COMMENTAIRE DE TEXTE :  HOBBES, LÉVIATHAN, I, 5 : « DE LA RAISON ET DE LA SCIE

COMMENTAIRE DE TEXTE :  HOBBES, LÉVIATHAN, I, 5 : « DE LA RAISON ET DE LA SCIENCE » Brouillon : Thème : L’auteur traite ici des sources de savoir. Thèse : La raison est une source de savoir fiable car c’est sur elle qu’est fondée la science. Antithèse : La sensation, le souvenir et la prudence sont des sources de savoir fiables car c’est sur elles qu’est fondée l’opinion. Problématique : Le texte est rédigé au XVIIème siècle. Quel est l’intérêt de définir la science à cette époque ? Pourquoi Hobbes définit-il la science sous un éclairage mathématique plutôt que dogmatique ? Que cherche à montrer l’auteur ? Dans ce texte, Hobbes cherche à définir la science. Il procède tout d’abord par opposition, en avançant en guise d’exemple des sources de connaissance incertaine (souvenir ; sensation ; expérience ; prudence), qu’il confronte à la raison sur divers aspects (processus d’acquisition ; fiabilité ; but). Il s’agit ici de se demander en quoi la raison diffère des sources de savoir s’appuyant directement sur la réalité. Par la suite, il se focalise spécifiquement sur la méthode scientifique (démonstration ; syllogismes) autour de laquelle s’articule le travail de la raison qui permet d’aboutir à l’objet de la science. Autrement dit, l’auteur cherche à caractériser la science en lui attribuant des fonctions, qui impliquent également certaines limites (connaissance conditionnelle). Plan linéaire : I. Les différentes sources de savoir (l.1 à 2) II. La science ou le travail de la raison (l.3 à 7) III. L’opposition des sources de savoir (l.7 à 9) IV. La science pragmatique (l.9 à 14) COMMENTAIRE DE TEXTE : VIGNERON Chloé Philosophie TS1  HOBBES, LÉVIATHAN, I, 5 : « DE LA RAISON ET DE LA SCIENCE » Dans l’extrait soumis à notre étude, Hobbes se propose d’examiner des sources de savoir variées en vue de définir la science. Pour lui, seule la raison est une source de savoir fiable dans la mesure où elle est au fondement de la science. Cependant, elle est le fruit d’un travail de réflexion rigoureux. Cette idée remet alors en cause la fiabilité des sources de savoir innées, ou reposant sur l’expérience, à partir desquelles s’élabore l’opinion. Par ailleurs, le philosophe met en exergue l’application de la science dans l’amélioration du quotidien. Le but du texte est de montrer que la science se définit avant tout comme une connaissance mathématique, par opposition au dogme. Pour y parvenir, la structure du passage s’articule autour de deux moments : Hobbes commence par introduire les différentes sources de savoir avant de s’attarder sur le processus intellectuel au fondement de la science. Par la suite, il oppose cette dernière aux connaissances portant directement sur la réalité en établissant la visée pragmatique de la science. Ce passage s’ouvre par la distinction établie par Hobbes entre quatre sources de savoir : la sensation ; le souvenir ; la prudence et la raison. Ces sources de savoir s’apparentent à des facultés qui permettent d’accéder à diverses formes de connaissances. Tout d’abord, l’auteur s’attache à préciser le processus d’acquisition de chacune d’entre elles. Ainsi, il rapproche dans un premier temps la sensation et le souvenir qui sont « né[s] avec nous » (l.1) : ce sont par conséquent des sources de savoir innées. Quant à la prudence, celle-ci « s’acquiert […] par l’expérience seule » (l.2), c’est-à-dire l’addition de sensations qui, au moyen de la réflexion, produit la connaissance. Cette source de savoir est synonyme de termes tels que prévision, prévoyance et, dans certains cas, sagesse. Ainsi, la prudence se définit comme la faculté d’anticiper le futur à partir de faits vécus antérieurement. Nous pouvons alors parler d’extrapolation afin de désigner cette démarche déductive qui puise dans des processus ou des comportements concrets observés dans des conditions définies afin de généraliser d'autres processus ou comportements échappant à l'expérimentation. Enfin, l’obtention de la raison repose sur un « travail » (l.2), dont la nature fera l’objet du développement d’un axe de réflexion de l’auteur. Ainsi, Hobbes définit le premier travail de la raison comme étant de « pos[er] convenablement des noms » (l.3). Par cela, il entend qu’un mot est constitué de syllabes chargées de sens. En effet, l’utilisation du verbe « poser » signifier nommer ; au-delà de la définition, il s’agit de connaître l’essence de l’objet en question. De ce fait, le premier travail de la raison est de poser des noms pour les réfléchir et les comprendre, leur donner une signification. Cette prémisse prend tout son sens lorsque l’on comprend que les noms sont au fondement du raisonnement scientifique. Ce dernier caractérise le modèle de la « bonne et rigoureuse méthode » prônée par Hobbes aux lignes 3 et 4. Ici, le philosophe renvoie à la nouvelle science mathématique impulsée par Galilée au XVIIème siècle. Or, celle-ci provoque une révolution scientifique qui alimente une crise scientifique et philosophique. Ce passage vise donc, pour Hobbes, à défendre sa prise de position dans ce débat. En effet, l’émergence de l’école de Galilée remet en cause la scolastique prédominante enseigné dans les universités. Cette forme d’instruction des principes d’Aristote s’apparentait alors à un dogme, caractérisé par une argumentation polémique et de style rhétorique, par opposition à la démonstration. La démonstration réfère à un raisonnement déductif qui établit la vérité universelle, rationnelle, nécessaire et définitive d’une proposition. Par ailleurs, le substantif « démonstration » dérive du radical « montrer », qui signifie « faire un constat ». Cependant, une nuance doit être observée car si le constat peut être intuitif et relève alors de la connaissance immédiate, la démonstration à l’inverse requiert de la réflexion, et de ce fait, revêt un caractère discursif. Ainsi, ce procédé se fonde sur un raisonnement logique et analytique. Elle sous-entend le développement d’un langage vrai et logique, c’est-à-dire d’un discours reposant sur des propositions et des chaînes de raisonnement. C’est cette articulation qui permet d’exploiter des faits et des concepts. On admet alors que les êtres humains rationnels sont dotés d’une raison universelle, c’est-à-dire d’une capacité commune à raisonner. Cela signifie que l’adhésion à une thèse est obtenue par la sollicitation d’un langage universel qui amène l’auditeur à penser nécessairement comme le locuteur par conviction. Hobbes décortique ce langage, érigé sur des « noms » (l.4), dont le réseau de « liaison[s] » (l.5), appelé « assertions » (l.4), désigne des propositions, de forme affirmative ou négative, qui énoncent un jugement et que l'on admet comme vraies absolument. Cette structure est adaptée à une échelle plus large, puisque les « liaisons d’assertions » (l.5) composent des « syllogismes » (l.5), raisonnements déductifs formés de trois propositions : deux prémisses considérées comme vraies (la majeure universelle et la mineure particulière) et une conclusion, tel que la conclusion est déduite du rapprochement de la majeure et de la mineure. Ainsi, le VIGNERON Chloé Philosophie TS1 syllogisme permet d’établir la dépendance d’un fait particulier à une vérité universelle et d’aboutir à une conséquence. Néanmoins, il ne repose pas sur une vérification expérimentale, car par définition, si une assertion est considérée comme vraie dans la logique mathématique, dans la réalité de l’expérience, le syllogisme logiquement correct n’est pas forcément vrai car dépourvu de preuves à l’appui. C’est donc bien l’apprentissage et la maîtrise du langage rationnel qui permet d’accéder à la science, que l’auteur définit comme « la connaissance de toutes les consécutions de noms qui se rapportent au sujet entrepris » (l.6-7). Hobbes poursuit dans le soutien de sa thèse en soulignant le fait que la sensation et le souvenir ne sont pas des sources de savoir absolument fiables. En effet, le philosophe assimile la sensation et le souvenir a « une connaissance d’un fait, qui est une chose passée et irrévocable » (l.8). Or cette définition insinue les limites de ces sources de savoir, de par le caractère contingent, c’est-à-dire dépendant du hasard, et conjectural qu’elles revêtent. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une collection de faits passés propre à chacun, subjective, dont la perception se prête à l’interprétation. Ce catalogue tisse une chaîne de causalité, qui n’est pas nécessairement toujours vraie. Par extension, la prudence endosse la même incertitude dans la mesure où elle tire sa source dans l’addition de sensations qui, au terme d’une réflexion, génère la sagesse pratique. C’est à partir de ce principe que l’on peut élaborer la définition d’un prudent : il s’agit d’un individu ayant suffisamment d’expériences réfléchies, ou de sagesse, pour agir de façon pratique. Cela s’explique du fait que plus l’on a d’expérience, plus la certitude est grande, de par l’interprétation d’un nombre plus ou moins grands de « signes » qui sont des antécédents d’un événement qui en est la conséquence. Toutefois, il est à noter que la certitude absolue n’est jamais atteinte. En cela, l’auteur établit une distinction entre les sources de savoir reposant sur la réalité et la science. La discipline scientifique permet d’établir des liens de causalité entre les nominations d’objets et les objets, et n’est pas apparentée à la connaissance des antécédents indépendamment des uploads/Philosophie/ commentaire-de-texte 7 .pdf

  • 11
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager