ETHNOGRAPHIES DE LA PARTICIPATION Daniel Cefaï et al. De Boeck Supérieur | Part
ETHNOGRAPHIES DE LA PARTICIPATION Daniel Cefaï et al. De Boeck Supérieur | Participations 2012/3 - N° 4 pages 7 à 48 ISSN 2034-7650 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-participations-2012-3-page-7.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Cefaï Daniel et al., « Ethnographies de la participation », Participations, 2012/3 N° 4, p. 7-48. DOI : 10.3917/parti.004.0005 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur. © De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. 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Elles restituent des formats d’engagement dans des assemblées et des styles organisationnels d’associations. Elles accompagnent les moments d’émergence d’une participation non programmée et procèdent à la filature de réseaux et de processus dispersés dans l’espace et dans le temps. Elles docu- mentent la question de l’acquisition de capacités politiques et éclairent le sens des refus de participer. Ce dossier rassemble six articles ayant fait le pari d’une ethnographie de la participation dans six pays différents : États-Unis, Grande- Bretagne, Belgique, Espagne, Argentine et France. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Ecole Normale Supérieure - Paris - - 129.199.158.70 - 12/12/2013 15h56. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - Ecole Normale Supérieure - Paris - - 129.199.158.70 - 12/12/2013 15h56. © De Boeck Supérieur participations 8 C hoisir le titre « ethnographies de la participation » implique d’emblée de préciser ce que l’on entend par les deux mots qui composent l’expression. La difficulté tient au fait qu’ils sont tous deux victimes de leur succès : le flou qui nimbe leur signification, alors que nombre de recherches s’en récla- ment, rend notre entreprise délicate. « Ethnographies » – au pluriel, tant les styles en sont divers – est pris ici au sens strict d’une enquête incorporant un moment central d’observation, de première main, directe ou participante, et de description dense, dont procèdent les analyses. « Participation » est entendu au sens large : il renvoie dans ce dossier à une gamme de situations allant de mobilisations collectives de citoyens auto-organisés ou d’organisations com- munautaires à des dispositifs institutionnels de consultation ou de concertation autour de problèmes urbains. L’enjeu est d’abord d’interroger les frontières mêmes de la participation, en parallèle aux frontières du politique. Restreindre la focale aux seuls dispositifs institutionnels aurait été contraire à la perspective ethnographique, qui suppose une indétermination initiale de l’objet étudié. Notre choix permet de prendre en compte, à côté de la participation aux affaires publiques par des canaux offi- ciels, des modes de participation spontanée à des mobilisations collectives et tout un registre de pratiques de participation qui passent souvent inaperçues, soit parce qu’elles relèvent des « épreuves de vigilance » d’une « petite politi- que » (Overney, 2011), à « bas bruit » (Borzeix, Collard, 2009), soit parce qu’elles engagent des modes d’intervention peu argumentés, que l’on retrouve du reste à d’autres moments historiques (Cossart, Keith, Talpin / Participations, 2012). Ce seul déplacement fait bouger les contours habituels de la catégorie « partici- pation », telle qu’elle est mise en œuvre en philosophie politique et en science politique 1. L’enjeu est également méthodologique. Si, en France, l’étude des phénomènes participatifs est avant tout « qualitative », elle est rarement à proprement parler ethnographique. Les recherches reposent souvent sur un travail de terrain, avec immersion au sein du milieu étudié, mais elles recourent en premier lieu à des entretiens, donc à des matériaux d’ordre déclaratif, hors contexte et ne propo- sent que peu de descriptions et d’analyses de situations (Cefaï, 2010). Au-delà du cas français, assez spécifique, l’approche ethnographique taille son terri- toire en contrepoint des perspectives quantitatives, dominantes aujourd’hui, ou expérimentales, qui testent les effets de la délibération soit dans des dispositifs hors-sol (Fishkin…), soit dans des laboratoires de sciences sociales (Mutz, Gastil, Rosenberg ou Neblo…). Tout l’enjeu d’une ethnographie de la participation est alors de l’étudier telle qu’elle se fait, et non telle qu’elle devrait être, sur « site naturel », et pas simplement en situation d’expérimentation ou de sondage. [1] Ce vers quoi, en France, la transdisciplinarité de la revue Participations et du GIS « Participa- tion du public, décision, démocratie participative » nous a déjà engagés. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Ecole Normale Supérieure - Paris - - 129.199.158.70 - 12/12/2013 15h56. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - Ecole Normale Supérieure - Paris - - 129.199.158.70 - 12/12/2013 15h56. © De Boeck Supérieur Ethnographies de la participation 9 Par souci de produire des données qui interpellent les spécialistes de la théo- rie de la démocratie, souvent focalisés sur les échanges délibératifs, nous avons cependant transmis la consigne, respectée par tous les « participants » à ce numéro, de décrire des scènes d’assemblées pour y faire apparaître des mécanismes d’interaction ou des dynamiques collectives, d’ordinaire peu pris en compte dans la littérature. Mais ces situations d’assemblée ne peuvent être comprises que replacées dans des contextes d’expérience privée ou publique, allant du plus personnel au plus formel, où elles trouvent leur sens. L’idée a donc été de s’en tenir au registre descriptif, fortement ancré dans les données de terrain, en évitant d’importer des catégories et des hypothèses fortes de l’ex- térieur, et en recourant à une démarche avant tout inductive pour s’interroger sur le sens « politique » des activités pratiques et discursives qui font la « par- ticipation ». Le pari a, espérons-nous, été tenu. La palette de cas, ici offerte aux lecteurs, vaut pour invitation à aller plus loin dans l’exigence de comprendre les processus de participation à partir d’enquêtes fondées sur l’observation et sur la description. L’un des enjeux d’une perspective ethnographique est de rendre compte préci- sément de ce qui se passe à l’échelle locale, de la complexité et de la richesse des situations de participation telles qu’elles se font et de l’expérience qu’en ont les participants, avec ses innovations, ses ambiguïtés et ses paradoxes. Cette introduction se contentera de donner quelques repères bibliographiques sur les « ethnographies de la participation », de poser un certain nombre de questions méthodologiques et théoriques et d’ouvrir la thématique de la participation à d’autres domaines de recherche. Le renouveau d’une ethnographie du politique Les ethnographies de la participation s’inscrivent dans le cadre de la résurgence d’une ethnographie du politique. La plupart des enquêtes en sciences sociales et politiques recourent au sondage, à la statistique ou à la cartographie, à la documentation ou à l’entretien pour réunir, ordonner et analyser des données. L’une des plus-values de l’ethnographie du politique est son attachement à l’ob- servation in situ et à la description dense pour faire émerger une compréhension inédite de situations concrètes et produire de nouvelles catégories et proposi- tions théoriques. Ethnographier le « politique » Ce que l’on appelle ethnographie du politique commence à s’imposer, depuis quelques années, comme l’une des façons légitimes d’enquêter sur des objets politiques. Quelques publications se sont succédé et se sont efforcées, avec plus ou moins de clarté, de décrire des manières de faire et de pointer ce qu’el- les ont de spécifique par rapport aux autres méthodes de science politique ou Document téléchargé depuis www.cairn.info - Ecole Normale Supérieure - Paris - - 129.199.158.70 - 12/12/2013 15h56. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - Ecole Normale Supérieure - Paris - - 129.199.158.70 - 12/12/2013 15h56. © De Boeck Supérieur participations 10 de sociologie politique (Auyero, Joseph, 2007 ; Baiocchi, Connor, 2008 ; Schatz, 2009 ; Qualitative & Multi-Method Research, 2009 ; Wedeen, 2010 ; Berger, Cefaï, Gayet-Viaud, 2010 ; Luhtakallio, Eliasoph, 2012). Les arguments en faveur d’une ethnographie du politique sont multiples. Elle permet à la fois d’explorer autrement les fonctionnements de la vie institutionnelle (Abélès, Jeudy, 1997), de décrire précisément en quoi consiste l’engagement dans des partis, des uploads/Politique/cefai-d-carrel-m-tapin-j-ethnographies-de-la-participation.pdf
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- Publié le Apv 23, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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