PACÔME (292-346) Antoine étant déjà connu nous passons au premier des grands cé
PACÔME (292-346) Antoine étant déjà connu nous passons au premier des grands cénobites : Pacôme. I. LE FEU DE PAILLE PACÔMIEN Cette première forme de vie cénobitique fondée par Pacôme peut être, d'une certaine manière, comparée à un feu de paille en ce sens qu'un feu de paille se propage vite, dégage une forte chaleur et une grande lumière, mais ne dure pas longtemps. De même, le cénobitisme de Pacôme s'est propagé très vite. Il semble bien que dès le début du cénobitisme, il faut parler d'un Ordre, c'est-à-dire d'un ensemble organisé, ayant ses lois et ses structures. Ce qui est assez remarquable ! D'autant que c'était un Ordre très important : Jérôme parle de cinquante mille moines, mais il exagère certainement et le chiffre de dix mille paraît plus juste. Ce qui est tout de même important ! Il a dégagé aussi chaleur et grande lumière, car les moines pacômiens étaient les plus réputés à l'époque. C'était le gratin de la gent monastique, et si l'on n’était pas allé les voir, car ils habitaient fort loin d'Alexandrie, on faisait comme si on avait été les voir. Par exemple Cassien. Et enfin, comme un feu de paille il n'a pas duré longtemps : après un essor prodigieux, ce monachisme pacômien connut un déclin rapide. Au début du cinquième siècle, il n'en reste quasiment plus rien ! Mais ce ne fut pas totalement un feu de paille en ce sens qu'à la différence d'un feu de paille qui ne laisse que des cendres, l'influence de cette première forme de cénobitisme fut grande dans l'Eglise. Non par sa spiritualité qui était assez pauvre, mais plutôt par son système législatif. Celui-ci a marqué le monachisme postérieur : la Règle Orientale, nous le verrons, est composée à partir des Règles de Pacôme. Quant à la Règle de saint Benoît, elle est fortement marquée par les Règles pacômiennes : on trouve au moins 20 passages qui le montrent. Bien mieux, ces Règles de Pacôme ont marqué même des instituts qui se voulaient à l'opposé du monachisme, comme les jésuites ! II. LA VIE DE PACÔME Qui était Pacôme ? Il n'est pas facile de le voir. Ni par ses écrits, car on a conservé de lui très peu de choses, ni par sa biographie, car il n'y a pas une vie de Pacôme, mais huit ou neuf, écrites elles aussi par ses disciples. Or très tôt des dissensions se sont produites parmi ceux-ci qui n'avaient pas tous la même optique sur la vie monastique : chaque groupe a écrit une vie de Pacôme pour justifier son point de vue. Chacune de ces vies présente donc le fondateur sous un aspect différent. Parmi ces huit ou neuf Vies, trois sont plus importantes, car elles nous sont parvenues en entier (ou presque). On les désigne par la langue dans laquelle elles ont été écrites : la Vie bohaïrique, la Vie saïdique (ces deux langues étant des dialectes du copte) et la Vie Grecque. Des autres nous n'avons que des fragments. Egyptien comme Antoine, Pacôme n'est pas né chrétien comme lui, mais païen. Il voit le jour en 292 dans une famille de paysans aisés, sur le bord du Nil, un peu plus haut que Thèbes. Il a au moins un frère et une sœur dont les Vies nous font connaître l'existence : un frère aîné, Jean, et une sœur cadette Marie (tous deux le rejoindront plus tard dans la vie monastique; avec Marie, nous aurons le premier monastère cénobitique féminin). Pacôme apprend à lire et à écrire. Lorsqu’il sera adulte, il apprendra le grec. L'Egypte est alors sous la domination romaine, et en 312 l'empereur Maximin Daïa a besoin de soldats pour faire la guerre contre Licinius. En ce temps-là, quand on n'avait pas de soldats, on en prenait : on enrôlait les gens de force. Des soldats arrivent donc dans le village de Pacôme et le prennent avec d'autres jeunes. Il a vingt ans et le voilà bon pour le service, malgré lui. En route donc vers Alexandrie ! Comme des prisonniers, lui et ses compagnons sont embarqués sur le Nil et ils descendent jusqu'à Thèbes, la première grande ville où l'on fait étape pour la nuit. Les soldats conduisent les conscrits dans la prison de la ville, et là, les chrétiens viennent leur apporter de la nourriture et des secours (Texte 1) . Pacôme le païen, est touché de cette charité active des chrétiens. Cela le marquera pour toute sa vie : le chrétien sera pour lui celui qui fait du bien à tous. Cette pensée qui s'impose à lui en ce moment, influera aussi sur sa conception de la vie monastique où la notion de service de Dieu et des frères aura une très grande importance. La guerre étant finie, Pacôme est relâché à Antinoé. Il remonte le Nil, mais ne rentre pas chez lui. Il veut servir Dieu et, comme Antoine, il s'installe aux abords d'un village (Senesêt) où il est baptisé vers 313. Conformément à une promesse qu'il avait faite de servir le genre humain, il rend tous les services possibles aux gens des alentours et se met au service des plus pauvres. Puis comme Antoine aussi, il se fait disciple d'un ascète qui vivait aux alentours du village (Texte 2) : Palamon. Palamon dresse alors un tableau très noir des austérités très dures qui attendent le postulant. Mais Pacôme, malgré cette vie sévère, maintient sa demande. Il est admis et va vivre sept ans en anachorète auprès de Palamon. Une grande intimité spirituelle s’établit entre les deux hommes ; zèle humble et ardent dans l’imitation du Seigneur. Une petite histoire illustre cela : Un jour, Pacôme ramassait du bois dans la vallée des acacias et se blessa aux pieds avec les épines. Il supporta cette souffrance en pensant "aux clous dans les pieds et les mains du sauveur en croix". Et, comme Antoine encore, il subit bien des tentations. Le fondateur de la vie cénobitique n'a donc pas la pensée d'innover : il commence comme Antoine avait fait. Peu à peu, Pacôme acquiert une grande endurance et passe des nuits entières en prière, dans les tombeaux, c’est-à-dire dans le propre domaine des démons. Au bout de sept années (ce nombre sept est symbolique, comme les sept années précédentes), dans une vision, Pacôme reçoit l’appel à "servir les hommes pour les réconcilier avec Dieu", à se retirer dans la ville abandonnée de Tabennesi et à y bâtir un monastère pour de nombreux moines mais toujours dans l'optique d'y vivre une vie d'ermite. Pacôme s’en ouvre à Palamon qui l’aide à discerner la volonté de Dieu et qui l’accompagne à Tabennesi où il collabore à l’édification de la cellule de son disciple. Peu après, Palamon tombe gravement malade dans son ermitage. Pacôme se rend auprès de lui et le soigne jusqu’à sa mort puis revient à Tabennesi. Son frère Jean vient l'y rejoindre. Quelques disciples se joignent à eux. Et voici qu'une nuit, Pacôme a une vision : Dieu intervient (Texte 3). Dans les jours suivants, un différend surgit entre les deux frères. Jean veut rester fidèle à la perspective anachorétique et continuer à vivre dans leur petite cellule, tandis que Pacôme après sa vision, veut construire un monastère. De fait, des gens viennent. Pacôme avait le don de rassembler autour de lui les hommes, "par suite de sa bonté", disent les Vies. Des jeunes viennent donc près de lui, il les instruit, et fidèle à son dessein du début, il les sert (Texte 4). On voit comment la première expérience qu'a fait Pacôme de la charité des chrétiens a marqué sa vie : il veut servir. Tant que les novices sont de bons novices, cela marche : les jeunes, stimulés par son exemple, demandent à prendre leur part du travail : "Vivons et mourrons avec cet homme, disent-ils, puisqu'il nous guide tout droit vers Dieu". Mais d'autres personnes moins bien disposées vont venir et cela va se gâter. Pacôme subira un échec d'où il tirera une leçon (Texte 5). La leçon sera qu'un monastère n'est pas une coopérative, et que pour faire une communauté, il faut lui donner un système économique capable de la souder. Lors de son premier essai, Pacôme, fidèle aux lumières reçues à sa conversion, s'était fait le serviteur de tous, recevant en retour de quoi payer la nourriture de ceux qui venaient à lui. Il leur avait fait la règle suivante : chacun devait se suffire à soi-même et administrer ses propres affaires, mais il fournissait sa part pour tous les besoins matériels, soit pour la nourriture, soit pour celle des hôtes. Les frères apportaient donc à Pacôme leur part, et lui s'arrangeait avec. En fait c'était le régime d'une pension de famille, il n'y avait pas communauté de biens. Après son échec, Pacôme comprend que pour qu'il y ait une communauté solide, il faut que tout soit mis en commun. Dès lors il part sur une autre base et demande à ceux qui viennent à lui de uploads/Religion/ cours-chap-3-pacome.pdf
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- Publié le Apv 17, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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