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02-01-19 09'31 PARCOURS DE LA PENSEE DE FOUCAULT Página 1 de 7 https://www.editions-harmattan.fr/auteurs/article_pop.asp?no=25345&no_artiste=23434 PARCOURS DE LA PENSEE DE FOUCAULT Joachim Daniel Dupuis Toute sa vie, Michel Foucault a remis en cause les idées reçues sur la prison, la folie, le milieu gay, l'hôpital, la littérature. Itinéraire d'un philosophe différent qui affirmait : "Les révolutions éthiques sont les plus prometteuses". 1956, Uppsala-1958, Varsovie - 1959, Hambourg Une histoire de la folie à l'âge classique C'est en philosophe qui a la bougeotte que Michel Foucault écrit de la Suède à l'Allemagne, via la Pologne, son premier grand livre. Or comme il arrive souvent pour les philosophes professeurs, leur premier grand livre est une thèse. Foucault a alors à peine trente ans. Le sujet de la thèse : Une histoire de la folie à l'âge classique. C'est là un travail à première vue tout ce qu'il y a de plus éloigné de la philosophie et qui se rapproche bien plutôt d'une thèse de psychiatrie. Or il n'en n'est rien. Ce serait commettre une grave erreur historique que de confondre l'histoire de la folie et l'histoire de l'institution de l'hôpital des fous qui commence, il y a deux siècles. La folie a une longue histoire. C'est faire exploser une bombe que de soulever le rapport entre un certain discours tenu par la société et la mise en place de certaines institutions. C'est ainsi que le discours de la folie au XVIIe et au XIXe siècle change. Au XVIIe siècle apparaissent en effet les maisons d'internement pour les fous. Mais qui sont lesfous" d'alors ? Pas seulement ceux qui ont un grain, un véritable grenier parfois, mais aussi et surtout même, des marginaux, des oisifs, des individus qui font désordre dans la société, des pauvres. Les fous ce sont donc des hors la loi.Au nom de la morale et au nom d'un certain culte du travail bourgeois, on enferme. L'homme moderne de l'époque, l'honnête homme, croit fanatiquement aux prétentions de la raison. Le discours de la folie est donc un discours de la raison qui refuse la folie comme la peste. Le XVIIe siècle, c'est l'époque de Descartes, Galilée. C'est dans ce contexte que Foucault comprend la phrase de Descartes : "Mais quoi ? ce sont des fous !", qui sonne la gloire de la raison et l'exclusion des fous. Au XIXe siècle, on "libère de leurs chaînes", selon l'expression de Pinel (un des inventeurs de la psychiatrie) ceux qui ont toute leur tête. On s'interroge alors sur ce qui rend autre l'individu : aliéné, l'individu va contre la norme. La psychiatrie est née : elle aura pour but de réintégrer l'individu dans la société, dans ses normes. La naissance de l'institution de l'hôpital a donc pour fin de rendre normal l'individu en comprenant les causes de son désordre (conçu comme désordre mental). Les psychiatres sont des guérisseurs de l'âme. Le travail ouvert par Foucault est un travail de description des représentations profondes dans lesquelles la société occidentale s'est élaborée à travers des pratiques institutionnelles. Avec cette thèse sur la folie, on a là le premier signe d'une philosophie qui veut sortir du cadre disciplinaire, de la norme en montrant comment elle régit nos vies à tous. 1966, Paris La critique des sciences de l'homme La réflexion sur la folie conduit alors Foucault à remettre en cause tout le savoir de l'homme : ce que l'on appelle, depuis le début du XIXe, les "sciences de l'homme". C'est d'elles que l'humanisme se réclame haut et fort. De son côté, Foucault décrète la mort de l'homme. Foucault entend se départir du discours de l'humanisme. Non pas qu'il soit dépassé, qu'après Auschwitz nous ne puissions plus parler de l'homme (ni de Dieu d'ailleurs). Mais la critique de la psychiatrie est valable pour les sciences de l'homme. Dans les Mots et les choses, Foucault indique que les sciences de l'homme apparaissent au même moment que la psychiatrie : elles servent le même projet. Elles ont les mêmes présupposées : celui d'une "nature" de l'homme. Que demande les sciences de l'homme, sinon la vérité de l'homme ? C'est la même question que pose le psychiatre : qu'est-ce que le fou, l'homme fou ? C'est la même démarche psychologique qui se répète et qu'on retrouve à tous les niveaux, dans toutes les disciplines des sciences de l'homme. Notre société souhaite de tous ses vœux l'homme, elle le désire, elle a cette "volonté de tout savoir" de lui et pourtant son discours sert à cautionner des enfermements. 02-01-19 09'31 PARCOURS DE LA PENSEE DE FOUCAULT Página 2 de 7 https://www.editions-harmattan.fr/auteurs/article_pop.asp?no=25345&no_artiste=23434 On comprend pourquoi Sartre, le porte-parole d'un humanisme pris à sa source, qui affirme la liberté absolue de l'homme, est celui qui a le plus mal compris son époque. Foucault, au contraire,montre que l'homme n'est qu'une invention récente - né avec les sciences de l'homme. Le discours de Foucault est donc à comprendre comme un discours de rupture avec le discours humaniste, incapable de se penser historiquement. Mais ce faisantil va plus loin encore, en annonçant sa mort prochaine. Cette annonce a été mal comprise : on n'y a vu un discours fasciste. Mais Foucault ne fait rien d'autre que de constater le changement de discours : nous sommes encore des humanistes jusqu'au moment oùil devient possible d'être en rupture, de penser les implications assujettissantes des sciences de l'homme. Aussi la critique de l'homme par Foucault est-elle à concevoir comme un discours de libération. Foucault propose une voie de sortie à l'individu, face à la norme institutionnelle de l'homme, de l'Université. Foucault en effet va plus loin. Il ne se contente pas seulement de critiquer l'homme, ou plutôt toutes les sciences et philosophies de l'homme. Le sous-titre du livre de 1966 est significatif sur ce point : "archéologie des sciences humaines". Foucault place son propre discours en rupture avec le discours en place dans notre société moderne. Et si cela est possible, c'est parce que Foucault, comme il le montre déjà dans ce livre - oppose un autre visage à la modernité : un visage critique. L'archéologie, nom donnée à cette position critique, permet de se mettre en écart, de critiquer le visage anthropologique de la modernité qui s'est imposé. Ainsi est signée la mort de l'homme. L'archéologie propose une pensée sans sujet, une pensée non psychologisante. C'est le nom donné à cette démarche historique qui cherche à sonder les structures du savoir. L'archéologie se servira donc de nouveaux instruments conceptuels : plutôt que la continuité, ou l'évolution, propres à des philosophies de l'histoire "psychologisantes", l'archéologie choisira la discontinuité en découpant des tranches historiques pour les décrire ;plutôt que de parler de la conscience humaine, Foucault choisit de parler de système, de structures ;plutôt que de sujet qui fait l'histoire, il faut se résoudre à une histoire sans sujet. Foucault définit comme moteur de cette histoire l'institution, qui contraint l'homme et l'enferme dans une normalité rigoureuse : cette institution prend le visage de l'asile, d'aliéné, mais aussi de la prison, l'hôpital ou l'école. Il faut, dit Foucault, "être respectueux quand une singularité sesoulève, intransigeant quand le pouvoir enfreint l'universel". A la fin des années 60, abandonnant pour quelque temps la question du "savoir", Foucault commence à s'intéresser au "pouvoir". Cet intérêt, on va voir, va le mener à dépasser les conceptions traditionnelles de l'Etat, et aussi à affronter une autre "expérience", bien plus terrifiante que l'Asile ou l'Hôpital (la clinique) : il s'agit de la prison, reine des institutions. 1967-68, Tunis Le philosophe et le pouvoir Jusqu'ici Foucault ne parlait pas du pouvoir, refusait même d'affronter ce genre de question : psychiatrie, savoir constituaient son seul univers. Il faudra attendre quelques années pour que son discours s'inverse et qu'il ne parle plus que de cela : montrant que le pouvoir est "l'autre côté" du savoir. Mais avant, il faut qu'il éprouve le pouvoir. Or l'expérience du pouvoir, Foucault n'en prend vraiment conscience qu'à l'époque où il intègre l'E.N.S, le fleuron des études supérieures, en 1946. Normalien, Foucault souffre en effet du regard porté sur son homosexualité. Il souffre aussi du lourd travail que l'Ecole l'oblige à endurer. C'est l'enfer quotidien pour ce jeune homme maigre et nerveux. Foucault réagit par "la fuite" : expéditions nocturnes et clandestines ; problème latent d'alcoolisme (dont il prendra vite conscience heureusement) ; asociabilité à cause de son cynisme ; crise "intense" de paranoïa. Sans doute, aussi, son choix de voyager en tant que lecteur dans plusieurs universités étrangères est une façon d'entériner cette fuite. Foucault accepte de suivre durant quelques temps des séances de psychiatrie, en même temps qu'il l'étudie pour ses recherches : sciemment, il se confie à la psychologie. Tunis n'est pas le premier voyage qu'il fait hors de France, mais à coup sûr, il est un déclencheur : Foucault ne pourra plus ne pas penser à la question politique. Ilséjournera là-bas deux années et donnera des cours à l'université. Foucault est vite confronté aux durs événements de la politique - 1967 est une année de grand trouble : affrontements, arrestations, émeutes, "pogrom" (la uploads/Politique/ parcours-de-la-pensee-de-foucault.pdf
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- Publié le Oct 06, 2022
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