Théâtre Explication n° 1 : annonce de mariage 1 5 10 15 20 25 30 35 40 ARGAN. –
Théâtre Explication n° 1 : annonce de mariage 1 5 10 15 20 25 30 35 40 ARGAN. – Oh çà, ma fille, je vais vous dire une nouvelle, où peut-être ne vous attendez- vous pas. On vous demande en mariage. Qu’est-ce que cela ? Vous riez ? Cela est plaisant oui, ce mot de mariage ! Il n’y a rien de plus drôle pour les jeunes filles. Ah ! nature, nature ! À ce que je puis voir, ma fille, je n’ai que faire de vous demander si vous voulez bien vous marier. ANGÉLIQUE. – Je dois faire, mon père, tout ce qu’il vous plaira de m’ordonner. ARGAN. – Je suis bien aise d’avoir une fille si obéissante : la chose est donc conclue, et je vous ai promise. ANGÉLIQUE. – C’est à moi, mon père, de suivre aveuglément toutes vos volontés. ARGAN. – Ma femme, votre belle-mère, avait envie que je vous fisse religieuse, et votre petite sœur Louison aussi, et de tout temps elle a été aheurtée à cela. TOINETTE à part. – La bonne bête a ses raisons. ARGAN. – Elle ne voulait point consentir à ce mariage ; mais je l’ai emporté, et ma parole est donnée. ANGÉLIQUE. – Ah ! mon père, que je vous suis obligée de toutes vos bontés ! TOINETTE. – En vérité, je vous sais bon gré de cela ; et voilà l'action la plus sage que vous ayez faite de votre vie. ARGAN. – Je n'ai point encore vu la personne : mais on m'a dit que j'en serais content, et toi aussi. ANGÉLIQUE. – Assurément, mon père. ARGAN. – Comment ! l'as-tu vu ? ANGÉLIQUE. – Puisque votre consentement m'autorise à vous pouvoir ouvrir mon cœur, je ne feindrai point de vous dire que le hasard nous a fait connaître il y a six jours, et que la demande qu'on vous a faite est un effet de l'inclination que, dès cette première vue, nous avons prise l'un pour l'autre. 45 50 55 60 65 70 75 80 85 ARGAN. – Ils ne m'ont pas dit cela ; mais j'en suis bien aise, et c'est tant mieux que les choses soient de la sorte. Ils disent que c'est un grand jeune garçon bien fait. ANGÉLIQUE. – Oui, mon père. ARGAN. – De belle taille. ANGÉLIQUE. – Sans doute. ARGAN. – Agréable de sa personne. ANGÉLIQUE. – Assurément. ARGAN. – De bonne physionomie. ANGÉLIQUE. – Très bonne. ARGAN. – Sage et bien né. ANGÉLIQUE. – Tout à fait. ARGAN. – Fort honnête. ANGÉLIQUE. – Le plus honnête du monde. ARGAN. – Qui parle bien latin et grec. ANGÉLIQUE. – C’est ce que je ne sais pas. ARGAN. – Et qui sera reçu médecin dans trois jours. ANGÉLIQUE. – Lui, mon père ? ARGAN. – Oui. Est-ce qu’il ne te l’a pas dit ? ANGÉLIQUE. – Non, vraiment. Qui vous l’a dit, à vous ? ARGAN. – Monsieur Purgon. ANGÉLIQUE. – Est-ce que monsieur Purgon le connaît ? ARGAN. – La belle demande ! Il faut bien qu’il le connaisse puisque c’est son neveu. ANGÉLIQUE. – Cléante, neveu de monsieur Purgon ? ARGAN. – Quel Cléante ? Nous parlons de celui pour qui l’on t’a demandée en mariage. ANGÉLIQUE. – Hé ! oui. ARGAN. – Hé bien ! c’est le neveu de monsieur Purgon, qui est le fils de son beau- frère le médecin, monsieur Diafoirus ; et ce fils s’appelle Thomas Diafoirus, et non pas Cléante ; et nous avons conclu ce mariage-là ce matin, monsieur Purgon, monsieur Fleurant, et moi ; et demain, ce gendre prétendu doit m’être amené par son père. Qu’est-ce ? Vous voilà tout ébaubie ! ANGÉLIQUE. – C’est, mon père, que je connais que vous avez parlé d’une personne, et que j’ai entendu une autre. Molière, Le Malade imaginaire, acte I, scène 5. Explication n° 2 : Présentation du prétendant 1 5 10 15 20 25 30 35 THOMAS DIAFOIRUS. est un grand benêt, nouvellement sorti des Écoles, qui fait toutes choses de mauvaise grâce et à contretemps. – N'est-ce pas par le père qu'il convient de commencer ? M. DIAFOIRUS. – Oui. THOMAS DIAFOIRUS. – Monsieur, je viens saluer, reconnaître, chérir, et révérer en vous un second père, mais un second père auquel j’ose dire que je me trouve plus redevable qu’au premier. Le premier m’a engendré ; mais vous m’avez choisi. Il m’a reçu par nécessité ; mais vous m’avez accepté par grâce. Ce que je tiens de lui est un ouvrage de son corps ; mais ce que je tiens de vous est un ouvrage de votre volonté ; et, d’autant plus que les facultés spirituelles sont au-dessus des corporelles, d’autant plus je vous dois, et d’autant plus je tiens précieuse cette future filiation, dont je viens aujourd’hui vous rendre, par avance, les très humbles et très respectueux hommages. TOINETTE. – Vivent les collèges d’où l’on sort si habile homme ! THOMAS DIAFOIRUS. – Cela a-t-il bien été, mon père ? M. DIAFOIRUS. – Optime. ARGAN, à Angélique. – Allons, saluez monsieur. THOMAS DIAFOIRUS. – Baiserai-je ? M. DIAFOIRUS. – Oui, oui. THOMAS DIAFOIRUS, à Angélique. – Madame, c’est avec justice que le ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque l’on… ARGAN. – Ce n’est pas ma femme, c’est ma fille à qui vous parlez. THOMAS DIAFOIRUS. – Où donc est-elle ? ARGAN. – Elle va venir. THOMAS DIAFOIRUS. – Attendrai-je, mon père, qu’elle soit venue ? M. DIAFOIRUS. – Faites toujours le compliment de mademoiselle. THOMAS DIAFOIRUS. – Mademoiselle, ne plus ne moins que la statue de Memnon rendait un son harmonieux lorsqu’elle venait à être éclairée des rayons du soleil, tout de même me sens-je animé d’un doux transport à l’apparition du soleil de vos beautés. Et, comme les naturalistes remarquent que la fleur nommée héliotrope tourne sans cesse vers cet astre du jour, aussi mon cœur dores-en-avant tournera-t-il toujours vers les astres resplendissants de vos yeux adorables, ainsi que vers son pôle unique. Souffrez donc, Mademoiselle, que j’appende aujourd’hui à l’autel de vos charmes l’offrande de ce cœur qui ne respire et n’ambitionne autre gloire que d’être toute sa vie, Mademoiselle, votre très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur et mari. TOINETTE. – Voilà ce que c’est que d’étudier ! on apprend à dire de belles choses. ARGAN. – Hé ! que dites-vous de cela ? CLÉANTE. – Que monsieur fait merveilles, et que, s’il est aussi bon médecin qu’il est bon orateur, il y aura plaisir à être de ses malades. TOINETTE. – Assurément. Ce sera quelque chose d’admirable, s’il fait d’aussi belles cures qu’il fait de beaux discours. Molière, Le Malade imaginaire, acte II, scène 5. Explication n° 3 : « le poumon » 1 5 10 15 20 25 30 35 TOINETTE. – Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l'on batte comme il faut. Ahy, je vous ferai bien aller comme vous devez. Hoy, ce pouls-là fait l'impertinent : je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre médecin ? ARGAN. – Monsieur Purgon. TOINETTE. – Cet homme-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De quoi dit-il que vous êtes malade ? ARGAN. – Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate1. TOINETTE. – Ce sont tous des ignorants : c'est du poumon que vous êtes malade. ARGAN. – Du poumon ? TOINETTE. – Oui. Que sentez-vous ? ARGAN. – Je sens de temps en temps des douleurs de tête. TOINETTE. – Justement, le poumon. ARGAN. – Il me semble parfois que j'ai un voile devant les yeux. TOINETTE. – Le poumon. ARGAN. – J'ai quelquefois des maux de cœur. TOINETTE. – Le poumon. ARGAN. – Je sens parfois des lassitudes par tous les membres. TOINETTE. – Le poumon. ARGAN. – Et quelquefois il me prend des douleurs dans le ventre, comme si c'était des coliques. TOINETTE. – Le poumon. Vous avez appétit à ce que vous mangez ? ARGAN. – Oui, Monsieur. TOINETTE. – Le poumon. Vous aimez boire un peu de vin ? 40 45 50 55 60 65 70 ARGAN. – Oui, Monsieur. TOINETTE. – Le poumon. Il vous prend un petit sommeil après le repas et vous êtes bien aise de dormir ? ARGAN. – Oui, Monsieur. TOINETTE. – Le poumon, le poumon, vous dis-je. Que vous ordonne votre médecin pour votre nourriture ? ARGAN. – il m'ordonne du potage. TOINETTE. – Ignorant. ARGAN. – De la volaille. TOINETTE. – Ignorant. ARGAN. – Du veau. TOINETTE. – Ignorant. ARGAN. – Des bouillons. TOINETTE. – Ignorant. ARGAN. – Des œufs frais. TOINETTE. – Ignorant. ARGAN. – Et le soir de petits pruneaux pour lâcher le ventre. TOINETTE. – Ignorant. ARGAN. – Et surtout de boire mon vin fort trempé2. TOINETTE. – Ignorantus, ignoranta, ignorantum. Il faut boire votre vin pur ; et, pour épaissir votre sang, qui est trop subtil, il faut manger de bon gros bœuf, de bon gros porc, de bon fromage de Hollande uploads/Religion/ yahoo-mail 1 .pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 24, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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