INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS FACULTE DE THEOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES (S

INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS FACULTE DE THEOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES (Section de Théologie Biblique et Systématique) UNITE DE L’EGLISE ET UNITE DIVINE DANS L’ECCLESIOLOGIE TRINITAIRE DE VATICAN II « De unitate Patris et Filii et Spiritus Sancti plebs adunata » par Sylvain BRISON MEMOIRE DE LICENCE CANONIQUE DE THEOLOGIE [ Master de Recherche en Théologie ] Présenté au Jury des Licences canoniques de la Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses pour l’obtention de la Licence canonique de Théologie Spécialité : Théologie dogmatique et fondamentale Directeur : Emmanuel DURAND Second lecteur : Laurent VILLEMIN Octobre 2008 2 A mes parents, ma famille et les amis qui m’accompagnent en Eglise ou ailleurs. A mes professeurs qui m’ont transmis le goût de la Vérité. « Par le sang que ton Fils a versé, par le souffle de ton Esprit créateur, tu as ramené vers toi tes enfants que le péché avait éloignés ; et ce peuple, unifié par la Trinité sainte, c'est l’Eglise, gloire de ta Sagesse, Corps du Christ et Temple de l’Esprit ». Missel Romain, 8e préface des dimanches. 3 SOMMAIRE INTRODUCTION L’expérience liturgique de l’unité .............................................................................................. 7 L’Eglise vivante, expérience de la rencontre de Dieu. ............................................................... 8 La quête de l’unité : désir humain et grâce divine ..................................................................... 9 Considération théologique de la quête de l’unité ..................................................................... 11 PREMIERE PARTIE : ETUDE PATRISTIQUE 1.1. Questions d’herméneutique patristique .......................................................................... 13 1.2. La théologie de Cyprien sur l’unité de l’Eglise. ............................................................. 18 1.3. Mise en perspective de l’ecclésiologie trinitaire de Cyprien .......................................... 36 DEUXIEME PARTIE : ETUDE DIACHRONIQUE DE L’ELABORATION DE L’ECCLESIOLOGIE TRINITAIRE A VATICAN II 2.1. De quelques prémices théologiques de Vatican II .......................................................... 46 2.2. Apparition et affleurement de l’ecclésiologie trinitaire au concile Vatican II ............... 63 2.3. L’affirmation de l’ecclésiologie trinitaire à Vatican II ................................................... 79 TROISIEME PARTIE : UNITE DE L’EGLISE ET UNITE TRINITAIRE, ESSAI D’EVALUATION CRITIQUE 3.1. Synthèse des acquis des deux premières parties ............................................................. 93 3.2. Postérité théologique et réception du concile .............................................................. 100 CONCLUSION L’origine trinitaire de l’unité de l’Eglise ................................................................................ 110 Esquisse du projet d’une théologie pastorale ......................................................................... 113 Au cœur du dialogue œcuménique : la vie trinitaire .............................................................. 116 4 TABLES DES SIGLES EMPLOYES Collections AAS Acta Apostolicae Sedis, Rome, 1909 ss. AD Acta et documenta concilio Vaticano II apparando, Rome. AS Acta synodalia sacrosancti concilii oecumenici Vaticani II, Rome. ASS Acta Sanctae Sedis, Rome 1865-1908. CCL Corpus Christianorum, Series Latina, Turnhout. CSEL Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, Vienne. DS Symboles et définitions de la foi catholique (Denzinger), Paris. PG Patrologia graeca (J. P. Migne), Paris. PL Patrologia latina (J. P. Migne), Paris. SC « Sources chrétiennes », Paris, Cerf. Œuvres de Cyprien de Carthage Dom. Or. De Dominica Oratione. Texte latin dans PL 4, 518-544. Traduction française de Michel Réveillaud (Cf. bibliographie). Epist. Lettres. Texte latin et traduction française par le chanoine Bayard (Cf. Bibliographie) Un. De Ecclesiae catholicae unitate. Texte latin dans CCL 3, 17-31. Texte latin et traduction française par Michel Poirier (SC 500). Zel. De zelo et liuore. Texte latin dans CSEL 3 et 3A. Texte latin et traduction française par Michel Poirier (SC 519). Documents conciliaires AGD Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise, Ad gentes divinius. DEO Décret sur les Eglises orientales, Orientalum Ecclesiarum. DV Constitution dogmatique sur la révélation divine, Dei Verbum. GS Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde, Gaudium et spes. LG Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen gentium. UR Décret sur l’œcuménisme, Unitatis redentegratio. Revues BLE Bulletin de Littérature Ecclésiastique, Toulouse. CPE Connaissance des Pères de l’Eglise, Nouvelle Cité, Paris. DC Documentation Catholique, Paris. NRT Nouvelle Revue Théologique, Leuven. RevSR Revue de Sciences Religieuses, Strasbourg. RSPT Revue des Sciences philosophiques et Théologiques, Paris. RSR Recherches de Science Religieuse, Paris. 5 INTRODUCTION Parler d’unité de l’Eglise, c’est instinctivement faire référence à un fait historique, sociologique et religieux que marque un constat d’échec. En effet, lorsque nos contemporains évoquent la « douloureuse » réalité de l’unité de l’Eglise, elle se présente souvent à eux, en fait comme la nécessité de l’unité des Eglises. L’histoire du christianisme est lourde de ces évènements qui ont conduit à la diversité des Eglises chrétiennes qui existent aujourd’hui (catholique, orthodoxe, luthérienne, calviniste, anglicane etc.). Toutes confessent leur foi au Dieu-Trinité, à la rédemption opérée par le Christ dans sa mort et sa résurrection, toutes croient que l’Eglise de Jésus-Christ est unique, et toutes veulent amener les hommes à la rencontre de Jésus-Christ dans l’unique Eglise pour parvenir au Salut promis. Et pourtant, au- delà de ces points apparemment communs, elles sont divisées. Ainsi, l’unité se pose d’avantage comme une question que comme un simple constat d’évidence. Mais la question de l’unité de l’Eglise ne se limite pas aux simples aspects œcuméniques. Pour toute communauté chrétienne, toute Eglise en particulier, et spécialement pour l’Eglise catholique, la question de l’unité touche avant tout à sa propre constitution comme Eglise, à sa propre manière de vivre son mystère. La double réalité de l’Eglise universelle et des Eglises particulières est un mode singulier de vie dans l’unité. Elle implique une ecclésiologie (et une théologie en générale) qui puisse rendre compte et expliquer cette nécessité. On connaît bien les difficultés qui jalonnent la vie interne de l’Eglise autour de ces questions. Ces remarques sont d’autant plus exacerbées qu’une certaine lecture idéalisante des communautés des premiers siècles est assez en vogue chez certains chrétiens aujourd’hui. Ainsi, à titre d’exemple paradigmatique, la caractérisation de la vie des premiers chrétiens dans les Actes peut laisser croire à une vie paisible et totalement unifiée : « Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. (…) Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. Jour après jour, d'un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans 6 leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur. Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2, 42.44-47). Il est indéniable que le texte des Actes doit être soumis à une exégèse et à une lecture dans la Tradition qui évitent toute interprétation fondamentaliste. Il n’en reste pas moins que beaucoup perçoivent cette présentation idyllique de l’Eglise primitive comme une réalité révolue qui ne fait que souligner douloureusement la situation actuelle ad intra et ad extra de l’Eglise. Pourtant cette courte péricope des Actes des Apôtres peut nous dire quelque chose de la question de l’unité dans l’Eglise. Elle engage au moins trois niveaux de vie1 : l’assiduité à la prière et à l’enseignement des apôtres marque une unité doctrinale (ou de foi), la « communion fraternelle » atteste d’une nécessaire unité sociale, et, la fidélité à la « fraction du pain et aux prières » souligne l’unité liturgique. Ces trois éléments, et particulièrement le dernier, mettent en évidence un troisième niveau de la question de l’unité de l’Eglise : celle de la communauté locale où la dimension personnelle des croyants joue un rôle décisif. L’unité de l’Eglise est aussi une question de vie spirituelle autant que de théologie dogmatique. C’est dans la vie de la communauté qu’elle se réalise. Dans la prière communautaire, et spécialement dans la célébration eucharistique qui rassemble le peuple autour de son pasteur, se joue, se réalise et se donne l’unité de tout le Corps. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, nous y reviendrons, si la question de l’origine divine de l’unité de l’Eglise, qui est la question centrale de cette étude, apparaît pour la première fois de manière si prononcée chez saint Cyprien dans le commentaire de la prière du Seigneur. Dans ce premier niveau, celui de la communauté chrétienne, tout croyant fait l’expérience de cette unité à la fois donnée et encore à réaliser ; il fait l’expérience de la sainteté de l’Eglise et de ses propres péchés qui marquent l’humanité de sa constitution. Et c’est précisément par cette expérience fondamentale qu’est la liturgie, qui nous met en communion les uns avec les autres et avec Dieu que nous voudrions aborder la question qui nous préoccupe : quelle est l’origine de cette caractéristique fondamentale de l’Eglise qu’est l’unité ? 1 Cf. Jean-Guy PAGE, Qui est l’Eglise ?, Volume 2 : « L’Eglise, corps du Christ et communion », Editions Bellarmin, Montréal (Québec), 1979, p. 130-139. 7 L’expérience liturgique de l’unité Dans la liturgie de l’Eglise, peu de thèmes reviennent aussi fréquemment que la prière pour l’unité. Le symbole de Nicée-Constantinople que les catholiques proclament tous les dimanches fait de l’unité une des caractéristiques essentielles – voir la première – de l’Eglise : « Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique ». L’intercession pour l’unité, qui prolonge celle du Christ lui-même (cf. Jn 17), est une des formes les plus anciennes dans la prière de l’Eglise. Aujourd’hui encore, au cours de chaque eucharistie, elle s’élève de la bouche du uploads/Religion/ unite-de-leglise-et-unite-divine-dans-le.pdf

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  • Publié le Apv 05, 2021
  • Catégorie Religion
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