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ïa \ . / Y , a r À \ t ' * t . L c l , r 6 a f , G 5 1 ' e t € 5 & u \ ) i a " ' V r v o " r l ' lLe'. (ogt< ef v: . .& sp'oîl-.tt e (.sF ,?.;' Lq6Z, ?f 6I-7"f LA MISÉRICORDE, ATTRIBUT SOUVERAIN DE DIEU * < Qu'il se taise, dit S. Augustin, qu'il n'entrePrenne Pas de louer Dieu, celui qui ne voudrait pas voir avant tout ses miséricordes 1. r Aucun motif de prière n'est plus vrai, aucun n'est plus eftcace, parce qu'aucun n'atteint Dieu d'une façon aussi lntime, que I'invocation de notre rnisère et de 1a rnisé- ricorde de Dieu. A ce titre-là, le rapport religieux est posé d'ernblée dans toute sa vérité. Nous sommes situés comme néant et indigence absolue ; Dieu est invoqué selon ce qu'il y a en lui de plus royal et de plus divin- La révélation de la miséricorde de Dieu est inséparable de celle de sa sainteté et de sa grandeur transcendantes' D'un bout à I'autre de la sainte Écriture, Dieu, dans le moment même otr il se révèle comme le Saint, infiniment éloigné de nous, et conune Souverain au-dessus de toutes choses, se révèle aussi comme proche de nous, penché sur nous, éta- blissant de nous à lui une communication de don' Parmi tant de passages qu'on pourrait évoquer, nous ne retiendrons que les deux épisodes ou les deux rnoments qui marquent la rencontre que Moise fait de Dieu au Sinaî. Ces deux très grands textes se trouvent dans I'Exode, respectivement chap' 3 et chap. 33, v. 18 à chap. 34, v' ro. IJne première fois, MoTse vient au Sinai lorsqu'ayant tué un soldat égyptien qui brutalisait un c1e ses compatriotes hébreux, il fut contraint de se cacher, car la chose avait été vue, contraint même de s'éloigner et, en style moderne, de prendre le maquis. Il trouva un asile dans la péninsule du * Paru dans Za Vic Spirituel'le, avril 1962, p. 380-395.. r. . Taceat laudes tuaé qui miéerationeé tuas non considerat quae tibi de medullis meis confitenttr o z Coniess., vr,7' rz (P. L.' 32,725)' 6z r.Bs rrlvsrÈnEs DE DIBU Sinai, oir il prit femme. C'est alors, tandis qu'il faisait paitre le troupeau de son beau-père, qu'il eut la vision du buisson ardent, à la suite de laquelle il reçut de Dieu la vocation de faire sortir son peuple d'Égypte. Moise dit alors à Dieu : < Soit ! Je vais trouver les enfants d'Israël et je leur dis : 'Le Dieu cle vos pères m'a envoyé vers vous ! ' Mais s'ils demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? r Dieu dit alors à Moîse : < Je suis celui qui suis... )) (3, r3-r4). On pourrait traduire ces deruiers mots tout aussi bien : < Je suis qui je suis r, et mieux encore, sans doute : < Je serai qui je serai. r De toute façon, la révélation du buisson ardent est celle de Dieu en sa souveraineté absolue, dans la transcen- clance de sa vie, qui dépasse toute mesure et prévision créées : N'approche pas d'ici, ôte tes sandales de tes pieds, avait dit Dieu, du sein du buisson. Dieu est l'Éternel, Celui qui demeure tandis que toutes choses naissent et passent; Dieu est le Mystérieux, Celui dont le Nom est ineffable et incommunicable; il est le Dieu Vivant, qu'on rencontre et connaît dans ses interventions souveraines, qui se manifeste dans ses actes... Dès ce moment, cependant, une note de condescendance ou de miséricorde se joint à l'afrrmation de la Sainteté transcendante. Ce Dieu, qui tient Moîse éloigné, lui parle et l'appelle; l'Eternel, qui se suffit à lui-même, se penche sur son peuple, le prend en pitié, dispose les premiers jalons de sa délivrance, Qui il sera ? On le verra précisément d'abord en cela : il sera le Dieu-qui-fait-sortir-son-peuple- d'Égypte... Cependant, la révélation du mystère de Dieu devait s'ap- profondir par I'expérience du péché, ou à sa suite. Il ert a été ainsi clans I'ensemble de l'économie de cette révélation au cours de I'Ancien Testament. David n'atteindra à la pro- {ondeur cle sa connaissance de Dieu qu'après son péché. Le peuple lui-même n'apprendra que son Dieu est son rédemp- teur qu'après avoir, pour ses péchés, été réduit à la misère et à la captivité. Il ne i'apprendra même vraiment que quand Dieu lui-même se fera le Serviteur soufirant annoncé par l'Isaïe de l'exil, quand il se fera, en Jésus-Christ, < alliance de son peuple r (Is. 42, 6) : une alliance maintenue et renou- velêe pour des pëcheurs, donc une rédemption I Mais ni le LA MrsÉRrcoRDD 63 peuple d'Israël ne devait attendre l'exil pour faire l'expé- rience du péché, ni Yahvé'Dieu attendre Isaïe pour révéler plus complètement son mystère à partir de cette expérience' On sait trop bien, en effet, qtt"au nrornent mêma oîr I'alliance est conclue entre Dieu et son peuple, sur le Sinai, elle est violée et brisée, au pied même de la montagne, par I'infidé- lité de ceux qui réclament a un dieu qui marche devant eux n, coûrme les autres peuples en ont, et qui se divertissent devant la statue de jeune taureau qu'Aaron leur a faite (Ex, 3z)' A partir de ce moment-là, si Dieu n'était que Saint, il ne pourrait demeurer au milieu de son peuple ni le conduire : < Si je montais un seul instant au milieu de vous, je vous anéantirais t (33,5).Mais Dieu consent à faire grâce. Le dia- logue qu'il entretient avec Moise, dans la cellule intérieure de l'âme àe celui-ci, est même tel que Moïse s'enhardit à lui demander : <t Fais-moi voir ta gloire I I MoÏse, qui a reçu communication du Nom mystérieux, veut une connaissance meilleure. Il est exaucé, pour autant du moins qu'un homme peut l'ètre sans mourir. Mais quand Yahvé passe devant lui, i"nr te faire vraiment voir, mais en se laissant percevoir, il crie : ( Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité..' , (g4, 6)' Telle est la seconde révélation que Dieu fait de son Nom et de ce qu'Il est : non plus seulement Celui qui est l'Éternel, ou Celui qui ne dit p"J sott Nom, le Mystérieux, ou Celui qui se révélera à mesure dans ce qu'il fera pour son peuple, le Dieu Vivant, mais I'e Misuicord'iewx t. Le souvenir de cette révélation est demeuré vivace dans la conscience d'Israël : le texte même en est reproduit littérale- ment au moins six ou huit fois 1. Quand David, à la suite de la satisfaction d'amour-propre qu'il avait cherchée en faisant recenser son peuple, doit choisir entre trois châtiments, une famine de sept années, une fuite de sept mois devant ses ennemis, une peste de trois jours, il pré{ère la peste, et déclare : a Ah ! tombons entre les mains de Yahvé, car ses miséricordes sont grandes, mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes I r (z Sam. 24, r4). r. Ps. 86, 15 ; to3, 8; r+5, 8 ; Jl. z, t3i Ne' 9, t7 ; Jott' 4, z; comp' jV6' r4, 18 ; lVo. r, 3. 64 res uysrÈREs DE DrEu Les Pères ne se sont pas trompés en donnant l'étymologie de < misericordia > : c'est le sentiment d'un cæur qui prend en pitié et en compassion le mal dont il voit autrui souffrir 1. C'est donc d'abord un sentiment, et même une passion au sens rigoureux du mot, c'est-à-dire un mouvement suscité par l'ébranlement que provoque en nous le contact d'un fait extérieur. C'est pourquoi les Stoiciens repoussaient la misé- ricorde comme une faiblesse, et donc un mal. Ici, le fait ren- contré est celui de la misère sous toutes ses formes, c'est-à- dire d'une indigence quelconque, ou d'un manque, dont un autre homme est la victime et qui l'empêche d'être heureux. Ce spectacle pousse à faire quelque chose pour soulager la misère, pallier le manque, venir en aide à l'indigence z. Le christianisme a eu un sentiment très vif de l'étendue de la misère de l'hornme : pas seulement en ses formes exté- rieures ou matérielles, qui nous émeuvent encore puissam- ment, mais dans sa réalité plus profonde et plus radicale : ignorance, péché, impuissance à faire le bien, à harmoniser les différences, à retenir la vie ou l'existence qui nous échappent. La rnisère, une rnisère ontologique, lui est apparue comme la condition mêrne de l'homme, la cause, pour lui, de cette insa- tisfaction profonde, de ce sentiment de perdition, que les Modernes ont retrouvés et analysés sous le nom d'angoisse B. Mais I'angoisse moderne est sans perspective de salut et ne cherche pas son sauveur du côté de Dieu ! De tout temps, la miséricorde est appanre comme étant par excellence un attribut royal. Le paganisme la célébrait chez les princes, non tant sous le norn uploads/Religion/ congar-la-misericorde-attribut-souverain-de-dieu-1962.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 28, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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