Coédition : IISMM et Diacritiques Éditions Directrices de collection : Élise Vo
Coédition : IISMM et Diacritiques Éditions Directrices de collection : Élise Voguet & Anne Troadec Coordination éditoriale et scientifique : Élise Voguet & Anne Troadec Programmation et organisation des conférences : Hala Jalloul El-Mir Conception graphique de la collection : Benjamin Dupuis & Jérémy Joncheray signesduquotidien.org Identité visuelle de l'IISMM : Naji El Mir najielmir.com Préparation et relecture : Arnaud Chabrol & Issam-Eddine Tbeur Mise en page et intégration : Diacritiques Éditions Remerciements : Marion Antoine, Joséphine Betzer, Elisabeth Clerici, Sixtine Desrousseau, Pénélope Larzillière, Emmanuel Szurek, la société AMK France pour la transcription de certains fichiers. Impression : CIACO à Louvain-la-Neuve, en août 2020 Distribution : Le Comptoir des presses d'universités / FMSH diffusion Prix : 13 euros ISBN papier : 979-10-97093-14-3 ISBN électronique : 979-10-97093-15-0 ISSN : En cours Cette publication propose une sélection de conférences données à l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman en 2015-2016 ainsi qu’une contribution inédite. L’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) est une unité mixte de services EHESS/CNRS. L’intégralité du cycle « Pouvoirs et autorités en Islam » est à écouter sur iismm.ehess.fr>conférences publiques. Les conférences de l’IISMM IISMM | Diacritiques Éditions Collection Pouvoirs et autorités en Islam Pouvoirs et autorités dans l'histoire Contribution inédite p. 7 Françoise Micheau, Histoire du califat, histoire de califes Conférence du 1er mars 2015 p. 19 Makram Abbès, Miroirs des princes et art de gouverner Conférence du 5 avril 2016 p. 41 Elizabeth Picard, Sultans, rois et présidents Les femmes et le pouvoir en Islam Conférence du 3 novembre 2015 p. 61 Azadeh Kian, Les femmes. Enjeux et en quête de pouvoir en islam Pouvoirs et autorités en Islam Conférences publiques La charia : entre droit et politique Conférences du 5 octobre 2015 p. 61 Jean-Philippe Bras, Les usages politiques de la charia p. 87 Nathalie Bernard- Maugiron, La charia dans le droit contemporain des pays arabes Violence des pouvoirs et résistances à l’autorité Conférence du 5 janvier 2016 p. 99 Hamit Bozarslan, Contester l’autorité. Dissidences et révolutions au Moyen-Orient Conférence du 2 février 2016 p. 115 François Burgat, L'État islamique. Le « comment » et le « pourquoi » d’une rupture Tables des matières Pouvoirs et autorités dans l’histoire Contribution inédite Conférences des 1er mars 2015 et 5 avril 2016 Françoise Micheau Historienne, professeure émérite, université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne Histoire du califat, histoires de califes De la désignation, à la mort de Muhammad en 632, d’Abû Bakr comme premier calife jusqu’à la suppression de cette institution par Mustafa Kemal en 1924, le califat fut l’une des principales instances du pouvoir en Islam. Elle a été incarnée par de grands souverains – qui n’a pas entendu parler de Haroun al-Rashid, le calife abbasside des Mille et Une Nuits ? –, mais aussi, à d’autres époques, privée de toute prérogative et au mieux réduite à un rôle de légitimation. À l’origine de la division entre sunnites et chiites, l’instance du califat a été théorisée par de remarquables penseurs du politique qui, néanmoins, parlent plus volontiers d’imamat. Liée dans la réalité comme dans l’imaginaire à l’unité et à la splendeur de l’Islam, cette instance est, encore aujourd’hui, lourde d’une forte charge symbolique, comme l’a manifesté la proclamation d’al-Baghdadi en 20141. Aux origines du califat Muhammad, après son émigration (ou Hégire) et son installation à Yathrib (nommée ensuite Médine) en 622, devint un législateur, un dirigeant politique, un chef de guerre, affirmant être le porte-parole de Dieu en tout domaine. Dieu dirige sa communauté directement, par l’intermédiaire de son prophète. On peut donc parler d’une théocratie médinoise, si l’on définit la théocratie, étymologiquement « le gouvernement de Dieu », comme un système dans lequel le souverain, considéré comme le représentant de Dieu sur terre, exerce le pouvoir au nom de celui-ci et se voit, par conséquent, 1 Sur l’histoire du califat, lire la synthèse de Nabil Mouline, Le Califat. Histoire politique de l’islam, Flammarion, 2016. 8 Françoise Micheau investi d’une autorité absolue dans tous les domaines. Si la mission prophétique de Muhammad s’acheva avec sa mort en 632, la question de sa succession en tant que chef politique se posa. À qui devait échoir la direction de la communauté des croyants (Umma), la charge de gouverner et de légiférer au nom d’une autorité émanant directement de Dieu ? Muhammad ne laissait pas de descendant mâle et n’avait pas désigné de successeur. Un véritable problème de légitimité successorale se posa et créa de vives tensions entre ses premiers compagnons qui l’avaient suivi de La Mecque à Médine, et les Médinois qui s’étaient ralliés à lui. C’est finalement Abû Bakr, l’un des premiers compagnons du Prophète, qui réussit à s’imposer et qui reçut le serment d’allégeance (bay‘a). Il fut le premier calife de l’Islam (632-634) et prit, selon la Tradition musulmane, le titre de khalîfat rasûl Allâh (successeur de l’envoyé de Dieu). Après lui, Umar (634-644) et Uthman (644-656) furent choisis comme chefs de la communauté ; tous deux dirigèrent les conquêtes (Syrie, Irak, Iran, Égypte) et posèrent les fondements de l’organisation militaire et financière du nouvel État islamique. La division entre sunnites et chiites À la suite de l’assassinat de Uthman en 656, la désignation de Alî, cousin et gendre de Muhammad (il avait épousé l’une de ses filles, Fâtima), engendra une guerre fratricide (fitna) aux consé quences dramatiques. Deux clans de Qurayshites (la principale tribu mecquoise) s’opposèrent : d’un côté, la proche famille de Muhammad, ou Hashimites (du nom de son grand-père), qui soutenait Alî ; de l’autre, le clan des Omeyyades auquel appartenaient Uthman et son cousin Mu‘âwiya refusant de reconnaître le nouveau calife qu’il accusait d’être responsable de l’assassinat de Uthman. Le conflit, marqué par un violent affrontement à Siffîn en 657, se termina en 661 avec l’assassinat de Alî et la victoire de Mu‘âwiya, proclamé calife par ses partisans. Celui-ci institua dans les faits la pratique dynastique en désignant son fils pour lui succéder. Ainsi était née la première dynastie califienne, celle des Omeyyades. Ces événements furent à l’origine de la division entre sunnites et chiites qui s’opposent sur la question de la succession du Prophète. Les sunnites (de l’arabe sunna, la Tradition constituée des faits et dits attribués au Prophète) reconnaissent comme légitimes les deux grandes dynasties califales, les Omeyyades et les Abbassides, qui leur succédèrent en 750 et descendaient d’al-‘Abbâs, un oncle de Muhammad. Mais ils estiment que seuls les quatre premiers califes, dits « râshidûn » (Bien dirigés), ont 9 Histoire du califat, histoires de califes scrupuleusement suivi la voie du Prophète. Par cette appellation tardive – elle est fixée au 9e siècle –, ils idéalisent le califat des origines considéré comme le meilleur des régimes. Pour les chiites (de shî‘at ‘Alî, le parti de Alî), la direction de la communauté doit revenir aux seuls descendants de Alî et de son épouse Fâtima, fille de Muhammad, investis de qualités particulières et désignés comme imams, c’est-à-dire guides. Le titre de calife L’origine de ce titre reste obscure. Le mot arabe khalîfa renvoie à l’idée de remplaçant, successeur, lieutenant, vicaire. Dans un verset coranique (38, 26), il se rapporte nettement au pouvoir : « Ô, David ! Nous avons fait de toi un khalîfa sur la Terre. Sois un juge impartial parmi les hommes et ne suis pas la passion, car elle te perdrait hors du chemin de Dieu. » Il est possible que ce passage ait été à l’origine de son emploi comme nouveau titre pour nommer le chef de la communauté islamique. Néanmoins, les plus anciens documents, notamment une inscription au nom de Mu‘âwiya datée de 58 de l’Hégire (677-678 de notre ère), montrent que les premiers califes portaient le titre d’amîr al-mu’minîn (émir des croyants). Celui de khalîfat rasûl Allâh qu’aurait pris Abû Bakr n’est mentionné que dans la Tradition musulmane, très postérieure, et celui de khalîfat Allâh n’apparaît qu’ultérieurement sur une pièce d’argent frappée au nom de Abd al-Malik (685-705). Or c’est à ce grand souverain omeyyade que l’on doit la construction du Dôme du Rocher à Jérusalem, un nouveau monnayage purement islamique, des bornes milliaires gravées au nom de Dieu, l’adoption de l’arabe comme langue de l’administration, le renforcement de la fiscalité, l’affirmation du dogme de l’islam face aux juifs et aux chrétiens, la fixation du texte coranique : toutes mesures qui invitent à le considérer comme le véritable fondateur de l’empire islamique, comme le premier « calife » de l’Islam, au sens de souverain disposant d’un pouvoir absolu conféré par Dieu selon une idéologie impériale commune aux grands empires de l’Orient. Ultérieurement, les savants en sciences religieuses ont estimé que la seule formulation acceptable était celle de khalîfat rasûl Allâh (successeur de l’envoyé de Dieu) et que la formulation khalîfat Allâh (lieutenant de Dieu) n’était pas recevable, car Dieu, éternel et immortel, ne peut avoir de remplaçant. Pour autant, la vraie raison de leur rejet tient surtout à leur volonté de défendre leurs propres prérogatives. 10 Françoise Micheau Les califes abbassides, des souverains absolus Porté par un vaste mouvement insurrectionnel hostile uploads/Politique/ pouvoirs-et-autorits-en-islam.pdf
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- Publié le Jui 18, 2021
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