LETTRE ENCYCLIQUE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XII POUR LE PROGRÈS DES MISSIONS "
LETTRE ENCYCLIQUE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XII POUR LE PROGRÈS DES MISSIONS " Evangelii Praecones " (Traduction officielle) A nos Vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres Ordinaires locaux en paix et communion avec le Siège Apostolique. PIE XII, PAPE. VÉNÉRABLES FRÈRES, Salut et bénédiction apostolique. LES prédicateurs de l'Évangile qui dans des champs de travail presque infinis peinent " pour que la parole de Dieu poursuive sa course et soit en honneur " (II Thess., III, 1) sont, d'une façon particulière, présents à Notre esprit et à Notre cœur au cours de la vingt-cinquième année qui s'écoule depuis la promulgation par Notre prédécesseur d'immortelle mémoire, Pie XI, de l'Encyclique Rerum Ecclesiae (Acta Apostolicae Sedis, 1926, p. 65 sq.), dans laquelle il donnait des règles très sages pour le développement toujours plus grand des Missions Catholiques. Et considérant combien pendant cette période une aussi saine cause a progressé, Nous sommes pénétrés d'une grande joie. En effet - comme Nous avons eu l'occasion de l'affirmer le 24 juin 1944 en Nous adressant aux Directeurs des Œuvres Missionnaires Pontificales - " l'ardeur et le zèle déployés par les propagateurs de la religion chrétienne aussi bien dans les régions déjà éclairées par la lumière de l'Évangile que dans les nations où celle-ci n'a pas encore resplendi, ont atteint une intensité et un développement tels que jamais peut-être on n'en a noté dans les annales des Missions Catholiques " (A. A. S., 1944, p. 209). Actuellement cependant, en ces temps pleins de troubles et de menaces, où de nombreux peuples sont séparés les uns des autres par des oppositions réciproques, il Nous semble particulièrement opportun de recommander cette cause une fois de plus, s'il est vrai que les messagers de l'Évangile conseillent à tous les hommes la bonté humaine et chrétienne et les exhortent à des rapports fraternels qui s'élèvent au-dessus des rivalités et des frontières nationales. Voilà pourquoi, lorsque dans les circonstances rappelées plus haut Nous Nous adressions aux Directeurs des Œuvres Missionnaires, Nous leur disions entre autres choses : " ... La nature de votre charge, qui n'est restreinte par aucune limite nationale, ainsi que votre travail commun et fraternel, font ressortir aux yeux de tous ce caractère remarquable de l'Église catholique qui n'admet pas la discorde, qui fuit les désaccords et demeure absolument étrangère aux divisions qui troublent les peuples et parfois les bouleversent misérablement ; Nous parlons de la foi chrétienne, de la charité chrétienne envers tous les hommes, qui se transportent au delà de tous les partis en guerre, au delà des frontières de tous les États, au delà de tous les territoires et de tous les océans, qui vous excitent et vous stimulent tous et chacun à atteindre le but que vous vous êtes fixé et qui consiste à étendre le Royaume de Dieu à toutes les parties de la terre " (A. A. S., 1944, p. 207). C'est pourquoi, profitant volontiers de l'occasion offerte par le 25e anniversaire de l'Encyclique Rerum Ecclesiae, Nous louons avec grande joie le travail déjà accompli et Nous vous exhortons tous à le poursuivre toujours avec la plus grande ardeur, vous tous, Vénérables Frères dans l'Épiscopat, vous, propagateurs de l'Évangile, ministres sacrés, et chacun des fidèles, soit qu'ils travaillent dans les territoires qui sont encore pays de Mission, soit qu'en un point quelconque de la terre, par des prières adressées à Dieu, par la formation et l'aide apportée aux candidats se destinant aux Missions, ou bien enfin en quêtant des aumônes, ils viennent en aide à cette cause si importante. Nous aimons d'abord parler brièvement ici des progrès réalisés. En 1926 on comptait 400 Missions ; actuellement on en compte 600 ; alors les catholiques n'atteignaient pas 15 millions, aujourd'hui ils sont près de 28.000.000. En cette même année 1926, les prêtres, soit venus de l'extérieur, soit des Missions mêmes, étaient 14.800 ; aujourd'hui, ils sont plus de 26.800. A cette époque, presque tous les pasteurs, chefs de Missions, étaient étrangers ; en 25 ans, 88 de ces Missions ont été confiées au clergé indigène ; et comme en de nombreux endroits la Hiérarchie Ecclésiastique est déjà normalement constituée avec des Évêques choisis parmi les habitants du lieu, il apparaît encore plus clairement que la religion de Jésus- Christ est vraiment catholique et qu'elle ne peut être considérée comme étrangère en aucun point de la terre. C'est ainsi que, pour donner des exemples, en Chine et en certaines régions de l'Afrique, la Hiérarchie Ecclésiastique a été établie selon les lois canoniques ; trois conciles " pléniers " de très grande importance ont été réunis, le premier en 1934 en Indochine, le second en 1937 en Australie, le troisième, l'an dernier, aux Indes. Les petits Séminaires ont grandement augmenté en nombre et en qualité ; les grands Séminaristes qui, il y a 25 ans, n'étaient que 1.770, sont à présent 4.300, et de nombreux Séminaires Régionaux ont été construits. A Rome, à l'Athénée de la Propagande, un Institut Missionnaire a été fondé ; à Rome également, et en d'autres endroits, de nombreuses chaires de Missiologie ont été constituées. A Rome encore, le Collège Saint-Pierre a été institué pour la formation plus complète des prêtres indigènes aux sciences sacrées, à la vertu et à l'apostolat. Deux nouvelles Universités ont été fondées ; les collèges et les écoles d'enseignement supérieur et moyen, qui précédemment étaient environ 1.600, sont aujourd'hui plus de 5.000 ; les écoles élémentaires sont à peu près deux fois plus nombreuses qu'alors ; on peut dire également que le nombre des dispensaires et des hôpitaux où sont soignés toutes sortes de malades, d'infirmes et de lépreux, a doublé. De plus, l'Union Missionnaire du Clergé a pris pendant ces années un développement considérable ; l'Agence Fides a été créée, dont le but est de rechercher, rédiger et diffuser les nouvelles religieuses ; la presse missionnaire a presque partout augmenté ses éditions et ses tirages ; de nombreux congrès missionnaires ont été tenus, parmi lesquels il convient de signaler celui qui eut lieu l'an dernier à Rome pendant l'Année Sainte, et qui a fort bien montré tout ce qui a été réalisé dans cet ordre d'idées ; il n'y a pas longtemps, un Congrès Eucharistique, tenu dans la Côte de l'Or, à Kumasi, a réuni dans une piété fervente un nombre remarquable d'assistants ; finalement, en faveur de l'Œuvre Pontificale de la Sainte Enfance, Nous avons désigné un jour spécial chaque année, destiné à la promouvoir par la prière et les aumônes (Epist. Praeses Consilii, A. A. S., 1951, pp. 88-89) ; tous ces faits montrent clairement que les œuvres d'apostolat répondent comme il se doit aux changements de condition et aux besoins nouveaux par de nouvelles méthodes et des entreprises plus adaptées. Il ne faut pas omettre de signaler que, durant cette période, cinq Délégations Apostoliques ont été juridiquement constituées en diverses régions qui dépendent du Conseil suprême de la Propagande ; en outre, bon nombre de territoires dépendent désormais de Nonces et d'Internonces Apostoliques. Nous aimons, à ce sujet, déclarer que la présence et le zèle de ces Prélats ont déjà porté des fruits très abondants : ils ont surtout obtenu que les œuvres missionnaires, mieux organisées et s'aidant mutuellement davantage, concourent plus efficacement au même but. Nos Légats ont aussi grandement concouru à cette même fin en visitant chaque région, en participant, revêtus de Notre autorité, à des réunions épiscopales dans lesquelles les Ordinaires locaux mettaient en commun leur expérience en vue du bien général pour déterminer des méthodes d'apostolat plus convenables et plus faciles. Ce concours fraternel de la foi et des œuvres eut aussi cet avantage que les autorités civiles et ceux qui ne partagent pas la foi catholique eurent une plus grande estime de la religion chrétienne. Ce que Nous venons de rappeler brièvement des progrès des Missions pendant ces 25 dernières années, et ce que Nous avons pu voir pendant l'Année Sainte - lorsque des foules importantes affluaient à Rome des régions lointaines cultivées par les prédicateurs de l'Évangile pour obtenir les dons de Dieu et Notre bénédiction - ces choses, disons-Nous, Nous incitent vivement à renouveler le vœu ardent de l'Apôtre des nations quand il écrivait aux Romains : " ... pour vous communiquer quelque don spirituel qui puisse vous affermir, ou plutôt pour nous encourager chez vous mutuellement par la foi qui nous est commune, à vous et à moi " (Rom., I, 11-12). Et il Nous semble que le Divin Maître Lui-même nous répète à tous ces paroles de consolation et d'exhortation : " Levez les yeux et voyez les champs : ils sont déjà blancs pour la moisson " (Joan., IV, 35). Cependant, comme les propagateurs de la vérité chrétienne ne suffisent pas aux besoins actuels, à ces paroles répond en quelque sorte l'invitation du même Divin Rédempteur : " La moisson est abondante, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson " (Matth., IX, 37-38). Nous uploads/Religion/ evangelii-praecones-2-juin-1951.pdf
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- Publié le Jui 24, 2021
- Catégorie Religion
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