Sommaire Pour ouvrir un lien CTRL + Clic …… OK OK ok ok ok Editorial p. 2 Com
Sommaire Pour ouvrir un lien CTRL + Clic …… OK OK ok ok ok Editorial p. 2 Combats et débats p. 3 Le féminisme, enfant de la modernité p. 9 Le fantasme du matriarcat p.16 Quand les femmes accédèrent à la raison p. 21 La différence des sexes est-elle culturelle ? p. 26 La différence des sexes est-elle naturelle ? p. 32 Questions de sexe, questions de genre p. 39 Les gender studies : genèse et développements p. 42 Les filles à l'école : plus performantes mais moins compétitives p. 51 Les métiers ont-ils un sexe ? p. 55 « Les femmes travaillent beaucoup plus que les hommes... » p. 61 « ...mais elles se heurtent toujours à un plafond de verre » p 64 Sur les chemins du pouvoir p. 67 Éducation : les femmes rattrapent leur retard p. 73 La parité introuvable p. 74 L'émergence des « beurettes » p. 80 Les religions, terre promise de la misogynie p. 87 La femme africaine : bête de somme... ou superwomen p. 96 Années folles : le corps métamorphosé p. 105 Sexualité : un nouveau rapport au plaisir p. 112 La mondialisation de l'amour maternel p. 118 Maternité en révolutions p. 125 Liberté de procréation : l'effet boomerang p. 130 1804-2004 : les droits des femmes en France p. 135 Victimes de la violence conjugale p. 140 Femmes battues : débat autour d'une enquête p. 143 Page 1 Éditorial Martine Fournier Dans son Encyclopédie qui se voulait à la pointe de la pensée progressiste des Lumières, Denis Diderot définissait la femme comme « la femelle de l'homme » sans que le scandale arrive... Les formidables évolutions sociales, politiques, économiques, et scientifiques du XXe siècle semblent avoir radicalement changé la donne. Sorties de la sphère privée, on retrouve les femmes performantes à l'école, actives et dynamiques, libres et autonomes... Ce numéro fait le point sur le chemin parcouru : le mouvement des femmes et ses combats, les débats épistémologiques sur le genre et la différence des sexes, les évolutions dans le domaine de l'éducation, du travail, de la politique et de la vie publique, la libération sexuelle et ses nouvelles contraintes... Les travaux présentés montrent une émancipation féminine spectaculaire depuis une cinquantaine d'années, mais qui, pourtant, véhicule toujours son lot d'inégalités, de blocages, et fait éclater au grand jour certaines injonctions paradoxales... L'une d'entre elles reste centrale, qu'une chercheuse a appelé « l'énigme de la femme active » : que ce soit au Sud ou au Nord, quel que soit leur niveau de vie et d'éducation, les femmes aujourd'hui sont de plus en plus actives, et pourtant, elles restent majoritairement en charge des tâches familiales et domestiques. Impossible d'enterrer le slogan des années 1970 : « Travailleurs de tous les pays, qui lave vos chaussettes ? » Sans prétendre trancher sur ce que sera demain, c'est toutefois une véritable reconfiguration des rapports entre les sexes qui se joue aujourd'hui, pour les femmes comme pour les hommes, dans la vie sociale aussi bien que privée, au travail ou dans les relations amoureuses. Une chose est sûre : les femmes ont su relever le défi que leur avait lancé la modernité, en se faisant les actrices de leur émancipation. Martine Fournier Rédactrice en chef de ce numéro spécial Page 2 Combats et débats Martine Fournier À chaque étape de son histoire et aujourd'hui encore, le mouvement d'émancipation des femmes a polarisé bien des réactions hostiles : misogynie, sexisme, machisme... Nul doute pourtant que les controverses qu'il a engendrées ont participé de transformations radicales pour le « deuxième sexe ». L'émancipation des femmes et leur montée en puissance dans la vie publique constituent l'un des changements sociaux les plus marquants de la modernité. Entamées voici deux siècles, ces transformations ont bien sûr été progressives et nul ne peut vraiment présager de ce que seront les rapports entre les sexes dans les sociétés de demain, tant elles apportent chaque jour leur lot de nouveautés et de problèmes. Bien des femmes par exemple estiment qu'elles ne sont qu'au milieu du gué et que rien n'est définitivement acquis dans leur marche vers l'égalité. Les hommes, quant à eux, subissent de plein fouet ces changements qui invitent à la construction de nouvelles identités masculines. Un féminisme peu fréquentable Sans nier ce que les acquis obtenus par les femmes doivent aux transformations des sociétés démocratiques, aux progrès scientifiques et aux évolutions de la société, des travaux se multiplient pour étudier le rôle du mouvement féministe mettant en évidence sa charge critique et la virulence des controverses dont il a été l'objet, de ses débuts à aujourd'hui. Deux grands moments historiques marquent les temps forts de ce mouvement. Une première phase débute au milieu du XIXe siècle, alors que les femmes se voient exclues du suffrage universel, phase qui s'éteindra progressivement avec l'obtention du droit de vote dans les différents Etats d'Europe (1944 pour les Françaises, parmi les dernières...). Plus proche de nous, la seconde vague des années 1960-1970 et ses ramifications actuelles sont devenues, de l'avis des sociologues et des historiens, le prototype de ces « nouveaux mouvements sociaux » caractéristiques de la postmodernité. Au début du XIXe siècle, « féminisme » est un néologisme inventé par les médecins pour désigner la féminisation de certains hommes. Lorsque les premières revendications des femmes apparaissent, c'est par un retournement ironique et quelque peu péjoratif qu'on leur attribue ce qualificatif, nous explique l'historienne Yannick Ripa (1) : « Les féministes sont (présentées comme) des femmes qui veulent se viriliser en s'emparant de ce qui, par nature, appartient aux hommes. » Cette crainte fantasmée dès le départ par une société patriarcale, où le pouvoir des hommes n'était pas partagé, constitue l'un des principaux moteurs d'une misogynie et d'un antiféminisme, qui perdure encore aujourd'hui (2). Or, les préoccupations des féministes de la première heure se situaient loin de prendre la place des hommes ! Les premiers combats, nés dans la seconde moitié du XIXe siècle, ont un tout Page 3 autre objectif. Comme le montre Michelle Perrot (voir l'article p. 10), les revendications des femmes sont essentiellement politiques. La Révolution française a proclamé les droits « universels » de l'homme et du citoyen, mais les a laissées aux portes de la cité. Le Code civil napoléonien les a ensuite placées entièrement sous la loi du mari et du père tout-puissant. Les luttes des femmes vont alors se polariser sur la revendication de droits civiques, civils et économiques leur permettant de sortir du statut de « mineures juridiques » : le droit de vote d'une part, porté aux Etats-Unis et dans l'ensemble des pays européens par un puissant mouvement suffragiste, mais aussi le droit aux études, au divorce, ou celui d'ester en justice ou d'administrer leurs propres biens. Toutes les historiennes du féminisme (3) s'accordent à décrire cette première phase féministe comme un mouvement bourgeois et bien-pensant, irrigué de morale chrétienne. C'est au nom de leur statut de mère, et en fustigeant les « célibataires » qualifiées de « vieilles filles », que naissent ces premiers combats. Qu'importe pourtant ! Les insultes qui pleuvent sur ces effrontées renvoient au vieil adage attribué à Hippocrate « tota mulier in utero » (littéralement : toute la femme est dans l'utérus), relayé par la pensée philosophique tout au long de son histoire et principalement par celle des Lumières au XVIIIe siècle. Renvoyées à leur nature féminine et à leur sexualité, dominées par leurs sens, les femmes sont traitées d'« hystériques », de « nymphomanes », de « viragos » et accusées, lorsqu'elles se mettent à penser, d'en perdre la tête... En 1880, Hubertine Auclert, fondatrice du journal suffragiste La Citoyenne, un jour arrêtée par la police, est qualifiée dans le rapport comme « affligée de folie ou d'hystérie, une maladie qui la porte à se penser l'égale des hommes (4) ». Beaucoup plus radical, le féminisme des années 1970 va justement orienter ses revendications sur la sexualité. Née de la contestation étudiante de 1968, et inscrite dans la mouvance de la contre-culture qui puisait ses racines dans le marxisme et la psychanalyse, la nouvelle génération de féministes, sur le continent nord-américain comme en Europe, ne va pas y aller de main morte pour faire franchir aux femmes une nouvelle étape de leur libération. Déjà, dans leurs combats pour la maîtrise de la fécondité ? la liberté de contraception et d'avortement ?, les hommes se sentent dépossédés d'un pouvoir multiséculaire (« Les hommes perdront conscience de leur virilité et les femmes ne seront plus qu'un objet de volupté stérile ! », déclarait un sénateur lors du vote de la loi Neuwirth autorisant la pilule en 1967). Mais les féministes vont plus loin : elles refusent d'être des « femmes objets », revendiquent le droit au plaisir et au désir et inscrivent leur liberté sexuelle dans un processus révolutionnaire de contestation du patriarcat uploads/Politique/ femmes-combats-debats.pdf
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- Publié le Mai 14, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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