La Règle d'Abraham Revue semestrielle N°7 Juin 1999 REIMS SOMMAIRE A.K. COOMARA

La Règle d'Abraham Revue semestrielle N°7 Juin 1999 REIMS SOMMAIRE A.K. COOMARASWAMY Ornement La Maçonnerie parmi les chrétiens (Manuscrit de Strasbourg, 1760) P. GEAY Quelques remarques sur les origines de la Maçonnerie britannique F. TESSIER René Guenon et Al-Khidr P. GEAY A propos de la côte d'Adam * Comptes rendus ISSN 1274-2228 La Règle d'Abraham revue semestrielle d'herméneutique est une publication de la Société d'Étude des Religions du Livre. Les textes publiés n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs Directeur de la publication JEAN-RENé PESSIONE Rédacteur en Chef PATRICK GEAY Secrétaire général RICHARD LAMARCHE Adresse postale RÉDACTION 8, rue de Pouilly - 51100 REIMS ABONNEMENTS - ADMINISTRATION "La Tuilerie" - 51140 MUIZON Téléphone 03 26 02 97 07 /Télécopie 03 26 02 98 44 Internet : http://www.hexanet.fr/~php/ Prix du numéro : France 75 FF ; Étranger 80 FF Abonnement d'un an : France 120 FF : Étranger 140 FF. Abonnement de soutien : 300 FF Règlement à l'ordre de la S.E.R.L. Mise en page Pholocompo Service - Reims Impression : Imprimerie des Moissons - Reims La Règle d'Abraham n°7 Juin 1999 Sommaire A.K. COOMARASWAMY Ornement ..................................................................................3 La Maçonnerie parmi les chrétiens (Manuscrit de Strasbourg, 1760).............................................23 P. GEAY Quelques remarques sur les origines de la Maçonnerie britannique................... ...........................29 F. TESSœR René Guenon et Al-Khidr........................................................37 P. GEAY A propos de la côte d'Adam.... ..................................45 Comptes rendus.... ........51 ORNEMENT* Afin de restaurer le Dharma et de détruire le Kali Yuga, Vishnu apparut dans la ville de Shambhala en tant qu'avatâra. Brahrnâ, entouré des divinités qui avaient entendu les paroles de Vishnu, retourna au Brahma-Loka, et ces denières au ciel et sur la Terre-Mère. Kalki-purâna, Arche, 1982, chap. II. Il suffira, ici, de savoir que, selon la parole du Prophète "la plus excellente des religions est la Hanîfiyya samha, la religion pure et libérale", "avec laquelle", dit-il encore, il fut lui-même envoyé, et que d'autre part, Allah dit dans le Livre : "Qui saurait être d'une meilleure religion que celui qui soumet sa face à Allah en agissant selon l'excellence, et qui suit la Règle d'Abraham (millat Ibrâhîm) en mode pur (hanifan) ? Car Allah avait pris Abraham comme ami intime (Khâlii)" (Cor. 4, 124). Michel Vâlsan, «Le triangle de l'Androgyne» ET, 1964. Ainsi que l'observait Clément d'Alexandrie, le style des Écritures est parabolique mais ce n'est pas par suite d'une recherche d'élégance de la langue que les prophéties ont recours à des figures de style. D'un autre côté, «les formes significatives [des artefacts] dans lesquelles, à l'origine, se maintenaient en équilibre les pôles du physique et du métaphysique, ont été de plus en plus vidées de leur contenu au cours de leur chemin jusqu'à nous : en sorte que nous ne les désignons plus que comme des "ornements" (...) (ou comme) une "forme artistique" (...). Le symbole est-il par conséquent mort du fait que sa vivante signification s'est perdue et qu'il lui est désormais dénié qu'il fut l'image d'une vérité spirituelle ? Je ne pense pas»'. Et comme je l'ai si souvent dit moi-même, une séparation de l'utilité et de la signification - concepts qui sont * [Publié pour la première fois in An Bulletin, XXI, 1939, pp. 375-382, puis repris par l'auteur in Figures of Speech or Figures of'Thought, Londres, Luzac, 1946. Les crochets, sauf indication contraire, incluent un matériel additif laissé sous forme de manuscrit par Coomaraswamy, souvent après publication en marge de ses copies de travail et suit la leçon qui en a été établie par Roger Lipsey dans l'édition posthume américaine publiée dans le volume I des SelectedPapers, Princeton University Press, 1977. Chaque fois que cela a été possible, on est remonté à la source des textes mentionnés et, quand cela s'est avéré nécessaire, les passages en translittération et les références ont été rectifiés et, dans certains cas, cités, eux aussi entre crochets, afin que le lecteur qui, sans être un spécialiste ni un éirudit mais qui serait néanmoins désireux de connaître plus précisément certains prolongements des perspectives ébauchées par l'auteur, puisse avoir ainsi accès directement aux textes auxquels Coomaraswamy se référait et qui, dans certains cas, ne sont pas toujours accessibles au lecteur français contemporain.] (NdT) l.W. Andrae, Die ionische Saule, Bauform oder Symbol ?, Schlusswort, Berlin, 1933, Conclusion, p. 65 et suivantes. 4 A. K. COOMARASWAMY réunis en Sanskrit dans un seul et même mot, art ha - aurait été inconcevable à l'homme archaïque et dans n'importe quelle culture traditionnelle que ce soitlb. Nous savons que, selon la conception traditionnelle, l'œuvre d'art est un mémento ; les mentions de sa beauté se réfèrent plutôt à une thèse, à une chose qui doit être comprise plutôt que simplement savourée. Aussi peu disposé que nous sommes à accepter aujourd'hui une telle proposition, dans un monde chaque jour vidé un peu plus de toute signification, il nous est encore plus difficile de croire que "l'ornement" et la "décoration" soient, à proprement parler, des facteurs à part entière de la beauté d'une œuvre d'art et non des éléments in- signifiants de celle-ci ni qu'au contraire, ils puissent même bel et bien être nécessaires à son efficacité. Ce que nous nous proposons, dans ces conditions, est de soutenir, via l'analyse de certains termes et catégories familiers, que l'affirmation selon laquelle notre moderne préoccupation des aspects "décoratifs" et "esthétiques" de l'art représente une aberration qui n'a que peu, sinon rien, à voir avec le but originel de "l'ornement", ainsi que de démontrer, du point de vue sémantique, la justesse de la perspective exprimée par Maes, quand parlant de l'art nègre, il écrivait que «vouloir séparer l'objet de sa signification sociale, de son rôle ethnique, pour n'y voir, n'y admirer et n'y chercher que le côté esthétique, c'est enlever à ces souvenirs de l'art nègre leur sens, leur signification et leur raison d'être ! Ne cherchons point à effacer l'idée que lb. Ainsi que l'observe Th. W. Danzel, dans une culture primitive - par "primitive" l'anthropologue n'entend souvent rien de plus que «pas tout-à-fait à la hauteur de (notre) époque» - «sind auch die Kulturgebiete Kunst, Religion, Wirtschaft usw. noch nicht als selbstàndige, gesonderte, geschlossene Betâtigungsbereiche vorhanden» [«les territoires de l'art, de la religion, de l'économie, etc., ne se présentent pas encore comme des milieux autonomes, séparés, circonscrits»] (Kultur und Religion des primitiven Menschen, Stuttgart, 1924, p. 7). Ce qui représente, soit dit en passant, une critique accablante de telles sociétés non "primitives" et où les différentes fonctions de la vie ainsi que les diverses branches de la connaissance sont traitées comme des spécialités, "gesondert und geschlossen" d'un quelconque principe unifiant. ORNEMENT 5 l'indigène a incrustée dans l'ensemble comme dans chacun des détails pour n'y voir que la beauté d'exécution de l'objet sans signification, raison d'être, ou vie. Efforçons-nous au contraire de comprendre la psychologie de l'ait nègre et nous finirons par en pénétrer toute la beauté et toute la vie»2. Et, comme l'a noté Karsten, «les ornements des populations sauvages ne peuvent être étudiés de façon appropriée que reliés à leurs croyances magiques et religieuses»26. Propos qui, nous nous devons de le souligner, ne sauraient s'appliquer au seul art, nègre, "sauvage" ou folklorique, mais bien à tous les arts traditionnels tels que, par exemple, ceux du Moyen-âge et de l'Inde. Considérons maintenant l'histoire de différents termes qui ont été utilisés afin d'exprimer la notion d'ornementation ou de décoration et qui, dans le langage moderne, ne véhiculent en grande partie guère plus qu'une valeur esthétique ajoutée à des choses dont la "décoration" sus-nommée ne constitue pas une partie essentielle ou nécessaire. On découvrira alors que la plupart de ces termes qui ne nous suggèrent désormais plus que la notion de quelque chose d'adventice et relevant du luxe et de la volupté, c'est-à-dire d'ajouté à l'objet mais pas du tout d'essentiel à son efficacité, on découvrira, disons-nous, que ces termes à l'origine impliquaient le parachèvement ou l'accom- plissement du produit ouvré ou de tout autre objet en question. Ainsi, "décorer" un objet ou une personne signifiait, à l'origine, doter l'objet ou la personne de ses "accidents nécessaires" afin qu'ils puissent remplir la fonction qui leur était "propre". Les sens esthétiques des termes étaient fonctions de leur connotation pratique. Tout ce qui était à l'origine nécessaire à l'accomplissement de quoi que ce soit, et qui, par conséquent, lui était approprié, était de par sa nature source de plaisir pour celui qui l'employait. Ce n'est que par la suite que ce qui était en principe essentiel à la nature de l'objet en vint à ne plus être considéré que comme un "ornement" qu'on pourrait ajouter ou 2. Jahrbuch fur pràhistorische und ethnographische Kunst, 1926, p. 283. 2b. lbid, 1925, p. 164. [En français dans le texte] (NdT). 6 A. K. COOMARASWAMY omettre à volonté, c'est-à-dire qu'en d'autres termes, l'art par lequel la chose elle-même avait été rendu parfait commença à signifier seulement une sorte de mode ou une garniture recouvrant un corps qui n'avait pas été conçu avec "art" mais plutôt avec "labeur" - point de vue lié à la distinction singulière que nous établissons entre les uploads/Religion/ la-regle-d-x27-abraham-n07-pdf.pdf

  • 23
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Nov 28, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
  • Taille du fichier 3.9367MB