MOHAMMED IQBAL Reconstruire la pensée religieuse de l’islam "Reconstruire la pe

MOHAMMED IQBAL Reconstruire la pensée religieuse de l’islam "Reconstruire la pensée religieuse de l'Islam" de Mohammed Iqbal (1/3) Reconstruire la pensée religieuse de l'Islam est considéré comme l'oeuvre majeure deMohammed Iqbal. C'est Eva de Vitray-Meyerovitch (m. 1999) qui s'est chargée de traduire, du persan au français, et de faire découvrir cette œuvre au public francophone. Comme nous allons le voir, cet ouvrage se veut être un pont entre le monde musulman et la pensée européenne, un dialogue entre deux systèmes de pensée dans les domaines de la théologie, de la philosophie sociale, de la philosophie du droit et de la philosophie des sciences. C'était pour Mohammed Iqbal un devoir impérieux que de réconcilier la vision coranique avec la structure dynamique de l'univers et les dernières avancées scientifiques, notamment celles de la physique et de la biologie. De par son immense érudition et ses connaissances scientifiques, Mohammed Iqbal va, à travers ces conférences, s'efforcer de comparer les théories de penseurs et scientifiques occidentaux et musulmans de différentes époques en vue de réfuter certains préjugés sur l'islam et par la même occasion mettre en exergue tout un pan ignoré de la civilisation islamique. Sa démarche intellectuelle va inspirer, longtemps après sa mort, un grand nombre de penseurs et d'étudiants musulmans féru de sa pensée qui, de nos jours, trouve encore toute sa pertinence. Ayant fait ses études universitaires en Europe, le penseur, poète, homme politique et philosophe musulman d'origine indienne Mohammed Iqbal (m. 1938) est considéré comme le père spirituel et le concepteur de la genèse de l'Etat islamique du Pakistan. Sa pensée philosophique et sa production littéraire sont pourtant peu connues en Europe. Il est également considéré, essentiellement dans le monde musulman, comme l'un des plus grands intellectuels et réformateurs de la pensée religieuse musulmane au 20 ème siècle. Il a notamment écrit « Le développement de la métaphysique en Perse » (1908) et une abondante oeuvre poétique en langue ourdou et persane. De 1928 à 1932, Mohammed Iqbal donne, à la demande de l'Association musulmane de Madras, une série de conférences à Madras, Hyderabad, Aligarh et Londres. Ces conférences visent à répondre à une demande du public sur l'évolution de la philosophie religieuse musulmane vis à vis du passé et par rapport aux progrès récents dans les divers domaines de la connaissance humaine. Reconstruire la pensée religieuse de l'Islam est un recueil de sept de ces conférences qui ont des titres ayant une forte connotation spirituelle : "La connaissance et l'expérience religieuse", "le "test" philosophique des révélations de l'expérience religieuse", "La conception de Dieu et la signification de la prière", " l'égo humain : sa liberté et son immortalité ", " l'esprit de la culture musulmane ", " Le principe du mouvement dans la structure de l'Islam " et " La religion est-elle possible ? ". La connaissance et l'expérience religieuse Dans cette conférence, Mohammed Iqbal dresse un parallèle et une comparaison entre la poésie, la religion et la philosophie. Les questions métaphysiques concernant la place de notre existence dans l'univers et notre rapport avec lui sont communes aux trois disciplines. Selon Iqbal, l'inspiration poétique relève de l'ordre de la symbolique et elle a un caractère individuel. La religion permet, au contraire, d'apporter une vision plus large, de repousser les limites de l'homme et d'offrir une vision directe de la réalité. La vocation de la philosophie est celle du questionnement permanent, de la recherche libre, de déconstruire toute certitude au point même de nier ou d'accepter l'incapacité de la raison à atteindre la Réalité ultime. Cependant Mohammed Iqbal reconnaît que la foi religieuse est avant tout un " sentiment ". Il cite le Professeur Whitehead pour parler de la religion, c'est "un système de vérités générales ayant pour effet de transformer le caractère lorsqu'elles sont professées avec sincérité et saisies avec ardeur". Mohammed Iqbal reconnait aussi le fait que rationaliser la foi ne lui confère pas pour autant une supériorité sur la philosophie. Cette dernière a le droit de questionner la religion. Mais dans le même temps, la religion a ses propres conditions et en aucun cas la philosophie ne peut se permettre de reléguer la religion à un rang inférieur. Mohammed Iqbal cite le rapport d'influence entre la philosophie grecque et les penseurs musulmans qui ont établis différentes écoles de théologie scolastique sous l'inspiration de la pensée grecque. Mohammed Iqbal met en avant le fait que la philosophie grecque a été une force culturelle indéniable dans l'histoire de l'Islam mais il souligne aussi la vision universelle du Coran qui s'interroge également sur l'origine de la faune et de la flore contrairement à la pensée de Socrate qui est focalisée sur l'Homme. Mohammed Iqbal fait aussi une comparaison entre la pensée de Kant (m. 1804) et celled'Al Ghazali (m. 1111). La différence majeure entre ces deux philosophes est que Kant, en dépit de ses principes, ne pouvait affirmer la possibilité de connaissance de Dieu alors que Al Ghazali qui, suite à une crise personnelle, désespérait du raisonnement analytique trouva la réponse à ses questions dans l'expérience mystique. De ce fait, il donna droit à la religion d’exister indépendamment de la science et de la métaphysique. Selon Iqbal, l'idée que la pensée est essentiellement finie est une notion erronée. L'impuissance de la compréhension logique est due au fait qu'elle reconnaît une multiplicité d'entités individuelles qui se repoussent mais sans être capables de tout réduire à l'unité ou de les insérer dans un univers cohérent ce qui, d'après Iqbal, est une source de scepticisme. La compréhension logique qui reposait sur une méthode fondée sur des ressemblances, des généralités sur des unités fictives qui n'ont aucune influence sur la réalité des choses concrètes. Toutefois, Mohammed Iqbal fait référence à la portée "infinie" de la pensée car il précise que cette dernière n'est pas statique dans le temps, qu'elle a une expression dynamique qui correspond à une série de spécifications définies qui ne peuvent se comprendre que par références réciproques. Selon Iqbal, Al Ghazali et Kant n'ont pas su voir que la pensée dépassait ses propres bornes. Mohammed Iqbal rappelle que durant les cinq derniers siècles, la pensée religieuse de l'Islam est restée à un stade quasi stationnaire et que durant cette stagnation, les Européens se mirent à réfléchir sur les sujets qui préoccupaient les penseurs musulmans autrefois. Un grand pas a été franchi dans les domaines de la pensée et de l'expérience humaine à tel point que l'homme s'est senti investi d'une nouvelle foi et d'un sentiment de supériorité sur les forces qui l'entouraient. En citant notamment la théorie d'Einstein (m. 1955) sur sa manière nouvelle d'envisager les problèmes communs à la fois à la religion et à la philosophie, Iqbal justifie la demande nouvelle émanant du jeune public musulman sur ses questionnements et son désir d'une nouvelle orientation dans sa foi. Iqbal se propose, par le biais de cette conférence, d'étudier, dans un esprit objectif, les conclusions de ce que l'Europe a pensé. L'occasion également pour lui de combattre les contre vérités dont l'Islam a fait l'objet de la part de la campagne de propagande anti religieuse qui a eu lieu notamment en Inde et en Asie centrale. Iqbal rappelle, en outre, que dans la vision coranique, il n'y pas de dichotomie entre la nature et l'homme et que le but principal du Coran est d'éveiller les consciences dans leurs relations avec Dieu et l'Univers. De même, il n'y a pas d'opposition entre l'idéal et le réel en Islam, contrairement à l'opposition que le Christianisme a relevé entre la théorie de "l'en dehors" et celle de "l'en dedans". Il y a un effort perpétuel de l'idéal pour s'approprier le réel en Islam d'après Iqbal. L'expérience mystique est spécifique à un individu et sa dimension ne peut être enseignée et cela, rappelle Mohammed Iqbal, n'atteint donc pas l'intellect discursif. Toutefois, l'expérience mystique comme tout sentiment a un aspect cognitif. Ce dernier peut être traduit par une idée. L'expérience mystique est aussi réelle que n'importe quel domaine de l'expérience humaine. Pour Iqbal, nous possédons des "tests" qui sont semblables à ceux que l'on utilise pour les autres domaines de la connaissance. Ce sont les tests intellectuels et les tests pragmatistes. Le test intellectuel chez Iqbal est l'interprétation critique, exempte de toute expérience humaine, il a pour objectif de vérifier si notre interprétation nous conduit en définitive à une réalité similaire à celle de l'expérience religieuse. Le test pragmatiste se base sur les fruits. Le premier test est celui utilisé par le philosophe et le second par le prophète. Cette conclusion permet à Iqbal de faire une transition et d'annoncer le sujet de la conférence suivante en précisant qu'il va utiliser le test intellectuel. Le "test" philosophique des révélations de l'expérience religieuse Pour prouver l’existence de Dieu, la philosophie scolastique a déterminé trois arguments qui relèvent de la cosmologie, de la téléologie et de l'ontologie. Mohammed Iqbal commence par souligner que la cosmologie regarde le monde avec un effet fini. Il utilise la métaphore de l'inventeur et de son matériau en précisant que l'inventeur reste uploads/Philosophie/ iqbal.pdf

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