LE LIVRE NOIR 1 Décembre 2015 GESTION de MUNICIPALE LE LIVRE NOIR FRONT NATIONA
LE LIVRE NOIR 1 Décembre 2015 GESTION de MUNICIPALE LE LIVRE NOIR FRONT NATIONAL par le 18 LE LIVRE NOIR | 2 D epuis juin 2014, à l’initiative du Premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, le Parti socialiste a mis en place une équipe chargée, notamment, de suivre les politiques menées dans les communes gagnées par le Front national deux mois plus tôt. Animée par Sarah Proust et Elsa Di Méo, Secrétaires na- tionales, cette équipe de militants bénévoles a assuré un suivi minutieux des actions, des déclarations – et des provocations – des responsables municipaux de l’extrême droite. C’est par ce travail, qu’il a été possible de démasquer, lors des dernières élections départementales, la xénophobie et le racisme assumés de quelque 120 candidats fron- tistes. C’est par cet investissement militant, enrichi par les nombreux échanges qui existent avec les collectifs de vi- gilance, des universitaires et des chercheurs, qu’il est au- jourd’hui possible de tirer le bilan encore provisoire, mais déjà bien noir des municipalités frontistes. LE LIVRE NOIR | 3 SOMMAIRE INTRODUCTION 4 AVANT-PROPOS 5 1 | HARO SUR LES POLITIQUES DE SOLIDARITÉ 7 A | Le FN contre les pauvres, les oubliés et les chômeurs 7 B | L ’asphyxie des centres sociaux 8 C | La solidarité négligée 9 2 | L’ÉCOLE, ENTRE TENSION ET ABANDON 10 A | La sélection par l’argent 10 B | Baisses des dotations pour les écoles 10 C | Stigmatisation des élèves allophones 11 D | Fantasmes organisés autour de prétendus repas « halal » 11 E | Mépris des enseignants 12 3 | FOCUS : 13 Baisse de la fiscalité et des dépenses ? Paroles, paroles, paroles… 4 | LA MISE AU PAS DE LA CULTURE 15 A | Retour de la censure 15 B | Contre les artistes et la création artistique 16 C | Baisse des moyens pour la culture 17 D | La préférence culturelle ? 17 5 | LE PIÉTINEMENT PERMANENT DE LA RÉPUBLIQUE 18 A | Les associations trinquent 18 B | Les clubs de football sur la touche 18 C | Mémoire collective sélective 19 D | Stigmatisation des musulmans 19 E | Mépris et sanction contre l’opposition et les médias 20 F | La laïcité en otage 21 6 | FOCUS : 22 Des élus exemplaires ? Pas vraiment ! Un bilan 0 % écologique, 100 % carbone CONCLUSION 23 LE LIVRE NOIR | 4 INTRODUCTION LES PREUVES DU RÉEL Le Front national a la langue bien pendue, la bouche pleine de haine et d’approxima- tions, les lèvres secouées d’invectives et d’insultes. Le parti de la peur se réfugie en- core très souvent dans le ministère de la parole. Le Front national n’aime pas trop le débat, il lui préfère le pugilat. Il déteste surtout les faits, et privilégie les fantasmes. Le présent ouvrage se concentre précisément sur les faits. Le livre noir du Front na- tional s’est donné pour tâche de regarder en détail ce que les maires frontistes font et défont au quotidien, sur le terrain. Factuel et précis, cet ouvrage est une sorte de fact checking extrêmement salutaire : passer les paroles du Front national à l’épreuve des faits permet de pointer les preuves de ses méfaits. Car, quand on regarde les faits, que voit-on ? Eh bien que l’on se trompe sur le Front national, qu’il n’est pas ce que l’on croit, que le parti de la peur n’est pas seulement xénophobe : il est aussi « pauvrophobe ». C’est en effet à un méticuleux saccage so- cial que les édiles du Front national s’adonnent depuis 18 mois. Tout y passe : can- tines, transports scolaires, aides aux centres sociaux et aux associations culturelles et sportives. Le Front national municipal n’est pas seulement l’ennemi des pauvres, il est aussi l’ennemi des acteurs sociaux, des militants syndicaux et des journalistes locaux. Les militants politiques de l’opposition ne sont pas épargnés, bien au contraire. Là, le Front national retrouve ses fondamentaux : insultes, pressions, intimidations. À la lecture de cet ouvrage, on se rend également compte que le vote frontiste de certains milieux modestes n’est pas un vote protestataire mais bel et bien un vote boomerang. C’est un fait : le parti de la peur est aussi le parti de l’austérité. Oui, il faut lire et relire cet ouvrage, car le Front national ne veut pas s’arrêter aux municipalités. Son ambition est immense, il veut prendre le pouvoir partout, il veut tous les pouvoirs, il a besoin de tous les pouvoirs pour pouvoir réaliser son rêve : défaire la République. Cet ouvrage le démontre clairement et concrètement : partout où le Front national progresse, la République recule. Il s’agit donc de ne plus rien laisser passer, de lut- ter pied à pied, point par point. Obsédé par sa crédibilité, il a du mal à dissimuler sa radicalité, car les faits sont têtus. La meilleure façon de le débanaliser consiste donc à montrer la réalité. C’est tout le sens et l’intérêt de ce portrait détaillé et effrayant. C’est un ouvrage qui permet de dresser l’état des lieux, de lister toutes les attaques du Front national contre notre modèle social et le vivre ensemble républicain et aussi de pouvoir mieux riposter. Ce petit livre est un ouvrage salutaire et indispensable. Un ouvrage qui fait réflé- chir mais surtout qui pousse à agir, une véritable pièce à conviction et une invitation à l’action. Bonne lecture et bon combat ! Elsa Di Méo Secrétaire nationale à la Promotion et à l’Action républicaine Jean-Christophe Cambadélis Premier secrétaire du Parti socialiste Sarah Proust Secrétaire nationale à la Formation LE LIVRE NOIR | 5 AVANT-PROPOS À la suite des élections municipales de mars 2014, le Front national emporte dix villes en France : Beaucaire, Cogolin, Le Luc, Le Pontet, Fréjus, Béziers (le maire n’est pas encarté mais soutenu par le FN), Hayange, Villers-Cotterêts, Mantes-la- Ville et Hénin-Beaumont. À ces dix villes, il faut ajouter le 7ème secteur de Marseille. Si le Front national a déjà exercé le pouvoir municipal dans les villes de Vitrolles, Marignane, Toulon et Orange entre 1997 et 2001, il n’a jamais été en responsabilité dans autant de villes, ni dans autant de départements et de régions différents. Sur- tout, nous savons que si le Front national n’a pas changé de nature au fil des années, le contexte politique dans lequel il peut assurer une gestion locale, lui, n’est plus du tout le même. Oui, le contexte dans lequel est intervenu la prise d’un certain nombre de collectivi- tés par le Front national a profondément évolué . IDÉOLOGIQUEMENT D’ABORD Cela fait maintenant une décennie que les thèmes de prédilection du Front National infusent le débat politique et séduisent une partie de la droite. Le cordon sanitaire déroulé autour de ce parti d’extrême droite se relâche au moment où son nouveau dispositif de conquête du pouvoir se concrétise. STRATÉGIQUEMENT AUSSI À l’inverse de Jean-Marie Le Pen, qui dédaignait les élections intermédiaires, sa fille en fait désormais la clé de voûte de sa prise du pouvoir, un élément détermi- nant pour l’enracinement de son parti, la formation de ses cadres et la constitution de réseaux militants. Au soir du premier tour des élections départementales, elle déclarerait ainsi « Regardez les scores dans les villes frontistes. C’est impressionnant. Cela prouve que, quand on est implanté, ça marche » (Le Monde, 27 mars 2015). TACTIQUEMENT, ENFIN Le bilan municipal du Front national est devenu un outil de propagande. En novembre 2014, la direction du parti édite un journal de 28 pages sur papier glacé, distribué par les militants et « sobrement » intitulé « Communes Front national, promesses tenues ! Ce que les médias ne vous diront pas ». Il s’agit en fait d’un publi-reportage outrancier à la gloire des nouveaux maires. En septembre 2015, à la tribune de l’Université d’été du FN à Marseille, Marine Le Pen déclare : « Steeve, David, Julien, Marc-Etienne, Joris et tous les autres, vous, nos maires, soyez chaleureusement encouragés et remerciés car, par votre sérieux, votre pugnacité et votre défense intransigeante des intérêts de vos administrés, vous aurez assurément contribué aux victoires de décembre prochain ». Une lecture enjouée qui ne résiste malheureusement pas à la litanie des faits qui montrent que dans ces villes, la République n’a de cesse de reculer… Ces nouveaux édiles sont peu connus du grand public et exercent leur premier man- dat à la tête d’un exécutif local. Ils sont aussitôt cadrés par la direction du parti qui dès leur prise de fonction passe des consignes très claires : prouver non seulement que le FN est capable de diriger mais aussi qu’il sait le faire « en bon père de famille », sans susciter de polémiques, « sans faire de vague » pouvant entacher l’image d’un parti en quête de respectabilité. Il s’agit alors d’effacer dans l’opinion le souvenir de la gestion pathétique des villes frontistes dans les années 1990, lorsque l’extrême droite avait conquis ses premières villes importantes. À l’époque, ces communes se uploads/Politique/ le-livre-noir-du-fn 1 .pdf