Collection Théologie, Pastorale et Spiritualité, RECHERCHES ET SYNTHÈSES IV L.
Collection Théologie, Pastorale et Spiritualité, RECHERCHES ET SYNTHÈSES IV L. DALOZ LE TRAVAIL SELON SAINT JEAN CHRYSOSTOME P. LETHIELLEUX, EDITEUR 10, RUE CASSETTE PARIS VI' Cet ouvrage représente la première partie d'une thèse soutenue à l'Université Pontificale Grégorienne de Rome. sous le titre : « Le Travail chez les Pères Antiochiens ». Je tiens à remercier ici le R. P. G. JARLOT, Président de l'Institut des Sciences Sociales de cette Université. et le R. P. J. LECUYER. Directeur au Sémi- naire Français de Rome. à qui je dois d'avoir pu mener à bien ce travail. R. D. DAWZ, Lucianu8. Le travail chez les Pères Antiochiens Vidimus et approbamus ad normam statutorum Universitatis die 3 mensis lanuarii an ni 1958. R. P. GeorgiuB Jarlot s. 1. R. P. Antonius Orbe s. 1. Imprimatur : Ledone Salinarum, die XVIII decembris MCMLVIII t CLAUDIUS Episcopus Sancti-Claudii © par P. Lethielleux, 1959 L'oul'rage a été déposé conformément au.x lois en Octobre 1959. Tous droits de traduction et reproduction réserl'és. AVANT-PROPOS Dclns un article où il regroupait les « Éléments pour une Théologie du Travail Il, le P. H. Rondet posait la qrfestion " « Y-a-t-il chez les Pères de l'Église une théolpgie du travail P II Sa réponse était plutôt pessi- mist~ " « La question n'a pas fait encore l'objet de reche'rches sérieuses. Le résultat d'une enquête serait robi-'blement décevantl ll. P Et pourtant, aucune théologie du travail ne pourra être solidement établie, si elle ne s'appuie sur l'Écriture et la Tradition de l'Église. Les données de l'Écriture ont ,iéjà fréquemment été présentées2• L'enquête dans la Tradition, en particulier dans la Tradition patris- tique.' comme le remarquait le P. Rondet, est encore à fairefJ. Nous l'avons entreprise chez S. Jean Chrysos- tome j elle ne nous a pas déçu. C'est même avec étonne- 1 ë· RONDET, Eléments pour une théologie du travail, dans cc N~u·veIle Revue T~éologique ", 77 (1955), pp. 27-48 et 123-143. Le tei'te que nous cItons se trouve p. 125. 2 r:"ouvrage le plus complet et le plus intéressant sur la question st 'celtainement celui de W. BIENERT, Die Arbeit nach der Lehre der Blbel, Stuttgart, 1954. - Voir aussi, en beaucoup plus bref: A RJ·CIIARDSON, The biblical doctrine of Work, 2e édit., London, 1954 Ces deux ouvrages sont protestants. A part les nombreux rticie's de revue, nous ne connaissons comme étude catholique aécent.e sur le sujet que la plaquette de P. Termès Ros, El Trabajo r e ùn la Biblia, Barcelona, 1955. Cf. Bibliographie. s ~ rI faut toutefois signaler deux ouvrages, qui ne se placent as' tolnt, il est vrai, du point de vue théologique que dans une Pers e'ctive morale : A. GEOGIIEGAN, The attitude towards labor fn e~rly christianity and ancient cuUure, Washington, 1945, et surtotft H. HOLZAPFEL, Die sittliche Wertung der kiJrperlichen Arbeif im christlichen Altertum, Würzburg, 1941. VIn LE TRAVAIL SELON SAINT JEAN CHRYSOSTOME ment et admiration que nous ayons découyert le souci qu'ayait ce grand ÉYêque de défendre contre les préjugés d'un monde hellénisé la noblesse du trayail corporel, de replacer dans le plan de la Proyidence et dans l'économie du salut, les rapports de l' homme et de la nature, de dégager la signification théologique de l'œuYre humaine sur le monde matériel... Certes, dans les multiples homélies que Jean Chrysostome adressa à son peuple, le trayail est loin d'occuper une situation prépondérante; ce n'est pas un des sujets centraux de 8a réflexion. La place qu'il y tient n'est cependant négligeable ni par la fréquence des allusions, ni par la profondeur des considérations théologiques. Bien que notre étude soit limitée à S. Jean Chrysos- tome, nous ayons jugé utile d'interroger aussi les autres Pères Antiochiens, au moins ce qui nous reste de leurs écrits. Ils permettent de saisir dans son contexte la pensée de Chrysostome, et apportent souyent à celle-ci des compléments précieux. Nous ayons rassemblé en un chapitre les résultats de notre enquête, ayant de déga- ger brièyement, dans notre conclusion, les idées-clefs que la Tradition Antiochienne peut fournir à une théologie du trayail ... Notre titre est yolontairement imprécis. Puisqu'il s'agit d'une recherche historique, on ne saurait a priori restreindre la signification du terme cc trayail », en lui mettant une épithète, par exemple, cc trayail corporel ». Ce serait s'exposer à mutiler la pensée des Pères que nous étudierons. De fait, nous le l'errons, nous n'aurons pas à parler du trayail intellectuel, et les données que nous recueillerons concernent essentiellement le trayail corporel, qui s'exerce sur une matière. Quelquefois, cependant, le sens s'élargit jusqu'à faire de cc trayail » un synonyme d' cc actiyité », par opposition à l'inaction. La signification du mot sera d'ailleurs éclairée par les di l'ers emplois qu'en fait Jean Chrysostome. Il nous fQut maintenant lui laisser la parole ... NRT PG PL ThW ABR~VIATIONS Nouvelle Revue Théologique (Louvain) Migne, Patrologie Grecque - Migne, Patrologie Latine - Kittel, Theologisches Worterbuch zum Neuen Testament. Nous avons suivi la numérotation grecque des Psaumes, selon l'usage des Pères grecs que nous utilisons. Là où une Homélie de Jean Chrysostome porte deux numéros (p. ex. : Hom. LX, al. LXI), nous avons cité seulement le premier, sans faire mention du second. 1 L'HOMME DANS LE MONDE MAT~RIEL IL n'entre pas dans le cadre de cette étude de retracer l'existence mouvementée de S. Jean Chrysos- tome, ce fils d'officier devenu tour à tour ascète dans les montagnes des environs d'Antioche, prédicateur renommé de cette cité, patriarche de Constantinople, et qui devait, pour son trop grand courage, mourir exilé loin de son siège épiscopal. Nous ne reviendrons pas non plus sur les caractères de sa prédication. Qu'il nous suffise d'en signaler un trait que lui-même a mis en relief, en définissant d'une phrase le but de ses homélies : « Je veux que les serviteurs et les servantes, la pauvre veuve, le marchand, le matelot, le simple laboureur, puissent aisément me comprendre... ))1 Chrysostome ne voulut donc jamais être un prédi- cateur « savant ». A plus forte raison, ne visa-t-il 1. Quod Christus sit Deus, 1. P.G., 48, 813. - Sur ce caractère « pratique» de l'œuvre de Jean Chrysostome, cf. A. MOULARD, Saint Jean Chrysostome, sa vie, son œuvre, Paris, 1941, p. 65 : « Il ne néglige pas le dogme, mais le traite en vue de la vie et non de la spéculation. Les grands débats dogmatiques qui ont rempli la première moitié du quatrième siècle sont apaisés au moment où il se met à prêcher ». 2 LE TRAVAIL SELON SAINT JEAN CHRYSOSTOME guère à être ce que nous appellerions un « théologien )l. n ne nous faudra donc pas chercher chez lui à propos du travail, des élaborations qu'il n'eut jamais l'in- tention de faire. Son œuvre n'en est pas moins significative, à cause précisément de sa valeur de témoignage, à cause aussi de l'influence qu'elle exerça, non seulement à Antioche et à Constan- tinople, mais, tout au long de l'histoire, dans la Tradition catholique... Retrouver, dans son œuvre, affleurant dans une allusion ou longuement déve- loppés dans une digression que lui inspire son enthou- siasme pour « le faiseur de tentes », Paul, les grands « thèmes » de sa pensée sur le travail, voilà la méthode de cette recherche ... Comme préliminaire à l'étude de la « théologie du travail » de Jean Chrysostome, il ne saurait être inutile de nous demander comment il conçoit les rapports de l'homme avec le monde matériel, ce « K6up.os )J, duquel il tire sa subsistance, et où il fut à l'origine introduit. Recherche d'autant plus néces- saire que, nous le verrons, le travail dont parle Jean Chrysostome est, plus que de nos jours, une activité qui a besoin de la collaboration de la nature, qui s'exerce davantage sur les « matières premières )l, qui est donc, en un sens, moins enveloppé d'arti- ficiel que celui d'une civilisation mécanisée. Quelles seront donc les relations de l'homme et du monde? ,. - TOUTE LA CR~ATION POUR L'HOMME L'idée-force le plus souvent exprimée par Jean Chrysostome lorsqu'il aborde ce sujet, est que toute la création matérielle a été produite pour l'homme. Parfois, il commence par entrainer son auditoire dans une longue description des merveilles de la nature: LA CRÉATION POUR L'HOMME 3 « Considère en effet la diversité des arbres, les uns pro- duisant des fruits, les autres non, les uns venant dans les déserts, les autres dans les champs cultivés, sur les monta- gnes ou dans les plaines. Remarque la variété qu'offrent les semences, les plantes, les fleurs, les animaux terrestres, amphibies, aquatiques ))2. Parfois, il se contente d'une brève énumération : « Le ciel, la mer, la terre, les airs, et tout ce qui est en eux, animaux, plantes, semences... »3. Souvent, enfin, il se borne à un mot, qui pour lui résume tout le reste : « le visible », ou mieux : « 'Ta opwfLEva 3:7TaV'Ta », « tout le visible »4. Et lorsqu'il a ainsi brossé devant son auditoire, le tableau des splendeurs et des richesses uploads/Religion/ daloz-le-travail-selon-saint-jean-chrysostome.pdf
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- Publié le Jui 16, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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