NOS ORIGINES LA RELIGION DES GAULOIS LES DRUIDES ET LE DRUIDISME NOS ORIGINES O

NOS ORIGINES LA RELIGION DES GAULOIS LES DRUIDES ET LE DRUIDISME NOS ORIGINES Ouvrages, déjà publiés : 1. Archéologie celtique et gauloise, 2« édition, 1889. 2. La Gaule avant Jes Gaulois, 2^ édition, 1891. 3. Les Celtes dans les vallées du Pô et du Danube, avec la colla- boration de M. Salomon Reinagh, membre de l'Institut, 1894. ANGERS, IMP. DE A. BURDIN, RUE GaKNIER, 4. NOS ORIGINES LA RELIGION DES GAULOIS LES DRUIDES ET LE DRUIDISME LEÇONS PROFESSÉES A l'ÉCOLE DU LOUVRE EN 1896 PAR Alexandre BERTRAND MEMBRE DE L INSTITUT PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE 28, 1897 A LA MEMOIRE DE MON PERE Alexandre-Jacques-François BERTRAND ANCIEN ELEVE DE L ECOLE POLYTECHNIQUE DOCTEUR EN MÉDECINE DE LA FACULTÉ DE PARIS (1794-1831) AUTEUR du Traité du .somnambulisme (1822), des Lettres su?' les révolutions du globe (1824), du Maqnétisme animal en France et de l'Extase dans les traitements magnétiques (1826). PRÉFACE Hoc unum plane tibi approbare vel- leni, omnia me illa sentire qux dice- rem, nec tantiini sentire sed amare. Sénèque. Nikil est nimul inventum et perfectiim. (Sigillum Olai Mac-ni). Ces leçons sont publiées telles qu'elles ont été dites. Nous sentons tout ce qui leur manque. Si nous avions vingt ans de moins, nous les aurions remaniées et complétées. Nous en aurions fait une œuvre mieux ordonnée, mieux équilibrée dans ses diverses parties. Mais à notre âge on ne peut attendre : nous réclamons l'indulgence du lecteur. Des circonstances particulières nous ont permis de voir autre chose — sinon mieux que nos devanciers — dans le domaine de la religion gauloise. Nous avons dit ce que nous voyons. Le lecteur trouvera dans nos leçons plutôt des aperçus que des démonstrations, une orientation vers la vérité plulôt qu'un exposé logique de vérités démontrées. Le litre devrait être simplement : Nos vues sur\la Religion des Gaulois. Nous le laissons tel qu'il a été annoncé par notre éditeur espérant que ce livre sera pour d'autres un point de départ. VIII PRÉFACE Quelques-unes de nos propositions nous paraissent avoir pour elles un grand degré de probabilité. Elles s'appuient sur des faits déjà nombreux. La division de la religion pré-romaine des Gaulois en deux branches, la celtique et la galatique, précédées d'une période chamanique, nous semble devoir s'imposer désor- mais à tous les chercheurs. Nous croyons, antérieurement à la période celtique, au contact de nos populations primitives avec le monde sep- tentrional, que Pruner Bey et François Lenormant ont qualifié de Touranien. Nous croyons à la valeur des survivances comme moyen d'information sur les temps les plus éloignés. Fustel de Coulanges a magistralement montré, dans sa Cité antique, combien il y a de survivances dans nos institutions, nos lois, nos coutumes. Le même travail doit et peut être fait dans le domaine des Religions. Nous croyons que certains symboles solaires sont aussi vieux que les langues indo-européennes elles-mêmes. Ce langage primitif, nous devons nous efforcer de le suivre à travers les siècles et d'en comprendre le sens. Les mé- dailles celtiques nous paraissent devoir être sérieusement étudiées à ce point de vue. Nous croyons à l'existence en Gaule, en Angleterre, en Irlande de grandes communautés druidiques, analogues aux lamaseries de la Tartarie et du Thibet. Nous soupçon- nons que de semblables communautés, sous divers noms, ont joué dans le monde un rôle considérable comme fac- teurs de la propagation et de l'acclimatation des langues et de la civilisation indo-européenne en Occident : ces communautés sont à nos yeux l'origine et le modèle de nos grandes abbayes chrétiennes de moines occidentaux. Nos convictions s'appuient sans doute en grande partie PREFACE IX sur des arguments moraux. Plusieurs de nos propositions ont le caractère d'hypothèses. Mais l'hypothèse n'est- elle pas un procédé scientifique fécond? et n'est-il pas permis de tâtonner à la poursuite d'un problème aussi obscur et aussi compliqué que celui de la Religion des Gaulois? Nous avons foi dans nos idées; nous prions le lecteur de ne pas nous juger à la légère. Ces idées sont le fruit de longues réflexions. Nous regretterions qu'elles fussent compromises par l'insuffisance de notre argumentation et des erreurs de détail. Nous espérons que d'autres achève- ront ce que nous avons commencé. Si nous nous sommes trompé on nous excusera pour notre bonne volonté et notre sincérité scientifique. Notre livre est, comme les précédents, suivant l'expression de Montaigne, un livre de bonne foi. Saint-Germain, 25 décembre 1897. Alexandre BERTRAND. NOS ORIGINES LA RELIGION DES GAULOIS LES DRUIDES ET LE DRUIDISME Leçons professées a l'École du Louvre en 1896 I LEÇON LEÇON D'OUVERTURE' Mon savaat confrère et ami M. Michel Bréal, invité à prendre la parole au Congrès des Orientalistes réuni à Genève en 1894% commençait ainsi une intéressante communication sur les noms de certaines divinités communes aux Étrusques et aux Romains : (( Le monde est plus ancien et il y a plus de continuité dans les choses humaines qu'on n'a l'air de le supposer d'ordinaire. Tout n'a pas commencé en Europe avec la race indo-euro- péenne. L'Europe, comme l'Asie, avait déjà ses dieux, ses lé- 1. Le sujet du cours avait été ainsi formulé : Le Profefseur cludiera la relifiiuii de la Gaule aux diverses périodes de son histoire depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conversion des brancs au christianisme, d'après les monuments, les textes et les légendes. Le présent volume s'arrête à la couquète romaine. 2. De quelques divinités italiques, par Michel Bréal, Leide, 1895, p. 3^ 1 la LA RELIGION DES GAULOIS g-endes et ses rites avant que les derniers venus de la civilisa- tion vinssent nous imposer leur langue et leur empire. As- surément la langue des Romains est une langue aryenne, il ne peut y avoir à ce sujet aucun doute, mais de ce que la langue est aryenne, il ne s'ensuit pas que la religion le soit ou qu'elle le soit en entier. » Ces paroles peuvent s'appliquer avec plus de justesse encore à la Gaule qu'à l'Italie. Ce serait une grande erreur de con- sidérer comme un panthéon primitif le panthéon gaulois tel que César nous le présente. La Gaule, avant d'en arriver là, avait traversé des révolutions qui avaient laissé dans le pays des traces profondes. Ces vérités commencent à s'imposer à tous les esprits réfléchis. L'humanité — chaque pays en par- ticulier — a passé par des états religieux successifs. « De chacun de ces états, reste dans le suivant et dans les suivants un résidu qui s'amincit toujours, mais ne disparaît jamais et empêche qu'à aucune époque on ne trouve réellement chez les nations civilisées unité de croyance '. » Vous reconnaissez là, Messieurs, ce que nous avons appelé : les survivances. Ces survivances sont surtout nombreuses dans le domaine religieux. Nous essaierons de remonter à leurs origines. L'archéologie est en mesure de démontrer — nous en avons donné des preuves surabondantes — que l'unité apparente de de la nationalité gauloise à l'époque de la conquête romaine est une illusion. La vérité est que des tribus de types physiques très divers_, — brachycéphales, dolichocéphales, mésaticé- phales, bruns et blonds, de grande et de petite taille — d'ori- gine très différente, en dehors même des Ibères et des Ligures^, se sont successivement établies sur notre sol à des époques plus ou moins éloignées les unes des autres et qu'elles ont toutes concouru, dans des proportions inégales, mais très re- connaissables, à la constitution définitive du groupe social auquel les auteurs classiques ont donné les noms de Celtes et 1. Auguste Comte. 2. Voir La Gaule avant les Gaulois, 2' édit., p. 328. LEÇON D OUVERTURE 3 de Gaulois. Les conquêtes romaine et franque ont continué ce mouvement. Je ne parle pas seulement ici des races primitives que les anciens auraient qualifiées d'autochtones : races quaternaires (antédiluviennes de Boucher de Perlhes, nomades des ca- vernes de Lartel), sur l'origine desquelles plane une profonde obscurité ; je veux parler des trois groupes principaux d'immi- grants dont nous avons étudié avec vous les monuments et qui successivement ou parallèlement ont occupé à l'état dis- tinct une partie des contrées qui sont, aujourd'hui, la France, avant de s'unir et de se confondre dans l'ensemble d'une or- ganisation politique. Nous rappellerons succinctement les traits principaux par lesquels ces trois groupes se distinguent les uns des autres, géographiquement, chronologiquement, politiquement, en vue de préparer vos esprits à retrouver dans la religion gauloise les mêmes divisions. PREMIER GROUPE Le premier groupe, le plus ancien, le plus nombreux, le plus persistant est celui auquel nous devons l'érection des monuments méc/alilhiques. Les anciens ne lui ont pas donné de nom. Ils ne semblent pas l'avoir distingué des deux au- tres *. Les caractères de ce groupe sont cependant très tran- chés sous tous les rapports. Sans lui, notre histoire serait inexplicable. L'examen de la carte des dolmens et allées couvertes'^ ex- posée au Musée de Saint-Germain sur laquelle sont marquées 1. A moins qu'il ne faille y recoauaitre des Ligures, thèse qui u'a rieu d'iuvraisemblable et s'accorderait assez bien avec la doctrine de M. d'Arbois de Jubainville aux yeux uploads/Religion/ bertrand-alexandre-louis-joseph-1820-1902-la-religion-des-gaulois-les-druides-et-la-druidisme-e-leroux-1897.pdf

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  • Publié le Apv 17, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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