Chapitre 6 Comment expliquer le comportement électoral ? 313 313 Objectifs péda

Chapitre 6 Comment expliquer le comportement électoral ? 313 313 Objectifs pédagogiques Ce chapitre s’ouvre sur le constat d’une progression de l’abstention et s’attache à en reconstituer le puzzle (dossier 1 : « Pourquoi la participation électorale décline-t-elle ? »). Fait social aux significa- tions multiples, l’abstentionnisme renvoie à des profils d’électeurs variés ; il doit être relié à la fois au contexte, à des variables sociologiques et à l’évolution des comportements électoraux. Le second dossier (« Quels sont les principaux déterminants du vote ? ») s’appuie sur l’héritage du modèle sociologique pour repérer les principaux déterminants du vote, qualifiés de variables lourdes. Le troisième dossier (« Comment analyser la volatilité électorale ? ») permet l’évaluation critique du modèle de l’électeur rationnel dont les hypothèses sont discutées : la volatilité s’expliquerait par le déclin du vote de classe, l’émergence d’un électeur-stratège et le développement du vote sur enjeu. Enfin, si la croyance dans l’influence des médias demeure répandue, la réalité est plus complexe (dossier 4 : « Dans quelle mesure les médias influencent-ils les attitudes politiques ? ») : soupçonnés par certains de pervertir la démocratie, les médias ont, selon d’autres analyses, des effets indirects et limités. Bibliographie Ouvrages – Braconnier Cécile, Dormagen Jean-Yves, La démocratie de l’abstention, Gallimard, coll. Folio, 2007. – Déloye Yves, Ihl Olivier, L’acte de vote, Presses de Sciences Po, 2008. – Lehingue Patrick, Le vote. Approche sociologique de l’institution et des comportements électoraux, La Découverte, coll. Grands Repères, 2011. – Mayer Nonna, Sociologie des comportements politiques, Armand Colin, coll. U, 2010. – Perrineau Pascal, Le choix de Marianne. Pourquoi, pour qui votons-nous ? Fayard, 2012. Revues – « Dans la tête de l’électeur. Qui vote pour qui et pourquoi ? », Sciences humaines, n° 236, avril 2012. Sitographie – http://www.cevipof.com/fr/2012/notes/. « Les notes du Cevipof ». – http://www.revue-pouvoirs.fr/+-Perrineau-Pascal- +.html. Perrineau Pascal, « Les usages contemporains du vote », Pouvoirs, 1/2007, n° 120. ➜ Comment expliquer le comportement électoral ? Chapitre 6 Thème 2 La participation politique 314 1  Pourquoi la participation électorale décline-t-elle ? ➜ DOC 1 L’abstention : un choix politique ? ➜ Manuel p. 82 Anarchiste, Mirbeau en appelle à la « grève des électeurs ». Pour Sartre (« Élections, piège à cons », 1973), le suffrage universel atomise les individus et substitue le pouvoir légal au pouvoir légitime. 1. Il s’agit de l’abstentionnisme politique (militant, idéologique, de conviction), qui exprime un refus de choisir, par hostilité envers les hommes politiques, l’État et le régime. Contestant ce qui est institué, il mobilise une stratégie radicale d’exit (boycott des élections) au service de la protestation (voice). 2. Mirbeau rejette la démocratie représentative, fiction destinée à duper le peuple et à l’asservir davan- tage en lui faisant croire qu’il est souverain. Le refus de voter se justifie par la répétition des scandales, la cupidité et le cynisme de politiciens qui ne serviraient que leurs intérêts et ceux de la bourgeoisie, la coupure radicale peuple/élus. 3. La critique de la démocratie représentative se rattache aux idéologies anarchistes, libertaires, mo- narchistes… DOC 2 Une démocratie de l’abstention ? ➜ Manuel p. 82 1. L’abstention reste stable, voire décroît jusqu’au début des années 1980 puis progresse globalement. Des records d’abstention ont été battus récemment : près de 60 % aux européennes (2009), plus de 50 % aux régionales (2010), plus de 55 % aux cantonales (2011), près de 43 % au 1er tour des législatives (2012). 2. Les élections dont les enjeux sont perçus comme limités favorisent un abstentionnisme sélectif. Les présidentielles mobilisent plus que les législatives, celles-ci plus que les élections locales (sauf les muni- cipales) ou européennes, le 2e tour plus que le 1er. 3. D’après un sondage IPSOS, sur 100 membres de la Profession Employé inscrits sur les listes électo- rales, 48 en moyenne ont voté lors du premier tour des éléctions législatives de 2012. 4. L’abstentionniste est plutôt un jeune appartenant aux classes populaires et peu diplômé. L’abstention concerne surtout des individus en manque d’intégration sociale et qui ont intériorisé un sentiment d’in- compétence politique. DOC 3 La démobilisation électorale en milieu populaire ➜ Manuel p. 83 1. Taux d’inscription en 2002 : 71,4 %. Aux Cosmonautes, moins d’un électeur potentiel sur deux est allé voter au 1er tour des présidentielles de 2002 (mobilisation : 43 %), 40 % des inscrits se sont abstenus et moins d’un électeur sur quatre (21,4 %) vote à tous les scrutins. On peut donc parler d’une « démocratie de l’abstention » dans des « banlieues » qui deviennent de véritables ghettos électoraux. 2. Les instances traditionnelles de socialisation politique se sont affaiblies (déclin du PC, destructu- ration des familles), la crise du travail a déstabilisé la sociabilité ouvrière, les syndicats et les partis de gauche. L’érosion du contrôle social fait que les citoyens de ces quartiers désapprennent à voter. 3. La démobilisation électorale en milieu populaire renvoie à une insuffisante intégration politique et sociale : indifférentisme, politique perçue comme un spectacle ésotérique, délitement des instances so- cialisatrices, désenchantement. DOC 4 Les différents types d’abstention ➜ Manuel p. 83 1. Il concerne des populations urbaines, populaires, faiblement instruites, désaffiliées (abstention- nisme d’exclusion, structurel). Les « hors-jeu » s’intéressent peu à la politique (apathie), n’ont pas le sentiment qu’elle peut changer leur vie et se sentent incompétents. 2. Ils ont des caractéristiques sociologiques et un rapport à la politique différents de ceux des premiers. Leur abstentionnisme choisi, intermittent, exprime moins une dépolitisation qu’une insatisfaction face à l’offre électorale, ou le désintérêt pour un scrutin à enjeu limité. Il traduirait l’émergence d’un « nouvel électeur », plus stratège, plus volatil et plus critique. 3. Seul l’abstentionnisme « hors jeu » manifeste une crise de la démocratie. Pour Gaxie, les classes po- pulaires intériorisent un sentiment d’incompétence et se détournent des urnes : elles constituent une Chapitre 6 Comment expliquer le comportement électoral ? 315 majorité sociale mais une minorité politique. Le suffrage universel est un leurre qui masque un nouveau cens. L’abstentionnisme « dans le jeu » manifeste, lui, un changement des formes de participation, symp- tôme de « vitalité démocratique ». ➜ Manuel p. 83 1. Faux, voter blanc est une forme de participation. L’abstention est comptabilisée à partir des inscrits. 2. Faux, il est lié à un manque de repères politiques et à une intégration sociale insuffisante. 3. Vrai. 4. Vrai. Faire le bilan 2  Quels sont les principaux déterminants du vote ? ➜ DOC 1 L’âge et le sexe influencent-ils le vote ? ➜ Manuel p. 84 1. La position des femmes est née d’une situation économique et sociale spécifique, de leur place dans la division sexuelle du travail : confinement à la sphère domestique, plus forte pratique religieuse, niveau d’instruction moindre… L’émancipation des femmes a battu en brèche leur « conservatisme » et rappro- ché leur comportement électoral de celui des hommes. 2. Le sexe et âge sont des constructions sociales et ne constituent pas en tant que tels des déterminants du vote : leur influence est indirecte. L’âge renvoie à un moment du cycle de vie, à des situations sociales variables (selon les époques, les sociétés), et chaque génération connaît un contexte particulier (guerre d’Algérie, Mai 68) qui affecte sa socialisation. 3. Le conservatisme n’est pas déterminé par l’« âge des artères », mais par un niveau de patrimoine plus élevé, une plus forte pratique religieuse, un moindre niveau de diplôme, des valeurs moins libérales… La jeunesse, catégorie hétérogène, n’est pas progressiste par nature : « miroir grossissant » de la société, elle tend à en amplifier les évolutions. 4. Il ne faut pas biologiser les comportements : il n’y a pas de vote spécifiquement féminin, mais l’ex- pression politique d’une situation particulière. L’âge, notion complexe, renvoie à un moment de la vie, à une situation sociale, à l’appartenance à une génération… DOC 2 Les principaux déterminants sociologiques du vote ➜ Manuel p. 84 1. Au second tour des présidentielles de 2012, sur 100 ouvriers ayant voté, 58 en moyenne ont choisi F. Hollande. 61 % des Indépendants ayant participé à ce scrutin et plus de 3 catholiques pratiquants réguliers sur 4 ont opté pour N. Sarkosy. 2. La pratique religieuse est très prédictive du vote : plus on est intégré à l’Église catholique, plus on vote à droite. Non-pratiquants et athées optent en majorité pour la gauche. Les pratiquants adhèrent à un système de valeurs conservateur : famille, tradition, autorité, patrimoine… 3. Autres variables sociologiques les plus prédictives du vote : indépendants/salariés : les premiers vo- tent fortement à droite (libéralisme économique, défense du patrimoine…) ; les salariés du public por- tent d’autres valeurs (défense des statuts, du service public, rôle de l’État) et votent davantage à gauche que ceux du privé. Âge : les étudiants font partie des classes jeunes, citadines, instruites, acquises au libéralisme culturel plutôt porté par la gauche ; retraités : voir le document 1, question 3. 4. Cela paraît difficile car les PCS ne sont pas des classes. Si le vote des ouvriers se rapproche de la moyenne, uploads/Politique/ chapitre-6.pdf

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