SAINT VINCENT DE PAUL CORRESPONDANCE Tome VI. 2091. — A JEAN MARTIN, SUPÉRIEUR,

SAINT VINCENT DE PAUL CORRESPONDANCE Tome VI. 2091. — A JEAN MARTIN, SUPÉRIEUR, A TURIN De Paris, ce 7 juillet 1656 Monsieur, La grâce de N.­S. soit avec vous pour jamais ! J’ai reçu votre lettre du 24 juin. Vous avez regardé du biais qu’il faut les plaintes qu’on a faites au parlement contre vous, prenant cette calomnie comme un contrepoids que Dieu a voulu donner aux succès de vos missions ; car, en effet, sa sagesse a si bien ordonné les choses en ce monde que les nuits suivent les jours, la tristesse la joie, et la contradiction les applaudissements, afin que notre esprit ne s’arrête qu’en Dieu seul, qui est au­dessus de ces changements. Vous avez bien fait de faire entendre la vérité à ces Messieurs à qui on a dit que les missionnaires dissuadaient le peuple de payer les tailles ; et vous ferez encore mieux de ne parler jamais de ces choses. Notre­Seigneur n’a pas improuvé les tributs ; au contraire, il s’y est lui­même soumis. Il faut, tant que nous sommes, nous préparer à souffrir tantôt d’une façon et tantôt d’une autre ; autrement, nous ne serions pas les disciples de ce divin Maître, qui fut calomnié d’une pareille accusation à la vôtre et qui a voulu commencer par là de vous exercer. Tenez à bénédiction d’être traité comme lui et tâchez de suivre son Lettre 2091. — L. s. — Dossier de Turin, original. ­ 2 ­ exemple dans les vertus qu’il a pratiquées, lorsqu’il a été maltraité. Je remercie sa divine bonté, Monsieur, de la bénédiction qu’elle a donnée à toutes vos missions, particulièrement à la dernière ; ce qui se doit attribuer plutôt à la bonne disposition du peuple, pour ne pas dire à la nouveauté de l’œuvre, qu’au mérite des ouvriers, quoique je sache que vos prières, votre zèle et La pureté de votre intention y contribuent notablement. Ce qui me console fort est l’accommodement important que vous avez fait dans ce lieu, où la division régnait depuis si longtemps, qui avait causé tant de meurtres et qui était comme une source infectée, qui portait son venin dans les cœurs de la plupart des habitants. Dieu veuille conserver cet accord et perpétuer la paix et l’union que vous y avez laissées ! Je prie Notre­Seigneur qu’il vous donne son esprit avec amplitude pour la mission que vous devez faire en la petite ville de Lucerne, et qu’il ait agréable de porter les hérétiques au désir de s’instruire et de se convertir. O Monsieur, que s’il plaisait à sa divine bonté de se servir de vous pour cela, que ce serait un grand bien, et que de bon cœur nous lui offrirons nos prières à cette intention ! Vous nous demandez deux hommes capables et exemplaires, l’un pour la nouvelle fondation de Monseigneur le marquis, qui vous donne 400 livres de rente pour l’entretien d’un prêtre, moyennant deux messes par jour, et l’autre a la place de M. De [heaume]. Nous tâcherons de vous les envoyer le plus tôt que nous pourrons, Dieu aidant. On nous dit que Dieu continue à bénir les armes du roi de Pologne contre les ennemis de l’Église et de son État, et qu’il a assiégé Varsovie, où sont Messieurs ­ 3 ­ Desdames et Duperroy. Nous sommes en très grande peine de leurs personnes ; car, étant enveloppés dans les incommodités et les accidents de la guerre, ils ne sont pas sans danger ni sans souffrance. Mais ce qui nous afflige davantage est que ledit sieur Duperroy nous a mandé que, dès le commencement de ce siège, M. Desdames tomba grièvement malade (sa lettre est du 15 de mai), sans que depuis nous ayons pu savoir l’événement de cette maladie, non plus que celui du siège. Je recommande à vos prières ces bons missionnaires et ce pauvre royaume, comme aussi, Monsieur, votre très humble serviteur. VINCENT DEPAUL, i. p. d. l. M. Suscription : A Monsieur Monsieur Martin. 2092. — A CHARLES OZENNE De Paris, ce 7 juillet 1656. Monsieur, La grâce de Notre­Seigneur soit avec vous pour jamais ! J’ai reçu votre lettre du 8 juin, ce fut avant­hier, et 3 ou 4 jours auparavant j’avais reçu celle de M. Duperroy, qui nous a fort affligés, nous apprenant la maladie dangereuse de M. Desdames ; mais notre peine a été un peu allégée par votre dernière lettre, où vous dites que M. de Saint­Martin, chapelain du roi, qui a demeuré en votre maison de Sainte­Croix jusqu’à la fin de mai et qui a écrit à M. de Fleury, ne lui touche rien dudit sieur Desdames, qui est une marque qu’il se Lettre 2092. — L s. — Dossier de Cracovie, original ­ 4 ­ porte mieux, ou du moins qu’il n’était pas plus mal. Plaise à Dieu de conserver à la compagnie ce sien serviteur ! Je l’ai recommandé aux prières de la compagnie, et nous continuerons de l’offrir à Dieu, aussi bien que de nous inquiéter de sa maladie, jusqu’à ce que nous soyons assurés qu’il en est quitte. Si vous avez occasion de lui écrire, ou à M. Duperroy, témoignez­leur cela. Je ne puis leur écrire, à mon grand regret, pour l’accablement où je me trouve. Je vous remercie de ce que vous avez pourvu à leurs besoins, et rends grâces à Dieu et à cette digne mère, qui a donné ordre que rien ne leur manque, des excessives bontés qu’elle exerce vers vous. Je prie sa divine Majesté qu’elle en soit sa récompense. Assurez­la, s’il vous plaît, et de mes services et de ma reconnaissance, comme aussi de notre exactitude à rendre de deçà l’argent qu’elle vous aura fait fournir, et à ces Messieurs de Varsovie, au temps et aux personnes qu’elle nous ordonnera. Je viens à ces pauvres missionnaires, qui certes me tiennent fort au cœur, à l’occasion du siège de Varsovie ; car, se trouvant enveloppés dans les incommodités et les accidents de la guerre, ils sont fort à plaindre et ne sont pas sans danger ; mais j’espère aussi que Dieu et le roi les protégeront, en sorte qu’il ne leur arrivera rien de ce que nous craignons. J’en prie sa divine bonté. J’ai voulu vous parler par avance des sujets de notre douleur pour ne plus penser dans le reste de cette lettre que de la consolation que nous avons d’apprendre les progrès des armes du roi sur les ennemis de l’Église et de son État. Je ne puis certes vous exprimer les sentiments de joie et de reconnaissance que j’en ai en mon particulier, qui font que quasi sans cesse je bénis et fais remercier Dieu de tous les bon succès que vous me ­ 5 ­ mandez. Je le prie aussi et je le fais prier afin qu’il ait agréable de prendre lui­ même les armes et de combattre pour ce royaume­là, qu’il conserve Leurs Majestés et qu’il achève d’accomplir leurs justes désirs. Les obligations que nous leur avons me sont si présentes et si fort à cœur, que je voudrais être un puissant roi pour les reconnaître, ou assez bon prêtre pour les mériter. Plaise à Notre­Seigneur, Monsieur, d’être notre tout ! Je suis, en son amour, votre très humble serviteur. VINCENT DEPAUL, i. p d. l. M. Ce qu’on vous a dit du désordre de Paris n’est pas véritable ; cette ville jouit du bien de la paix il y a quatre ans (1). Suscription : A Monsieur Monsieur Ozenne, supérieur des prêtres de la Mission de Varsovie, étant de présent à la cour de la reine de Pologne. 2093. — AU FRÈRE JEAN BARREAU De Paris, ce 7 juillet 1656. Mon cher Frère, La grâce de Notre­Seigneur soit avec vous pour jamais ! Si cette lettre vous était rendue avec la même diligence que les vôtres sont venues, vous en recevriez bientôt la réponse ; elles sont des 6 et 12 juin. Je compatis sensiblement à vos peines et à vos engagements, et je ne souhaite rien tant que de vous en voir délivré. 1) Ce post-scriptum est de la main du saint. Lettre 2093. — L. s. — Dossier de Turin, original. ­ 6 ­ Je fais ce que je puis pour tâcher d’y contribuer, et je continuerai jusqu’à ce que cela soit. Je vous prie d’avoir patience. J’ai reçu les quittances des payements que vous avez faits pour la délivrance de Guillaume Le Loup, Jean Gallienne et Nicolas Savary. J’en ai fait avertir ceux qui ont agi pour eux de deçà. Je ferai tenir à Tours la lettre de Ribot ; son frère, à qui elle est adressée, ne demeure plus à Paris ; il s’est retiré en son pays. Je suis bien aise que vous ayez trouvé un expédient de faire passer l’argent qu’on vous enverra, sous d’autres noms que le vôtre, puisque l’on se persuade à faux que les rédemptions que vous faites proviennent d’aumônes. Je pense que voici la première qui vous a été faite pour cela : uploads/Religion/ coste-6.pdf

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  • Publié le Fev 03, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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