Les approches dominantes de la recherche en entrepreneuriat Mounia DIAMANE Doct
Les approches dominantes de la recherche en entrepreneuriat Mounia DIAMANE Doctorante Ecole Doctorale du Groupe ISCAE Casablanca, Maroc mdiamane@groupeiscae.ma Salah KOUBAA Enseignant Chercheur Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales Université Hassan II, Casablanca, Maroc koubaasalah@gmail.com RESUME Le champ de l’entrepreneuriat divise plus qu'il ne réunit la communauté des chercheurs. Depuis quelques décennies, de nombreuses écoles de pensée se sont succédé pour étudier et analyser finement l’activité entrepreneuriale. L’objectif de notre contribution est de dresser un état de l’art des principaux concepts, approches et modèles théoriques relatifs au domaine de l’entrepreneuriat. Mots Clés : Entrepreneuriat, processus entrepreneurial, intention entrepreneuriale, théories, approches, modèles. Les approches dominantes de la recherche en entrepreneuriat RESUME Le champ de l’entrepreneuriat divise plus qu'il ne réunit la communauté des chercheurs. Depuis quelques décennies, de nombreuses écoles de pensée se sont succédé pour étudier et analyser finement l’activité entrepreneuriale. L’objectif de notre contribution est de dresser un état de l’art des principaux concepts, approches et modèles théoriques relatifs au domaine de l’entrepreneuriat. Mots Clés : Entrepreneuriat, processus entrepreneurial, intention entrepreneuriale, théories, approches, modèles. 3 INTRODUCTION L’entrepreneuriat est un phénomène trop complexe pour être limité à une seule définition. L’académie de l’entrepreneuriat 1 affirme qu’« à ce jour, on ne peut pas augurer d'un prochain consensus s'agissant d'une définition de l'entrepreneuriat (comme on ne peut croire en une définition de la firme, ou bien d'autres objets ou champs de recherche, quelle que soit la discipline d'ailleurs). La complexité du phénomène entrepreneurial et la diversité de ses manifestations expliquent sans doute que toute définition réduit, voire ampute, l'appréhension des formes qu'il revêt ». En effet, le champ de l’entrepreneuriat divise plus qu'il ne réunit la communauté des chercheurs. Depuis quelques décennies, de nombreuses écoles de pensée se sont succédé pour étudier et analyser finement l’activité entrepreneuriale. Celle-ci est caractérisée par la diversité et parfois la contradiction des approches. L’objectif de notre contribution est de dresser un état de l’art des principaux concepts, approches et modèles théoriques relatifs au domaine de l’entrepreneuriat. Nous explorons tout d’abord les différentes approches dominantes de la recherche en entrepreneuriat. Ensuite, les principaux modèles théoriques seront examinés. Enfin, une attention particulière sera accordée aux modèles de l’intention entrepreneuriale. 1 L’Académie de l’Entrepreneuriat est une association dont l’objectif est de promouvoir l’entrepreneuriat au sein du système éducatif et de la formation continue. Elle regroupe des enseignants et des chercheurs d’univers différents : universités, écoles de commerce et d’ingénieur, IUT, etc .Hébergée par la FNEGE (Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion d’Entreprises), cette association se place sous l'égide de la loi du 1er juillet 1901 de la législation française. 1 1. Les approches dominantes de la recherche en entrepreneuriat La littérature entrepreneuriale permet de distinguer trois principales approches : descriptive, comportementale et processuelle. L’approche descriptive (ou approche par les traits) répond à la question « qui est l’entrepreneur ? », l’approche comportementale (ou approche par les faits) répond à la question « que fait l’entrepreneur ? » et la troisième approche (approche processuelle) répond à la question « comment ? » 1.1. Approche descriptive (Approche par les traits) L’approche descriptive appelée également, approche par les traits (Stevenson et Jarillo, 1990) est une approche centrée sur l’individu. Elle consiste à repérer les traits de personnalité et les caractéristiques qui définissent la personnalité de l’entrepreneur. L’hypothèse principale derrière cette école de pensée est que les entrepreneurs possèdent des traits de personnalité, des attributs personnels et un système de valeurs qui les prédisposent à une activité entrepreneuriale et les distinguent des autres individus (les non-entrepreneurs) (Greenberger et Sexton, 1988 ; Gartner, 1990 ; Shaver et Scott, 1991). Jusqu’à la fin des années 80, de nombreux chercheurs ont essayé de mettre en avant les caractéristiques psychologiques et les traits de personnalité qui caractérisent les entrepreneurs qui réussissent. « L’approche par les traits de personnalité a essayé d’établir le profil psychologique typique de l’entrepreneur, en partant du principe que les personnes qui possèdent les mêmes caractéristiques que les entrepreneurs auront une tendance supérieure ou un potentiel à agir de manière entrepreneuriale, ce dont seront dépourvues les personnes qui ne possèdent pas ces caractéristiques. Les chercheurs ont donc procédé par la recherche de déterminants du comportement (besoins, attitudes, croyances et valeurs spécifiques). L’entrepreneur et le non- entrepreneur doivent pouvoir être différenciés par des tendances entrepreneuriales et des traits psychologiques distincts » (Basso, 2006). Parmi les traits de personnalité cités dans la littérature : le goût de risque, le besoin d’accomplissement, le besoin de pouvoir, la créativité, l'innovation, le besoin d'indépendance et d'autonomie (Marchesnay, 1997, Reynolds, 1988 ; Cachon, 1992). 2 Malgré une vaste littérature consacrée aux caractéristiques psychologiques des entrepreneurs, il est toujours possible de recenser de nouveaux traits de personnalité de ces entrepreneurs mais il est impossible de définir un profil type de l’entrepreneur. En effet, il n’y a pas d’entrepreneur typique (Low et Mac Millan, 1988 ; Bull et Williard, 1993). Les critiques soulevées à l'égard de cette approche ont été très nombreuses. « Selon Vesper (1985) et Gartner (1990), la recherche du profil de l’entrepreneur ne répond pas à la question fondamentale, à savoir : comment une entreprise voit-elle le jour ? L’entrepreneur type est un mythe. Par conséquent, toute typologie qui tenterait de catégoriser les entrepreneurs à partir des traits de personnalité paraît illusoire » (Diakite, 2004). Dans son célèbre article « Who is an entrepreneur ? Is the wrong question », Gartner (1988) soulève plusieurs critiques à l’égard de l’approche par les traits. Il propose de se focaliser sur ce que fait l’entrepreneur (approche par les faits) et non ce qu’il est (approche par les traits). En d’autres termes il s’agit de remplacer la question «qui est l’entrepreneur?» Par « que fait l’entrepreneur?» 1.2. Approche comportementale (Approche par les faits) Nous parlons souvent de l’entrepreneur (self-made man) mais nous oublions que sa réussite ne dépend pas uniquement de ses traits de personnalité et de ses caractéristiques psychologiques. En effet, « l’entrepreneur se forme graduellement, influencé d’abord affectivement par sa famille, ensuite symboliquement par le milieu du travail et ses modèles entrepreneuriaux, et enfin sociologiquement par son implication graduelle dans un milieu, son enracinement et son intégration dans ce dernier » (Schmitt, 2008). En d’autres termes, la dimension individuelle de l’entrepreneur n’est rien sans un environnement adéquat. « Les variables environnementales caractérisant les individus sont donc devenues, elles- mêmes de réels objets d'analyse » (Tounés, 2003). De nombreuses publications ont montré l’importance de l’environnement socioculturel, du réseau personnel et professionnel, du contexte familial et du cadre politique et économique dans l’explication des comportements entrepreneuriaux. (Bowen et Hisrich, 1986 ; Hisrich et O’Cinneide, 1986 ; Aldrich et al, 1987; Filion, 1991 ; Saglio, 1991 ; Casson, 1991). 3 « L'approche comportementale est donc intéressante en ce qu'elle se préoccupe des comportements de l'entrepreneur dans l'exercice de son activité, lesquels s'inscrivent dans un environnement culturel, social, économique et politique ». (Gartner, 1988) » 2 . Dans les années 1990, les recherches en entrepreneuriat se sont orientées vers l’étude des comportements des entrepreneurs (approche comportementale). La logique sous-tendant cette approche veut que l'on puisse prédire la performance des entrepreneurs en observant le « faire entrepreneur » et non « l’être entrepreneur ». Autrement dit, l’approche comportementale s’est orientée vers la définition de l’entrepreneur par ce qu’il fait, c'est-à-dire par les actions et les comportements qu’il engage tout au long du processus de création d’entreprise plutôt que par ses traits de personnalité (Chandler et Jansen, 1992). Selon Gartner (1993), la meilleure manière d’étudier le comportement entrepreneurial est de suivre la logique adoptée par Mintzberg pour étudier le comportement managérial : « Je crois que la recherche sur les comportements entrepreneuriaux doit être fondée sur le travail de terrain selon le modèle de l’étude de Mintzberg sur le travail managérial. Les chercheurs doivent observer les entrepreneurs lorsqu’ils sont en train de créer des organisations. Ce travail doit être décrit en détail et les activités systématisées et classifiées. La connaissance des comportements entrepreneuriaux dépend du travail de terrain.» 3 Vers le début des années 90, un grand débat a animé la communauté des chercheurs en entrepreneuriat. Il concernait la critique des approches focalisées sur les traits de personnalité (approche descriptive) et celles centrées sur les comportements (approche comportementale). Stevenson et Jarillo (1990) affirment « qu’il est réducteur d’expliquer un comportement complexe (l’entrepreneuriat) en se référant à quelques traits psychologiques ou sociologiques » 4 . En effet, « La création d’entreprises cesse d’être analysée comme la photographie instantanée d’un événement où le créateur est d’abord seul (…) puis n’est plus seul, mais joue toujours le rôle principal (…). Elle devient un film dont le créateur est un des acteurs ; c’est l’approche axée sur le processus entrepreneurial » (Hernandez, 1995). 2 Cité par Tounés, A. (2003) 3 Cité par Hernandez, É. M. (1995) 4 Cité par Bourguiba (2006) 4 1.3. Approche processuelle Depuis le début des années 90, les recherches en entrepreneuriat changent d’orientation pour s’intéresser désormais au processus entrepreneurial. En effet, de nombreux auteurs ont affirmé qu’il est réducteur de limiter l’étude du phénomène uploads/Philosophie/ les-approches-dominantes-de-la-recherche-en.pdf
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- Publié le Jul 15, 2021
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