Discours de Ramsay 47 DISCOURS chevalier Michel de RAMSAY Ce discours présente

Discours de Ramsay 47 DISCOURS chevalier Michel de RAMSAY Ce discours présente un intérêt particulier car il eut d'immenses répercussions dans le monde maçonnique. S'éloignant résolument de la voie opérative, il contribua à l'éclosion du phénomène des hauts grades qui devaient surgir de toutes parts et se trouver inévitablement liés à l'avènement ultérieur de la Maçonnerie templière et de l'écossisme, d'autant plus volontiers que le Chevalier André-Michel de Ramsay fut le précepteur des enfants de Jacques III Stuart. Ce discours ne fut jamais lu car le cardinal Fleury, ministre de Louis XV et hostile aux Maçons, s'y opposa. Imprimé, il circula "sous le manteau". Lecture initialement prévue pour le 21 mars 1737. En voici la teneur: " La noble ardeur que vous montrez, Messieurs, pour entrer dans le très noble et très illustre Ordre des francs-maçons, est une preuve certaine que vous possédez déjà toutes les qualités nécessaire pour en devenir les membres, c'est à dire l'Humanité, la Morale pure, le Secret inviolable et le goût des beaux-arts. Lycurgue, Solon, Numa et tous les législateurs politiques n'ont pu rendre leur établissement durable, quelque sage qu'étaient leurs Lois; elles n'ont pu s'étendre dans tous les pays et dans tous les siècles. Comme elles n'avaient en vue que les victoires et les conquêtes, la violence militaire et l'élévation d'un peuple au-dessus d'un autre, elles n'ont pu devenir universelles, ni convenir au goût, au génie et aux intérêt de toutes les nations. La philanthropie n'était pas leur base. L'amour de la Patrie, mal entendu et poussé à l'excès, détruisait souvent, dans ces républiques guerrières, l'amour et l'humanité en général. Les hommes ne sont distincts essentiellement que par la différence des langues qu'ils parlent, des habits qu'ils portent, des pays qu'ils occupent. Le monde entier n'est qu'une République dont chaque nation est une famille, chaque particulier un enfant. C'est pour faire revivre et répandre ces essentielles maximes, prises dans la nature de l'homme, que notre Société fut d'abord établie. Nous voulons réunir tous les Hommes d'un esprit éclairé, de moeurs douces et d'une humeur agréable, non seulement par l'amour des Beaux Arts, mais encore plus par les grands principes de Vertu, de Science et de Religion, où l'intérêt de la Confraternité devient celui du genre humain tout entier, où toutes les Nations peuvent puiser des connaissances solides et où les sujets de tous les royaumes peuvent apprendre à se chérir mutuellement, sans renoncer à leur Patrie. Nos ancêtres les Croisés, rassemblés de toutes les parties de la Chrétienté dans la Terre Sainte, voulurent réunir ainsi dans une seule Confraternité les particuliers de toutes les Nations. Quelle obligation n'a-t-on pas à ces Hommes Supérieurs qui, sans intérêt grossier, sans même écouter l'envie naturelle de dominer, ont imaginé un Etablissement dont l'unique but est la réunion des esprits et des coeurs pour les rendre meilleurs et former dans la suite des temps une Nation toute spirituelle, où Discours de Ramsay 48 sans déroger aux divers devoirs que la différence des Etats exige, on créera un Peuple nouveau qui, étant composé de plusieurs Nations, les cimentera toutes en quelque sorte par le lien de la Vertu et de la Science. La Sainte Morale est la seconde disposition requise dans notre Société. Les Ordres religieux furent établis pour rendre les hommes Chrétiens parfaits, les Ordres Militaires pour inspirer l'amour de la vraie gloire, et l'Ordre des Francs-maçons pour former des Hommes aimables, de bons citoyens, de bons sujets inviolables dans leurs promesses, fidèles adorateurs du Dieu de l'Amitié, plus amateurs de Vertus que de récompenses. Polliciti servare fidem, santumque verer, Numen amicitiae, mores, non numera amare. Ce n'est pas, cependant, que nous nous bornions aux vertus purement civiles. Nous avons parmi nous trois espèces de Confrères3 : des Novices4 ou des Apprentis, des Compagnons ou des Profès, des Maîtres ou des Parfaits5. On explique aux premiers les vertus morales, aux seconds les vertus héroïques, aux derniers les vertus chrétiennes. De sorte que notre Institution renferme toute la philosophie des sentiments et toute la théologie du coeur. C'est pourquoi un de nos vénérables Confrères dit : Free-Masons, illustre Grand Maître Recevez nos premiers transports Dans mon coeur l'Ordre les fait naître Heureux si de nobles efforts Me font mériter votre estime Et m'élèvent au vray sublime A la première vérité A l'essence pure et divine De l'âme céleste origine Source de vie et clarté Comme une philosophie triste, sauvage et misanthrope dégoûte les hommes de la vertu, nos ancêtres les Croisés voulurent la rendre agréable; d'une joie pure et d'une gaieté raisonnable Nos festins ne sont pas ce que le monde profane et l'ignorant vulgaire s'imaginent. Tous les vices du coeur et de l'esprit en sont bannis et l'on a proscrit l'irréligion et le libertinage, l'incrédulité et la débauche. Nos repas ressemblent à ces vertueux soupers d'Horace où l'on s'entretenait de tout ce qui pouvait éclairer l'esprit, régler le coeur et inspirer le goût du vrai, du bon et du beau. Nous avons des secrets, ce sont des signes figuratifs et des paroles sacrées qui composent un langage tantôt muet, tantôt très éloquent pour le communiquer à la plus grande distance et pour reconnaître nos Confrères de quelque langue qu'ils soient. C'étaient des mots de guerre que les Croisés se donnaient les uns aux autres pour se garantir des surprises des Sarrasins qui se glissaient parmi eux pour les égorger. Ces signes et ces paroles rappellent le souvenir ou de quelque partie de notre science, ou de quelque vertu morale, ou de quelque mystère de la Foy. Il est arrivé chez nous ce qui n'est guère arrivé dans aucune autre Société. Nos Loges ont Discours de Ramsay 49 été établies et sont répandues dans toutes les Nations policées et cependant parmi une si nombreuse multitude d'hommes, jamais aucun Confrère n'a trahi nos secrets. Les esprits les plus légers, les plus indiscrets, les moins instruits à se taire, apprennent cette grande Science en entrant dans notre Société, tant l'idée de l'Union Fraternelle a d'empire sur les esprits. Ce secret inviolable contribue puissamment à lier les sujets de toutes les Nations et à rendre la communication des bienfaits facile et mutuelle entre nous. Nous en avons plusieurs exemples dans les annales de notre ordre. Nos Frères qui voyageaient en divers pays n'ont eu qu'à se faire connaître à nos Loges pour y être comblés à l'instant de toutes sortes de secours, dans le même temps que dans les guerres les plus sanglantes d'autres prisonniers ont trouvé des Frères où ils ne croyaient trouver que des ennemis. Si quelqu'un manquait aux promesses solennelles qui nous lient vous savez Messieurs que les peines que nous lui imposons sont les remords de sa conscience, la honte de sa perfidie et l'exclusion de notre Société. Oui Messieurs, les fameuses fêtes de Cérès à Eleusis, d'Isis en Egypte, de Minerve à Athènes, d'Uranie chez les Phéniciens et de Diane en Scythie, avaient des rapports avec les nôtres. On y célébrait des mystères où se trouvaient plusieurs vestiges de l'ancienne Religion de Noé et des Patriarches. Elles finissaient par des repas et des libations et on y connaissait ni l'intempérance, ni les excès ou les Païens tombèrent peu à peu. La source de ces infamies fut l'admission de personnes de l'un et l'autre sexe aux assemblées nocturnes, contre l'institution primitive. C'est pour prévenir de tels abus que les femmes sont exclues de notre Ordre. Nous ne sommes pas assez injustes pour regarder le sexe comme incapable du secret, mais sa présence pourrait altérer insensiblement la pureté de nos maximes et de nos moeurs. La dernière qualité requise dans notre Ordre est le goût de la Science et des Arts Libéraux. Ainsi l'Ordre exige de vous de contribuer par sa protection, par sa libéralité ou par son travail à un vaste ouvrage auquel nulle Académie ne peut suffire, parce que toutes ces Sociétés étant composées d'un très petit nombre d'hommes, leur travail ne peut embrasser un objet aussi étendu. Tous les Grands Maîtres, en Allemagne, en Angleterre, en Italie et ailleurs exhortent les Savants et tous les artisans de la Confraternité de s'unir pour fournir les matériaux d'un Dictionnaire Universel des Arts Libéraux et des Sciences utiles, la théologie et la politique seules exceptées. On a déjà commencé l'ouvrage à Londres et par la réunion de nos Confrères, on pourra le porter à sa perfection dans peu d'années. On y explique non seulement les mots techniques et leur étymologie, mais on y donne encore l'histoire de chaque science et de chaque art, leurs principes et la manière d'y travailler, par là on réunira les Lumières de toutes les Nations dans un seul ouvrage qui sera comme une Bibliothèque Universelle de tout ce qu'il y a de grand, de lumineux, de solide et d'utile dans tous les arts nobles. Cet ouvrage augmentera dans chaque siècle, selon l'augmentation des Lumières et il répandra partout l'émulation et le goût des belles choses et des choses utiles. Le nom de "Franc-maçon" ne doit donc pas être pris dans un sens littéral et uploads/Religion/ discours-ramsay.pdf

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  • Publié le Jan 11, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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