1 UNIVERSITE ADVENTISTE COSENDAI FACULTE DE THEOLOGIE Année académique 2020/202

1 UNIVERSITE ADVENTISTE COSENDAI FACULTE DE THEOLOGIE Année académique 2020/2021 Semestre II RELT 310 RELIGION TRADITIONNELLE AFRICAINE Notes de cours préparées Par Pasteur Jean-Pourrat METING Ph.D 2 Chapitre premier INTRODUCTION A LA RELIGION TRADITIONNELLE AFRICAINE Pour les premiers Européens découvreurs de l’Afrique Noire, il n’existait pas de religion à proprement parler, tout juste des croyances. Les indigènes étaient simplement des païens. Par la suite, les ethnologues ont parlé d’idolâtrie, de totémisme, de paganisme, de naturisme, de mânisme pour se mettre d’accord sur le mot « animisme ». Les Africains parlent plus volontiers de « fétichisme ». Aucun de ces termes, et probablement aucun de leur regroupement, ne rend compte de la réalité. On s’est entêté à définir une religion africaine syncrétique alors que chaque ethnie a ses propres conceptions, ses mythes et ses rites. La plupart des pratiques, considérées comme sataniques par les missionnaires, ont été définitivement condamnées. En fait, l’Africain Noir vit en communion étroite avec l’invisible et le sacré. Tous les évènements et les actes ont un rapport avec le surnaturel ; il est foncièrement religieux. La religion est vécue mais rarement conceptualisée et il n’y a pas de théologie élaborée. La connaissance est empirique. Les rites – très ésotériques – sont confiés à des « initiés » et la transmission des mythes et des rites est orale. Il s’agit de religion de familles, de clan, qui ne prétend jamais à l’universalité ni à l’expansionnisme. La spiritualité est le complément de la vie matérielle : âme et corps sont indissociables, comme le sont religion et politique. Il est artificiel de distinguer le religieux et le profane. Pour tous, il y a un Être Suprême / Dieu Créateur. Ce Dieu unique est relativement inaccessible aux hommes car trop grand, trop divin. Chaque ethnie possède des mythes relatant pourquoi et comment Dieu s’est éloigné de sa création. Pour l’atteindre, il y a nécessité de s’adresser à des puissances intermédiaires, créées par lui pour cette fonction : des êtres surnaturels, des génies appelés aussi « fétiches »1, les esprits des ancêtres décédés. Certains auteurs les ont qualifiés de « dieux secondaires » et, de ce fait, ont laissé croire à un polythéisme. Il y a un ailleurs où se tient Dieu. Il y a un monde invisible ou monde de l’invisible comprenant des êtres surnaturels spécialisés dans différentes fonctions (en rapport avec l’environnement et le mode de vie de chaque population) et l’Esprit des ancêtres. Le concept du monde de l’invisible est différent de celui du « ciel » éloigné, ailleurs. Le monde invisible est autour de nous. Il y a un monde visible ou monde du visible, en première approximation celui des vivants. Les Africains – par les rites - ont aménagé des passerelles entre ces deux mondes. Il existe des génies locaux propres à une famille ou à un clan et même des génies domestiques. Des divinités sont spécifiques à des activités (la chasse, la cueillette etc) à des métiers (forgerons, tisserands etc) à la fécondité etc. Les génies sont donc des émanations du Dieu unique, mais pour beaucoup, ils sont primordiaux : souvent, on oublie l’essentiel pour l’accessoire. On retrouve souvent parmi les divinités, les trois maîtres des éléments : celui de l’eau (pour les pêcheurs, représenté en général par un poisson), celui de l’air (honoré par les chasseurs et les voyageurs et 1 Mot qui, en Occident ne désigne souvent que leur représentation 3 représenté par un oiseau), celui de la terre (capital pour les agriculteurs et souvent représenté par un serpent). Les génies sont souvent capricieux ou irritables ; il est nécessaire de les amadouer ou de les apaiser par des sacrifices. Encore faut-il respecter le rituel car, en cas de faute, la divinité peut refuser d’agréer le sacrifice. Les génies peuvent être représentés par des objets symboliques (masques, statuettes..) et peuvent s’incarner dans les lieux où ils se tiennent (arbres, forêts ou mares sacrées), d’autres peuvent s’incarner dans des animaux (animaux totems). Ce qui paraît capital est l’importance accordée à l’Esprit des ancêtres. Tout homme ne peut y participer, il faut avoir été initié, avoir montré de la sagesse et un respect des traditions durant sa vie, ce qui, pour beaucoup, n’a été possible qu’aux hommes âgés qui ont assumé des responsabilités. Que la religion joue un rôle significatif dans les vies des personnes partout dans le monde n'est pas une sous-estimation. Cette vérité est davantage établie dans la vie de beaucoup d’Africains. Ce chapitre présente la religion qui était et continue d’être pratiquée en Afrique avant et après l'arrivée du Christianisme et de l'Islam. Le but de ce cours n'est pas de vous inviter à professer la RTA, mais plutôt il s’agit de donner une vue de la vision du monde selon les adhérents de la foi traditionnelle africaine. Avec cet arrière-plan, vous pouvez leur apporter l’Evangile eu égard à leurs besoins spécifiques car La Religion traditionnelle africaine exerce encore une forte influence sur les Africains qui sont naturellement religieux (…) si l’on veut répondre à la question : en quoi l’évangile a-t-il quelque chose de nouveau à dire aux Africains, il est indispensable de connaître et d’apprécier les racines religieuses des peuples de ce continent puisque, selon la sagesse africaine, "c’est en enfonçant ses racines dans la terre nourricière que l’arbre s’élève " »2. QU’EST-CE-QUE LA RTA Définir la RTA peut se révéler une entreprise bien difficile. Pas mal de choses en ont été dites, à tort ou à raison. Toutefois, bien que n’ayant aucunement la prétention de donner une définition définitive de la RTA, nous disons qu’elle est la Religion indigène des Africains qui s’est transmise d’une génération à une autre par la voie orale. C’est un système de croyance qui ne se définit pas par rapport à un dogme ou un acte de foi, mais par une certaine manière de penser, de sentir et d’expérimenter les relations entre les différentes composantes de l’univers. La société africaine est manifestement religieuse. Dans les sociétés africaines, la religion est une partie intégrale de la vie de l’individu, de la famille et de la communauté dans l’ensemble. La religion africaine est décrite par Dennis L. Thompson en ces termes : « La religion indigène et la famille sont étroitement liées en Afrique. En fait, la religion africaine peut être vue comme un système des rites, des règles, et des pratiques qui vise à préserver et renforcer la fraternité du peuple, de la tribu et de la famille, et à accroitre la puissance. » 2 Cardinal Jean-Louis Tauran 4 Quand ceci est correctement cerné, on peut comprendre pourquoi la religion est centrale à la vie africaine. Par exemple, de la naissance à travers toutes les phases principales de la vie, il y a toujours un contact religieux pour l’Africain. Quand un enfant naît, il est tout à fait normal de le porter aux devins pour avoir un aperçu du destin de l’enfant pour ne pas commettre des erreurs au cours de l’éducation de celui-ci. A l’âge de la puberté, l’enfant passe également un autre ensemble de rituels religieux. Quand il est temps de se marier, des consultations sont faites au sujet du choix du conjoint et les divinités ancestrales sont invoquées pour bénir le mariage. Enfin quand la mort vient à frapper, la religion a également un rôle central à jouer. Dans l’ensemble de la vie africaine, il n’y a pas une distinction claire entre le sacré et le profane comme c’est le cas en Occident. La vie africaine est totalement imbibée de la religion. OBSTACLES A L’ETUDE DE LA RTA Quelques obstacles rendent l’étude de la RTA difficile. Nous pouvons citer : 1. Le Syndrome du Continent obscur Le premier problème auquel les chercheurs ont fait face est la géographie du continent qui a rendu très difficile leurs déplacements autour et à l’intérieur du continent afin de recueillir l'information nécessaire. Ceci a rendu l'Afrique fortement inaccessible au début et lui a valu le sobriquet de « continent obscur ». Ceci pour dire que l’Afrique était un continent au sujet duquel on ne connaissait pas grand-chose. En dépit de ce fait, beaucoup d'auteurs étrangers ont progressé en Afrique et publié des informations incorrectes et insuffisantes sur la Religion africaine. Il est dommage que jusqu'à ce jour, ces informations fassent toujours école non seulement parmi les Étrangers mais également parmi les Africains. En d'autres termes, en raison du fait que les premiers auteurs et même quelques-uns d’aujourd’hui n’ont pas une connaissance appropriée du peuple et de la Religion africaine, nombre de publications sont soit partiellement fausses, soit exagérées ou tordues pour différentes raisons. 2. La grande taille du continent Le dictionnaire de Microsoft Encarta déclare que l'Afrique est le deuxième plus grand continent avec une superficie de 30. 243. 910 kilomètres carrés. Avec cette grande superficie, la tendance de généraliser parmi les premiers chercheurs a eu comme conséquence l'erreur. Par exemple, il est très difficile d'avoir une vue africaine générale de Dieu parce qu'il y a quelques sociétés africaines qui conçoivent Dieu en termes féminins alors que uploads/Religion/ cours-rta.pdf

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  • Publié le Mar 24, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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