SOMMAIRE -Edouard Dubus, du journaliste bonapartiste au poète anarchisant......

SOMMAIRE -Edouard Dubus, du journaliste bonapartiste au poète anarchisant........p1 - Annexes........p46 - L'omnibus de Dubus........p55 - Quand les violons sont partis........p56 - Vers posthumes........p115 - Autres vers........p134 - Autres textes - Ecrits politiques, études critiques, saynètes........p167 - Annexe: Poor Yorick par Laurent Tailhade........p324 Edouard Dubus, du journaliste bonapartiste au poète anarchisant. 1 Si Edouard Dubus est resté, quelque peu, dans les mémoires – mais pour combien de temps encore ? – c’est en tant que poète - le poète d’un seul recueil, Quand les Violons sont partis - et, certainement, également à cause de la fin tragique d’une bien brève existence. Pourtant, l’essentiel des écrits de Dubus est constitué par des dizaines d’articles, totalement méconnus, parus dans les journaux bonapartistes, voire monarchistes, ou encore boulangistes, puis dans la presse socialiste. Nous verrons que le dénominateur commun de ces engagements successifs est une hostilité viscérale à la République des hommes du 4 septembre, les Ferry, Grévy et autres disciples de Gambetta. Certes, ces articles sont, aujourd’hui, furieusement datés et, pour dire vrai, peu talentueux ; mais leur mérite est de nous plonger dans une époque, où le régime républicain était loin encore de faire l’unanimité. Louis Adolphe Edouard Dubus naquit à Beauvais, le 14 juin 1864, dans une famille de la bourgeoisie du Beauvaisis. Il était le fils de Louis Adrien Edgard Dubus, rentier, précédemment garde général des forêts en Haute-Saône et d’Estelle Marie Paille, fille d’un avoué, adjoint au maire de Beauvais. Nous lui connaissons deux sœurs : Marie Delphine Jeanne, née en 1867 et Marie Camille Adrienne, née en 1871. Si l’on en croit Verlaine1, il fut élève du collège Sainte-Barbe, puis il n’eut qu’un trottoir à traverser pour aller étudier le droit, avec succès, puisque son parcours l’amena à la profession d’avocat. Elève brillant, il fut abandonné à lui-même par sa famille à Paris ; parallèlement à ses études, pour vivre, il donna des leçons et travailla comme employé de banque.2 Tandis qu’il suivait son cursus universitaire, il collaborait à la presse bonapartiste ; ce qui, au premier abord, peut surprendre de la part de celui qui fréquenta, peu de temps après, les milieux libertaires, sans pour autant, il est vrai, se revendiquer d’une quelconque étiquette. ⁂ La signature "Dubus" apparaît, pour la première fois, dans Les Aigles Nationales, avec le numéro du 21 février 1884, sous l’identité non pas d’Edouard mais d’Edgard Dubus, prénom emprunté à son père. L’article s’intitule Notre Réunion et ne fait que rendre compte d’un rassemblement d’une faction de bonapartistes autour de l’ancien ministre Maurice Richard,3 un proche d’Emile Ollivier, le 17 février précédent. Fondé le 3 juin 18834, cet hebdomadaire, puis bi-hebdomadaire, défendait les positions des bonapartistes de gauche, se rangeant derrière Napoléon-Jérôme Bonaparte, alias Plon-Plon, 1 Gil Blas du 26 juin 1895. 2 Cf. Attendus du jugement sur la validité du testament rendu le 1er juillet 1897 par le tribunal civil de Beauvais. Voir plus loin. 3 Maurice Louis Richard, (Paris, 26 octobre 1832 – Paris 16e, 4 novembre 1888). Ministre des Beaux-Arts dans le gouvernement d’Emile Ollivier en 1870. 4 N°1 – Le titre exact était alors : " Les Aigles – Journal du dimanche – politique, littéraire, biographique, agricole, financier et illustré – organe des comités napoléoniens de Paris et des départements". Directeur politique : le Baron Nox. Directeur littéraire : Pierre d’Arc – à l’évidence, deux pseudonymes - . Administrateur délégué : M. Ramolini. 22, boulevard Saint-Marcel, Paris 5e. Devient : Les Aigles Nationales – avec le même sous-titre - au N°15, 9 septembre 1883. Directeur politique : Marcel Antoniotti. Rédacteur en chef : Gaston Berthier. Secrétaire de la rédaction : F. Isambard, puis Jules Tencé. Administrateur délégué : M. Ramolini. 22, boulevard Saint-Marcel, Paris 5e. Le journal passe alors de 16 à 4 pages. Il semble alors que le commanditaire (le Baron Nox) se soit retiré de l’affaire. Il fut accusé, un an plus tard, par la rédaction du journal, de n’avoir eu que des intentions mercantiles dans ce projet de publication bonapartiste. Dernier numéro : double 62-63 – 14 & 17 2 contre celles des bonapartistes de droite emmenés par un Paul de Cassagnac essayant d’instrumentaliser le Prince Victor contre son père. Une proclamation parue dans Les Aigles Nationales du 24 juillet 1884, intitulée Une conspiration royaliste – Citoyens ! A vos postes, attention, éclaire sur l’orientation politique de ces bonapartistes de gauche, qui n’auront aucun mal à se fondre, peu de temps après, dans le mouvement boulangiste, à l’instar de Dubus lui-même. En effet, ces derniers mettaient en accusation un Jules Ferry qui venait de déclarer qu’il n’avait qu’un ennemi, la gauche, et qui tentait de se rapprocher des royalistes. Aussi, ces bonapartistes rouges appelaient-ils à une union sacrée avec les "républicains sincères, radicaux, démocrates napoléoniens, socialistes sévères et francs-maçons." Les principales signatures des Aigles Nationales ne sont guère illustres, mise à part celle de Gaston Jollivet. Nous avons ainsi relevé les noms et pseudonymes de Gaston Berthier – le rédacteur en chef -, Charles Geoffroy, G. Noël, Tout Petit, R. Nest, Jules Tencé, F. Isambart, Philéas-Fogg, Pierrot, Donati … Ce journal fit long feu en expirant avec ses numéros des 14 et 17 août 1884. Signalons, tout de même, la présence d’un conte, signé Léo d’Orfer, dans le numéro du 10 avril 1884. Il est donc fort probable que Dubus et ce dernier aient fait connaissance dès cette époque. Nous avions pensé, tout d’abord, que la collaboration d’Edouard Dubus, étudiant âgé d’à peine vingt ans, à ce périodique, politiquement très engagé, était alimentaire. En effet, nous n’avions relevé de lui, outre le compte-rendu d’une réunion bonapartiste, que des travaux de journaliste besogneux, concernant l’alimentation de la rubrique intitulée Chronique des chambres. Celle-ci se bornait à résumer les travaux législatifs du Sénat et de la Chambre des députés, en émaillant cette relation de quelques commentaires personnels. Au total, il signa huit de ces chroniques, essentiellement au mois de juin – la première, le 28 février ; la dernière, le 29 juin 1884 – dont une, celle du 8 juin 1884, signée EDG. SUBUD. L’activité journalistique de Dubus, dans ce périodique bonapartiste, paraissait donc plutôt anecdotique et propre à nous faire douter d’une réelle adhésion aux thèses défendues dans ces colonnes. Cependant, dans ses Souvenirs de police, le supposé très renseigné commissaire de police, Ernest Raynaud, évoquait le fait que Dubus avait été le secrétaire du prince Napoléon5. D’autre part, il était avéré que Dubus fréquentait régulièrement, à l’époque, Frédéric Masson6, ami et secrétaire du prince Napoléon et, de surcroît, beau-frère de Maurice Richard. Apparemment, Dubus et Masson auraient trempé peu ou prou dans les tentatives de chantage crapuleux orchestrées par La Comédie politique, - à laquelle collaborait Dubus- qui finirent par conduire le directeur de cet hebdomadaire, Adolphe Ponet, en prison, en août 1887. C’est, en tout cas, ce que suggérait Louis Pilate de Brinn’Gaubast dans son Journal en date du 30 septembre 18887. Si l’on se fie à cette révélation, Masson et Dubus auraient monté des dossiers compromettants l’un sur l’autre. Mais la collaboration de Dubus aux Aigles Nationales allait se révéler bien plus abondante que celle que nous avions tout d’abord imaginée. En réalité, le jeune Dubus joua un rôle politique prépondérant dans ce périodique. C’est, en effet, sous la signature de "Baroudes" qu’il laissa un total de trente-sept articles de fond, du 18 octobre 1883 au 22 juin 1884. A août 1884. A noter également que Charles Gaumont fut directeur politique et le comte Léon, secrétaire de rédaction, pour plusieurs numéros. 5 Ernest Raynaud, Souvenirs de police / Au temps de Ravachol, Payot, 1923, p.162. 6 Louis Claude Frédéric Masson (Paris 11e, 8 mars 1847 – Paris 7e, 19 février 1923). Historien, plus tard secrétaire perpétuel de l'Académie française. 7 Le journal inédit de Louis-Pilate de Brinn’Gaubast, préface et notes de Jean-Jacques Lefrère avec la collaboration de Philippe Oriol, Horay, 1997, p.235. 3 ceux-ci, il convient d’ajouter trois saynètes signées Edgard, entre septembre et novembre 1883, tout à fait dans le style de celles qu’il signa, plus tard, au Pilori sous ce même pseudonyme de Baroudes ; pseudonyme qu’il fabriqua à l’aide des lettres de son nom et de son prénom. Certes, l’intégralité de ces trente-sept articles peut être consultée aisément sur Gallica ; cependant, nous nous permettons de reprendre une petite sélection annotée de ceux- ci dans la présente publication. Parallèlement à sa collaboration aux Aigles Nationales, Dubus donnait donc des articles à La Comédie politique, périodique lyonnais, également sous le pseudonyme de Baroudes. Nous avons dénombré de lui 13 articles, s’échelonnant du 24 février au 13 juillet 1884. Et là encore, nous en donnons ici une courte sélection. Hebdomadaire bonapartiste – plus précisément, jérômiste – fondé le 12 mars 1871, par Adolphe Ponet, La Comédie politique, "journal satirique illustré" était dirigé par Adolphe Ponet, qui eut, au cours de nombreuses reprises, à tâter de la paille humide du cachot, comme nous l’indiquons dans les notes se rapportant aux textes signés Baroudes à La Comédie politique, publiés dans le présent ouvrage. uploads/Politique/ edouard-dubus-du-journaliste-bonapartiste-au-poete-anarchisant.pdf

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