J. LE ROHELLEC Prêtre de la Congrégation du S. Esprit et de l’immaculé Cœur de
J. LE ROHELLEC Prêtre de la Congrégation du S. Esprit et de l’immaculé Cœur de Marie Professeur au Séminaire français de Rome MARIE DISPENSATRICE DES GRACES DIVINES DESCLÉE, DE BROUWER & O, BRUGES (Belgique) ET StlN*. RUE BON A PA R TE, PARIS (VI») Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2008. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. MARIE DISPENSATRICE DES GRACES DIVINES Cum permia&u Supertorum. IMPRIMATUR Romae, f Joseph PALIOA, aroh. Philipp. Vices ger. (Sigillum Vicariatus Urbis). AVANT-PROPOS Ce modeste travail fut d’abord présenté, sous forme de rapport, au Congrès Marial breton qui se tint à Notre- Dame du Folgoai, au diocèse de Quimper, en septembre 1913, et qui avait choisi pour unique objet de ses dis- cussions la « maternité spirituelle » de Marie; il fut imprimé dans les Actes du Congrès ( Arsène de Kéran- gal, Quimper, 1915» In-8 de XVIII-484 p.) dont l’édition est depuis longtemps épuisée. Cédant aux instances qui me sont faites de divers côtés, je me décide à publier cette étude déjà ancienne, à laquelle la concession récemment faite par le Saint- Siège d’un Office et d’une Messe propres en Vhonneur de Marie Médiatrice et le mouvement sans cesse gran- dissant qui porte le peuple fidèle à invoquer Marie sous ce vocable si consolant, ont donné un renouveau d'ac- tualité.On trouvera reproduit, sans grande modification, le rapport du Folgoat; quelques compléments ont seule- ment été rendus nécessaires par les nouveaux documents du Saint-Siège, et de brefs éclaircissements sont ajoutés çà et là pour écarter les équivoques possibles. C'est un simple exposé théologique qui ne vise pas à l’originalité, dont l’unique ambition est de mettre, sous 6 AVANT-PROPOS une forme simple et claire, à la portée du plus grand nombre, la doctrine de « Marie dispensatrice de toutes les grâces ». L'auteur s'est efforcé de concentrer en un faisceau serré, afin d'en faire mieux apparaître la force, les preuves de la tradition en faveur de cette glorieuse prérogative de la Mère de grâce. Puissent ces quelques pages inspirer à de nombreuses âmes la pensée de prendre Marie comme médiatrice de leurs prières, de leurs sacrifices, de leurs offrandes, de toute leur vie surnaturelle et d'aller constamment à Jésus par son entremise: ad Jesum per Mariam. Ce serait se conformer à l'ordre divinement établi par la miséricordieuse bonté du Sauveur qui a voulu que sa Mère soit aussi la nôtre. Rome, en la fê te du Cœur très pur de la Sainte Vierge, 2Q août, 1925. J. ROHELEEC. INTRODUCTION Dans les litanies laurétaines, la Sainte Vierge est invoquée sous le titre de « mère de la divine grâce » : mater divines grattes, ora pro nobis. Quelle est la signification tliéologique de cette pieuse formule que rÉglise insère dans sa liturgie et met sur les lèvres de tous les fidèles ? L,a présente étude essaie de répondre à cette question. Marie est tout d'abord mère de la divine grâce, parce qu'elle a enfanté Celui qui est Tunique source de tousles bienssurnaturels pour l'humanité rachetée. Nous avons tout reçu de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Dans Tordre actuel de la Providence, aucun recours à Dieu n'est possible que par Lui, chaque grâce est un fruit de sa passion et nous est appliquée par sa média- tion. Il est par suite légitime de dire qu'en nous don- nant Jésus, le principe de toutes les grâces, Marie nous a tout donné avec Lui ; et on peut lui appliquer, proportion gardée, le texte de saint Paul (Rom. VIII, 32) : Qui etiam proprio Filio suo non pepercit, sed pro nobis omnibus tradidit ilium, quotnodo non etiam cum illo omnia nobis donavit ? « Dieu, qui n'a pas épargné son propre fils, mais qui Ta livré pour nous, ne nous 8 INTRODUCTION a-t-il pas accordé tous les biens avec L,ui ? » Ainsi la Vierge, en acceptant de devenir la mère du Sauveur, a ouvert aux fils d’Adam la fontaine d’eau vive qui jaillit pour la vie étemelle, et voilà pourquoi les chrétiens de l’univers entier la proclament « mère de la divine grâce ». Mais beaucoup négligent le don de Dieu et devien- nent des enfants de perdition: Marie est plus spé- cialement mère de grâce, pour les fidèles qui restent unis au Christ et qui sont les membres de son corps mystique, a On peut dire en toute vérité qu’ en portant le Sauveur dans son sein, Marie y portait encore tous ceux dont la vie du Sauveur renfermait la vie. Nous tous qui sommes unis au Christ et qui formons, suivant la parole de l’apôtre, les membres de son corps, issus de sa chair et de ses os, nous sommes sortis du sein de la Vierge Marie à l’instar du corps adhérent à la tête. C’est pourquoi, en un sens spirituel et mystique, mais très réel, nous sommes les fils de Marie et elle est notre mère à tous K » « Étant mère de notre chef selon la chair, Marie est selon l’esprit, mais très véritablement, la mère de tous ses membres, parce qu’elle a coopéré par sa charité à faire naître dans l’Église les enfants de Dieu 2. » Voilà une première justification du titre « mère de la divine grâce ». Mais le contenu de cette formule est encore plus riche. Marie n’a pas seulement donné au monde Jésus-Christ en l’engendrant selon la chair ; i. PIE X, Encyclique Ad Diem ilium, à l’occasion dn cinquantenaire de la proclamation du dogme de l’immaculée Conception, a février 1904. Acta Pts X , vol. I, n. 15a. — Cf. aussi Edition des actes de Pie X, Bonn * Presse, 5, rue Bayard, Paris. a. S. AUGUSTIN, Lib. de S. Virginitate, c. VI. P. 3^. t. XI,, col. 399. INTRODUCTION 9 elle lui est inséparablement associée dans toute l'œuvre de la Rédemption. Elle a accepté l'immolation san- glante de son Fils, et elle s est unie à son sacrifice, s'offrant elle-même en holocauste pour le salut du genre humain. Elle a participé ainsi, dans un ordre secondaire et subordonné, à l'acquisition de tous les biens qui nous viennent du Calvaire. Suivant l’ex- pression des théologiens, elle nous a mérité par un mérite de convenance tout ce que le Christ nous a mérité à titre de justice. Ee rôle de Marie n’est pas terminé. Ee trésor inépuisable des grâces qui, jusqu’à la fin des siècles, se répandront sur le monde, a été rempli une fois pour toutes par le sacrifice de la croix. Mais ces grâces doivent être appliquées à chaque âme en particulier, et l’œuvre de sanctification se continue chaque jour par un travail incessant de Dieu et de l’homme. Ea miséricordieuse Marie participe elle aussi à cette distribution actuelle des grâces célestes ; elle a été établie par son Fils la trésorière des dons divins ; et nulle vérité n'est plus consolante pour notre fai- blesse. Marie est « mère de grâce », puisque toutes les grâces sans exception nous viennent par sa média- tion, et qu'elle nous enfante sans cesse à la vie sur- naturelle. Ea Sainte Vierge a collaboré avec son divin Fils, et dépendamment de lui, à l'acquisition des grâces surnaturelles, elle participe encore avec lui à l'appli- cation actuelle des mérites du Calvaire aux âmes rachetées : telles sont les deux grandes fonctions de la maternité de grâce. PREMIÈRE PARTIE Rôle de Marie dans l’aeqnisition des grftees Ive Christ pouvait naître de la Vierge sans lui donner ensuite une part personnelle dans Tœuvre de la rédemption. N'est-il pas Tunique rédempteur, le mé- diateur unique entre Dieu et les hommes ? Seul, il pouvait offrir pour le péché une réparation propor- tionnée et surabondante. Marie elle-même est la pre- mière des rachetées, et elle tient toutes ses grandeurs de la divine libéralité de Celui qui a bien voulu devenir son fils. Mais le Christ a racheté sa mère d’une façon si éminente qu’il la fait participer ensuite au rachat des autres créatures. Il se Test associée dans toutes ses œuvres, et la causalité principale du Fils n’exclut pas la causalité universelle, dépendante et subordonnée, de la mère. Encore une fois, Dieu pouvait se passer de tout auxiliaire dans l'œuvre de notre salut ; mais par un dessein miséricordieux de sa libre volonté, il a décidé que Marie participerait à l'acquisition des biens surnaturels, afin d'exalter celle qui est pleine de grâce et afin de nous donner une mère toute compatissante. Ees Pères de l’Église enseignent d'une voix unanime que Dieu, par une mystérieuse revanche, a voulu retourner contre Satan les armes que celui-ci avait employées pour nous perdre. Dès lors l'unité du plan ROLE DE MARIE 12 divin exigeait que Marie fût associée au nouvel Adam comme Ève l'avait été au premier Adam et qu elle tînt dans louvrage de notre salut la place qu'Ève avait tenue dans l'ouvrage de notre ruine x. Ève avait été une médiatrice de mort, Marie sera une médiatrice de vie ; Ève avait intercédé pour notre perte, Marie intercède pour notre salut. Ève avait donné au uploads/Religion/ le-rohellec-marie-dispensatrice-des-graces-divines-8810628.pdf
Documents similaires










-
100
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 11, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 4.1119MB