition la plus simple de la vérité pourrait être la suivante : ce que nous disons ou pensons est vrai quand ce que nous avons en vue existe vraiment tel que nous le disons ou le pensons, et nous appelons vérité la qualité générale de tout ce que nous disons ou pensons de vrai. Ainsi nous sommes dans le vrai quand ce que nous disons est une image fidèle de la réalité, et nous sommes dans l'erreur quand il n'y a rien dans la réalité qui corresponde à nos idées. De ce fait, la vérité serait l'image correcte, ou la connaissance, que nous avons de la réalité. Organisation de l'article : cet article est divisé en deux grandes parties. Dans la première partie, nous avons organisé une réflexion sur la vérité en suivant un fil directeur énoncé ci-dessus. Il nous a semblé préférable de procéder ainsi afin d'éviter de faire un catalogue d'opinions philosophiques et d'offrir un texte structuré qui pourra, s'il atteint son but, donner une idée du travail philosophique que l'on doit fournir dans une dissertation. Le défaut de cette présentation est que cet exposé, même si nous avons pris soin de formuler des points de vue variés et diverses objections, est inévitablement sélectif et orienté. La seconde grande partie vient remédier en partie à ce défaut, en proposant des extraits aussi variés que possibles de textes classiques et en fournissant une liste de sujets de dissertation. Cette définition de la vérité, que nous plaçons en tête de ce chapitre et que nous allons avoir l'occasion de discuter, soulève de deux types de problèmes. Premier problème : la vérité apparaît comme une qualité que nous attribuons à ce que nous disons ou pensons : cette phrase est vraie, cette idée est vraie, et la vérité n'existe pas à part de ce que nous qualifions de vrai. La question se pose donc de savoir à quoi exactement nous attribuons cette qualité (une phrase ou une idée) et si nous avons raison de penser que la vérité est quelque chose que nous attribuons. Second problème : la vérité n'est attribuée que sous certaines conditions : il faut une idée ou une pensée de quelque chose, et également quelque chose qui existe dont nous avons l'idée et dont nous parlons. Dans ce cas, il y a une relation entre deux termes : la pensée et la réalité, et, en dehors de cette relation, parler de vérité n'a pas de sens. Quelle est alors la nature de cette relation ? comment savons-nous que l'image que nous avons de la réalité est fidèle ? et comment la réalité peut-elle se refléter dans notre esprit en sorte que nous puissions posséder la vérité ? Afin de ne pas alourdir cet article, nous ne donnerons pas de références en notes. Toutes les références utilisées peuvent être retrouvées dans la bibliographie commentée et dans les extraits que nous donnons dans la section Textes. À quoi donnons-nous la qualité d'être vrai ? Nous avons dès le début supposé que la vérité résidait dans des phrases (ce que nous disons à propos de la réalité) ou des pensées (les idées que nous avons des choses). Nous commencerons par ce problème, sans pourtant avoir répondu à ce stade à la question de savoir ce qu'est la vérité : en examinant dans quels cas nous parlons de vérité, nous parviendrons peut-être à déterminer les usages corrects (s'il y en a) de cette notion, ce qui aura ensuite l'avantage de nous en faciliter la compréhension. Quelques remarques pour commencer La Vérité rayonnante. Qu'est-ce que nous disons être vrai ou faux ? Il nous semble évident que les phrases disent des choses vraies ou fausses, comme nous l'avons supposé dès le début. Cette idée, dans sa généralité, est pourtant fausse. « Va me chercher du pain ! » est une phrase, mais elle n'est ni vraie ni fausse ; c'est un ordre. Il existe ainsi de nombreuses phrases que nous utilisons quotidiennement qui sont dans ce cas : les phrases qui expriment une demande (« pourriez-vous etc. »), un souhait (« je souhaiterais etc. »). Faut-il en conclure que les phrases ne disent rien de vrai ou de faux ? Évidemment non, car certaines phrases sont effectivement vraies ou fausses : « il pleut », « mon bureau est blanc », etc. Pour distinguer ces phrases des autres, nous appellerons « proposition » les phrases qui ont cette qualité de pouvoir être vraie ou fausse. Première caractérisation : Une proposition est une phrase qui peut être vraie ou fausse. Ces propositions, telles que nous les définissons, ne sont pas vraies en elles-mêmes : nous disons qu'elles peuvent énoncer une vérité ou une erreur. Cela semble tenir au fait que la proposition énonce quelque chose à propos d'une réalité indépendante de nous : « il pleut » peut être vraie quand je vois qu'il pleut, mais fausse plus tard quand il ne pleut plus. Une proposition prétend donc nous informer sur un état de choses, et elle décrit correctement ou non cet état de choses. Nous pouvons alors énoncer les deux caractéristiques suivantes : Deuxième caractérisation : Une proposition prétend nous apprendre quelque chose à propos d'un état de choses. Troisième caractérisation : Une proposition est vraie ou fausse selon qu'elle s'accorde ou non avec un état de choses. Nous examinerons plus loin ces conditions de la vérité d'une proposition, mais remarquons que le fait d'être vrai semble impliquer la possibilité d'être faux. Une proposition ne peut-elle pourtant pas toujours être vraie ? Sans doute, si elle exprime une réalité qui est toujours comme nous en parlons. Mais le monde extérieur est changeant, et cela laisse peu d'espoir de trouver des propositions toujours vraies. Pourtant, il est une sorte de proposition qui semble posséder cette qualité : ce sont les propositions mathématiques. En effet, de quelque manière qu'on l'envisage, 2 + 2 = 4 est toujours vraie. Seulement, les propositions mathématiques ne parlent pas des objets du monde extérieur ; quel genre de réalités peuvent être les objets mathématiques est une question difficile que nous n'aborderons pas ici. Contentons-nous de dire qu'il y a des propositions qui portent sur le monde extérieur et qu'elles sont vraies ou fausses, et qu'il y en a d'autres qui portent peut-être sur autre chose et qu'elles semblent pouvoir être toujours vraies. Cependant, si nous regardons d'un peu plus près ces rapports différents à la vérité et à la fausseté, nous sommes amenés à nous demander s'il ne faut pas distinguer des propositions de nature différente. En effet, dans le premier cas, la vérité (ou la fausseté) dépend d'un lien avec la réalité : « il pleut » reflète ou non le fait qu'il pleut. Mais que reflète « 2 + 2 = 4 » ? Loin d'avoir besoin d'une réalité empirique pour être vraie, cette phrase paraît être vraie en vertu de la définition des signes qu'elle contient, ou de ce que veulent dire ses termes et ses symboles et de la manière dont nous les utilisons (« 2 », « + », « = »). Nous n'allons pas tout de suite examiner ce problème, afin de poursuivre notre enquête sur ce que nous disons être vrai ou faux. Retenons pour le moment qu'il y a à l'évidence différents genres de phrases (les propositions) que nous disons êtres vrais ou faux, et que ces propositions ne sont sans doute pas vraies ou fausses pour les mêmes raisons et dans les mêmes conditions. Enfin, nous devons considérer le type de réalité qu'est la proposition, afin de savoir exactement ce que nous qualifions de vrai ou de faux. Nous avons dit que la proposition est phrase. Elle se présente en effet comme telle. Considérons cependant les deux phrases suivantes : Phrase et proposition 1. « il pleut », et : 2. « es regnet ». Nous avons là deux phrases distinctes, la première en Français, la seconde traduisant la première en Allemand. Ce sont toutes deux des propositions, puisqu'elles portent sur un état de choses et qu'elles peuvent être vraies ou fausses. Admettons qu'elles portent sur le même état de choses (c'est le même phénomène météorologique qui est décrit, au même endroit, au même moment). Il faut alors en conclure que ces deux phrases différentes sont en fait une seule et même proposition, et qu'une proposition n'est pas simplement un certain type de phrases composées de signes déterminés (lettres, mots associés par des règles de grammaire), puisqu'elle peut être traduite en différentes langues en restant la même proposition. Il y a donc des phrases qui sont des propositions, mais la proposition n'est pas à proprement parler une phrase déterminée. Qu'est-ce alors qu'une proposition ? Si nous regardons nos deux exemples, nous pourrions dire qu'elles expriment toutes deux la même idée à propos d'une certaine réalité. La proposition ne serait-elle pas alors une certaine sorte d'idée ou de réalité mentale que nous pouvons exprimer de manière sensible, par des signes écrits ou des sons ? Il nous faut, pour uploads/Philosophie/ bon-cours-d-x27-introduction-sur-la-verite-en-philosophie-wikibooks.pdf
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- Publié le Sep 28, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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