L'ABBÉ STÉPHEN C O U B Ê CHANOINE HONORAIRE D'ORLÉANS ET DE CAMBRAI Jeanne d'Ar

L'ABBÉ STÉPHEN C O U B Ê CHANOINE HONORAIRE D'ORLÉANS ET DE CAMBRAI Jeanne d'Arc et la France Jeanne et le patriotisme» Jeanne et rantipatriotisme. Jeanne et l'avenir de la France* Jeanne et les femmes françaises. Jeanne et les devoirs des catholiques* La fête nationale de Jeanne. Jeanne et la Bretagne. Pierronne de Bretagne. Honneur et Conscience. p. PARIS L E T H I E L L E U X , L1BRA1RE- 10, RUE CASSETTE, 10 ÉDITEUR Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2009. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. JEANNE D'ARC et LA FRANCE Nihil obstat G. LETOURNEAU, S. Saipitii Pnvochux. Imprimatur Parisiis;, dití I a Martii 1910. E . THOMAS, Vie. gen. L'auteur ci l'éditeur réservent tous leurs droits. Cet ouvrage a été déposa> conformément aux lois, Mai Í910. Jeanne d'Arc et le Patriotisme W M E S S E I G N E U R S , M E S B I E N C H E R S F R È R E S , Un long frisson d'enthousiasme a parcouru la France, lorsqu'au mois d'avril dernier Jeanne d'Arc a été élevée sur les autels. Un grand cri d'admiration et d'amour est monté jusqu'à elle et l'écho s'en prolonge encore. Elle a conquis d'emblée la première place parmi les saintes de la patrie. Elle a même éclipsé ses plus illustres sœurs, comme le soleil fait pâlir les étoiles, quand il jaillit le matin dans une clarté d'or à l'horizon. Mais pourquoi cette popularité et cette préémi- nence subitement conquises par une simple bien- (1) Ce discours a été prononce avec de nombreuses variantes : à Funtenay-lc-Cumle (15 juin iOO'J); en l'église Saint-Michel, à Mar- seille (21 juin) ; à la cathôdrale d'Auch, devant Mgr Ricard (25 juin); à Vesoul (9 juillet) ; à Saint-Martin-de-Ré (25 juillet) ; à Amou (Landes) (14 novembre); à la cathédrale d'Amiens, devant Mgr Di- zien, évoque d'Amiens, et Mgr Ardin, archevêque de Sens (20 no- vembre); à Saint-Lambert de Vaugirard, Paris (21 novembre) ; à Fon- tainebleau, devant Mgr Leroy, évoque d'Alinda (23 novembre); à lï'glise de la Trinité, Paris (19 décembre). 8 JEANNE D'ARC ET LA FRANGE heureuse? Ah ! sans doute, elle a toutes les ver- tus et toutes les auréoles. Mais parmi ces auréoles, il en est une qui brille d'un plus vif éclat, qui nous éblouit c(, nous charme plus que les autres ; parmi ces vertus, il en est mie qui la classe à part, qui la caractérise et nous la rend chère entre toutes les bienheureuses du paradis : c'est son patriotisme. Elle est la plus française cle loutes les saintes de France. Et c'est la grande française qui fait vibrer nos cœurs. C'est la grande française que chantent nos drapeaux et nos oriflammes. C'est la grande française dont le nom monte jusqu'aux nues, porté par le joyeux carillon des cloches et l'allégro triomphal des fanfares et le tonnerre des canons. C'est la grande française que nous allons saluer à notre tour en lui demandant comment un chrétien doit aimer sa patrie sous le regard de Dieu. Puisse- t-cllc nous inspirer un immense amour du Christ et un immense amour de la France ! * * Le patriotisme est une vertu humaine et une vertu divine. Vertu humaine, il est inné dans tous les nobles cœurs. Comment en cilel ridée de pa- irie ne les séduirait-elle pas ? Elle est belle comme la gloire, elle est douce comme la caresse d'une mère, elle est fortifiante et génératrice JEANNE D'ARC ET LE PATRIOTISME 9 > d'énergie comme la brise des grands monts. Elle évoque les plus tendres cl les plus fiers souvenirs.. La patrie, c'est la terre conquise par nos aïeux, arrosée de leurs sueurs et de leurs larmes et où ils dorment leur dernier sommeil; c'est la maison paternelle où grandissent les petits, espoir et ten- dresse de la race ; c'est la terre généreuse qui nous offre ses corbeilles de fleurs et de fruits ; c'est la forteresse qui nous met k l'abri de l'inva- sion étrangère. Le patriotisme est aussi une vertu divine, puis- que Dieu nous en fait un devoir. Il nous ordonne d'aimer notre prochain, mais évidemment dans la mesure où celui-ci nous est proche. La première place, la plus intime dans notre affection, appar- tient à notre famille. Mais la seconde revient à la patrie, qui est comme l'onde élargie de la famille, la famille multipliée par les générations succes- sives. L'humanité, composée des nations étran- gères, vient après. Famille, patrie, humanité, ce sont comme trois cercles concentriques dont notre cœur occupe le centre ; l'amour que nous avons pour les êtres qui les peuplent, doit être en raison inverse du rayon qui nous en sépare. * Mais si la pairie est chère à tout homme de cœur et à tout chrétien, que doit-elle être quand 1 0 JEANNE D 9ARG ET LA FRANGE elle s'appelle la France ! Àh ! la France, elle est si belle et si douce ! Je sais bien que la plupart des hommes en disent autant de leur pays, mais il reste à savoir si c'est avec autant de raison. En effet, si la grandeur d'un peuple s'estime au poids de l'honneur accumulé par ses aïeux, quel peuple peut offrir au monde un éciïn de traditions et de souvenirs comparable à celui de la France ? Alors que les autres nations n'étaient encore que des tribus nomades errant dans les forets de la Germanie ou dans les steppes du Nord, elle était déjà, constituée et baptisée, elle avait ses saints, ses martyrs et ses grands hommes. Et, depuis lors, chaque génération n'a fait qu'enrichir ce patrimoine et déposer dans ses annales de nou- veaux sédiments de gloire. Les étrangers sourient quand ils nous entendent parler ainsi. Laissons-les sourire. Au fond, ils se rendent bien compte que la France n'est pas un pays comme les autres ; elle est pour eux, comme pour nous d'ailleurs, un vivant mystère, un être surnaturel, parce, qu'investi d'une mission surna- turelle, appelé de Dieu et enrichi de dons parti- culiers dès son origine, et dès lors plus châtié quand il est coupable et plus aimé, plus béni quand il est lidèlc. La France, c'est la terre privilégiée que Jeanne d'Arc comparait à un lis et que Dieu, en effet, a revêtu, comme le lis, d'une tunique de beauté, JEANNE D'ABC ET LE PATRIOTISME H plus fine et plus somptueuse que celle de Salomon dans toute sa gloire. C'est la terre charmante qui sourit et qui chante au soleil, joyeuse comme l'alouette qui s'élance de ses blés verts, fiòrc comme le coq qui claironne ses aurores. C'est la terre opulente dont l'étranger admire les moissons et les vignes, robes d'or et de pour- pre de ses plaines et de ses coteaux, traversées par l'écharpc d'argent de ses grands fleuves. C'est la terre accueillante et hospitalière, au climat heureux, dont la clémence attire les peu- ples du nord et la fraîcheur les peuples du midi, équilibre harmonieux qui a fait dire au poète i Tout h o m m e a deux pays, le sien et puis la France ! Mais si l'on passe de ce décor à l'âme qu'il en- cadre, combien le spectacle est plus attachant encore ! La France, c'est la nation très chrétienne, ca- ressée la première par les brises de l'Evangile, et qui a conclu au baptistère de Reims avec le Cœur du Christ un pacte d'amour que toutes les sépara- tions du monde ne peuvent briser! C'est la nation éprise de beauté et d'honneur, qui voudrait faire régner partout son idéal, idéal sublime, irréalisable, hélas ! la justice et la bonté universelles ! C'est la nalion généreuse qui ne vend pas, corn- 1 2 J E A N N E D ' A R C E T L A F R A N C E me d'autres, ses services, mais qui se donne avec tout son cœur aux nobles causes, qui a toujours de l'or pour les malheureux et du sang pour son Dieu. C'est la nation chevaleresque, qui s'indigne au spectacle de l'iniquité, qui jette son épéc et ses défis à la tète de lous les mécréants, par-dessus les Alpes pour la dclcnsc du Sainl-Siege, par-delà les mers pour la délivrance du Saint-Sépulcre ; c'est la nation qui frémit toujours au vent des croisades et qui serait prèle demain, si elle n'était momentanément liée, à reprendre les gestes de Dieu commencés par ses pères. C'est la nalion ardente et mystique, avide de donner sa foi au monde cl qui envoie aujourd'hui encore ses missionnaires sous lous les cieux, nou- veaux chevaliers du Sainl-Graal, non pour conqué- rir comme jadis la coupe d'émeraude qui faisait rêver et chanter ses pères, mais pour la porter, au contraire, aux peuples altérés, tout écumanlc du sang de Jésus-Christ. * • # * Cette nation, Jeanne d'Arc l'aime d'un amour filial, très vif et très tendre, que nous allons étu- dier. Le premier caractère de uploads/Religion/ jeanne-d-arc-et-la-france.pdf

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  • Publié le Sep 12, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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