1 LA PEDAGOGIE DIVINE d’après Saint Irénée de Lyon Introduction On peut se dema
1 LA PEDAGOGIE DIVINE d’après Saint Irénée de Lyon Introduction On peut se demander quel est le lien entre Saint Irénée de Lyon et Jean-Gaston BARDET, sur le thème de la pédagogie divine. Ce lien est simple à trouver. En effet, Jean-Gaston BARDET, dans ses écrits, renvoie le lecteur à de très nombreuses références bibliographiques qui sont autant de prolongements et de compléments à lire, afin de mieux comprendre et approfondir sa pensée. Par exemple, pour la notion Inachevé-Achevé, si importante dans son œuvre, Jean-Gaston BARDET, dans son ouvrage « La signature du Dieu Trine », au chapitre VII « Le Tétragramme perdu et retrouvé », au sous-chapitre « Inachevé-Achevé renvoie ainsi à un livre écrit par le Père Henri Lassiat : « Dieu veut-il des hommes libres ? » Dans ce livre, le Père Lassiat présente la catéchèse que Saint Irénée de Lyon transmettait aux premières communautés chrétiennes. Dans cette catéchèse, Saint Irénée de Lyon « montre notamment que l’homme originel est bon et inachevé. » Le schéma directeur de la catéchèse irénéenne La catéchèse de Saint Irénée de Lyon se veut la synthèse de la Révélation telle qu’elle nous est donnée dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Le Christ ayant par ses Paroles et sa vie, parachevé l’enseignement de l’Ancien Testament. La catéchèse de Saint Irénée de Lyon, qui s’appuie de manière scrupuleuse et rigoureuse sur les Ecritures : « Tu comprends bien que des preuves constituées par les Ecritures ne peuvent être exposées qu’en citant ces Ecritures mêmes. », s’articule autour de 3 notions fondamentales : 1. L’unité foncière de l’être humain : l’anthropologie chrétienne ignore le dualisme existentiel entre le corps et l’âme. 2. La présentation de l’homme comme étant essentiellement en relation : avec la terre par son corps ; avec ses frères en Adam pour former avec eux l’unité organique qu’est l’humanité ; avec Dieu pour vivre avec Lui une communion de Vie qui couronne l’œuvre de la Création. 3. L’appel de Dieu à l’homme pour l’engager dans un devenir qui est promotion. En effet, doté originellement d’un mode d’existence temporel, l’homme est appelé à faire choix du Christ pour vivre sur cette terre en fils d’adoption et accéder finalement, enveloppé par la Lumière du Père qu’est l’Esprit-Saint, à la pleine participation filiale. L’homme, de par sa création, est un être temporel : « Tu es poussière et tu y retourneras ». Toutefois, Dieu qui « n’a pas fait la mort et ne se réjouit pas de la perte des vivants » (Sg 1- 13), avait prévu, pour l’homme, dès sa création, un plan qu’Irénée nomme une économie. Cette économie se déploie progressivement dans le temps. Selon cette économie, la créature humaine devait, par étapes successives et dans un choix toujours libre, passer de son statut de temporalité inhérent à son origine, au statut proprement divin d’incorruptibilité, en la Personne de Dieu fait homme. Si l’homme n’est que temporel de par sa création ex nihilo, sa survie définitive (son salut) n’est possible que s’il peut passer de son niveau de créature (économie de la création) à 2 celui de fils de Dieu (économie de la filiation), en ayant préalablement choisi de s’insérer librement dans le Corps du Christ, l’unique Fils de Dieu fait homme (économie de l’adoption en vue de la filiation). Dieu inaugure sa délicate Pédagogie Le schéma apostolique affirmé par Saint Irénée de Lyon, au 2ème siècle, montre que l’homme originel est bon et inachevé : Il surgit dans une condition d’inachèvement (d’où son appellation d’enfant à la suite de Saint Paul), dont Dieu prévoyait le parachèvement dans une économie progressive et pédagogique. L’homme était appelé à croître et à se multiplier et à se «mûrir » pour pouvoir, dans le Christ, participer à l’Esprit-Saint et à son incorruptibilité. Un tel processus n’est pas le processus-évolution, qui supposerait que l’homme possède, dès l’origine, et de façon innée, des possibilités qu’il doit atteindre en fin d’évolution, mais le processus promotion qui appelle alliance entre l’homme et Dieu. L’homme originel, bon et inachevé, pèche en ce sens qu’il refuse de répondre à proposition- promotion d’alliance libre avec le Verbe. Celui-ci, en s’incarnant, offrira gratuitement à tout homme « d’entrer librement dans une Nouvelle Alliance, plus belle que la première qui lui permettra de communier, d’une façon définitive et éternelle à l’incorruptibilité divine ». Dans ce schéma, la LIBERTE est au centre de la réponse de l’homme à l’offre divine. C’est ce que défend Saint Irénée au 2ème siècle. Mais, comme le souligne Jean-Gaston BARDET dans le passage évoqué dans « La signature du Dieu Trine », ce schéma est supplanté, dès le 3ème siècle, par son contraire. Et c’est ce schéma erroné qui a été, nous dit Jean-Gaston BARDET, développé dans les manuels de théologie et la prédication. En effet, à partir du 3ème siècle, il nous est dit • que l’homme est parfait dès l’origine, • qu’il a perdu par sa chute ses privilèges originaux • et que le rôle du Christ, par sa Passion, est de lui offrir la possibilité de les retrouver. 2 visions radicalement opposées nous sont donc proposées comme vérité de foi : • celle qui est issue directement de la gnose et que nous connaissons bien et qui a, entre autres effets, de nous enfoncer dans une culpabilité morbide, voire une révolte contre Dieu ; • celle proposée par la catéchèse primitive de l’église, et défendue par Saint Irénée de Lyon et qui elle nous ouvre un chemin de liberté dans une alliance renouvelée avec Dieu. Saint Irénée nous rappelle que, comme tout être créé, l’homme est nécessairement en devenir mais, dans le plan divin, ce devenir, pour atteindre la vie éternelle, doit être ascendant. « Quant à l’homme il fallait Qu’il fut d’abord fait, Qu’ayant été fait, il grandit Qu’ayant grandi, il devint adulte Qu’étant devenu adulte, il se multipliât Que s’étant multiplié, il devint fort 3 Qu’étant devenu fort, il fut glorifié Et enfin, qu’ayant été glorifié, il vit son Seigneur » En résumé, la catéchèse de Saint Irénée dit que l’homme est en devenir, qu’ii ne pourra passer de son statut originel de temporalité au statut divin de l’incorruptibilité que dans une démarche de promotion. Et cette « promotion-alliance » exige de sa part une réponse libre et aimante. Jean-Gaston BARDET nous dit que cette proposition d’alliance offerte entre deux partenaires, non pas égaux, mais amis, qui domine tout l’Ancien Testament, , est autrement juste que cette espèce de malédiction qui suppose un être achevé » au départ, et qui ne peut donc que se dégrader. La lutte contre les Miséricordieux, et la faute mise sur le dos de la femme depuis des millénaires, vient de cette vue tout humaine à la base, concernant une perfection originelle contraire à toute la pédagogie divine. Le seul homme parfait, c’est le proto-type Jésus, qui est le But et non au début. » Gal 4,4-5 : « Si donc Adam est dit « enfant », c’est par rapport au Christ, l’homme achevé. Il était en « commencement », en vue d’un « achèvement ». La pédagogie divine La Pédagogie divine est un déploiement, en 3 phases, que Dieu va proposer à l’homme. Il s’agit du processus-promotion-alliance à laquelle Dieu appelle l’homme. Les 3 phases de la Pédagogie divine sont : 1. Préparation : L’homme est placé devant le choix de la vie 2. Réalisation : Dans le Christ « voie de vie », l’homme peut accéder à la Vie de Dieu 3. Achèvement : L’homme ressuscité est admis au partage de la vie trinitaire Il s’agit là d’une promotion de l’homme dans la LIBERTE. Saint Irénée décrit les 3 étapes de cette voie de croissance et de maturité par lesquelles Dieu conduit l’homme vers son achèvement ; les 3 seuils par lesquels passe l’homme depuis sa création à l’image de Dieu jusqu’à la ressemblance définitive qu’il reçoit dans le don de l’incorruptibilité divine. 1er seuil : la création (Economie de la Création) • L’homme, en Adam, vit un statut de temporalité inhérent à sa nature 2ème seuil : l’adoption dans le Fils (Economie de l’adoption) • L’homme reçoit, dans le Christ, le statut de l’adoption en vue de la filiation • L’Incarnation du Verbe permet à l’homme d’entrer en relation personnelle et vitale avec Dieu. L’homme découvre, dans le Christ, que Dieu est non seulement son créateur, mais son Père. • La distance infinie entre le Créateur et la créature est comblée • « L’Emmanuel unit donc l’homme à Dieu et opéra une communion de Dieu et de l’homme, car nous n’aurions pu d’aucune manière recevoir une participation à l’incorruptibilité s’il n’était venu chez nous ». • l’homme inaugure ainsi une nouvelle naissance, dans le sens concret du terme, puisqu’il passe d’une existence temporelle appelée naturellement à connaître une fin, à un statut existentiel conduisant à la vie éternelle • dans le processus de promotion de l’homme, l’adoption dans le Christ apparaît comme l’étape décisive qui arrache l’homme à sa condition terrestre et finie, pour uploads/Religion/ irenee.pdf
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- Publié le Jan 05, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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