© AVI SION, 1999 – LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE I Couverture Le raisonnement Le r
© AVI SION, 1999 – LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE I Couverture Le raisonnement Le raisonnement Le raisonnement Le raisonnement talmudique talmudique talmudique talmudique Avi Sion Avi Sion Avi Sion Avi Sion Auteur © AVI SION, 1999 – LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE II Compte-rendu d'une conférence donnée en janvier 1999, dans le cadre du Centre d'études juives auprès de l'Université de Genève. © AVI SION, 1999 – LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE III Avi Sion Le raisonnement talmudique Compte-rendu d'une conférence Nouvelle édition Genève, 1999 © AVI SION, 1999 – LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE IV AVI SION, 1999. PROTECTED BY INTERNATIONAL COPYRIGHT CONVENTIONS. ALL RIGHTS RESERVED. NO PART OF THIS BOOK MAY BE REPRODUCED IN ANY MANNER WHATSOEVER, OR STORED IN A RETRIEVAL SYSTEM OR TRANSMITTED, WITHOUT EXPRESS PERMISSION OF THE AUTHOR-PUBLISHER, EXCEPT IN CASE OF BRIEF QUOTATIONS WITH DUE ACKNOWLEDGEMENT. Published 1999, by Avi Sion, in Geneva, Switzerland. Library Cataloguing Information: Sion, Avi. Le raisonnement talmudique. No Index. No Bibliography. ISBN 2-9700091-2-9 © AVI SION, 1999 -- - LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE 1 Avant-propos Avant-propos. Ce livret retrace l'essentiel d'une conférence que j'ai donnée le 27 janvier 1999, dans le cadre du Centre d'études juives auprès de l'Université de Genève. Malgré la difficulté du sujet, une bonne cinquantaine de personnes de divers milieux étaient présentes à l'Uni-Dufour ce soir-là, peut-être en partie à cause d'une interview parue dans la Revue Juive quelques jours avant. Après la conférence, certains participants m'ont donné des conseils visant à faciliter la compréhension de mes propos. En particulier, on m'a recommandé d'utiliser plus de diagrammes - ce que j'ai fait ici pour vous. Le présent essai ne fait que reprendre certains points que j'ai traités plus complètement dans Judaic Logic: A Formal Analysis of Biblical, Talmudic and Rabbinic Logic. On ne peut que superficiellement présenter un domaine aussi dense que le raisonnement talmudique dans une conférence ou dans un compte-rendu aussi bref. Il manque inévitablement beaucoup de détails significatifs, de nuances importantes et d'explications nécessaires. Ceux qui voudraient en savoir plus pourront consulter mon oeuvre principale sur le sujet. Je dois avouer ne pas être un expert en talmud. Mais je crois m’être exceptionnellement bien informé concernant le raisonnement talmudique. Mon intérêt n’est pas dans le contenu juridique du talmud, mais dans la manière dont il est apparemment justifié. C'est surtout d'un point de vue épistémologique que je traite le sujet. En fin de compte, les arguments rabbiniques sont-ils logiquement valides? Certains le sont; d'autres non. On peut le voir clairement en exposant leur format précis, indépendamment de tout contenu spécifique. Je crois avoir démontré que le raisonnement talmudique n'est pas, comme certains le prétendent, entièrement crédible. Il inclut des manipulations que le logicien averti ne peut pas honnêtement admettre. Une telle conclusion n'est pas sans conséquence politique dans le climat actuel... La présente Nouvelle édition comprend quelques clarifications, et surtout la correction de quelques erreurs (dues à mon empressement durant la rédaction de la première édition, pour lesquelles je m'excuse). © AVI SION, 1999 -- - LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE 2 Introduction Introduction. Le talmud (qui veut dire enseignement) est composé de plusieurs couches. La première est la michna (apprendre par répétition), qui comprend des discussions entre rabbins du 1er s. avant l'ère commune (AEC) au 1er s. de l'ère commune (EC), et qu’on appelle les tannaïmes. La deuxième couche est la guémara (la finition), qui couvre les débats juridiques de rabbins, nommés amoraïmes, jusqu’au 5e s. Au-delà de ça, on y a intégré des commentaires de toutes les périodes suivantes, tel celui de Rachi (1040-1105). La michna se veut un résumé de la loi juive oralement transmise depuis le temps de Moïse, basée sur et commentant la loi écrite dans la Torah, et dans une moindre mesure dans le reste des écrits sacrés (le Nakh1). La guémara est à son tour un commentaire sur et une amplification de la michna. Ensemble, ils constituent le talmud, un énorme ouvrage, plein d’arguments tortueux et très souvent enrichissant d’une manière ou une autre. Les rabbins ont, au fur et à mesure de leur développement de la loi juive, utilisé certaines méthodes d’interprétations, qu’on appelle des règles herméneutiques. Par exemple, les sept règles de Hillel haZaken (1er s. AEC), ou les treize règles R. Ichmaël ben Elicha (2e s. EC). Chacun de ces rabbins avait, d’une manière caractéristique, des collègues avec des opinions divergentes concernant ces raisonnements. Ainsi, Hillel avait son Chammaï, et R. Ichmaël avait son R. Akiva ben Yossef. Nous n’avons pas, à ma connaissance, des listes de règles à leurs noms, comme pour leurs concurrents, mais leurs divergences méthodologiques sont bien connues et documentées. Il faut bien noter que ces diverses méthodes interprétatives (appelées midote au pl., midah au sing.) ne sont pas écrites dans la Torah. On y trouve un passage (Deut. 17:8-13) qui semble donner l’autorité à certains - spécifiquement, les prêtres ou les juges - de juger des cas et donc d’interpréter la loi (comme Moise l’a fait en son temps, avant de passer ses pouvoirs à d’autres selon Ex. 18:25-26). Mais une telle licence d'ordre général, qui n'explicite pas de méthodologie spéciale, ne peut constituer une justification de règles herméneutiques non-naturelles. Ce n’est qu’au temps du rabbin Saadia ben Yossef Gaon (882-942), plusieurs siècles après le talmud, que se développe (dans le cadre de ses débats avec les Qaraïtes, qui à ce temps réclamaient une lecture plus littérale de la Torah) la doctrine selon laquelle ces méthodes spécifiques sont d’origine divine, transmises par Moïse en tant que tradition orale. 1 Acronyme. La Torah (les cinq livres de Moïse) plus le Nakh forment ensemble le Tanakh, la Bible juive entière. © AVI SION, 1999 – LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE 3 Mais il faut bien souligner que nous n'avons aucune preuve documentaire que durant les 1,200 ans entre le don de la Torah et le début des débats talmudiques il y a eu connaissance et utilisation de ces moyens d'interprétation. Les écrits du Nakh, en particulier, n'en donnent aucun indice fiable. Le scénario traditionnel d'une transmission orale sans faille pendant plus d'un millénaire est très douteux, vu ce silence. Tout porte à croire, au contraire, qu'au temps du talmud ces diverses méthodologies se sont développées graduellement, ad hoc. Tel rabbin veut prouver que telle loi traditionnelle, reçue de ses maîtres, était ancrée dans la Torah écrite. Il propose un raisonnement qui aurait ce résultat désiré, et convainc ses pairs. Plus tard, dans une autre situation, lui ou un autre propose un raisonnement similaire, avec le même succès pratique. Dès lors, ce schéma de raisonnement acquiert une certaine légitimité et devient un des instruments théoriques à disposition des rabbins du talmud. Mais des rabbins prestigieux affichent des différentes tendances méthodologiques, et des écoles se forment. Dans les débats, parfois cette tendance prend le dessus, parfois une autre. Ainsi, la halakhah (la loi juive) peut se développer par des moyens contradictoires, qui par conséquent acquièrent tous une légitimité. Des listes sont formulées, qui collectionnent les méthodes les plus utilisées. On remarque non seulement des différences entre rabbins de la même période (tels Hillel et Chammaï ou R. Ichmaël et R. Akiva), mais aussi une évolution d’une période à l’autre. Ainsi, la liste de R. Ichmaël (comprenant treize règles) est plus longue que celle de Hillel (sept règles). Si on les compare, on voit que certaines règles correspondent, d’autres se retrouvent fusionnées ou scindées, d’autres encore sont absentes chez l’un et présentes chez l’autre. On peut ainsi, après des analyses très détaillées, tracer comment chacune de ces règles exégétiques a vraiment fait son apparition; et voir que la thèse de Saadia Gaon, selon laquelle il y a une continuité dans ces méthodes dans le talmud et avant lui jusqu’au temps de Moise, cette thèse est très douteuse, très difficile à soutenir vu les faits. Au contraire, tout confirme la thèse d’un développement assez anarchique, sans réflexion formelle, c. à d. sans effort de vérification avant utilisation, et donc sans garantie d’objectivité. 2 Je vais maintenant vous montrer de quoi il s’agit plus concrètement, en vous présentant trois exemples significatifs. 2 Tout cela est doublement vrai en ce qui concerne l'exégèse de la haggadah (les aspects non- juridiques de la tradition). Là, l'imagination a libre cours. © AVI SION, 1999 -- - LE RAISONNEMENT TALMUDIQUE 4 La démarche du logicien Nous allons commencer notre exposé en nous penchant sur l’argument a fortiori. Il faut d’abord comprendre la démarche du logicien, les questions qu’il se pose devant chaque raisonnement qu’il rencontre dans un discours. 1) Exposition/Formalisation. Qu’est ce que, par ex., les quatre passages suivants, tirés de la Bible, ont en commun (et qu'est ce qui les distinguent entre eux)? (Vous allez voir la réponse à cette question un peu plus loin, sans effort, mais il faut se rappeler qu’elle n’était pas facile à trouver, à cause des variations évidentes entre les exemples ci-dessous et d’autres.) a) Nombres 12:14. (D. se fâche avec Myriam, qui a dit du mal de son frère Moïse.) Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas uploads/Philosophie/ le-raisonnement-talmudique.pdf
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- Publié le Dec 04, 2021
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