1 La philosophie en classe de Terminales générales : Lettre-Contrat P. Serange
1 La philosophie en classe de Terminales générales : Lettre-Contrat P. Serange – Professeur de philosophie – Septembre 2010 – pierre.serange@gmail.com I) Présentation générale : le programme, les manuels et autres remarques pédagogiques A°) La question du manuel La plupart du temps, quand on est un élève soucieux de réussir l’année que l’on commence, on regarde rapidement le manuel pour se donner une idée de ce que la matière donnera à voir au cours de l’année. Partant de ce constat, je voulais affirmer la spécificité du programme en philosophie, ainsi que celle de son traitement. J’ai donc choisi de commencer cette lettre par la question du manuel, pour finir sur les exigences attendues, ce qui m’est apparu logique et important. Ce mot de début d’année a en cela pour objectif de démystifier l’enseignement de la philosophie, pour en préciser certaines exigences et expliquer l’optique dans laquelle la philosophie devra être abordée cette année. Pour commencer, le fait d’avoir un manuel de philosophie n’a rien d’obligatoire, ce qui m’a été confirmé par M. Perrin, Inspecteur Pédagogique Régional de l’Académie de Toulouse. Malgré le côté rassurant, en apparence, d’avoir un tel outil pédagogique en début d’année, il m’est apparu l’année dernière plusieurs limites au fait d’en utiliser un. Voilà pourquoi, m’alignant sur la décision d’autres collègues, comme ceux du Lycée François d’Estaing à Rodez, j’ai décidé de ne pas reconduire le manuel des années précédentes. Bien que pouvant présenter un intérêt, comme tout recueil de textes philosophiques, dans le déroulement de l’année de Terminale où le rapport direct à la pensée des grands auteurs est primordial, son défaut principal était d’avoir une multitude de textes éparpillés, classés par chapitres, ce qui tendait à les séparer les un des autres (là où il s’agit de voir des notions qui sont interdépendantes les unes des autres). Cette manière de cloisonner la pensée a été, pour certains élèves, un véritable frein à l’appréhension de l’état d’esprit à avoir pour réussir dans cette matière. Pour prendre un exemple concret, un sujet sur le bonheur (thème généralement vu en fin d’année) peut être traité avec des réflexions provenant d’éléments vus dans le chapitre sur la conscience (généralement traité en début d’année) ou avec le désir (examiné souvent au premier trimestre), et pas seulement avec le simple cours sur le bonheur. En outre, pour préserver la liberté pédagogique de l’enseignant, sur laquelle insistent les textes officiels régissant l’enseignement de la philosophie en classe de Terminale (cf ANNEXE 1), la plupart des auteurs de manuels donnent, pour chaque notion, rien moins qu’une quinzaine de textes de philosophes différents, extraits faisant une vingtaine de lignes au moins, pour que les enseignants puissent choisir ceux qui leur paraissent adaptés. Mais justement : il est tout simplement impossible d’en utiliser ne serait-ce que le quart dans le cadre d’une année de terminale. Or le fait que ces textes soient présents dans un manuel a eu tendance à angoisser, l’année dernière, certains élèves, qui ont eu du mal à comprendre que l’on ne pourrait pas « tous » les expliquer au sein des cours. Ce gros recueil, loin de rassurer, a donc plutôt eu tendance à stresser les élèves, les faisant s’inquiéter des textes non-vus au lieu de les pousser à se concentrer sur ceux expliqués en cours, et les incitant à séparer des domaines de la philosophie qui, en réalité, doivent être rapprochés. Le manuel Philosophie : Terminales L, ES, S, Nouveau programme, de F. Raffin, M. Autiquet et B. Piettre (éditions Delagrave, 2003), n’est donc plus obligatoire. Pour les élèves qui l’auraient déjà, ou qui veulent avoir un manuel, vous pourrez y trouver, classés par thèmes, des textes d’auteurs qui peuvent compléter ce que nous ferons en cours. Pour les raisons déjà évoquées, il est loin d’être indispensable. Vous pourrez cependant le demander à vos anciens camarades en Terminale l’année dernière, même si d’autres manuels me semblent plus complets, comme celui dirigé par F. Farago (Bréal, 2004) ou celui dirigé par P. Ducat et J. Montenot (Ellipses, 2004). Mais suffisamment de textes seront évoqués et/ou distribués en cours, sans compter ceux qui seront disponibles sur la plateforme www.skol-r.net, pour rendre dispensables ces onéreuses acquisitions. B°) Le programme et les différentes approches possibles L’important, pour le bon déroulement de l’année de terminale en philosophie, me semble être qu’il y ait un cadre, une perspective, dans les différentes réflexions menées, et que toutes les notions du programme soient traitées. Ainsi, pour reprendre un exemple de l’année dernière, une séquence, sur plusieurs semaines, partant du désir dans sons sens « affectif », avait fini par aborder les questions morales et politiques par ce biais-là : si deux personnes désirent la même chose, qu’est-ce qui les retient de s’entretuer pour la possession de l’objet désiré ? Sont-ce les lois politiques, une conscience morale, … ? Si je reprends cet exemple, c’est que le désir, notion présentée dans les « premiers chapitres » du programme tel qu’il est officiellement présenté (cf ANNEXE 1), peut en réalité guider une partie de la réflexion sur des chapitres qui sont, dans ce programme, présents « plus loin ». L’important est de construire ensemble, au cours de l’année, une progression posant les problèmes principaux relatifs aux différentes notions du programme, et il n’y pas un « ordre » absolu pour les aborder. Chaque professeur peut, selon les années et selon les classes, varier ses approches du programme, tant que toutes les notions évoquées dans le programme sont vues. Il n’est pas obligatoire (et peut, selon l’approche choisie, être malvenu) que chaque chapitre soit traité « à part ». C’est ce qu’expliquent les textes officiels (cf ANNEXE 1) en précisant : « Les notions figurant dans l’une et l’autre colonnes ne constituent pas nécessairement, dans l’économie du cours élaboré par le professeur, des têtes de chapitre. L’ordre dans lequel les notions sont abordées et leur articulation avec l’étude des œuvres relèvent de la liberté philosophique et de la responsabilité du professeur, pourvu que toutes soient examinées ». Voilà pourquoi je vais continuer sur la lancée de l’année dernière en fonctionnant par textes- clés, bien identifiés, directement insérés dans le cours, qui répondront ou poseront un problème précis et feront avancer l’examen des problématiques étudiées. 2 C) La philosophie et les autres disciplines de Terminale : une démarche collective et personnelle En outre, la complémentarité avec les autres matières est importante. Pour citer quelques exemples, des approches sociologiques et économiques vues dans le cadre du cours de Sciences Economiques et Sociales sont évidemment à relier avec des problématiques philosophiques (série ES, cours sur « Le travail » ou « Les échanges », par exemple) ; de la même manière, la Littérature, en série L, ou les Sciences de la Vie et de la Terre, par exemple (série S, cours sur « le vivant », par exemple), ne sont pas étrangers aux problèmes que nous aborderons. L’Histoire, également, est une source inépuisable d’exemples qui peuvent être très pertinents dans une copie de philosophie s’ils sont intelligemment intégrés à l’argumentation proposée. Il s’agit donc de travailler sans mettre de « murailles » entre les matières, et l’espace www.skol-r.net pourra être un des lieus d’échange, entre les élèves et entre les professeurs qui le souhaitent. Je cite encore une fois les instructions officielles sur ce point (cf ANNEXE 1) : « la spécification des listes de notions propres au programme de chaque série tient compte […] des connaissances acquises par les élèves dans les autres disciplines ». Comme souvent, le travail en équipe est le plus enrichissant, et la communauté enseignante continuera à expliciter ces « ponts » entre les matières dans un souci d’interdisciplinarité. Mais encore faut-il que les élèves soient attentifs à cette complémentarité des enseignements en Terminale, et puissent en tirer profit. Pour cela, le travail, aussi bien personnel qu’en groupe, est primordial. Le site www.skol-r.net a avant tout pour but que chaque élève, ayant un espace de travail propre, puisse soumettre à ses camarades ses travaux, pour des remarques constructives pour chacun, de l’entraide, sous la houlette des professeurs volontaires. En tant qu’initiateur du projet www.skol-r.net, je proposerai cette année des travaux qui iront dans ce sens (par exemple, des introductions à rédiger sur des sujets « type bacs », pour vérifier si l’on a saisi le problème du sujet et que l’on a su en exposer les termes dès le début du devoir ; des résumés à faire ; des ressources à trouver ; des approfondissements sur tel ou tel point du programme ; des débats sur les thèmes du café philo ; etc.). Ce site, commencé l’année dernière et programmé gracieusement par un ancien élève en Terminale ES en 2009/2010 au Lycée Saint-Joseph, Quentin Amirault, sera ainsi utilisé pour centraliser ces différentes possibilités, les lister, et permettre à chacun de voir un travail personnel (par exemple un compte-rendu d’un film, d’un passage d’un livre d’auteur, un espace où des élèves, à tour de rôle, mettent en ligne leurs « impressions », ce qui les ont marqué concernant le cours uploads/Philosophie/ la-philosophie-en-terminales-generales.pdf
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- Publié le Mai 03, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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