Revista Brasileira do Caribe ISSN: 1518-6784 caribe.revista@ufma.br Universidad

Revista Brasileira do Caribe ISSN: 1518-6784 caribe.revista@ufma.br Universidade Federal do Maranhão Brasil Périvier, Mathilde QUAND LA FOULE MET DE L’ORDRE: CRÉATION ET RE-SÉMANTISATION DES LIEUX ET DES TERRITOIRES PAR LES BANDES À PIED Revista Brasileira do Caribe, vol. 18, núm. 34, enero-junio, 2017, pp. 68-90 Universidade Federal do Maranhão Sao Luís, Brasil Disponible en: http://www.redalyc.org/articulo.oa?id=159152440005 Comment citer Numéro complet Plus d'informations de cet article Site Web du journal dans redalyc.org Système d'Information Scientifique Réseau de revues scientifiques de l'Amérique latine, les Caraïbes, l'Espagne et le Portugal Projet académique sans but lucratif, développé sous l'initiative pour l'accès ouverte 68 Revista Brasileira do Caribe, São Luís, MA, Brasil, v. 18, n. 34, jan./jun. 2017, pp. 68-90 DISPUTAS E HORIZONTES NA CENA DA RUA QUAND LA FOULE MET DE L’ORDRE: CRÉATION ET RE-SÉMANTISATION DES LIEUX ET DES TERRITOIRES PAR LES BANDES À PIED1 Mathilde Périvier École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS Paris), Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (IIAC), France. Les bandes à pied, troupes de musiciens de déambulation, animent les villes lors de la période du Carnaval depuis l’Indépendance de la République d’Haïti. Nombreuses à Port-au-Prince et principalement issues des quartiers du centre-ville en situation de marges urbaines, elles sont régulièrement prises à partie par la presse et le discours commun qui les accusent d’occuper anarchiquement l’espace, d’être régulièrement en collusion avec les politiques et de participer à la création d’un climat de désordre et de troubles. À partir de l’analyse de la presse nationale haïtienne et d’observations participantes réalisées entre 2014 et 2016 à Port- au-Prince, l’auteur déconstruit les différents préjugés que cristallisent cette pratique depuis plus d’un siècle. Situées et ancrées dans l’espace métropolitain, leurs déambulations à travers la ville permettent de définir, de valoriser et de représenter, au-delà de la période liminaire du Carnaval, des territoires singuliers pour lesquels elles sont en compétition. Mots-clés: Bandes à pied, Port-au-Prince, Haïti, Carnaval, Musique, Marges urbaines, Territoire, Espace Resumo As bandes à pied são grupos de músicos que deambulan pelas cidades, animan desde a Independência da República haitiana as cidades durante o período de Carnaval. Inúmeras em Porto-Príncipe (Haití) e principalmente originárias dos bairros do centro da cidade porém nas margens urbanas, são atacadas e acusadas de ocupar o espaço de forma anârquica, de entrar na connivência com os políticos e de participar na criação de um ambiente de desordens e 1 Cet article est une version augmentée de ma communication présentée le mardi 7 janvier 2016, dans le panel « From Street Bands to Clandestine Migration: Haiti and the Production of Space », lors de la 41ème réunion de la Caribbean Studies Association, à Port-au-Prince, entre le 5 et 11 juin 2016. Artigo recebido em 22 de fevereiro de 2017 e aprovado para publicação em 19 de maio de 2017. 69 Revista Brasileira do Caribe, São Luís, MA, Brasil, v. 18, n. 34, jan./jun. 2017, pp. 68-90 Quand la foule met de l’ordre: création et re-sémantisation des lieux et des territoires par les bandes à pied turbulências. Apartir da análise da impresa nacional haitiana e de observações participantes realizadas entre 2014 e 2016, a autora des-constrõe os diferentes prejuiços que derivam dessa performance desde há mais de um século. Localizadas no espaço metropolitano, percorrem a cidade definindo e valorando, além da dimensão liminar do Carnaval, os territórios singulares pelos quais compitem. Palavras-chave : Porto-Principe, Haiti, carnaval, musica, margens urbanas, território. Resumen Las bandes à pied, grupos de músicos que deambulan por las ciudades, animan desde la Independencia de la República haitiana, las ciudades durante el período de Carnaval. Numerosas en Puerto-Príncipe (Haití) y principalmente originarias de los barrios del centro de la ciudad en situación de márgenes urbanas, son regularmente atacadas y acusadas de ocupar el espacio de manera anárquica, de estar en connivencia con los políticos y de participar en la creación de un ambiente de desórdenes y de turbulencias. A partir del análisis de la prensa nacional haitiana y de observaciones participantes realizadas entre 2014 y 2016, la autora deconstruye los diferentes prejuicios que cristaliza esa práctica desde hace más de un siglo. Situadas y ancladas en el espacio metropolitano, sus deambulaciones a través de la ciudad permiten definir y valorar, más allá del período liminar del Carnaval, los territorios singulares por lo cuales están compitiendo. Palabras claves: Bandes à pied, Haití, Carnaval, Música, Márgenes urbanas, Territorio, Espacio Abstract The bandes à pied, walking musical troupes, have entertained the public during Carnival since the independence of the Republic of Haiti. The press and public opinion accuse the bandes à pied, many of which are found in Port-au-Prince’s marginalized downtown communities, of chaotically occupying the public arena, regularly colluding with politicians and creating a disorganized and troubled environment. After analyzing the Haitian press and after taking part of events organized between 2014 and 2016 in Port-au-Prince, the author deconstructs the varying prejudices that have made up this tradition for over a century. Located and rooted in the metropolitan area, their treks around the city, allow them to give value to, define, and represent, the unique territories over which they fight for during Carnival. Key words: Bandes à peid, Port-au-Prince, Haïti, Carnival, Music, Marginalized Urban Communities, Territory, Public Arena 70 Revista Brasileira do Caribe, São Luís, MA, Brasil, v. 18, n. 34, jan./jun. 2017, pp. 68-90 Mathilde Périvier Un article non signé, publié le 2 février 2016 dans le journal en ligne MagHaïti.net2, livre les propos suivant : Il est toujours conseillé de dissocier la Politique avec la Culture, mais nombreux sont les Haïtiens qui n’arrivent pas à faire cet effort et nous faisons partie des rares nations à ne pas respecter les jours week-end et fériés. Le dimanche 31 janvier, dans la soirée, la bande à pied Louloup Party Cool a transformé l’ambiance pré-carnavalesque en manifestation sur tout le parcours, les musiciens de ce ténor ont fait passer leurs revendications par rapport au pouvoir en place. Tous les moyens étaient permis sur le trajet : injures, menaces, comédies, sabotages... Arrivés devant le point fixe de Radio Télévision Nationale d’Haïti (…), les zélés de cette bande ont profité de l’absence des agents de la Police Nationale pour détruire complètement le stand de ce média, en les accusant d’institution Tèt Kale3. Les journalistes (…) étaient dans l’obligation de quitter le Champs-de-Mars4 pour éviter d’autres dégâts ou des pertes en vie humaine. La situation allait (...) dégénérer tout près de Rex Théâtre quand les membres de Louloup Party Cool laissaient croire que des policiers avaient tiré sur la foule, alors que visiblement les forces de l’ordre se concentraient essentiellement à Lalue (…). Personne n’a pu voir les victimes ni entendre les tirs. C’était la panique générale5 avant le passage des Disc-Jockey, la foule s’éparpillait subitement et chacun cherchait un endroit sûr pour s’abriter vu les risques. À noter que Louloup Party Cool bande à pied très populaire, [est] alliée de l’opposition politique haïtienne. (...) Cet article est, à ma connaissance, un des rares publiés au cours de la saison carnavalesque 2016 sur les bandes à pied. Par son ton inquiétant, réprobateur et moralisateur, l’auteur non-déclaré relate des faits qui, d’une part, sont différents de mon expérience vécue avec cette bande ce même jour et de l’autre, reproduisent une série de stéréotypes entourant les bandes à pied, troupes de musiciens de déambulation animant, avec tambours, percussions et instruments à vent leurs quartiers et leurs périphéries, pendant la période carnavalesque. Ces bandes à pied sont souvent accusées d’être des fauteuses de troubles, de créer désordre et désorganisation là où elles passent, d’occuper anarchiquement l’espace, de faire peur par les foules impressionnantes qu’elles amassent, de colporter rumeurs et mensonges, le tout sur fond de collusion avec la politique. À travers cet article, qui se fonde sur mes recherches dans la presse haïtienne nationale, notamment dans Le Nouvelliste, mes observations, les entretiens réalisés et les nombreuses conversations ethnographiques entretenues avec les praticiens des bandes à pied, - dirigeants, musiciens, fanatiques – et leurs détracteurs, pendant deux longs séjours de recherche doctorale6, j’aimerais déconstruire ces préjugés afin d’analyser comment une bande à pied occupe l’espace 2 Pour lire l’intégralité de l’article en ligne, URL : http://www.maghaiti.net/louloup-party- cool/ 3 L’expression Tèt kale, désignant littéralement une personne chauve, renvoie au parti politique du Président alors en place, Michel Martelly, le PHTK (Parti Haïtien Tèt Kale). 4 Nom de la grande place du centre-ville de la capitale haïtienne, bordant le Palais National, plusieurs ministère, etc. 5 Je mets en gras. 6 Entre janvier et juin 2015 et entre octobre 2015 et juin 2016. 71 Revista Brasileira do Caribe, São Luís, MA, Brasil, v. 18, n. 34, jan./jun. 2017, pp. 68-90 Quand la foule met de l’ordre: création et re-sémantisation des lieux et des territoires par les bandes à pied et à quelles fins. Mon propos se limitera à Port-au-Prince et s’appuiera sur un travail approfondi avec quatre bandes de la capitale : Louloupe Party Cool, Soul Rasta #1, Fashion’s Matte et 4x4 Tabou Band7. Je présenterai d’abord ce que sont aujourd’hui les bandes à pied et montrerai ensuite comment se uploads/Politique/ revista-brasileira-do-caribe-1518-6784.pdf

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