René Girard La violence et le sacré (1972) René Girard est un anthropologue, ph

René Girard La violence et le sacré (1972) René Girard est un anthropologue, philosophe et historien français qui consacra l'ensemble de son œuvre sur le sujet du religieux en fondant une nouvelle anthropologie à partir de travaux sur le concept de violence et de son importance dans la culture humaine. Il est l'initiateur de la théorie mimétique qui pose le désir comme essentiellement mimétique, à partir d'études sur des textes littéraires (Proust, Stendhal, Cervantès...), dans son premier livre Mensonge Romantique et Vérité Romanesque(1961). Cette idée du désir comme imitation du désir d'un autre est le point méthodologique structurant de son anthropologie qui atteindra sa réalisation dans l'ouvrage la Violence et le Sacré(1972). Ce livre a pour ambition de faire la généalogie de l’ordre culturel des sociétés humaines en posant la thèse que le religieux est la condition de possibilité de cette paix social car il contient, aux deux sens du terme, la violence naturelle des Hommes. Il l'a contient car le religieux est violent de part ses rituels, interdits, prescriptions, sacrifices... mais cette violence sert à contenir, éviter, une violence plus grande qui pourrait mettre en péril la société entière. Nous développerons dans un premier temps la mécanique de la théorie de Girard ; puis nous analyserons un chapitre de l'ouvrage en particulier, “Dionysos” chapitre 5, afin d'exemplifier le propos de l'auteur. A partir d'Aristote, il est admis que l'imitation est un caractère positif car sa modalité de représentation, par exemple du spectateur à l'acteur dans le cas du théâtre, permet la catharsis. L'imitation serait à l'origine de la capacité des hommes à modérer, contrôler leurs passions et leur âme, et donc la paix sociale est possible. Platon au contraire avait plus de réserve, il considérait que l'imitation pouvait être bénéfique si il est question d'imiter un modèle vertueux. Mais l'art mimétique peut aussi éloigner le peuple de la réalité, de trois degré par rapport à la Vérité. Nous verrons avec la thèse de Girard que les peurs de Platon sont rationnelles, elle porte sur la nature humaine. En effet, l'imitation pour Girard est ancrée dans la nature humaine car elle est le propre du désir. Selon lui, tout désir est l'imitation du désir d'un autre. Loin d’être autonome, notre désir est toujours suscité par le désir qu'un autre, le modèle, a pour un objet quelconque. Le sujet désirant attribue un prestige particulier au modèle : il croit que le modèle désire par lui-même. Le rapport n’est pas direct entre le sujet et l’objet : il y a toujours un triangle. À travers l’objet, c’est le modèle, que Girard appelle médiateur, qui attire ; c'est l'être du modèle qui est recherché. Le rapport à l'objet est donc médiatisé par un modèle à imiter. En sommes nous pourrions réviser la phrase de Spinoza en disant : ce n'est pas parce qu'une chose est bonne que je la désir, c'est parce que quelqu'un la désir que je la désir et qu 'elle est bonne. Mais si l'obscur objet du désir est convoité par plusieurs membre d'une communauté, il peut apparaître une lutte pour cet objet. Pourtant l'objet importe peu, sa valeur dépend de celui qui le désir déjà. Exemple des traders en bourses : on veut telle action non pas pour elle même mais parce qu'elle est convoitée. On voit donc que le désir en étant mimétique est source de violence, de lutte au sein d'une même société. Girard évoque alors le religieux. Le religieux n'est pas pour lui l'expression de la société comme un voile, un tissu d'illusions cachant la réalité concrète de la suprématie du social comme chez Durkheim. Il est structurant, il est le remède contre la violence qui est donc la particule la plus élémentaire. Remarquons une chose fondamentale. Girard pense en deçà du symbolique paradigmatique de Durkheim, il pense dans l'indifférencié. En effet le désir mimétique provoque une abolition des différences car tout le monde désir la même chose donc il y a une compétition violente. Si tout le monde désir le même objet, le seul destin possible est la rivalité et l'escalade de la violence. Cette crise sociale que Girard appellera crise sacrificielle, car elle ne peut être contenu que par la violence du sacrifice comme le verrons, est en fait une crise de l'indifférenciation, qui avait déjà été pensée par Hobbes avec sa théorie de l'état de nature de tous contre tous. Levi Strauss insiste justement dans la totalité de son œuvre sur les différences car elles empêchent la rivalité au fond. Le désir mimétique semble alors être le fait de s'accrocher à des fausses différences quand on est semblables, ce que Girard analyse dans son premier livre avec par exemple le Rouge et le Noir de Stendhal et les personnages de Monsieur de Rênal et Monsieur Valenod qui se rendent indifférent dans leur querelle pour Julien Sorel. Nous pouvons remarquer des exemples également chez les sociétés archaïques gardant dans leurs mœurs des structures primitives de la menace de l'indifférenciation. Chez les Antaimbahoaka, un peuple malgache, la société est structurée par un ensemble de prohibitions et de tabous ancestraux appelés fady dont l'interdiction d'élever des jumeaux. Cette interdictions viendrait d'une ancienne guerre civile avec une ethnie de la forêt où une femme aurait été violée et tuée car au lieu de s'enfuir elle serait retournée chercher un de ses deux jumeaux perdu près du camp de la tribu adverse. La communauté a imputé la faute aux jumeaux et les a bannis de l'organisation sociale par l'obligation du meurtre ou de l'abandon. Les jumeaux symbolisent la perte de la culture, la perte des différences. Une analyse girardienne de ce fait ferait des jumeaux de la légende le bouc émissaire de la société. Il y a aussi l'idée très présente chez Girard de la rivalité fratricide des mythes, comme le mythe biblique d'Abel et Caïn. Le meurtre fondateur d'Abel menace Caïn, donc Dieu donne la loi qui créer la culture caïnite et pose une marque sur Caïn, qui est un symbole de différenciation. La violence de Caïn menace de resurgir sur la première ville fondée par lui même (mythe du déluge). De la se forment les prohibitions, interdits,rituels du religieux. La rivalité gémellaire est présente dans toutes les mythologies, de manière dissimulée. L'Ancien Testament est pour l'auteur un effort pour exhumer la victime et nous allons expliquer en quoi il est important. L'anthropologie religieuse avait été remplacée par l'anthropologie structurale avec Levi Strauss, mais Girard replace le religieux au centre avec la synthèse manquante : le mécanisme victimaire. Nous l'avons vu, une communauté en crise recentre systématiquement la culpabilité sur une victime afin de projeter la violence hors de la communauté. Cette première victime fondatrice est appelée victime émissaire. Elle est intérieur au groupe et sa culpabilité est perçue comme absolue. C'est une substitution de la communauté en crise d'indifférenciation par un mouvement de physique sociale de désignation. La paix sociale est retrouvée après le sacrifice de ce bouc émissaire. La première victime est donc vue comme un dieu. Mais la violence étant une puissance latente du désir, elle peut refaire surface et doit être retenue par le rite. Le rite substitue la victime émissaire avec une victime rituelle de substitution qui est extérieure au groupe et dont la culpabilité est relative. Girard parle de catharsis mineure dérivée d'une catharsis majeure. La victime rituelle est donc utilisée pendant des périodes de calmes afin de tuer dans l’œuf tout germe de violence. Le mimétisme est important dans le rite, celui ci est un mime de la scène première, le meurtre fondateur revient régulièrement. Le mécanisme fondateur de culpabilisation n'est pas inconscient, l'inconscient freudien est conçu comme pur subjectivité ; il est méconnaissance car soit la victime est coupable absolue ou relative mais il y a toujours la croyance de la culpabilité. Il y a une croyance intime de sa culpabilité même si elle ne l'est pas. La croyance de la culpabilité d'Oedipe dans la pièce de Sophocle permet de l'ériger en victime choisie. Mais à la fin, c'est une auto expulsion de la violence qui rend la paix entre les Hommes de Thèbes. Oedipe est détesté pour ses crimes, détesté comme la victime émissaire et adoré car il rend la paix. C'est l'ambivalence du sacré. La victime est à la fois maléfique et bénéfique. Cette ambivalence est un souffle qui traverse le sacré en permanence. Le rituel diffère du mythe en ceci que le mythe parle des dieux qui mettent fin aux désordres entre les Hommes et le rituel commémore l'émergence du dieu, le dieu premier, la victime émissaire. En rejouant la crise sacrificielle, le rituel montre que le mythe cache la production du dieu. Les mythes commencent toujours par une crise (conflit social, monstre, catastrophe naturelle, colère de dieux...). La crise peut venir de la société, qui elle même n'identifie pas la cause car elle est ignorante des dynamiques du désir mimétique. Plus le désir se répand dans la société, plus l'obsession passe de l'objet du désir au rival. En revanche quand l'obsession passe sur autrui, alors uploads/Religion/ dossier-la-violence-et-le-sacre-rene-girard.pdf

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  • Publié le Mar 21, 2021
  • Catégorie Religion
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