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» /,' RENÉ DUSSAUD LES ORIGINES CANANEENNES DU SACRIFICE ISRAÉLITE PARIS ÉDITIONS ERNEST LEROUX 28, RUE BONAPARTE, VI* 1921 € LES ORIGINES CANANÉENNES DU SACRIFICE ISRAÉLITE Rl'NE DUSSAUD LES ORIGINES CANANËENNES DU SACRIFICE ISRAÉLITE PARIS \^^^ ÉDITIONS ERNEST LEROUX VV\ 28, RUE BONAPARTE, Vl* 1921 A Frédéric MACLER Docteur es Lettres ^ Professeur d'arménien à l'École nationale des Langues Orientales vivantes, Hommage affectueux. R. D. AVANT-PROPOS Nous publions sous un titre nouveau une revision com- plète de notre Sacrifice en Israël et chez les Phéniciens, Outre que Ton a cherché à préciser certains points, l'intro- duction a été accrue d'un exposé de la doctrine sacrificielle chez les Israélites, de renseignements sur les prêtres et leur costume rituel ainsi que sur le temple de Salomon et son mobilier. On a essayé d'alléger par des sous-titres la des- cription des sacrifices du premier chapitre. Nombre de paragraphes ont été augmentés ; deux sont nouveaux et con- cernent le sacrifice des parfums et les sacrifices humains ; mais l'addition la plus notable affecte le chapitre IV. Par suite de circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur — la première édition, bien que portant le mil- lésime de 1914, n'a paru, en réalité, qu'au début de 1915, — ce chapitre IV sur les mythes sacrificiels avait dû être écourté. Il a reçu, dans cette édition, les développements nécessaires qui, constituant des applications de la doctrine, mettent en évidence l'intérêt d'une étude approfondie des rites sacrificiels pour la compréhension exacte des récits de l'Ancien Testament. Le point de vue auquel nous nous plaçons a été systématiquement négligé par l'école de cri- tique biblique dont nous ne méconnaissons nullement le mérite et les heureuses découvertes, mais dont il importe d'étendre l'horizon par un usage prudent et judicieux de la méthode comparative. Appliquée à l'étude des rites avec la j 2 AVANT-PROPOS mesure nécessaire, cette méthode non seulement les explique, mais elle met un freina l'arbitraire des hypothèses et elle constitue le meilleur des guides dans la discussion des textes. La méthode simplement critique manque de terme pondérateur ; en ramenant tout à une question de date des textes, elle donne le pas à l'accessoire sur le prin- cipal et pose mal le problème. R. D. LES ORIGINES CANANÉENNES DU SACRIFICE ISRAÉLITE INTRODUCTION L'étude que nous présentons constitue une description explicative des principaux sacrifices du groupe israélite- phénicien, notamment des sacrifices les plus importants décrits par le Lévitique. Nous supposons connue la théorie du sacrifice, ce qui nous dispensera d'établir des compa- raisons étendues ^ Au cours d'une recherche entreprise pour préciser la lecture des tarifs sacrificiels carthaginois, l'analogie entre ces tarifs et le Lévitique, — pressentie déjà par ceux qui ont eu à s'occuper de ces textes, — s'est imposée à nous avec une telle force qu'elle ne nous a laissé d'autre ressource que de conclure à l'identité primitive des deux rituels. Les rites sacrificiels de Tx^ncien Testament ont paru en tirer quelque lumière et, dès lors, les questions soulevées par ces derniers sont passées au premier plan. I. — Position de l'école critique. L'intervention d'un facteur nouveau, tel que le rituel carthaginois, permettant de fixer l'origine du cérémoniel des pratiques israélites et fournissant quelques dates dô 1) Nous nous permettons de renvoyer, au besoin, à notre Introduction à l'histoire des religions, Paris, Leroux, 1914. 4 ORIGINES CANANEENNES DU SACRIHCE ISRAELITE leur évolution, offre l'occasion de contrôler les ihéories que la critique biblique a fondées uniquement sur Tétude du texte hébraïque. Le résultat nous parait être que plu- sieurs hypothèses communément admises, touchant la composition du Lévitique et l'introduction de certaines pra- tiques sacrificielles en Israël, doivent être revisées. Pour éviter tout malentendu, nous devons déclarer que nous tenons pour acquises dans leur ensemble, en dépit des réfutations bruyantes qui se sont récemment multipliées, les conclusions de la critique biblique qui, iii;ni<^Miréo par Spinoza et Richard Simon, a trouvé un remar(iuable déve-, loppement avec Reuss, Graf et Wellhausen. La découverte de Graf et Wellhausen a été de démontrer la basse époque du Code sacerdotal (P) auquel appartient le Lévitique. Il n'est pas douteux que la rédaction de ce document se place au retour de l'exil. Tel terme employé couramment, comme qorhan « sacrifice », n'appartient pas à la langue préexi- lique^ Mais le problème littéraire est essentiellement distinct du problème des transformations subies par les pratiques sacrificielles ~. Pour avoir voulu les lier presque constam- ment l'un à l'autre, l'école de critique biblique est tombée dans l'arbitraire et presque fatalement dans l'erreur 3. Nous ne croyons pas dépasser la mesure, ni méconnaître tout ce qu'on lui doit par ailleurs, en disant que l'école Graf-Well- haussen a abouti à une conception radicalement fausse du sacrifice en Israël. 1) .î. Wellhausen, Prolegomena :ur Geschichte Israëls, 5» éd., 1899. T' "\. T., le mot qorbnn est employé 78 fois par le Code sacerdotal et li contre ailleurs que 2 fois dans Ezéchiel ; cf. Lucien Gautier, IntrodacUon à iA. T., 2' éd., li'14, I, p. 103. 2) MM. Hubert et Mauss, Mélanges d'histoire des religions, 1909, p. 8, note 1, l'ont déjà remarqué : « Si nous croyons que la critique biblique peut cons- tituer l'histoire des textes, nous refusons de confondre celte histoire avec celle des faits •>. 3) C'est notamment le cas de I. Denzinger, Ilebràische Archâologie, 2* éd., 1907, p. 362 et suiv. Voir l'excellent résumé des théories de l'école dans Lucien Gautier, Introduction à l'Ancien Testament, l, p. 123 et suiv. INTRODUCTU»- 5 Ainsi, ropposition fondamentale qu'elle a cru découvrir entre sacrifices postexiliques et sacrifices préexiliques, en prenant Ezéchiel comme moyen terme •, est inexistante, du moins dans la forme qu'on lui prête ^ et d'où découle toute l'histoire du sacrifice en Israël. La modification la plus notable ^, dans le rituel postexilique, touche au ser- vice journalier qui, pour II Rois, XVI, 15, consiste en un holocauste le matin et une minlia le soir. Pour Ezéchiel, l'oblation ou minha doit accompagner l'holocauste le ma- tin^, tandis qu'au retour de l'exil on offre un holocauste le matin et un autre le soir, chacun accompagné d'une minh,a et d'une libation de vin\ Toutefois si, avant l'exil, on offrait l'holocauste le matin et la minha le soir, il y avait encore l'holocauste et la minha du roi, l'holocauste et la minha de tout le peuple^. Il n'est pas impossible que ces holocaustes aient été offerts l'après-midi. Quand la royauté disparut, la distinction essentielle n'aura plus été faite et on se sera contenté de les désigner, comme holocauste du 1) Bertholet, Der Verfassungsentwurf des Hesekiels in seiner religionsgeschichtli- chen Bedeutung, 1896. 2) C'est-à-dire en définissant comme postexiliques les sacrifices décrits par Je Lévitique, car il est certain que bien des détails sont modifiés dans les sacrifices rapportés par l'ouvrage Esdras-Néhémie-les Chro- niques. 3) Nous discuterons plus loin, chap. I, m, 5, l'opposition entre les rituels préexilique et postexilique du sacrifice de communion que l'école critique a cru relever. Nous expliquerons, chap. I, n, 2, une différence réelle qu'offre le hattat de la communauté. Il n'y a pas lieu de s'attarder à la dif- férence entre Lévit., I, 7, où le prêtre met le feu sur l'autel, et VI, 6 ; IX, 24, qui impose la permanence du feu. Eerdmans, Alttest. Studien, Das Bach Levi- ticus, p. 6 et suiv., en a montré l'inanité. 4) Ezéchiel, XLVI, 14. 5) Exode, XXIX, 3 etsuiv. ; Nombres, XXVIII, 4-8. Voir ci-après, chap. I, i, 6. Lévitique, VI, 1-11, prescrit l'holocauste le matin et la minha le soir dans le service journalier ; cf. Psaumes, CXLI, 2. Le changement ne paraît donc pas antérieur à Esdras. 6) II Bois, XVI, 15, où il faut lire kol ha-'am, au lieu de kol 'am ha-ares. A cette mention de la 'olah du roi et du peuple correspond celle du prêtre et du peuple de Lévit., XVI, 24. L'opposition entre le sacrifice du roi et le sacrifice du peuple est un trait ancien ; comparer en assyrien le niq kâribi opposé au niq sharri d'après l'interprétation de Thureau-Dangin, Bévue d'assy- riologie, 1919, p. 132, note 13. 6 oniGiNEs CA^'A^KI:N^'ES du sacrifice Israélite matin (holocauste <lii prôtre) et holocauste de raprès-midi (holocauste du peu[)le). D'ailleurs, ce n'est là ([u'un détail qui ne saurait influer sur la conception môme du sacrifice. On a cru trouver mieux. Parce que la théorie de rémission des péchés par l'immola- tion ne se rencontre avec quelque développement que dans le Code sacerdotal, on a conclu hâtivement que les rédac- teurs de ce document l'ont imaginée, et tout texte qui s'y rattache est déclaré de basse époque '. On n'a pas vu que la théorie prenait racine dans l'antique conception du sacrifice, et on ne pouvait pas le voir puisqu'on posait en axiome que la notion primitive ou essentielle, mouvant le sacrifice en général, <'lait uniquement celle de don. Il ne s'agit pas, bien entendu, de contester Paction du temps, i la situation particulière du culte Israélite après Pexil ; mais nous croyons pouvoir démontrer que la codifi- cation postexilique reste dans uploads/Religion/ les-origines-cananeennes-du-sacrifice-israelite-1921 1 .pdf

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  • Publié le Mai 11, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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