Penser le bonheur . Définition Armand Cuvillier : " Le bonheur peut être conçu :

Penser le bonheur . Définition Armand Cuvillier : " Le bonheur peut être conçu : 1. tantôt négativement ou statiquement, comme un repos, une absence de douleurs, de soucis (cf. Epicure) 2. tantôt positivement et dynamiquement, comme le développement de l'ensemble des virtualités de l'être. " / " L'homme est un être vivant : son bonheur est donc de vivre, et la vie est un mouvement, par conséquent un effort, un regret, une espérance et une crainte." (Bersot) >> théorie des up and down , il faut faire effort pour monter - " tout ce qui est beau est aussi difficile que rare" (Spinoza) - Définition Louis-Marie Morfaux : (de bon et de heur, du latin populaire agurium, dérivé de augurium, augure, chance) . Etat de satisfaction complète de toutes les tendances humaines. A la différence des termes béatitude, félicité, il y a dans celui de bonheur l'idée qu'il est dû à une chance extérieure favorable (heur). >> complétude, actualisation des puissances de l'âme qui sont des puissances de la vie, d'une vie vivante éclairée, redoublée par la réflexion. - Le philosophe qui a thématisé le bonheur comme un horizon indépassable de la pensée, c'est Spinoza cf. Cours Cuvillier : Pour Spinoza, qui professe une métaphysique panthéiste ( système philosophique selon lequel tout est non seulement par Dieu mais en Dieu) , l'homme n'est qu'une des multiples déterminations de la Substance unique et infinie, qui est Dieu. Au dessus de la morale vulgaire pour laquelle les termes de bien et de mal sont simplement synonymes d'utile et de nuisible, il existe une sagesse supérieure, fondée sur "l'amour intellectuel de Dieu" et qui consiste, pour l'homme, à " SUR " 1 10 YANN MANGOURNY s'identifier par sa pensée à la pensée éternelle et à l'ordre universel, de telle sorte que plus rien ne puisse venir le troubler (cf. Ethique, Ve partie). - Développons : Toute la puissance de l'homme est dans l'entendement seul et " tout effort dont la raison est en nous le principe n'a d'autre objet que de comprendre. " C'est ainsi que la sage " conscient de lui-même, de Dieu et des choses en vertu d'une certaine nécessité intérieure" ignore le trouble et possède toujours la véritable paix intérieure. Il vit dans la joie, car la joie est précisément la passage à une plus grande perfection, et seule la superstition peut regarder comme salutaires la tristesse, la douleur, qui sont une diminution de notre être. Le sage selon Spinoza n'est donc pas un ascète. Il éloigne aussi de sa pensée les idées qui peuvent porter atteinte à son effort naturel pour persévérer dans l'être, et notamment l'idée de la mort : " La sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie". - Lisons un texte : Le bonheur du sage : " J'ai achevé ici ce que je voulais établir concernant la puissance de l'âme sur ses affections et la liberté de l'âme. Il apparaît combien vaut le Sage et combien il l'emporte en pouvoir sur l'ignorant conduit par le seul appétit sensuel. L'ignorant, outre qu'il est de beaucoup de manières ballotté par les causes extérieures et ne possède jamais le vrai contentement intérieur, est dans une inconscience presque complète de lui-même, de Dieu et des choses, et sitôt qu'il cesse de pâtir, il cesse aussi d'être. Le Sage au contraire, considéré en cette qualité, ne connaît guère le trouble intérieur, mais ayant, par une certaine nécessité éternelle conscience de lui-même, de Dieu et des choses, ne cesse jamais d'être et possède le vrai contentement. Si la voie que j'ai montrée qui y conduit paraît être extrêmement ardue, encore y peut-on entrer. Et cela certes doit être ardu qui est trouvé si rarement. Comment serait-il possible, si le salut était sous la main et si l'on y pouvait parvenir sans grande peine, qu'il fût négligé par presque tous ? Mais tout ce qui est beau est aussi difficile que rare. " - L'horizon sur lequel se déploie toute la philosophie de Spinoza est le désir de trouver une solution au problème essentiel, sinon unique, de la vie bienheureuse. Au terme de l'Ethique, il nous montre la béatitude du sage parvenu à passer de la servitude initiale de l'homme soumis aux passions à la liberté et à la joie qui naissent de l'unification conquise de soi-même et du monde. La liberté se conquiert par une augmentation de notre puissance d'agir et que celle-ci est à son tour déterminée par le genre de connaissance auquel l'individu accède. Il ne suffit point d'éliminer les passions tristes au profit des passions joyeuses, car celles-ci sont encore des passions et " la puissance de l'homme n'est pas encore accrue à ce point qu'il se conçoive adéquatement lui-même et ses propres actions. " Il faut encore transformer la passion en action et cette transformation n'est possible que si l'on remplace la connaissance confuse dont les passions découlent par la connaissance adéquate du réel. Les passions alors deviennent des passions actives. C'est cela que Spinoza nomme la béatitude. Si l'éternité est le caractère de l'existence en tant qu'elle est enveloppée par l'essence, le sage atteint alors l'éternité par le troisième genre de connaissance. La béatitude est Joie, jouissance infinie de l'existence et de la perfection. Elle est enfin liberté, car le sage existe alors comme Dieu lui-même, par la seule nécessité de sa nature. " La béatitude n'est pas la récompense de la vertu, mais la vertu elle-même." " SUR " 2 10 YANN MANGOURNY 1- Le bonheur comme don - cf. Serge Carfantan. Contrairement à ce que l’on pense bien souvent, le bonheur est beaucoup moins à l’extérieur de nous qu’on pourrait le croire. Le bonheur ne réside dans aucun objet. Face à des drames, on dit parfois des autres, avec une sorte d’étonnement un peu niais : « mais ils avaient tout pour être heureux !». Nous sommes alors très inquiets, nous nous disons que ces gens qui avaient toutes les conditions réunies pour être heureux... n’ont pas réussi à être heureux. Si cela nous angoisse, c'est parce que cette situation remet gravement en cause une opinion fausse dans laquelle nous nous sommes installés. On croit qu’il suffit de rassembler des conditions extérieures : de l’argent, du pouvoir, une reconnaissance sociale, le luxe et le loisir pour être heureux et on constate qu’il n’en n’est rien. - Il n’en est rien parce que le bonheur n’a rien à voir avec l’extériorité, ni avec l’objet, il relève entièrement de l’intériorité et du sujet. En sanscrit le mot bonheur est en apparence formé de la même manière qu’en français : sukhâ : su bon, khâ, racine qui signifie habiter ; malheur est duhkhâ, duh mal, kha, espace. Le bonheur le lieu heureux, l’espace où la conscience est heureuse. Le bonheur est un état de conscience. Le malheur, le lieu malheureux, l’espace où la conscience est plongée dans l’affliction. Quel est donc cet espace ? Où se situe-t-il ? S’il est hors de soi, cela implique que des circonstances doivent être réunies pour que nous puissions être heureux. Mais si c’est un espace intérieur alors le bonheur est bien plus près de nous que nous que ne l’avons jamais pensé. - Le bonheur est différent de la joie que nous tirons du résultat de l’action, de l’explosion émotionnelle de la satisfaction d’un désir longtemps porté. La joie que nous tirons de la satisfaction du désir vient de nous-mêmes, elle jaillit de nous-mêmes. Pour cette raison, nous pouvons aussi éprouver à certains moments une joie d’être qui est en réalité la vraie joie, la joie sans cause autre que nous-mêmes. Cette joie n’est pas le plaisir que l’on tire d’un organe des sens, ni celui d’une action correctement accomplie. Ce n’est pas non plus le sentiment communicatif de la gaieté qui n’est qu’une joie artificielle et fausse qui peut masquer le désespoir et la tristesse du cœur. Ce qui est désigné par le mot bonheur c’est en réalité un état d’être, un état paisible d’équilibre, un état fait de contentement, de plénitude apaisée d’une conscience de soi qui, cessant d’être tiraillée au-dehors, est rassemblée en elle-même. Le bonheur, c’est d’être, le bonheur est bien-être au sens où la conscience d’Être est mon bien le plus propre. Mais c’est aussi subtil car quand le bonheur est là, il n’y a pas de « je », on ne peut pas dire « je suis heureux », le bonheur est précisément là quand il n’y a pas la division possible, mais un flux de l’être sans division. Être heureux, c’est être, et même être sans moi. C’est aussi simple que cela, mais parce que nous, nous sommes très compliqués, nous attribuons à cet état une forme : celle du plaisir, celle d’une joie du désir, celle d’une excitation émotionnelle, d’un divertissement, d’une fierté etc. - Pourquoi croyons-nous que le bonheur tombe du ciel comme une gratification ? Parce qu’il peut en réalité jaillir du cœur à tout instant, parce qu’il est en réalité sans cause. Telle uploads/Philosophie/ penser-le-bonheur-par-yann-mangourny.pdf

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