Selon les sources, la première marque de l’opposition -à la base topographique-

Selon les sources, la première marque de l’opposition -à la base topographique- entre Droite et Gauche serait née le 26 août 1789 lors du débat sur les DDHC lorsque la place du culte avait été évoquée : les défenseurs du Roi et de la Religion se seraient positionnés d’emblée à Droite, les réfractaires à Gauche. D’autres sources nous amènent à penser que cette séparation géographique découle du débat sur le droit de veto du Roi qui eut lieu au sein de l’Assemblée constituante le 28 août 1789 : les partisans du veto royal se seraient tenus à Droite, position liée à l’habitude des places d’honneurs. Il faudra toutefois attendre plusieurs décennies pour que ce positionnement bipolaire s’installe dans les esprits comme le symbole incarnant le mieux la vie politique française . En effet, la constitution de l’An III prône le Bien commun,et l’Unité, rejetant d’emblée une quelconque formation partisane ou d’intérêts, c’est pourquoi La Réveillere-Lépeaux proposa en 1795 une restructuration de l’Assemblée Nationale, sans regroupement, pour faciliter le libre-arbitre. Il faudra attendre la Restauration pour voir émerger la repolarisation de l’Assemblée Nationale, fortement provoquée par la Droite Ultra, qui outra les républicains en demandant une restauration à l’identique du modèle monarchiste, et en niant la période de la Révolution française : de là s’installe une vraie partition entre les républicains, à gauche, et les trois droites (définies par René Rémond). Par la suite, plusieurs évènements eurent une fonction clivante : c’est le cas de l’assassinat du Duc de Berry par un républicain en février 1820, du renversement de la monarchie de Juillet après la campagne des banquets, et de l’élection au SUD masculin de Louis-Napoléon Bonaparte en 1848 puis de la mise en place du II nd Empire. Au cours de la IIIè République, la Droite et la Gauche subirent chacune de grandes transformations internes avec l’émergence de grands courants de pensée –comme le libéralisme et le socialisme- qui s’intégrèrent dans la logique du clivage Droite/Gauche, (bien que l’adjectif « libéral » n’aie pas la même connotation au XIXè siècle ou de nos jours). Ainsi, la fin du XIXè et le XX è siècles furent le théâtre de luttes politiques clivées : l’affaire Dreyfus opposa les dreyfusards (globalement à Gauche) attachés à la loi et aux Droits de l’homme, aux anti-dreyfusards défendant l’armée comme corps nécessaire de na nation, tout cela sur fond d’antisémitisme latent ou avoué ; la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et enfin les alliances électorales comme le Cartel des Gauches ou l’Union nationale. Après la Seconde Guerre Mondiale et la période Vichyiste , la IVè République fut une période de crise politico-gouvernementale, durant laquelle la France connu l’alternance : un président de la SFIO, Vincent Auriol, dont le septennat fut marqué par le guerre d’Indochine, et un président issu du CNIP, René Coty, qui fut élu et démissionna pendant la guerre d’Algérie. L’heure pour la Droite et la Gauche était surtout à la gestion de ces crises. A travers cette brève histoire du clivage Droite/Gauche, nous comprenons que ce dernier est une symbolique simplificatrice, visant à faciliter la compréhension des données politiques, et que cette construction sociétale aurait pu être différente : souvenons-nous que durant la Convention, le clivage se centrait sur la différence entre Plaine ou Marais, et Montagne. Ainsi, il est important de se questionner sur la pertinence actuelle de ce clivage vieux de plus de deux siècles ; car la Droite et la Gauche ont connu de profondes modifications internes, que ce soit en matière d’idéologie, de formation partisane par exemple. Sont-elles toujours les « suprêmes catégories identificatrices, vibrantes d’affect et gorgées de souvenirs » dont parlait Marcel Gauchet ? Par ailleurs, la question de la pertinence du clivage Droite/Gauche est-elle elle-même pertinente, pouvons-nous définir objectivement aujourd’hui UNE Droite (unie) et UNE Gauche (unie) ? Nous essaierons d’apporter un début de réponse en étudiant dans une première partie l’érosion et la crise du clivage gauche/droite, dûe à l’effacement ou au changement des idéologies de Gauche ou de Droite, à la réalité du Pouvoir, ainsi qu’à des facteurs extérieurs, puis nous analyserons la pregnance actuelle du clivage, en démontrant que ce dernier découle d’une histoire ancrée dans les mémoires, qu’il est toujours d’actualité dans le champ politique, et que les mouvances de Droite et de Gauche peuvent aussi être restructurantes dans l’optique du clivage bipolaire. I . L’érosion du clivage Gauche/Droite. Il est aisé de constater que la Gauche et la Droite, les partis qui les incarnent, les idéologies qui les symbolisent, sont perpétuellement changeantes. Ces diverses modifications internes ont aujourd’hui tendance à rapprocher les Droite et Gauche républicaines (au sens actuel du terme). Nous verrons donc les facteurs de ces changements internes à la Gauche comme à la Droite, les facteurs externes, et l’électorat perdu et ne se retrouvant plus dans tous ces bouleversements. a) Des politiques et des Hommes : brouillage du clivage sous la Vè République. Durant les 30 Glorieuses, la société est en plein changement : hausse du niveau de vie, élargissement de la classe moyenne : ce phénomène social n’est pas sans incidence sur la politique : les électeurs ont de nouvelles attentes, Droite et Gauche doivent y répondre. A Gauche d’abord : le PCF, ralliant ¼ des électeurs au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, fut par la suite fortement affecté par les évènements en URSS : répression en Hongrie, Printemps de Prague ou parution de l’archipel du Goulag participent à la dégradation de l’image du parti. La signature du programme commun en 1972 avec le PS, l’abandon de la référence au modèle soviétique et à la dictature du prolétariat en 1974, puis la participation de quatre ministres communistes de 1981 à 1984 -Charles Fiterman (Transports), Anicet Le Pors (Fonction publique), Jack Ralite (Santé) et Marcel Rigout (Formation professionnelle)- montrent la tendance du PCF à se rallier avec sa droite directe : le PS, donc d’une certaine manière, à accepter des entailles à leur idéologie marxiste-léniniste. L’implosion de l’URSS en 1991 est le symbole de l’échec du socialisme réel que revendique le PCF. Après la participation au gouvernement de Gauche plurielle de Jospin en 1997, et la déception de plusieurs militants communistes devant la tiédeur des actions des ministres communistes, le PCF entérine en mars 2000 à Martigues l’abandon de la conception Marxiste-Léniniste. Pour résumer, le PCF a joué le jeu des élections, et des alliances avec les partis à sa Droite, a donc accepté les institutions de la Vè République, et lorsqu’il prit part au pouvoir, a du transiger avec la société capitaliste (sous Jospin, malgré un foisonnement de lois sociales, Jean-Claude Gayssot permet l’ouverture du capital d’Air France aux capitaux privés) , ce qui eut des répercussions sur ses idéologies fondatrices. Tout ceci affecte le clivage Gauche/Droite, puisque la Gauche de la Gauche a reconnu, au moins dans les faits, une société capitaliste et libérale défendue par la Droite. Mais le brouillage du clivage vient surtout du PS, et particulièrement de la présidence Mitterrand. Mitterrand fut élu 1er secrétaire du PS en 1971, en partie grâce au CERES, il rallie ses troupes au Congrès d’Epinay la même année, et en 1974, une fraction du PSU rejoint le nouveau PS avec Rocard. Le PS est renouvelé sous le signe du slogan « changer la vie », et d’un programme mêlant dirigisme économique avec influence marxiste, politique néo- keynésienne, anti capitalisme et revendication de nouveaux mouvements sociaux. C’est sur ce programme, considéré comme socialement « révolutionnaire » pour l’époque, que Mitterrand se fait élire. Mais dès 1982, l’idéologie s’effrite face à la crise économique : la Gauche a assimilé la « culture de gouvernement », adhérant à ce qu’elle avait dénoncé la veille. En effet, le tournant de la rigueur de 1982-3 consiste en l’adoption d’un nouveau cap économique qui confirme brutalement le recentrage. Début 1982, Mitterrand avoue « qu’il a toujours été partisan de la liberté d’initiative et de la liberté d’entreprise », thèmes chers à la droite libérale. Le gouvernement Mauroy élabore un plan de rigueur , un assainissement économique et financier, mêlant hausse d’impots, baisse du financement des entreprises publiques, économies sur le budget de la Sécurité Sociale pour maitriser le déficit budgétaire ; et gel des salaires et des prix pour maitriser l’inflation. A court terme, ce revirement est vécu comme une acculturation du programme par la pratique gouvernementale. A plus long terme, les années Mitterrand provoquèrent l’acceptation par le PS de l’économie de marché, enterinée explicitement au Congrès de la grande Arche de 1991. La réelection de François Mitterrand se fait sous le thème de « la France unie » , il ne prône plus le changement mais l’union des français, encore une marque de l’affaiblissement du clivage. Rocard redéfinit le socialisme comme une sorte de « capitalisme modéré ». Après la dissolution de l’Assemblée Nationale en 1997 et la victoire de la Gauche plurielle aux législatives, Lionel Jospin, nommé Premier Ministre, revient sur la politique de Mitterrand de 1988 du « ni, ni » (ni privatisation, ni nationalisation), en privatisant des uploads/Politique/ le-clivage-droite-gauche-est-il-encore-un-clivage-politique-petinent.pdf

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