PARAMÉDICAUX RACHID TLEMÇANI. POLITOLOGUE «L’ÉMEUTE DEVIENT UNE EXPRESSION POLI

PARAMÉDICAUX RACHID TLEMÇANI. POLITOLOGUE «L’ÉMEUTE DEVIENT UNE EXPRESSION POLITIQUE» O utré par les dérives injusti- fi ées du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) décide de radicaliser son mouvement de protestation. Après un débrayage de deux jours observé les 1er et 2 février, le SAP entame à partir d'aujourd'hui une grève illimitée. Ni la réunion de conciliation et encore moins le préavis de grève déposé par le SAP , il y a une semaine, auprès des services concernés, n'ont amené la tutelle à prendre en charge les revendica- tions du personnel paramédical. (Suite page 3) Nabila Amir L ’effervescence qui gagne plusieurs capitales arabes, à travers des millions de pro- testataires qui s’élèvent contre les dictatures et les répres- sions dont ils sont victimes depuis des années, dessine une autre carte géopolitique et démontre clairement les as- pirations démocratiques des peuples arabes. Rachid Tlemçani, politologue, ex- pert, tente dans cet entretien de «percer» les se- crets de ces soulè- vements populaires… Lire l'interview de Hamid Tahri en pages 8 et 9 ■ SKIKDA Troubles à Toumiate ■ ANNABA 7 chômeurs se mutilent P 5 P 3 RACHID TLEMÇA «L’ÉMEUTE EXPRESSIO O utré par les dérives injusti fi ées du ministre de la Santé de la Population et de la Réforme hospitalière, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) décide de radicaliser son mouvement de protestation. Après un débrayage de deux jours observé les 1er e r 2 février, le SAP entame à parti L ’effervescence qui gagn plusieurs capitales arabes à travers des millions de pro Le pouvoir Le pouvoir se prépare se prépare à réprimer à réprimer MARCHE DU 12 FÉVRIER PHOTO : M. SALIM PHOTO : D. R. PUBLICITÉ LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mardi 8 février 2011 El Watan N° 6170 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1€. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com ■ Le mépris et les promesses non tenues du ministère de la Santé sont à l’origine de cette action de protestation ■ Le SAP exige la promulgation rapide du statut particulier des paramédicaux. GRÈVE ILLIMITÉE À PARTIR D'AUJOURD'HUI SI HAMROUCHE DISPOSAIT DE LA MANNE FINANCIÈRE ACTUELLE ? CONTRIBUTION. YOUCEF TAHAR ■ A cinq jours de la tenue de la manifestation du 12 février, le pouvoir se prépare à étouffer dans l'œuf toute velléité d'expression démocratique ■ Un important dispositif sécuritaire se met en place dans cette perspective. Lire en pages 2 et 3 Lire en page 7 POURSUITE DES MANIFESTATIONS CONTRE MOUBARAK ÉGYPTE Malgré l'amorce du dialogue avec l'opposition, dont les islamistes, les manifestants continuent toujours à réclamer le départ de Moubarak. Lire en page 10 ASSOCIATION NATIONALE DES FAMILLES DE DISPARUS «Faire de la marche un moment d’espoir» L ’Association nationale des familles de disparus (ANFD) appelle à une forte mobilisation à l’occasion de la marche du 12 février. «Partie prenante de la Coordination nationale pour le chan- gement et la démocratie (CNCD), nous appelons les Algériens et les Algériennes à faire de la marche paci- fique du 12 février prochain un moment d’espoir et un point de départ pour le changement démocratique et pacifique», affirme l’organisation dans un communi- qué rendu public hier. L ’organisation explique, en effet, que l’objectif de cette action est d’œuvrer à garantir des conditions de vie acceptables aux Algériens. «Nous ne nous achar- nons pas à faire subir à Bouteflika une fin à la Ben Ali ni à la Moubarak, mais à vivre dans un pays, le nôtre, dans des conditions normales», souligne-t-on dans cette déclaration. Commentant les dernières mesures prises par les président Bouteflika, en particulier la prochaine levée de l’état d’urgence, l’ANFD consi- dère que les revendications de liberté, de vérité et de justice ne sont pas négociables et que le combat pacifique et unitaire pour le changement est la seule voie viable. «Cela passe par le rétablissement de tou- tes les libertés démocratiques, l’ouverture du champ politique et médiatique, l’utilisation des recettes de la nation pour le développement économique et social du pays et l’arrêt de toute entrave à l’activité des partis et associations», précisent les rédacteurs de ce communiqué. Dans ce sens, ils rappellent également au chef de l’Etat le texte de la charte pour la paix et la réconciliation nationale qu’il a fait adopter en 2005 «pour consacrer l’impunité et renforcer la répression et les intimidations contres les familles des victimes des disparus». M. M. Naissance d’une Alliance pour le changement D es personnalités politiques, dont l’ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour, lancent une nouvelle initiative pour le changement. Ainsi, ils ont créé samedi l’Alliance pour le changement (ANC) qui regroupe des partis comme El Islah, le Mouvement de la jeunesse pour le développement (MJD), El Infitah, l’Association des oulémas algériens et des organisa- tions syndicales à l’image de l’Unpef et du SNTE. Cette Alliance compte élaborer dans les prochains jours une charte d’honneur de l’opposition et une plateforme de revendications politiques, comme elle l’explique dans un communiqué rendu public hier. Son programme d’action pour provoquer le changement sera présenté dans les jours à venir lors d’une confé- rence nationale. Parmi les principales revendications de l’ANC, la refondation de l’Etat et l’instauration d’un système démocratique. Les fondateurs de l’ANC disent encourager toute autre initiative pour le chan- gement démocratique. Ahmed Benbitour n’en est pas à sa première initiative. Il a déjà lancé, il y a quelques années, l’Initiative des forces du changement. L ’ANC s’ajoute à une multitude d’initiatives, dont la plus importante est celle de la Coordination nationale pour le changement qui a appelé à une marche pacifique le 12 février pour, entre autres, exiger la levée de l’état d’urgence. M. A. O. L ’ A C T U A L I T É El Watan - Mardi 8 février 2011 - 2 PHOTO: H. LYÈS MARCHE DU 12 FÉVRIER Le pouvoir se prépare à réprimer B ab El Oued par une journée printanière. La vie grouille autour de l’obélisque des Trois-Horloges et son marché aux puces. A quatre jours de la marche cruciale du 12, la température est plutôt tiède, celle d’une «trêve» avec la police après les émeutes de début janvier qui ont violemment secoué Bab El Oued, comme en témoignent encore les édifices badigeonnés au feu et au fiel par la furie des jeunes. Hamza, 23 ans, était justement parmi eux. Cas- quette vissée à la tête et faux sur- vêt’ Lacoste, Hamza se présente d’emblée comme l’un des meneurs des dernières émeutes : «Il n’y a ni huile ni sucre dans l’histoire. On était sortis du stade et j’ai dit aux copains : au lieu de taper sur les CRS comme d’habitude, pourquoi ne pas s’en prendre au commis- sariat du 5e qui passe son temps à nous mater ? Et ils m’ont suivi, à mon grand étonnement. Après, ils m’ont arrêté et j’ai passé un mois en prison. J’ai même fait Serkadji. Ils m’ont sorti une liste comme ça de charges : attroupement non armé, outrage à policiers et j’en passe. Je suis passé devant le juge et tout, et ils m’ont heureusement relâché.» A propos de la marche du 12, il dira : «Oui, j’en ai entendu parler. En général, moi je suis dans tous les ‘mauvais coups’. De toute façon, je n’ai que ça à faire. Je suis au chômage et j’ai quitté préma- turément l’école. Mais pas cette fois-ci. Ils m’ont dit si on t’attrape de nouveau, tu prendras 20 ans. Donc samedi prochain, moi je vais m’enrouler dans 4 couvertures et je ferai la sourde oreille. Mainte- nant, s’ils paient les manifestants, je marche !» Hamza lance ensuite d’un air taquin : «Dirouna massira taâ el visa !» (qu’ils organisent plu- tôt une marche pour le visa). Pour cet opticien, le premier souci est celui de la sécurité : «L’autre jour, on a vécu l’enfer ici à Bab El Oued. Nous avons dû vider toutes les étagères. Personnellement, je ne m’intéresse pas à la politique et je ne sais rien à propos de cette marche. Je n’attends rien du gouvernement. Tout ce que j’ai à dire c’est ‘haniouna bark !’, qu’on nous laisse en paix ! Si jamais la marche a lieu, il y aura certaine- ment des casseurs et des voyous qui vont tout gâcher et c’est bien dommage.» «NOUS SOMMES LOIN DES ÉGYPTIENS» Kader, 46 ans, a passé 30 ans à bourlinguer en Europe avant de se voir reconduit aux frontières en 2008. Depuis, il ronge son frein en attendant des lendemains meilleurs. «Moi j’ai fait toutes les marches des années 1990 : FFS, RCD et même le FIS. Tout cela m’a formé. Et je marcherai le 12, pour la levée effective de l’état d’ur- gence et pour que les choses chan- gent», argue-t-il. Et de nous livrer ce témoignage saisissant : «Vous savez, les gens parlent du régime algérien sans le connaître. Ils di- sent ‘DRS’ sans savoir réellement ce que c’est. Moi, j’ai été une vic- uploads/Politique/ 20110208.pdf

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