OSTÉOPATHIE DANS LE CHAMP CRÂNIEN Édition originale OSTÉOPATHIE DANS LE CHAMP C
OSTÉOPATHIE DANS LE CHAMP CRÂNIEN Édition originale OSTÉOPATHIE DANS LE CHAMP CRÂNIEN Édition originale 1951 Compilé par The Osteopathic Cranial Association Édité par Harold Ives Magoun, A.B., D.O., M. Sc. (Hon.) Approuvé par William Garner Sutherland, D.O., D. Sc. (Hon.) Traduit de l’américain par Henri ©. Louwette, D.O. SULLY Titre original OSTEOPATHY IN THE CRANIAL FIELD © Editions Sully, 2000, pour la traduction française © Éditions Sully, 2004, pour cette deuxième édition corrigée Troisième édition 2011 BP 171, 56005 Vannes Cedex, France Tél. : 33 (0) 2 97 40 41 85, fax : 33 (0) 2 97 40 41 88 E-mail : editions.sully @ wanadoo.fr Site web : www.editions-sully.com ISBN 978-2-35432-057-7 Tous droits de reproduction réservés. Avec le soutien de T.A.O. (Traditional & Alternative Osteopathy) asbl. AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR « À mesure que nous cherchons davantage à nous installer dans la pensée du philosophe, au lieu d’en faire le tour, nous voyons sa doctrine se transfigurer. D'abord la complication diminue. Puis les parties entrent les unes dans les autres. Enfin, tout se ramasse en un point unique, dont nous sentons qu'on pourrait se rapprocher de plus en plus quoiqu'il faille désespérer d'y atteindre. » Henri Bergson (1) En m’engageant sur la voie de l’ostéopathie, art, science et philosophie, je pressens que seule une immersion profonde peut mener aux sources de la connaissance ; sources à la fois constituées par la rencontre avec les anciens afin de recevoir l’enseignement « de ma main à ta main » et par l’étude des grands textes fondateurs. La traduction s’est imposée à moi comme la forme d’étude la plus pertinente car depuis une quinzaine d’années, mon souci professionnel majeur va au respect de l’histoire et à la rigueur épistémologique. La transmission de la tradition ne tolère aucune défor- mation ni omission des intuitions premières des Pères fondateurs. L'approche du champ crânien en médecine ostéopathique dépasse le niveau conceptuel et son étude ne peut s’entreprendre sans l’intégration de son aspect percep- tuel. Il est inimaginable de s’y essayer avec la théorie pour seule base, « l’ostéopathie ne peut être appréhendée par l’intellectualisation pure et sa compréhension nécessite l’expérience » (2). L'histoire de l’ostéopathie appliquée au champ crânien débute avec A. T. Still. C’est l’énoncé de la philosophie ostéopathique et la fondation de 1’ American School of Osteopathy qui fournissent l’environnement et la base intellectuelle du travail d’un brillant étudiant en ostéopathie, William Garner Sutherland. Il fait preuve d’un vif inté- rêt pour l’étude et l’élargissement de la philosophie ostéopathique telle que l’a conçue A. T. Still, il commence bientôt à développer ses propres contributions qui vont finale- ment mener au concept ostéopathique crânien (2). Chercheur solitaire, il s’immerge, durant de nombreuses années, dans l’étude de l’anatomie et de la physiologie du crâne. Ensuite, il réalise des expériences pour confirmer ce qu’il observe chez ses patients et donner corps à ses hypothèses diagnostiques et thérapeutiques. La plupart de ses expé- riences consistent en d’ingénieuses manipulations qu’il pratique sur son propre crâne. Dans l’étape suivante, il applique son nouveau concept à la clinique. Lorsqu'il commence à obtenir des résultats, il les publie, les diffuse et, enfin, pour répondre à la demande gran- dissante, il met en place un enseignement qui se structure peu à peu grâce aux collabo- rateurs de la première heure (3). OSTÉOPATHIE DANS LE CHAMP CRÂNIEN Le texte d’Osteopathy in the Cranial Field, Original Edition (4) est le résultat d'une compilation, édité par Harold I. Magoun Sr. à partir d’un manuel écrit par Howard et Rebecca Lippincott (5), d’un essai de Paul Kimberly (6), des entretiens avec W. G. Sutherland concernant son concept enseigné entre 1939 et 1950, ainsi que de l’expérience propre de H. I. Magoun combinée à celle de ses collègues de l’Osteopathic Cranial Association. Cet ouvrage de référence est réédité en avril 1997 par la Sutherland Cranial Teaching Foundation. L'ouvrage ne m’était pas inconnu, car j’en avais fait une copie lors de ma pre- mière visite au musée de Kirksville en juillet 1988 ; puis je l’ai perdue, prêtée sans retour. Quelques années plus tard, je me procure une autre copie à la bibliothèque du New England College of Osteopathic Medicine et sa relecture me convainc des similitudes mais aussi des différences avec la deuxième édition de 1966 (7). Au printemps 1998, lors d’un séjour à Biddefort, je réalise une lecture « en parallèle » des deux éditions qui me permet de vérifier ce que ma mémoire et mon intuition avaient pres- senti quelques années plus tôt. Sous l’éclairage des lectures comparées je vais d’étonnement en surprise. Je me rends enfin à l’évidence. La deuxième édition est un autre livre, une version expurgée, censurée, vidée de son essentiel. Complètement réorganisée, elle est aug- mentée de nombreuses références bibliographiques et restructurée afin d’atténuer l’aspect énergétique et spirituel de l’édition originale. Si elle n’est pas remise fondamentalement en cause, la dimension fluidique est néanmoins minimisée par l’organisation même du texte. H. I. Magoun propose un abord plus mécaniste et plus scientifique, notamment par l’intro- duction de la notion d’impulsion rythmique crânienne. Or, jamais n’apparaît dans l’œuvre de W. G. Sutherland une quelconque notion de comptage de la fluctuation du liquide céphalo- rachidien (8, 9). Quinze années séparent les deux éditions, pendant lesquelles deux événements majeurs surviennent : la création de la Sutherland Cranial Teaching Foundation le 25 sep- tembre 1953 et la disparition de W. G. Sutherland le 23 septembre 1954. Il convient également de considérer la mise à distance par certains praticiens du « concept bioénergétique » (10). Celui-ci est développé au cours des années cinquante par quelques enseignants qui insistent sur le fait qu’ils peuvent palper le mécanisme crânien par l'intermédiaire du champ énergétique entourant le corps et ce, sans toucher le crâne (11). D’autres enseignants, membres de la SCTF, se voient reprocher l’usage d’un langage trop métaphysique eu égard aux fondements anatomo-physiologiques de la médecine ostéopa- thique. Le courant de pensée de l’époque ne semble guère favorable à une telle approche dia- gnostique et thérapeutique. Il s’ensuit un déclin de l’ostéopathie dans le champ crânien et des collèges se ferment complètement à son enseignement pour de nombreuses années. Au sein même de la petite communauté « crânienne », différentes interprétations de l’enseignement de W. G. Sutherland se développent. L’« approche membranaire » s’oppose à l’« approche fluidique », opposition d’autant plus dérisoire que W. G. Sutherland n’a jamais enseigné ni l’opposition ni la séparation de ces deux approches, usant de l’une comme de l’autre, les combinant le plus souvent (3). Cette divergence et cette dichotomie vont totale- ment à l’encontre de l’évolution de la philosophie ostéopathique. Il me semble raisonnable de penser que l’ensemble de ces faits, allié à d’autres événe- ments politiques, comme l’interdiction de la pratique et de l’enseignement de l’ostéopathie Avant-propos du traducteur dans certains États (11), va contribuer à la réécriture de la deuxième édition d’Osteopathy in the Cranial Field. Il convient de se méfier des lectures rétrospectives, mais ici, j’ai le sentiment que l’au- teur a tenté de remplacer l’idée d’un principe organisateur interne ou transcendant qui échappe à la connaissance de l’homme par un mécanisme d’explication rationnelle. Dans cette perspective dualiste, la vision mécaniste se substitue à la vision systémique. Or, Freud considère que l’activité mentale se répartit dans deux grands ordres de processus mentaux, le primaire et le secondaire. Le processus secondaire correspond aux facultés de jugement, à l’analyse et au discernement ; il s’épanouit dans la pensée rationnelle. Le pro- cessus primaire correspond à l'imagination et à la pensée associative ; il est à l’œuvre dans la créativité et l’art. Vouloir séparer le conceptuel du perceptuel, le physique du métaphy- sique, le biologique du spirituel va à l’encontre de l’évolution de la conscience humaine. La synergie des perspectives intuitive et analytique semble absolument nécessaire au dévelop- pement scientifique. « La base de la science est l’observation et le vrai chercheur ne limite pas son champ d'investigation à la seule matérialité du corps, il investit aussi la recherche de l'être essentiel. » (12) Je n’ai aucune intention de réaliser une étude comparée des deux versions de l’ouvrage de H. I. Magoun ; je propose néanmoins une réflexion sur l’évolution de la philosophie ostéo- pathique dans sa dimension vitaliste ou énergétique et plus particulièrement dans son appli- cation au champ crânien. Par énergétique, j’entends l’étude de ce qui paraît avoir une éner- gie innée, la Vie, mais aussi son principe organisateur et ses dysfonctions, l’apparition des maladies ou la genèse de celles-ci. C’est la voie qu’a tracée A. T. Still et dans laquelle W. G. Sutherland s’est engagé avant nous. Il y a peu, au début du XIX: siècle, qui vit la naissance de l’« ère matérialiste », Auguste Comte tente d’organiser les bases scientifiques de la société moderne. Son concept influence considérablement l’évolution du corps social. L'application de ces idées aux sciences médicales limite la compréhension de l’homme malade à son seul corps et à ses dys- fonctions car elle est toujours fondée, ainsi que l’écrit Engel, sur « la notion du corps uploads/Philosophie/ magoun-osteopathie-dans-le-champ-cranien-good-scan.pdf
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- Publié le Fev 21, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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