• « […] Leibniz manquait de la franchise et du courage requis pour exprimer le

• « […] Leibniz manquait de la franchise et du courage requis pour exprimer le résultat certain, et presque évident,de ses raisonnements, dans ses écrits plus populaires, sans l’obscurcir par une phraséologie trompeuse, bien qu’édifiante – spécialement par la distinction verbale, absolument dénuée de sens à la lumière de ses autres doctrines, entre des raisons "nécessitantes" et des raisons qui "inclinent infailliblement". La signification réelle, dans son système, du principe de raison suffisante se ramène par conséquent à la proposition selon laquelle l’existence de tout ce qui existe, et également ses attributs, son comportement et ses relations, sont déterminés par une vérité nécessaire ou par un système de vérités de cette sorte. • […] • Le même déterminisme cosmique est manifeste dans une thèse logique de Leibniz exprimée de la façon la plus claire qui soit dans certains de ses écrits qui ont été publiés seulement dans les cinquante dernières années. Cette thèse est que toutes les vérités contingentes sont en fin de compte réductibles à des vérités nécessaires ou a priori » (A. Lovejoy, The Great Chain of Being, p. 174). • « Je viens à la métaphysique et je peux dire que c’est pour l’amour d’elle que j’ay passé par tous ces degrés ; car j’ai reconnu que la vraye métaphysique n’est guère différente de la vraye logique, c’est-à-dire de l’art d’inventer en général ; car en effet la métaphysique est la théologie naturelle et le même Dieu qui est la somme de tous les biens est aussi le principe de toutes les connaissances « (« Discours sur la démonstration de l’existence de Dieu par Descartes », Foucher de Careil, p. 25). • « Ma métaphysique est toute mathématique pour dire ainsi ou le pourrait devenir » (Math. Schr., I, p. 258). • « Il faut savoir que par les arguments en forme, je n’entends pas seulement cette manière scolastique d’argumenter dont on se sert dans les collèges, mais tout raisonnement qui conclut par la force de la forme, et où l’on n’a besoin de suppléer aucun article, de sorte qu’un sorite, un autre tissu de syllogisme qui évite la répétition, même un compte bien dressé, un calcul d’algèbre, une analyse des infinitésimales me seront à peu près des arguments en forme, parce que leur forme de raisonner a été prédémontrée, de sorte qu’on est sûr de ne s’y point tromper » (Nouveaux Essais, p. 425). • « […] Quitter la méthode des disputes pour celle des comptes et raisonnements » (OFI, p. 177) • «Un deuxième obstacle est l’imperfection de l’Art Logique, je suis d’avis, en effet, que la Logique que l’on manie dans les Ecoles est aussi éloignée de la Logique utile pour diriger l’esprit en ce qui concerne la recherche de vérités diverses que l’Arithmétique enfantine de l’Algèbre du Mathématicien supérieur » (OFI, p. 419). • « Toute Vérité Mathématique pure peut-être transférée par des nombres de la raison à une expérience oculaire » (Omnis Veritas Mathematica pura per numeros a ratione transferri potest ad oculare experimentum) (OFI, p. 336). • « [..] La seule proposition dont le contraire implique contradiction, sans qu’on la puisse démontrer, est l’identique formelle. Cela se dit expressément la dedans, donc cela ne s’y peut pas démonstrer; démonstrer, c’est- à-dire faire voir par la raison et par conséquences. Cela s’y peut montrer à l’œil, donc cela ne s’y peut pas démonstrer. Les sens font voir que A est A est une proposition dont l’opposée A n’est pas A implique contradiction formellement. Or ce que les sens font voir est indémonstrable » (OFI, p. 186). • « Tout raisonnement humain est effectué à l’aide de certains signes ou caractères. Non seulement en effet les choses elles- mêmes, mais également les idées des choses ne peuvent ni ne doivent être toujours observées de façon distincte par l’âme, et c’est pourquoi, pour abréger, des signes sont utilisés à leur place » • (« Fundamenta calculi rationalis » (1688-1689). • « A coup sûr il [Spinoza] n’est pas un grand maître dans l’art de démontrer » (non est magnus demonstrandi artifex) (Phil. Schr., I, p. 148). • « […] L’Examen semble avoir fait partie de la stratégie utilisée depuis longtemps par Leibniz qui consistait à convaincre ses protecteurs, amis et correspondants catholiques que sa philosophie de même que ses convictions religieuses pouvaient en toute bonne conscience s’accorder avec tous les points doctrinaux principaux du Catholicisme Romain quand ces points étaient exposés de façon appropriée. Si l’on se souvient que, jusqu’en 1686, la grande majorité de ses protecteurs et de ses soutiens réels ou potentiels les plus importants avaient été des Catholiques Romains – Philipp von Schönborn, Boineburg, le duc Johann Friedrich, le landgrave Ernst, l’empereur Leopold, Arnauld – la raison pour laquelle il était si important pour Leibniz d’obtenir la confiance entière de ce parti à défaut de se convertir réellement au catholicisme devient claire. L’Examen semble donc avoir été un exercice dans cette sorte d’exposition ‘appropriée’ qui, d’un côté, concédait autant qu’il est possible aux doctrines et même aux pratiques de l’Eglise romaine, et, de l’autre, colorait le Catholicisme Romain dans des tons distinctement leibniziens. D’un point de vue philosophique, l’Examen donnait une présentation d’un bon nombre de doctrines métaphysiques clairement leibniziennes dont la similitude avec celles du Discours de métaphysique était frappante. D’un point de vue plus strictement théologique, il proposait une théologie de l’amour distinctement leibnizienne dans laquelle l’amour de Dieu, au-dessus de toute autre chose, était considéré comme le principe de la vraie religion. Bref, l’Examen ne semble pas avoir été écrit dans l’espoir d’obtenir l’approbation de toutes les confessions Chrétiennes principales, mais comme une exposition des croyances philosophiques et religieuses fondamentales de Leibniz qui n’entrait pas en conflit avec les doctrines centrales du Catholicisme Romain[1]. » [1] Maria rosa Antognazza, Leibniz, An Intellectual Biography, Cambridge University Press, New York, 2009, p. 257. • « Dans la conception de Leibniz, les désaccords théologiques entre les confessions Chrétiennes n’empêchaient pas la réunification, non pas parce qu’il se souciait peu des points de théologie délicats, mais parce qu’il croyait qu’en regardant les choses de près on verrait apparaître un degré de concordance suffisant pour la réunification. De plus, spécialement jusqu’à la fin des années 90, Leibniz a été particulièrement convaincu de la proximité entre les confessions Luthérienne et Catholique sur les questions fondamentales » (ibid., p. 278) • « […] L’usage fréquent et non élucidé que fait le livre des termes « nécessité morale », « nécessité hypothétique » et « incline sans nécessité » laisse le lecteur avec une impression moins nécessitarienne de la pensée de Leibniz que celle que laisseraient ces termes s’ils étaient accompagnés des explications de leur signification qui sont présentées ou suggérées dans ses écrits moins publics. On n’est pas rassuré sur la sincérité de Leibniz quand on lit, dans une lettre à Leibniz à Des Bosses qui discute l’usage de l’expression « nécessité morale » dans la Théodicée, le commentaire, « Et in universum vocabula ita interpretari malim, ne quid consequatur, quod male sonet (Et au total je préférerais que les mots soient interprétés d’une manière telle qu’il n’en résulte rien de malsonant) » (Phil. Schr. II, p. 419-20) (« Leibniz’s Theories of Contingency », p. 279). • « Le manque de franchise dans la Théodicée est évident ; les motifs pour cela, qu’ils soient pédagogiques ou liés au désir de se protéger soi-même ne le sont pas. Il est intéressant que Leibniz ait écrit à un moment donné, probablement au cours des années 1675-1677 : • La métaphysique doit être écrite à l’aide de définitions et de démonstrations exactes ; mais il ne faut rien y démontrer en dehors de ce qui ne répugne pas trop avec des opinions acceptées. De cette façon, en effet, cette métaphysique pourra être reçue ; une fois qu’elle aura été approuvée, plus tard, si certains explorent les choses plus en profondeur, ils enseigneront que les conséquences sont nécessaires. • Une des difficultés de la Théodicée, toutefois, est qu’un nombre si grand des « définitions exactes » de Leibniz sont omises qu’il faut se tourner vers d’autres œuvres pour trouver le matériau nécessaire pour un examen plus profond » (ibid.). • « « Si dans la Théodicée, il n’a (comme d’habitude) pas raconté l’histoire complète de sa philosophie, d’un autre côté, il était convaincu de ce qu’il disait et le considérait comme suffisant pour le but qu’il se proposait : défendre la justice de Dieu et la religion Chrétienne pour le public général éduqué. Avec toutes les précautions qu’il avait prises, il avait été néanmoins tout à fait franc en disant à certains de ses correspondants que cette œuvre n’était pas l’endroit requis pour une explication des aspects plus complexes et plus techniques de son système philosophique : la Théodicée était simplement une partie d’une image plus englobante. Néanmoins, elle contenait une partie importante du puzzle complet. […] En dépit de l’absence d’aspects importants du système de Leibniz dans la Théodicée, ce qui y était inclus correspondait à des conceptions uploads/Philosophie/ l4.pdf

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