Michel BERGÈS Professeur des universités, Agrégé de science politique Universit

Michel BERGÈS Professeur des universités, Agrégé de science politique Université de Bordeaux IV Montesquieu (2008) “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique.” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jean-marie_tremblay@uqac.ca Site web pédagogique : http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/ Dans le cadre de: "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Michel Bergès, “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique.” (2008) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. 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Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. Michel Bergès, “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique.” (2008) 3 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, profes- seur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Michel BERGÈS “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique”. Un article publié dans la revue électronique KLESIS — Revue philoso- phique, no 10, 2008, pp. 1-33. Numéro intitulé : “Hommage à Claude Lévi- Strauss.” [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 31 décembre 2008 de diffuser cette œuvre dans Les Classiques des sciences sociales.] Courriel : michel.berges@free.fr Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 12 points. Pour les citations : Times New Roman, 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 1er janvier 2009, revu et augmen- té le 28 janvier 2009 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada. Michel Bergès, “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique.” (2008) 4 Table des matières Introduction Première Partie. Réseau et structure sociale: deux approches inversées I. Radcliffe-Brown : des réseaux à la structure I. 1. La structure sociale est un réseau I. 2. Au-delà des réseaux: l’institution et l’organisation II. Claude Lévi-Strauss : des « systèmes » symboliques aux réseaux II. 1. La structure sociale est une institution symbolique systémique II. 2. De la structure aux réseaux sociaux concrets et au concept de «maison» Seconde Partie. De la parenté au politique I. La transfiguration chrétienne de la parenté réelle II. « Quasi-parenté élargie » et construction des formes politiques modernes Michel Bergès, “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique.” (2008) 5 Michel BERGÈS Professeur des universités, Agrégé de science politique Université de Bordeaux IV Montesquieu “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique”. Un article publié dans la revue électronique KLESIS — Revue philoso- phique, no 10, 2008, pp. 1-33. Numéro intitulé : “Hommage à Claude Lévi- Strauss.” Introduction Retour à la table des matières Dans un manuel récent d’initiation à l’anthropologie, Claude Rivière met l’ac- cent sur la dimension réticulaire de la parenté, au fondement des sociétés tradi- tionnelles, en ces termes : « La parenté, du point de vue biologique, relève de la nature, mais elle est encore plus lien juridique et code moral, car la société attribue aux représentations mentales concernant le système et les liens de parenté un pouvoir de contrainte et de normativité. Un système de parenté, ni agrégat structuré, ni groupe social, est un réseau complexe de liens aux nombreuses ramifications » 1. On peut alors se demander comment le mot et l’objet « réseau », développés dans un sens plus ou moins différent par la sociologie 2, ont été théorisés par l’an- thropologie. Ne relèveraient-ils que d’un usage métaphorique « constructiviste » ? À l’inverse, les réseaux de parenté auraient-ils une réalité concrète, liée à des stra- tégies conscientes de la part de divers groupes sociaux (maisonnées rassemblées en villages, clans, lignages, parentèles, tribus, chefferies etc.) et des individus qui s’y rattachent ? Par ailleurs, peut-on articuler une théorie des réseaux concernant 1 Claude Rivière, Introduction à l’anthropologie, Paris, Hachette supérieur, « Les fondamentaux », 1995, p. 52. 2 Alain Degenne et Michel Forsé, Les Réseaux sociaux. Une analyse structurale en sociologie, Paris, Armand Colin, col. « U sociologie », 1994. Michel Bergès, “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique.” (2008) 6 les sociétés traditionnelles, fondamentalement orales, avec ce que l’on observe de réticulaire dans des sociétés plus complexes et plus nombreuses connaissant l’écriture, susceptibles de « conscientiser », en les réglementant par écrit, les insti- tutions réticulaires pratiques ? De façon générale, comment les réseaux de parenté s’articulent-ils à des réseaux plus vastes et quelle est la portée comparative d’un tel élargissement ? Pour tenter de répondre, il apparaît incontournable d’interroger en premier lieu l’anthropologie sociale. Malgré l’évidence de l’usage du mot « réseau » dans cette discipline, un constat s’impose : à l’instar d’un des premiers manuels publiés en France par Marcel Mauss en 1947 3, celui-ci est peu présent dans les index, traités, dictionnaires – même les plus récents 4. Les « réseaux » se retrouvent ce- pendant conjugués plus ou moins explicitement par les paradigmes de l’ethnolo- gie sociale, culturelle, symbolique, structurale-systémique ou dynamique 5, sur le plan théorique de la définition de la « structure sociale ». Dans un premier temps, nous verrons comment, à travers deux interprétations classiques, celle-ci est de fait associée au concept de réseau : d’un côté, celle d’Alfred Reginald Radcliffe-Brown, tenant d’une anthropologie « concrète » et « naturaliste », étayée par une méthode « aristotélicienne » (I) ; de l’autre, celle de Claude Lévi-Strauss, défenseur d’une anthropologie structuraliste « formelle » et symbolique, qu’il qualifie de « galiléenne » (II). Qu’en est-il précisément pour cet 3 Marcel Mauss, Manuel d’ethnographie, Paris, Payot, 1971. 4 C’est le cas du moins des ouvrages classiques d’initiation : J. A. Mauduit, Ma- nuel d’ethnographie, Paris, Payot, 1960 ; Robert Lowie, Traité de sociologie primitive, Paris, Payot, 1969 ; E. E. Evans-Pritchard, Anthropologie sociale, Paris, Payot, 1969 ; Georges Balandier, Anthropologie politique, Paris, PUF, 1969 ; Marcel Mauss, Manuel d’ethnographie, op. cit. ; Michel Panoff et Mi- chel Perrin, Dictionnaire de l’ethnologie, Paris, Payot, 1973 ; Norbert Rou- land, Anthropologie juridique, Paris, PUF, « Droit fondamental », 1988 ; Christian Ghasarian, Introduction à l’étude de la parenté, Paris, Éditions du Seuil, 1996 ; Robert Deliège, Anthropologie de la parenté, Paris, Armand Co- lin, col. « Cursus », 1996 ; Marc Abelès et Henri-Pierre Jeudy, Anthropologie du politique, Paris, Armand Colin, col. « U », 1997 ; Claude Rivière, Intro- duction à l’anthropologie, op. cit., et Anthropologie politique, Paris, Armand Colin, col. « Cursus », 2000 ; Abécédaires de Claude Lévi-Strauss, Paris, Vrin, 2008. 5 Nous empruntons cette différenciation des courants théoriques de l’anthro- pologie à François Laplantine, L’Anthropologie, Paris, Payot, 1995. Michel Bergès, “Claude Lévi-Strauss et les réseaux : parenté et politique.” (2008) 7 objet « moins beau » peut-être que les mythes, mais au cœur tout de même des structures élémentaires et complexes de la parenté ? Dans un second temps, nous apprécierons l’apport de tels débats aux diverses disciplines concernées par la problématique de la parenté via son articulation avec les mécanismes d’élargissement des réseaux sociaux en œuvre au niveau des pro- cessus de construction du politique dans les sociétés complexes, « à écriture ». Première Partie Réseau et structure sociale : deux approches inversées I. Radcliffe-Brown : des réseaux à la structure Retour à la table des matières Après la période des pères fondateurs (Henry Maine, J. F. Mac Lennan, John Lubbock, James Frazer), c’est Alfred Reginald Radcliffe-Brown, unique étudiant d’un professeur venu de la psychologie à Cambridge (W. H. R. Rivers), qui, dès 1904, orienta les recherches de l’anthropologie sociale anglaise sur les relations de parenté, de mariage et d’affinité, suivant d’ailleurs en cela les travaux pion- niers de l’Américain Lewis Henry Morgan 6. Dans l’introduction de Structure et fonction dans la société primitive, publié en 1952, uploads/Politique/claude-levi-strauss.pdf

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