Cours de Catherine Malabou – Agreg 2006 Paris XNanterre [Cours 1 – 5 octobre 2
Cours de Catherine Malabou – Agreg 2006 Paris XNanterre [Cours 1 – 5 octobre 2005] H e i d e g g e r : P r o b l è me s f o n d a me n t a u x d e l a p h é n o mé n o l o g i e Deux textes distribués, extraits des Problèmes fondamentaux de la phénoménologie : Introduction pp. 3435 [2223] Deuxième partie, pp. 276277 [324], fin du § 18 Les œuvres au programme : SZ, et Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie traduits par Courtine chez Gallimard. Ils font l’objet du tome 24 de la Gesamtausgabe. C’est un cours que Heidegger a donné à l’été 27, quand il était encore à Marburg, donc juste après SZ. Les Concepts fondamentaux de la métaphysique, monde, finitude, solitude, sont aussi le texte d’un cours, que Heidegger a prononcé en 2930 à son arrivée à l’université de Fribourg. Objet du tome 2930 de la Gesamtausgabe. Les trois œuvres qui sont au programme forment un tout, qui est lié à SZ. On va voir en quel sens ces œuvres achèvent, et complètent SZ. Franck s’occupera de SZ, je le laisse de côté, et vais donc me concentrer sur les deux dernières œuvres. Mais les Problèmes fondamentaux est de loin l’ouvrage le plus difficile, car de SZ on connaît les grands thèmes ; mais dans les PFP, Heidegger pose des questions qui sont moins connues et beaucoup plus difficiles, elles mettent sa pensée à la limite, on va voir en quel sens. Je concentrerai tout mon effort sur les PFP. Pas de bibliographie pour le moment, ce que je conseille est que vous vous lanciez tout de suite dans la lecture des textes. Et je commence donc tout de suite à entrer dans les PFP. I n t r o d u c t i o n g é n é r a l e a u x P F P : C o mme n t c o mp r e n d r e ? Le motif de la compréhension structurera mon cours de ce semestre. Les PFP commencent par une introduction d’une dizaine de paragraphes ; vous avez sans doute remarqué qu’ils posent une série de problèmes, dont on ne voit pas immédiatement le sens, dans la mesure où ces questions sont posées dans le désordre, et sans lien apparent entre elles. Aujourd’hui, j’essaie de donner la cohérence de ces questions. D’abord, le sens étonnant que prend la notion de phénoménologie. Du même coup, le sens que prend le mot « problème » ; on ne reconnaît pas du tout dans « phénoménologie » le courant de Husserl, auquel Heidegger appartient luimême officiellement. Il s’agit de quelque chose de beaucoup plus vague : l’affirmation « éternelle » selon laquelle la philosophie et la phénoménologie se confondent, de manière très étrange la phénoménologie désigne toute l’histoire de la philosophie, depuis Platon jusqu’à Husserl ; et l’histoire de la philosophie devient « science de l’être ». En outre, Heidegger dit que pour montrer que phénoménologie, philosophie et science de l’être coïncident, il va débattre de quatre thèses ontologiques fondamentales : la thèse de Kant, celle de « l’ontologie médiévale », celle de « l’ontologie moderne », et celle de « la logique ». Et c’est seulement dans la logique qu’on retrouve vaguement Husserl. Pourquoi une telle assimilation ? Pourquoi commencer par Kant ? Dès les premières lignes, Heidegger affirme la prééminence de la thèse kantienne. Et tout l’ensemble du cours, on le sent bien, est une discussion de la thèse kantienne selon laquelle « être n’est pas un prédicat réel ». On discutera ça, et cette assimilation de Kant. Donc 1 toute l’orientation du cours de Heidegger est en fonction de cette thèse kantienne ; c’est notre première surprise. Deuxième propos un peu étrange, l’indication préliminaire, dès la page 17, une note : ce cours « constitue une nouvelle élaboration de la troisième section de la première partie de SZ ». Heidegger annonce qu’il va achever SZ, et ce cours entend préparer cet achèvement. Et il annonce qu’il lui faut travailler le problème fondamental de la différence de sens entre être, essence, et existence. C'està dire, une des tâches de ce cours est de rendre compte en fait du passage du sens traditionnel de « l’existence » au sens que Heidegger lui donne, avec le Dasein. Quel est le changement de sens qui autorise de passer du sens traditionnel de l’existence, qui finalement découlait toujours du problème de l’existence de Dieu, à l’existence du Dasein, comme être fini, déterminé dans l’Analytique de SZ. Comment eston passé à l’existence de cet étant privilégié ? Enfin, dernier nœud de problèmes : l’affirmation de la différence ontologique, dont le terme apparaît pour la première fois dans l’œuvre de Heidegger, à la fin de l’Introduction ; notion de différence ontologique. A partir de quoi tout ce qui a été annoncé pourra être pensé. Et un dernier point, à la fin de l’Introduction et c’est par là qu’on commence, le rappel que l’acquis fondamental de SZ est la mise en lumière du fait que « la compréhension authentique de l’être » est une compréhension temporelle. Le concept de compréhension est ce dont je vais partir. I / D u t e mp s a u t e mp s Dans le premier texte que je vous ai distribué, Heidegger dégage deux concepts du temps, le premier qui est la Zeitlichkeit, temporalité, et le nouveau concept de Temporalität, traduit par « temporalité ». C’est en réexaminant cet acheminement qu’on peut comprendre tout ce qu’on s’est posé comme questions. Comprendre ce qui est resté inachevé dans SZ : la prise en compte du temps luimême. A / L a s u i t e d e S Z L’enjeu des PFP est de s’interroger sur l’inachèvement de SZ, qui n’est pas du tout contingent ; Heidegger se trouve, et c’est une question qui va le perturber toute sa vie, devant une impossibilité d’achever ce livre. Et lorsque paraîtra enfin Temps et être, qui est l’achèvement de SZ, on n’en reconnaîtra plus rien. Mais nous n’en sommes pas là, Heidegger voudrait surmonter la question de cet inachèvement, il voudrait terminer au moins la première partie. Ce qui est fascinant dans les PFP est que c’est un livre qui à la fois tient ses promesses, que effectivement en un sens il achève SZ ; et en même temps, dans cet accomplissement même, les PFP confirment l’inachèvement de SZ et le rendent définitif. C’est un texte fascinant, un texte limite, où l’on voit que la réussite même de l’achèvement, de la pensée, confirme en même temps l’inachèvement fondamental, et conduit Heidegger à se détourner de son œuvre maîtresse, puisque luimême parlera dès les années 30 de l’échec de SZ, et l’engagera dans le fameux « tournant ». Quitter d’une certaine façon pour toujours le point de vue de SZ, c'estàdire celui de l’Analytique du Dasein. Donc c’est un texte extrêmement difficile, dont le génie propre est d’engager la pensée de Heidegger dans sa limite. C’est une œuvre impossible. Pour saisir cela, j’ai choisi le motif de la compréhension ; c’est effectivement autour de ce motif qu’on peut voir comment Heidegger achève son œuvre et en confirme à la fois l’inachèvement définitif, pour se tourner vers autre chose. On va mettre en perspective d’abord le problème de la compréhension avec les deux concepts de la temporalité. Je rappelle que SZ comporte, dans l’état de sa publication, simplement sa première partie, avec deux sections. La première section, c’est « l’Analyse fondamentale préparatoire du Dasein ». La deuxième partie est « Dasein et temporalité ». Il manque donc la troisième section. Ici, p. 34 [22] de l’Introduction des PFP, Heidegger s’interroge sur ce qui manque. 2 « L’analyse de l’entente de l’être, du point de vue de sa compréhension spécifique… » Heidegger commence par résumer les deux sections de SZ, qu’il a publiées. Par temps, il veut entendre quelque chose de beaucoup plus radical et de beaucoup plus originaire que celui de la philosophie traditionnelle. Il faut entendre le temps comme « horizon de la compréhension de l’être ». Jusqu’ici, rien que nous ne sachions déjà, tout ça est dans SZ. « On peut entrevoir par là une confirmation de la thèse selon laquelle le temps est l’horizon à partir duquel quelque chose comme l’être en général est intelligible. » Et là, un glissement. Jusqu’à présent on faisait des rappels ; et dans la dernière phrase du paragraphe, apparaît le concept de Temporalität, qui n’est jamais apparu dans SZ, et va l’achever. Introduction subreptice par Heidegger de ce concept nouveau. Courtine traduit par temporalité, ou êtretemporal. Parfois on met le mot latin de temporalitas. Bien entendu, ce glissement n’est pas du tout une faut e langage ou un lapsus, c’est le concept de temps qui entre en jeu, et donc assoit et défait, par la suite, la problématique de SZ, uploads/Philosophie/ malabou-cours-sur-heidegger-prob-phe-nonomenologie.pdf
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- Publié le Fev 26, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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