SAINT VINCENT DE PAUL CORRESPONDANCE Tome III 829. — A ETIENNE BLATIRON De Pari
SAINT VINCENT DE PAUL CORRESPONDANCE Tome III 829. — A ETIENNE BLATIRON De Paris, ce 2 d’août 1646. Monsieur, La grâce de NotreSeigneur soit avec vous pour jamais ! Je ne puis vous dire la consolation de mon âme qu’elle a reçue par la lecture de la vôtre, admirant la bonté de ce bon et saint cardinal (1) et sa conduite sur vous. Il est juste qu’on s’accommode un peu au temps quant aux difficultés de l’établissement. Je ne sais à quelle fin vous m’envoyez le projet, que je collige de la vôtre (2), que M. Codoing avait dressé à Gênes (3). J’écris derechef à M. Dehorgny qu’il vous envoie quelqu’autre que M. Dunots (4) et qu’il faut que celui qu’il vous Lettre 829. — L. a. — L’original a été mis en vente par M. Charavay, chez qui nous en avons pris copie. Il est de la main du saint, sauf la partie du post- scriptum qui commence aux mots : il y a longtemps. 1) Le cardinal Durazzo, archevêque de Gênes. 2) La lettre d’Etienne Blatiron. 3) Il y était resté quelque temps à son retour de Rome. 4). Humbert Dunots, né près de Saint-Claude (Jura), fut attiré dans la congrégation de la Mission par Bernard Codoing, qui le reçut à Annecy en 1642. Il était prêtre et avait quarante ans. Il suivit Bernard Codoing à Rome et y resta jusqu’à sa mort. Il fut emporté par la peste à Saint-Sauveur, près de Rome, le 29 septembre 1649, quelques jours après avoir entendu la confession d’un pestiféré, qui lui avait communiqué son mal. Dans une lettre écrite après son décès (Bibl. mun de Lyon, ms. 774, f° 219-223), Martin 2 enverra soit savant, intérieur, judicieux et qu’il sache faire le séminaire, ou pour le moins le moins éloigné de ces qualités que se pourra. Monsieur Dufestel (2) s’est retiré chez lui à cause de la continuelle opposition qu’il avait et qu’il donnait aux autres contre le régime de la compagnie, jusques à menacer qu’après moi il la renverserait, et effectivement il jetait des fondements pour cela. Il y a assez long temps qu’il m’avait promis maintes fois de s’ajuster ; mais au lieu de le faire, il faisait tout le contraire. L’on lui a fait donner le doyenné de Lillers, en Artois. C’est une ville de conquête (6), Il est content et la compagnie en paix. Monsieur Codoing (7) va toujours son train. Je crains bien ce que vous et Monsieur Martin m’en dites, quoiqu’il paraisse revenir. Nous suivrons vos avis à tous deux touchant sa demeure et son emploi (8), Il avait gâté déjà si fort M. Dunots (9) que celuici lui proposa de s’en aller tous deux à Genève. Mais, mon Dieu ! Monsieur, que me ditesvous de l’horrible méchanceté de ce pauvre f[rère] P[ascal] (10) ! L’esprit malin atil eu le pouvoir de faire dire par un Le Vasseur, prêtre de la Mission, après avoir fait l’éloge de sa grande piété, de sa parfaite régularité et de sa mortification, qui le portait à faire usage d’instruments de pénitence, ajoutait : «Il est bien difficile qu’un homme puisse arriver en cette vie à une plus grande pureté et innocence que ce bon serviteur de Dieu.» Humbert Dunots était scrupuleux et peu propre à l’enseignement. Nous voyons par cette lettre qu’il subit la fâcheuse influence de Bernard Codoing. Ce ne fut heureusement que pour un temps très court. 5) Le nom de Dufestel est raturé dans l’original 6) Prise sur les Espagnols. 7) Le nom de Codoing se lit difficilement sous les ratures qui le recouvrent. 8) Il fut mis à la tête du séminaire de Saint-Méen. 9) On a cherché à rendre ce nom illisible sur l’original par des ratures. 10) Jean Pascal Goret. 3 prêtre de la compagnie ce qu’il dit (11), et à lui cette imposture ! Bon Dieu ! de quel mal n’estil capable, ou l’autre coupable ! Renvoyeznous, s’il vous plaît, au plus tôt et le plus doucement que vous pourrez, et servezvous cependant de quelqu’autre, en attendant que celui que j’espère faire partir demain ou trois jours après, soit arrivé. Ce ne sera pas celui dont je vous ai cidevant écrit (12) ; car nous l’avons envoyé au Mans, en suite de ce que vous m’avez mandé, que vous vous en passeriez. Je vois bien que ces Messieurs ont eu raison de conclure comme ils ont fait ; mais cui fini m’avezvous envoyé le projet de la fondation ? Estce que S. E. soit disposée à faire la fondation au plus tôt ? Il y a dans ce projet des conditions qui pourraient altérer l’ordre de la compagnie et peutêtre le renverser en ce lieulà. Je vous prie me mander cui fini cet écrit (je ne l’ai pas bien pu colliger de la lecture de votre lettre), et alors je vous dirai mes petites pensées sur ces difficultés. Je vous écris d’Orsigny (13), où je suis depuis hier, et m’en retourne dans deux heures à Paris, d’où j’ai envoyé votre lettre à Madame la duchesse d’Aiguillon, qui l’a désiré voir. Je ne me ressouviens point des autres points de votre lettre pour vous y répondre. Nos petites nouvelles sont que, par la grâce de Dieu, la compagnie fait assez bien partout (14), à ce que vous me dites près de ce frère ; elle a toujours à Paris environ 60 prêtres, au séminaire des BonsEnfants ; et le petit séminaire du petit SaintLazare (15) est d’environ quarante, 11) Le saint avait ajouté les mots : O Jésus ! Monsieur, quelle méchanceté ! qu’il a ensuite raturés. 12) Le frère Nicolas ou le frère Le Rogueux. (Cf. 1. 827.) 13) Dans la commune de Saclay. 14) Première rédaction : partout, par la grâce de Dieu 15) Le petit Saint-Lazare, ou séminaire Saint-Charles, donnait sur 4 qui commence assez bien, par la grâce de Dieu ; que l’on nous appelle à NotreDame de Plancoët, c’est un lieu de notable dévotion, qui s’est trouvé depuis peu à SaintMalo ; que M. Nouelly et le frère Barreau sont partis pour l’assistance des pauvres esclaves chrétiens d’Alger, et que l’on est sur le point d’envoyer un prêtre et un frère à Salé, au royaume de Maroc, en Barbarie. Voilà, Monsieur, ce que je vous puis dire à peu près, et mon chétif cœur, qui chérit plus le vôtre que soimême et qui est, d’une affection invariable, en l’amour de NotreSeigneur, Monsieur, votre très humble serviteur. VINCENT DEPAUL, i. p. de la Mission. J’écris à M. Dehorgny que, toutes choses cessantes, il vous envoie quelqu’un qui sache faire le séminaire, et je vous prie de nous renvoyer le frère P [ascal au plus tôt après la présente reçue. Nous ferons partir notre bon frère (16) dans trois jours. Il y a long temps qu’on vous a envoyé par la voie de Marseille des ciseaux, des canifs, des petits livrets et des feuilles de dévotion. Je crois que M. Chrétien (17) diffère de vous les envoyer, attendant celui qui vous doit aller visiter. Si vous en êtes pressé, écrivezlui Suscription : A Monsieur Monsieur Blatiron, prêtre de la Mission, à Gênes. la rue du Faubourg Saint-Denis et occupait l’angle formé aujourd’hui, d’un côté des numéros impairs, par la rencontre de cette rue et du boulevard de la Chapelle. 16) Le frère Sébastien Nodo. 17). Jean Chrétien, né le 6 août 1606 à Oncourt (Vosges), ordonné prêtre le 5 avril 1631 reçu dans la congrégation de la Mission le 26 novembre 1640, supérieur à Marseille de 1645 à 1653, sous-assistant à la maison-mère en 1654, supérieur à La Rose de 1655 à 1662. Il faisait partie de la maison de Troyes le 26 novembre 1667. 5 830. — A LOUISE DE MARILLAC De Paris, ce 4 août 1646. Mademoiselle, Voici une semaine et demie de passée depuis votre départ, sans que nous ayons de vos nouvelles. Tout le monde en veut avoir ici, et je ne sais que dire à ceux qui m’en demandent ; moimême, plus que tous, j’en suis en peine et ne puis m’adresser qu’à vous pour en apprendre. Je crains tant que les grandes chaleurs qu’il a fait et les incommodités du coche ne vous aient atténuée, ou pour le moins beaucoup affaiblie, que j’en attends le récit avec grande impatience et avec résolution de bien remercier NotreSeigneur, si vous êtes encore en même disposition qu’en partant (1). Lettre 830. — Manuscrit Saint-Paul p. 64. La lettre suivante nous apprend que celle-ci était de l’écriture du frère Ducournau. 1) Louise de Marillac avait quitté Paris le 26 juillet, en compagnie de Françoise Noret, de sœur Turgis, destinée à Richelieu, et des sœurs qui devaient former la petite communauté de Nantes : Elisabeth Martin, Claude, Marguerite Noret, Catherine Bagard, Perrette, de Sedan, et Antoinette, de Montreuil. La petite troupe arrivait à Orléans le lendemain soir. Elle y passa la matinée du 28 puis repartit, s’arrêta le soir à uploads/Religion/coste-3.pdf
Documents similaires










-
40
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 21, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 2.8454MB