Matthieu Peaucelle. Dissertation : le contrat social selon John Locke. Groupe 3

Matthieu Peaucelle. Dissertation : le contrat social selon John Locke. Groupe 3. Introduction : John Locke est le philosophe qui inaugure la démocratie moderne. Philosophe anglais né en 1632 et mort en 1704 en Angleterre, il voit et participe même d’une certaine façon (il sera exilé en Hollande) à la « glorieuse révolution » qui met en place en Angleterre la monarchie constitutionnelle (dans laquelle le parlement dispose largement du pouvoir législatif, copartage le pouvoir avec la Couronne et s’assure du respect des lois par l’exécutif) et qui met fin au régime de droit divin. Deux tendances s’affrontent alors : d’un côté les « tories » attachés à la dynastie des Stuart et à la monarchie absolue, et de l’autre côté les « whigs » partenaires de la dynastie de la maison de Hanovre et de la monarchie constitutionnelle et prônant une tolérance religieuse à l’égard des catholiques que Locke montrera dans sa « Lettre sur la tolérance » dans laquelle il exprime également sa volonté de séparer les pouvoirs spirituel et temporel et de confier ce dernier aux magistrats . John Locke fait partie de ces derniers et entre au service d’une figure marquante de cette tendance : Lord Ashley-Cooper (partisan de Cromwell, puis opposé à la tournure dictatoriale que prenait le régime), lui aussi exilé en Hollande en même temps que Locke. John Locke fait partie fait partie du mouvement libéral chez les philosophes modernes, pour lui la notion de propriété a une place très importante et le contrat social est au cœur de sa pensée politique. Le contrat social est une notion présente chez les philosophes précurseurs des Lumières (comme chez Hobbes) et il en est de même chez ces derniers (en particulier chez Jean-Jacques Rousseau), c’est le pacte qui fait passer les hommes d’un état de nature vers une société politique organisée. Mais la définition, les buts et les modalités du contrat social diffèrent d’un auteur à l’autre, il en est de même pour la notion d’état de nature chez l’homme. L’état de nature peut prendre deux sens comme chez Rousseau : soit un période historique primitive, soit à une limite. C’est sur ces sujets que Locke se placera en opposition vis-à-vis de Hobbes. La question du contrat social chez Locke peut alors être posée : quels modalité, quelles fin et quelles conséquences, a le contrat social chez John Locke. Il faut dans un premier temps s’attarder sur la notion d’état de nature chez Locke, avec en premier lieu la nature de l’homme et en second lieu la notion de propriété et les autres droits naturels. Puis, il est nécessaire d’étudier la matière brute du contrat social de Locke, avec d’abord la création d’un ordre politique à l’avantage des propriétaires, puis les rapports entre le peuple et le souverain. Il est nécessaire d’étudier la notion d’état de nature avant celle de contrat social car ce dernier transforme l’état de nature. Locke n’est pas le premier à aborder ce sujet, avant lui un autre philosophe anglais : Thomas Hobbes a abordé le sujet. I) L ’état de nature chez Locke. A) La nature de l’homme. Locke se place tout comme Hobbes en opposition vis-à-vis de la vision aristotélicienne dominante pendant plus de mille ans. Selon Aristote, l’homme est par nature un « animal politique » et donc l’organisation politique est, elle aussi, naturelle. Les modernes (dont Locke fait partie) pensent au contraire que l’homme tel qu’il est dans le cadre de la « polis » (de l’Etat organisé politiquement) n’est pas le fruit d’une construction naturelle. Mais la nature de l’homme est différente selon les philosophes. Pour un auteur comme Machiavel (1460-1527) par exemple, l’homme est par nature mauvais et est motivé par le désir du pouvoir. Pour Thomas Hobbes (1588-1679) « l’homme est un loup pour l’homme » dans l’état de nature, dans ce cas c’est la loi du plus fort qui règne. Pour Locke, au contraire l’homme est par nature bon. Il se rapproche en ce sens de Rousseau (1712-1778) pour qui l’homme à l’état de nature est bon et dont il prend pour illustrer cet exemple le mythe du « bon sauvage ». Mais cette caractéristique de l’homme comme étant naturellement bon est à nuancer chez Locke. Pour lui l’homme a un certain goût pour la vengeance. De plus ce sont ses passions qui lui dictent ses actions. L’homme est certes raisonnable à l’état de nature, mais son but premier n’en reste pas moins sa conservation personnelle et la conservation des droits qui lui sont innés. A l’état de nature les hommes sont libres de toutes leurs actions, et c’est Dieu qui leur a conféré cette liberté. Locke se rapproche sur ce sujet du philosophe hollandais Hugo Grotius (1583-1645) et de sa volonté de fonder le droit sur la nature de l’homme. A l’état de nature, l’homme a intérêt à se rapprocher des autres hommes et à entretenir des bonnes relations avec aux pour éviter les conflits. Chaque homme se fait des promesses qu’il doit tenir pour établir la confiance entre eux. A l’état de nature l’homme n’est donc pas absent de toute interaction sociale avec les autres hommes. De plus certains droits sont plus importants que d’autres, cela découle de la vision libérale de John Locke. B) La propriété et les autres droits naturels. Locke est l’un des grands penseurs du libéralisme. Pour lui le droit suprême c’est le droit de propriété. C’est un bien naturel, confié à l’homme par Dieu et il doit être défendu. C’est là le but de l’homme à l’état de nature, défendre ses droits, en particulier celui de propriété. Et sur ce point Locke se situe en opposition totale face à J.J Rousseau. En effet pour ce dernier, c’est l’apparition de la propriété qui a corrompue l’homme. Non seulement le droit de propriété n’est pas naturel, mais il est de plus corrupteur de la nature de l’homme. Locke rejoint sur ce sujet les philosophes et économistes dit « classiques » du XVIIIème siècle comme Adam Smith ou David Ricardo. C’est ce même courant libéral qui prône de manière générale la tolérance religieuse. Pour Locke, les lois naturelles sont subordonnées aux lois divines parce que Dieu a fait l’homme à son image. Et l’homme naturellement raisonnable est apte à s’y conformer. L’égalité entre les hommes est également l’un des piliers de l’état de nature chez John Locke. Cette notion d’égalité tient aussi du fait que Dieu a fait l’homme à son image, donc tous les hommes sont égaux et ont les mêmes droits. L’organisation familiale, dictée par la raison, est à l’image de la paix qui règne dans l’état de nature de l’homme. Mais il y a une contradiction entre le règne des passions et la raison chez l’homme à l’état de nature. Une fois l’état de nature chez Locke définit, il faut s’attarder sur la notion de contrat social. Locke ne prévoit pas un passage radical de l’état de nature vers une organisation politique. Et Locke se démarque de Hobbes dans la structure de cette organisation politique. II) Le contrat social. A) Le contrat social comme créateur d’un ordre politique à l’avantage des propriétaires. Le contrat social est fait pour que les hommes vivent mieux, que leurs libertés et leurs droits (en particulier celui de propriété) soient protégés. C’est pour cette raison que l’homme doit nouer de bonnes relations avec les autres. Le pouvoir choisi lors de la formation du contrat social a pour mission de protéger les libertés et les droits naturels des hommes. Le pouvoir public est chargé de « réaliser le droit naturel », Locke confirme donc par cela que le droit vient de Dieu et que l’homme est chargé de libertés et de droits naturels. Mais Locke par extension, exprime aussi que l’autorité suprême n’est pas Dieu mais le souverain choisi par le peuple. On peut rattacher cette vision à la période dans laquelle Locke évolue, le contexte de la « Glorieuse révolution » et l’attachement de Locke aux « whigs » face à la dynastie des Stuart. Cette séparation des pouvoirs temporels et spirituels, est là encore à relier au contexte. Locke ne préconise pas une subordination de la religion sur la politique. Il veut les séparer pour éviter que sous un prétexte religieux, le royaume bascule à nouveau dans une guerre de religions. La tolérance entre les religions permet un épanouissement du commerce et de la propriété. L’instauration d’une justice bourgeoise sociale par le contrat social permet la protection du droit de propriété et donc la progression du courant libéral. Le contrat social chez Locke est donc à l’avantage des propriétaires car il a vocation en premier lieu à protéger le droit de propriété et à encourager les échanges entre les hommes pour qu’ils vivent mieux. La justice créée par le contrat social est le fruit du libéralisme bourgeois. B) Le rapport entre le peuple et le souverain créé par le contrat social. Pour Locke, le contrat social n’implique pas une soumission au pouvoir. Il s’agit d’un consentement du peuple à un uploads/Politique/ le-contrat-social-selon-john-locke.pdf

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