R. Th. Calmel O.P. Théologie de l'histoire 2e édition Lettre-préface de Mgr M.

R. Th. Calmel O.P. Théologie de l'histoire 2e édition Lettre-préface de Mgr M. Lefebvre Dominique Martin Morin Lettre préface de Mgr Marcel Lefebvre A la Révérende Mère Prieure des Dominicaines enseignantes Cours Saint-Dominique Saint-Pré - Brignoles Ma Révérende Mère, Vous demandez quelques lignes en guise de Préface pour la réédition du numéro d'Itinéraires intitulée « Théologie de l'Histoire » et qui a pour auteur le cher et vénéré Père Calmel, tant regretté par vous et par nous. Dans tous ses ouvrages le Père Calmel s'est efforcé, à l'image de son Maître, l'Ange de l'Ecole, saint Thomas d'Aquin, de rechercher les causes profondes, les raisons ultimes altissimas causas, d'où l'intérêt extraordinaire et définitif de ses travaux sur les « Mystères du Royaume de la Grâce » « Les Grandeurs de Jésus-Christ », « Le Rosaire de Notre- Dame »... et « La Théologie de l'Histoire ». On ne peut s'empêcher en le lisant de constater l'action des dons du Saint-Esprit, de sagesse, d'intelligence qui lui font tout juger in rationibus aeternis selon les principes éternels, principes divins, qui éclairent d'une lumière singulière les sujets qu'il traite en homme de Dieu, en prêtre, en théologien. C'est ce qu'il réalise dans cette étude sur la « Théologie de l'Histoire » qui devrait se trouver dans les 5 LETTRE-PRÉFACE mains de tous les professeurs et élèves des classes terminales. Mais, bien plus, toutes les personnes désireuses de connaître l' « histoire vraie » trouveront dans ces pages une profonde édification et une grande satisfaction. Que ce cher Père, que la plupart des religieuses dominicaines enseignantes et vous-même avez connu et apprécié, continue par ses admirables ouvrages à être le guide lumineux et sûr de vos communautés et de vos élèves, ainsi que de tous ceux qui auront la faveur de les lire et de les méditer. Gardons précieusement, avec la grâce de Dieu, l'héritage de sa pensée et de sa foi. Daigne le Seigneur Jésus, par l'intercession de Marie, vous bénir ainsi que toutes vos oeuvres et vous garder dans la fidélité à la foi catholique, sous le regard aimant du cher Père. t Marcel Lefebvre Saint-Pré, le 28 juillet 1984. H.LL et LE. dilectissimis in Corde immaculato Beatae Virginis Martae dicatum 6 Introduction « Le mystère d'iniquité est à l'œuvre dès à présent » écrivait saint Paul à la jeune chrétienté de Thessalonique voici bientôt vingt siècles. Lecteur qui comprenez, non sans angoisse, la signification actuelle de ces paroles de l'Apôtre c'est pour vous que j'ai composé ces chapitres. Mais je les ai d'abord composés pour moi-même ces chapitres de spéculation et d'exhortation. Je n'ignore pas qu'il est facile de perdre pied, de se laisser abattre à la vue des puissances d'apostasie universellement envahissantes qui, tantôt manifestes et plus souvent déguisées, s'appliquent par tant de moyens à aveugler les ca'urs, corrompre les institutions de la cité et ont pénétré désormais jusque dans le sein de l'Eglise de Dieu. Pour ne pas tomber découragé, pour rester debout et faire face, j'ai médité à nouveau l'enseignement de la foi au sujet de l'histoire des hommes, me laissant éclairer et réconforter par cette vivante lumière. Dans cette réflexion théologique j'ai considéré d'abord un mystère central : depuis l'Annonciation et le Calvaire, Pâques et Pentecôte, nous sommes entrés dans la PLÉNI- TUDE DES TEMPS (Gal. IV ; Eph. I, 10) ; c'est-à-dire que le Père a aimé le monde jusqu'à lui donner son propre Fils Unique et avec lui tous les biens (Jo III, 16,- Rom. VIII, 32). D'autre part l'Eglise toujours sainte est fondée à 9 THÉOLOGIE DE L'HISTOIRE Introduction jamais, avec ses pouvoirs hiérarchiques définis et indestructibles, pour nous faire participer aux trésors ineffables • sagesse et de grâce qui sont cachés dans le cœur du Seigneur Jésus. De savoir cette première vérité nous met à Pabri des vaines illusions sur les « dépassements » de toute sorte, dont on nous parle tant de nos jours. Puisque nous sommes dans la plénitude des temps nous ne risquons point de dépasser l'Incarnation rédemptrice ; pour le même motif il n'est pas question de délivrer l'Eglise de la constitution immuable que le Seigneur a voulu lui assigner. Saint Paul a sans doute délivré du Judaïsme l'Eglise naissante mais c'était pour permettre à l'Eglise • s'affirmer telle qu'elle est : Eglise de Jésus et de la loi nouvelle non église de la loi mosaïque qui est à jamais révolue depuis le jour de Pâques et Pentecôte. Ce serait donc une sinistre plaisanterie de se réclamer par exemple • saint Paul pour prétendre délivrer l'Eglise de je ne sais quelles survivances archaïques lorsque Pon sait que ces survivances ne sont autres que les structures de l'Eglise voulues par le Seigneur : doctrines définies et sacrements déterminés. Cette plaisanterie sinistre porte un nom : c'est Poecuménisme post conciliaire. Il délivre l'Eglise du poids de vingt siècles de traditions, il dépasse vingt Conciles dogmatiques. Il fait des accords dans les Dombes ou ailleurs pour que les dogmes soient également acceptables à ceux qui croient et aux hérétiques et pour que les sacrements soient intercélébrés entre ceux qui y croient et pour qui ils sont institués et ceux qui en nient la validité. Dépassement qui est une duperie. La seconde considération décisive dans une réflexion théologique sur l'histoire porte sur les réalités qui s'y trouvent engagées, sur les sociétés de pauvres humains qui sont sujettes au déroulement du temps ; d'abord la cité de Dieu, telle que Jésus l'a faite pour jamais : sainte, immaculée, invincible, destinée à lui être configurée par la croix et par l'amour ; destinée à porter la croix tout le temps que dure son pèlerinage, mais assurée également de la victoire infaillible par la croix ; - d'autre part son ennemie irréductible, la cité de Satan, avec ses fausses doctrines et ses prestiges innombrables ; elle s'acharne contre la cité de Dieu mais ses tentatives se soldent toujours par des échecs ; les « cités charnelles », les patries et les civilisations qui, par définition, ne doivent pas plus durer que les temps historiques, ont une finalité terrestre, ne sont jamais neutres ; le voulant ou non, elles sont sous la mouvance de la cité de Dieu ou de la cité de Satan. Si nous acceptons ces distinctions et si d'autre part nous reconnaissons l'état de fait qui est celui de l'Eglise et de la cité humaine nous serons immunisés contre le millénarisme ; nous comprendrons en effet qu'il ne viendra pas un temps où l'Eglise ne compterait plus de pécheurs, serait à l'abri des traîtres, n'aurait pas à porter la croix avec son Epoux. Pas davantage il ne se lèvera sur les cités périssables une aurore de paradis terrestre ; toujours, d'une manière ou d'une autre, elles seront infectées par les poisons diaboliques, cependant que l'Eglise inlassablement s'efforcera de les guérir, ne cessera d'inspirer leur restauration conformément à leurs lois propres, dans le Christ Jésus. Pourquoi la durée des temps, la succession des siècles ? A l'intérieur même de cette plénitude des temps dans laquelle nous sommes entrés à jamais, pourquoi la continuation de l'histoire, les épreuves et les victoires de l'Eglise, les efforts de la chrétienté? En vue de l'achèvement du Corps mystique ; pour le bien des élus, propter electos ; afin que la sainte Eglise atteigne sa perfection dernière par le nombre et le mérite de ses enfants ; afin que les dons inépuisables du Coeur de Jésus soient participés par les saints, jusqu'au jour désiré où la fidélité de l'Eglise étant consommée dans les tribulations de la fin des temps, le Seigneur fera cesser l'histoire, introduira son Epouse dans la Jérusalem céleste, enfermera le diable et ses suppôts dans le lac éternel de feu et de soufre, 10 11 THÉOLOGIE DE L'HISTOIRE Introduction dans le lieu de la seconde mort. (Apoc. XXI et XXII). - Encore qu'il y ait une finalité terrestre de la succession des siècles : permettre à la nature humaine de déployer ses virtualités dans l'a'uvre de civilisation, cependant cette finalité demeure seconde ; la finalité suprême de l'histoire, celle à quoi tout est subordonné, n'est point temporelle mais éternelle : c'est la manifestation, par l'Église, de la gloire du Christ et de la vertu de sa croix dans tous les saints et tous les esprits bienheureux. Puisque le Seigneur a voulu nous donner la lumière sur les derniers jours et les circonstances extraordinaires qui les mettent à part, nous ne nous sommes pas dérobés à les regarder en face. Plus encore que par le caractère étrange, redoutable, de ces années du déclin définitif nous avons été frappé par leur caractère commun avec les siècles qui les précèdent et les préparent. Ces années de la fin viennent s'insérer dans la plénitude des temps, comme les autres années depuis l'Incarnation. Le don qui a été fait au monde par l'Incarnation du verbe ne sera pas retiré ; le pouvoir dont le Christ est investi ne sera pas atténué ; le cavalier d'Apocalypse qui s'est élancé en vainqueur sur un coursier uploads/Religion/ r-p-calmel-theologie-de-l-x27-histoire.pdf

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  • Publié le Mar 18, 2022
  • Catégorie Religion
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