Motion B Congrès de Poitiers gagner a pour gauche, Motion B Congrès de Poitiers

Motion B Congrès de Poitiers gagner a pour gauche, Motion B Congrès de Poitiers 2 A gauche, pour gagner ! Gagner en juin 2017. Est-ce insensé d’y croire ? Non. La victoire est-elle encore possible ? Oui. Le chemin est étroit, semé d’embûches, mais il est là devant nous, et ne demande qu’à être emprunté. Il réclame notre engagement collectif, lucide, optimiste et volontaire. Cette voie, c’est celle du progrès qu’il faut réinventer. Le progrès d’une génération à l’autre. Le progrès d’un nouvel âge pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Le progrès d’une société à la hiérarchie sociale resserrée où chaque individu peut évoluer et améliorer sa situation professionnelle et sociale. Le progrès d’une société dont le système éducatif ne reproduit pas les inégalités et ne se livre pas à un tri social précoce. Le progrès d’une République qui lutte contre tous les déterminismes, culturels, sociaux, économiques et biologiques. Le progrès d’une nation qui ne discrimine plus les individus selon leur âge, leur genre, leur couleur, leur origine, leur religion réelle ou supposée, ou leur orientation sexuelle. Nous voulons le progrès social, le progrès écologique, le progrès collectif, et non une glaciation de la société qui fige une distribution des places selon la naissance et assigne des millions de Français à résidence sociale. La France a les moyens de ce progrès. Notre pays a tous les atouts et tous les talents pour stopper le déclin. Nous avons des ouvriers qualifiés et des chercheurs hors pairs, des pôles d’excellence et des piliers industriels, des créateurs et des bâtisseurs. Alors pourquoi ça ne marche pas ? Ça ne marche pas parce que, dans bien des endroits, les Français sont démoralisés. Et ce n’est pas une injonction autoritaire au redressement ni un rappel des règles comptables qui leur fera retrouver leur énergie. Les Français sont fatigués de l’impuissance collective, et nous aussi. Il ne suffit pas de parler de réformes, qui viennent d’ailleurs et qui n’arrivent jamais. Il faut porter une vision d’avenir, il faut proposer de conquérir plus de justice, de transformer la société française avec ellemême, pas sans elle, pas contre elle ! Voulons-nous gagner ? Et si oui, que voulons-nous gagner d’abord ? Les cœurs, les consciences, les élections, la bataille de l’emploi, la bataille de l’égalité, la bataille écologique ? Nous entrons en congrès, le 77e congrès de notre histoire. Une question s’impose naturellement à nous en cette époque où toute la nation doute. Qu’est ce qui compte d’abord, pour nous socialistes ? Léon Blum affirmait que la mission principale du socialisme, mission presque mystique, est de réveiller chez l’homme le sens du désintéressement, d’exalter dans chaque action individuelle des mobiles supérieurs à l’intérêt personnel. A gauche, pour gagner ! Motion B pour le Congrès de Poitiers du Parti Socialiste 3 Motion B Congrès de Poitiers A gauche, pour gagner ! 3 On est bien loin de l’invitation faite à la jeunesse de devenir milliardaire… et la vision de Blum est assurément la plus moderne. En 2015, dans un pays fracturé, où des territoires entiers décrochent devant l’accélération de la mondialisation, viser l’intérêt général, c’est d’abord concevoir et mettre en place un nouveau mode de développement. Pour cela, conquérir l’égalité réelle et mettre sur pied un système productif durable. Par chance, nous ne venons pas de nulle part. Le socialisme n’est pas une page blanche qu’il faudrait réécrire intégralement à l’arrivée de chaque nouveau Premier ministre. Nos valeurs s’enracinent dans une histoire de la pensée, une histoire des luttes, une histoire des institutions, une histoire de la nation et du monde. D’où vient-il que nos électeurs soient si souvent désarçonnés quand ils nous regardent agir et nous écoutent parler ? D’où vient ce sentiment d’un paysage politique déréglé, dont les acteurs ont été déplacés, comme s’ils jouaient le rôle d’un autre : la gauche singeant la droite, la droite parlant comme l’extrême droite et l’extrême droite revendiquant les conquêtes sociales de la gauche. Christiane Taubira s’alarmait récemment « des défaites culturelles et sémantiques terribles de la gauche au point d’adopter les mots de la droite sur l’économie et la sécurité ». Tony Blair avait théorisé la recette de ses succès électoraux : la triangulation, cette stratégie qui consiste à reprendre certains mots de l’adversaire pour l’affaiblir ou faire valoir sa différence individuelle dans son propre camp. Mais les mots ont aussi un sens, une mémoire et s’attachent à une histoire plutôt qu’à une autre. Et à force d’emprunts successifs, d’indifférenciation dans les mots, dans les formules, les électeurs finissent aussi par confondre les hommes et les politiques. L’intériorisation du fameux mantra libéral « il n’y a pas d’autre politique possible » sonne comme un terrible constat d’impuissance, qui vient nourrir le trouble. La triangulation finit par confirmer les amalgames populistes qui mettent la gauche et la droite « dans le même sac ». Nos mots les plus forts sont aujourd’hui affaiblis : « l’égalité est devenue une coquille vide détachée de l’expérience, elle est réduite à la lutte contre la pauvreté, c’est une divinité lointaine dont le culte n’alimente plus aucune foi vivante », dit Pierre Rosanvallon. Comment ne pas partager ce constat au lendemain des attentats qui ont endeuillé la France. La République s’est redressée le temps de quelques jours, mais comment faire « qu’elle aime et considère tous ses enfants » pour paraphraser l’artiste Abd Al Malik, quand ils sont des millions à faire davantage l’expérience de l’inégalité que de l’égalité, à faire l’expérience répétée des discriminations plutôt que de la fraternité, à faire l’expérience de diverses formes de communautarisme plutôt que de la laïcité, à faire l’expé- rience de la soumission plutôt que de la liberté. Que vaudra bientôt l’évocation abstraite de la République, quand ne subsiste que son mirage dans la réalité de territoires toujours plus nombreux de la France ? Motion B Congrès de Poitiers 4 A gauche, pour gagner ! Peut-on imaginer inverser la tendance sans redonner force à nos mots, sans leur redonner leur sens, aux yeux de chacun, par notre action politique ? Il n’existe plus de récit ou d’imaginaire démocratique — social-démocrate, républicain, écologiste ou communiste — capable de tenir tête aux récits fanatiques, extrémistes, complotistes, identitaires, qui se repaissent de tous les ressentiments. Le ressentiment, qui gagne la France, prépare des catastrophes politiques et démocratiques si nous ne réagissons pas vite. Réagir, c’est assumer une place et un rôle au regard de notre histoire et défendre nos valeurs. La gauche ne peut ajouter son propre discours de peur au climat général d’angoisse créé par le débat politique en France. La peur est mauvaise conseillère, elle invite rarement à choisir le camp de la raison, du collectif, de l’ouverture aux autres et du progrès. Par fidélité à nos valeurs, en signe de confiance dans le peuple français — et même par souci d’efficacité électorale —, la gauche doit être l’antidote au camp de la peur. Pour cela, elle ne peut verser de manière voulue ou subie dans un social-libéralisme tout à la fois timide et dépassé, conservateur et finalement très minoritaire à gauche. La gauche ne doit pas renier ses conquêtes sociales. Il n’y a pas de victoire envisageable pour une gauche qui délaisserait le combat des valeurs. Si la République rassemble des partis de droite et de gauche sous une même bannière, nous ne donnons ni le même contenu, ni semblable portée, ni la même charge symbolique aux valeurs républicaines. La liberté pour la gauche n’est réelle que dès lors que chaque individu dispose des droits et des moyens essentiels qui lui permettent de maîtriser sa vie. La droite, à l’inverse, considère que la garantie de ces droits et moyens essentiels est une entrave à la liberté. La gauche considère qu’on est libre lorsque l’on s’élève au- dessus des nécessités de la vie; la droite considère qu’on est libre quand on peut renoncer à ses droits, face à la nécessité de gagner sa vie. Le même raisonnement s’applique à l’opposition entre la liberté individuelle de travailler le dimanche d’une part et le droit au repos dominical pour tous, d’autre part. Les socialistes ne considèrent pas la promesse républicaine d’égalité accomplie par la garantie offerte à chacun, quelle que soit sa condition sociale d’origine, de participer à un match – fût-il bien arbitré – pour obtenir une place. Un supplément de diversité dans les élites économiques et politiques ne suffit pas à accomplir la promesse d’égalité républicaine, alors même que les inégalités de revenus entre ces élites et la majorité des Français ne cessent de se creuser. L’égalité des chances ne nous suffit pas. Bien sûr, tout doit être mis en œuvre pour assurer la mobilité et la promotion sociale. Mais également pour limiter les écarts entre les classes sociales. La conception de l’égalité à laquelle se rattache l’idéal socialiste donne la priorité à l’amélioration des conditions de vie de tous les citoyens. Nous voulons rompre avec une logique 5 Motion B Congrès de Poitiers A gauche, pour gagner ! 5 qui consiste à populariser la réussite individuelle uploads/Politique/ motion-b-a-gauche-pour-gagner.pdf

  • 16
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager