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2,00 € Première édition. No 10846 MERCREDI 6 AVRIL 2016 www.liberation.fr IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,50 €, Andorre 2,50 €, Autriche 3,00 €, Belgique 2,00 €, Canada 5,00 $, Danemark 29 Kr, DOM 2,60 €, Espagne 2,50 €, Etats-Unis 5,00 $, Finlande 2,90 €, Grande-Bretagne 2,00 £, Grèce 2,90 €, Irlande 2,60 €, Israël 23 ILS, Italie 2,50 €, Luxembourg 2,00 €, Maroc 20 Dh, Norvège 30 Kr, Pays-Bas 2,50 €, Portugal (cont.) 2,70 €, Slovénie 2,90 €, Suède 27 Kr, Suisse 3,40 FS, TOM 450 CFP, Tunisie 3,00 DT, Zone CFA 2 300 CFA. Les femmes qui portent des habits sexy imposés par la mode sont-elles plus libres que celles qui recouvrent leur corps? En critiquant «la mode islamique», la ministre Laurence Rossignol a divisé jusqu’aux féministes. TRIBUNES, PAGES 20-21 «Panama Papers», suites en série Epinglés dans le scandale fiscal ré- vélédimanche,lePremierministre islandais a démissionné, des pro- ches du Front national ont nié, la Société générale s’est justifiée. PAGES 10 ET 15 Manoel de Oliveira: manoir d’outre-tombe En 1982, croyant être arrivé à la fin de sa vie, le cinéaste portugais tourne «Visite», œuvre testament destinée à sortir après sa mort… qui surviendra trente-trois années plus tard. L’ACTU DU CINÉMA, PAGES 26-31 Le gouvernement s’apprête à faire des concessions à la jeunesse. Malgré une mobilisation en baisse hier, mais qui pourrait reprendre de plus belle samedi. PAGES 2-5 LOITRAVAIL Opération déminage VOILE ET MINIJUPE, MÊME DIKTAT? IDÉES/ Dessine ton chemin MOMES Paris I I L E P A R I S D E S E N F A N T S D E 0 A 1 2 A N S MOMES Paris I I L E P A R I S D E S E N F A N T S D E 0 A 1 2 A N S N°103 avril - mai 2016 Gratuit. A donner surtout aux parents. Supplément gratuit à Libération du 6 avril 2016. Ne peut être vendu séparément. Avec ce numéro Place de la Nation, à Paris, hier matin. PHOTO ALBERT FACELLY 2 u Libération Mercredi 6 Avril 2016 Dans le cortège parisien, mardi. L’exécutifcherche sacartejeunes Par LAURE BRETTON, AMANDINE CAILHOL, RACHID LAÏRECHE et LUC PEILLON Photo ALBERT FACELLY ÉDITORIAL Par GRÉGOIRE BISEAU Envie Du haut des fenêtres des palais ministériels, un mouvement étudiant et ly- céen qui, un jour de météo clémente, s’essouffle est toujours une bonne nou- velle. C’est souvent le signe avant-coureur de l’ouver- ture d’une porte de sortie. Pour autant, le gouverne- ment de Manuel Valls aurait tort de se féliciter trop vite. Il n’a rien gagné. Juste un peu de temps. D’abord, parce que ce cor- tège du jour n’est qu’une seule face d’un mouve- ment protéiforme, inédit en France, qui déborde le cadre classique de la mobi- lisation syndicale. Né(s) du rejet de la loi travail, ce(s) mouvement(s) qui entre- mêle(nt) mal-être étudiant, exaspération sociale, dé- ception d’un quinquennat et besoin d’un nouvel hori- zon à gauche peut encore rebondir. Ou muter sous d’autres formes. Depuis vendredi, dans plus d’une vingtaine de villes, des mil- liers de Français investis- sent chaque soir les cen- tres-villes pour débattre, échanger… chercher une autre façon de penser et de faire de la politique. Nul ne peut savoir ce que cet em- bryon va devenir. Il y a dans l’inconscient du peu- ple de gauche (mais aussi dans une partie de l’électo- rat de droite) une énorme envie que quelque chose se passe, se déclenche. Un mouvement. Un espoir. Le besoin de bouger les meu- bles et d’ouvrir les fenêtres. Avec qui? Comment? Pourquoi? Personne ne sait aujourd’hui répondre à ces questions. Mais le fait qu’une majorité de Fran- çais soutiennent encore ces mobilisations contre la loi travail est la traduction de cette envie d’avoir en- vie. De cette peur que tout retombe dans une torpeur mortifère. Le succès de la pétition contre la loi El Khomri et celui de l’ap- pel à l’organisation d’une primaire des gauches sont les signes qu’il y a, certes, de la déception, de la co- lère, mais pas de résigna- tion. C’est une excellente nouvelle pour le pays. Mais pas forcément pour le gouvernement.• Libération Mercredi 6 Avril 2016 www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 3 P ause,essoufflement?Unmois aprèssonlancement,lemou- vementcontreleprojetdeloi travail semble mar- quer le pas. A l’occa- sion de la cinquième journée d’action, mardi, les oppo- sants n’étaient plus que 24000 un peupartoutenFrance,dont3300à Paris, selon la police, c’est-à-dire entre deux et trois fois moins que les 17 et 24 mars. Cette journée, ce- pendant, concernait essentielle- ment les lycéens et étudiants. Les organisations syndicales s’atten- dent ainsi à une mobilisation plus large,samedi:lessalariéssontéga- lementappelésàdescendredansla rue. «Il y aura bien plus de monde le 9 avril, car les jeunes ont compris que ce qui était efficace, c’était de mener la bataille avec le monde du travail»,préditainsiWilliamMarti- net,présidentdusyndicatétudiant Unef. Autre élément qui pourrait prendrelerelaisd’unecontestation déclinante:lemouvement«Nuitde- bout»,quiréunitdesmilliersdeper- sonnes sur les places publiques un peu partout en France. Au-delà du projet El Khomri, une concertationvacependants’ouvrir, cemercredi,entreorganisationsde jeunesse et gouvernement, autour de la ministre du Travail, celle de l’Education et son homologue à la Ville.Objectifpourl’exécutif:atten- drir l’Unef et l’UNL (lycéens), dans l’espoir d’enrayer la contestation. Quelle est la position des jeunes? Rester«ferme»,toutenjouantledia- logue.Réclamerleretraitduprojet deloitravail,maisfaireaussienten- dre«sescontre-propositionspourfa- voriserl’emploistable, l’accès aux droits so- ciaux, la formation professionnelle et la lutte contre les discriminations». Telle est la posi- tioncompliquéedel’Unefàl’appro- chedecetteconcertation.«Personne ne peut être satisfait du statu quo», expliquait ainsi William Martinet, mardisurLCI.Lenuméro1del’Unef compte donc gratter des avancées danslecadredu«compromisdyna- miqueetambitieux»proposéparle Premier ministre. Au menu des re- vendications du syndicat: plus de moyenspourlagarantiejeune(dis- positif d’insertion à destination des 16-25 ans dont l’extension a été annoncéele12marsparHollande), maisaussi«uneaidefinancièrepour larecherchedupremieremploi,dont unedéclinaisonpourraitêtrelepro- longementdudroitauxbourses»,ex- plique Martinet. Autres pistes de l’Unef: une surcotisation des CDD pour favoriser l’accès au CDI, «un plannationalpourlaformationpro- fessionnelle»prévoyantnotamment un «financement de places supplé- mentaires»,unereconnaissancedes diplômesparlesconventionscollec- tives pour lutter contre le phéno- mènededéqualification,unnivelle- mentparlehautdesrémunérations des apprentis ou la généralisation du CV anonyme. La formation professionnelle est aussiaucœurdesrevendicationsde la Fidl, syndicat lycéen. «Il faut créer plus de lycées polyvalents, re- valoriser lafilière professionnelle et l’adapter aux métiers de demain», expliqueunporte-parole.Autrere- quête: le passage du code de la route gratuit pour tous les lycéens et une sorte de compte personnel d’activité(CPA)pourlesjeunesafin deleurdonnerunstatutetvaloriser leurparcours.Quantauxlycéensde l’UNL, ils plaident pour une aug- mentation du niveau des bourses ou encore une couverture maladie universelle. Ce dont ne veut pas le gouvernement Cela ressemble à une de ces équa- tions politiques insolubles qui ja- lonnentlequinquennatdeFrançois Hollande:semontrerleplusouvert possible aux revendications des syndicats étudiants, sans modifier la loi travail. Car les réponses de l’exécutifendirectiondelajeunesse sontenpréparationdepuisdix-huit mois et doivent figurer dans la fu- tureloi«égalitéetcitoyenneté»,dé- voilée la semaine prochaine lors d’un comité interministériel qui se tiendra mercredi à Vaulx-en-Ve- lin (Rhône). Ce texte, piloté par Pa- trickKanner,«devientunélémentde réponse par un hasard de calen- drier», reconnaît un conseiller mi- nistériel. Car sur la loi El Khomri, les marges de manœuvre –politi- quesetbudgétaires–semblent très faiblesdepuisquelegouvernement y a intégré la généralisation de la «garantie jeunes», ce qui lui a per- mis de «rebrancher les fils» avec le syndicat étudiant Fage. Par ailleurs, plusieurs points avancés par l’Unef sont d’ores et déjàrecalésetce,quelquesoitlevé- hicule législatif, loi Reçues ce mercredi par les ministres du Travail, de la Ville et de l’Education, les organisations de jeunesse doivent exposer leurs propositions à un gouvernement prêt à lâcher un peu de lest, alors que la loi travail est amendée au Parlement. L aréécriturecommence.Dixjoursaprèssa présentation en Conseil des ministres, le projetdeloiréformantlecodedutravaila débarquécettesemaineàl’Assembléenationale. Souslavigilanced’ungouvernementsoucieuxde maintenir«l’équilibre»–entre«nouvelleslibertés pourlesentreprises»et«nouvellesprotectionspour lesactifs»,nomofficieldecetteloi–,lesdéputés socialistes ont bien l’intention de polir un texte que la majorité d’entre eux rejetait dans sa pre- mière version. Exercice compliqué: «Dès qu’on toucheàunéquilibre,c’estlaCFDTquisebarre, dèsqu’onentoucheunautre,cesontlesorganisa- tionspatronalesquimenacentdequitterlatable», souffleCatherineLemorton,présidentePSdela commission des affaires sociales, qui a com- mencé,mardi,l’examenduprojetdeloi,amende- ment par amendement. «Billes». Lors d’un petit-déjeuner organisé à MatignonaveclePremierministre,ManuelValls, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, et le secrétaire d’Etat aux Relations avecleParlement,Jean-MarieLeGuen,Lemor- tonetlerapporteurdutexteàl’Assemblée,ledé- puté PS Christophe Sirugue, ont pu tester les margesdemanœuvrequecomptelaisserl’exécu- tif aux troupes parlementaires cette semaine. Sauf surprise, parmi le millier d’amendements déposés en commission, un bon nombre signés par des députés socialistes devraient faire évo- luerletexte.Parexemple,ilseraproposé–etac- cepté–quelesrèglesdulicenciementéconomi- que soient différentes selon la taille de l’entreprise (un trimestre de baisse du chiffre d’affairespourlesmoinsde10salariés,deuxtri- mestresconsécutifspourlesmoinsde50etqua- tre trimestres pour les plus de 50). En revanche, aucuncompromisn’aététrouvésurlepérimètre àprendreencomptepourl’appréciationdumotif économique (lorsqu’une entreprise veut licen- cier), fixé en France dans la loi. «On continue à travaillersurcesujet»,expliqueSirugue.Lama- jorité des députés PS aimeraient que les calculs soientfaitsàl’échellemondiale–etnonfrançaise oueuropéenne–pourempêcherdegrandsgrou- pesdelicencierenFrancequandilsréalisentdes bénéfices au niveau mondial. Le débat devrait doncêtrereportéaumoisdemaidansl’hémicy- cle: «Le gouvernement se garde aussi quelques billes», glisse un parlementaire. Parailleurs,lesdéputésdevraientrevenirsurle caractèresuigenerisdulicenciement,quandun salariérefuseunemodificationdesoncontratde travailàlasuited’unaccordd’entrepriseconsacré àlapréservationouàladéfensedel’emploi.Sans allerjusqu’àleremplacerparunlicenciementéco- nomique–quioffredemeilleuresconditions–, lacommissiondesaffairessocialesdevraittrouver une«troisièmevoie»pouroffrir«unaccompagne- ment spécifique» aux salariés concernés. Enfin, unamendementproposéparSirugue–etaccepté en commission– a supprimé du projet de loi la listede«principesessentielsdudroitdutravail» sur lesquels doit s’appuyer la commission d’ex- pertsetdepraticiensdesrelationssocialespour refonder la partie législative du code du travail. «Cesont,pourquelques-uns,desprincipesconsti- tutionnels,etpourd’ autres,desdispositionsextra- légales.Celan’ arienàfairedanscetexte»,faitva- loirSiruguequi,aupassage,feratomberl’alinéa surles«convictionsreligieuses»quifaisaithurler ladroiteetunepartiedelagauche–enparticulier les radicaux. «Fil du rasoir».Assezdeconcessionspourob- tenirunemajoritédansl’hémicycleets’éviterun recoursau49.3?«Ceseravraimentsurlefildura- soir», fait savoir Christian Paul, chef de file de l’aile gauche au sein du groupe socialiste et tou- jours opposé au texte. «Christophe Sirugue fait untravailhonnêtedepompier,ilessaied’ amortir lechoc,maisçanechangepaslaphilosophiegéné- rale du texte», ajoute le député de uploads/Politique/ liberation-6-avril-2016.pdf

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