R a p p o r t à l ’ a t t e n t i o n d e M o n s i e u r l e m i n i s t r e d
R a p p o r t à l ’ a t t e n t i o n d e M o n s i e u r l e m i n i s t r e d e l a J e u n e s s e , d e l ’ é d u c a t i o n n a t i o n a l e e t d e l a r e c h e r c h e s u r A t t r a i t e t q u a l i t é d e s é t u d e s s c i e n t i f i q u e s u n i v e r s i t a i r e s Mars 2003 Maurice PORCHET Professeur de Biologie à l’Université de Lille 1 2 S O M M A I R E L’Université française à la croisée des chemins p. 3 Perspectives d’emploi liées aux créations p. 4 de postes et aux départs en retraite Et pourtant … la « désaffection » des filières scientifiques p. 6 se poursuit Une volonté politique d’améliorer l’attractivité des filières p. 8 scientifiques universitaires 7 propositions pour améliorer l’attractivité des filières p. 9 scientifiques universitaires 1 è r e proposition p. 10 Faire émerger un nouvel enseignement des sciences 2 è m e proposition p. 12 Créer des Commissions de réflexion sur l’Enseignement des sciences (CREx) 3 è m e proposition p. 13 Généraliser les chargés de mission académiques pour les sciences 4 è m e proposition p. 14 Donner une autre image de l’université 5 è m e proposition p. 16 Mutualiser toutes les pratiques pédagogiques innovantes sur un site national unique 6 è m e proposition p. 17 Former les enseignants-chercheurs à la pédagogie 7 è m e proposition p. 19 Repenser profondément les Travaux Pratiques et Dirigés Calendrier et coût des propositions p. 21 Conclusion p. 22 Annexes p. 24 3 L’université française à la croisée des chemins Alors que la situation actuelle de l’emploi dans notre pays peut susciter de l’inquiétude, le proche avenir (2005-2010) sera marqué par un renouvellement intense de la population active, en raison des départs en retraite et de la dynamique propre à certains métiers. Les prévisions du Commissariat au Plan (*) montrent clairement un exceptionnel besoin de formation, en particulier dans le domaine des Sciences et des Technologies, d’ici 2010. Les recrutements concernent à la fois le secteur public et le secteur privé, la France et les autres pays européens. Par ailleurs, ces études mettent en évidence le fait que les logiques de métiers préexistants vont évoluer en hybridant des compétences issues de champs professionnels initialement distincts (Exemple des « bio- informaticiens »). Innovations technologiques et innovations organisationnelles vont donc modifier de plus en plus les critères de recrutement. (*) - 2005 : le choc démographique, défi pour les professions, les branches et les territoires (rapport du groupe Michel AMAR) - Avenir des métiers (rapport du groupe Claude SEIBEL) ; www.plan.gouv.fr Optimiser la formation des jeunes afin de répondre à l’évolution du marché de l’emploi 4 Perspectives d’emploi liées aux créations de postes et aux départs en retraite * (Extrait) Métiers Emplois en 2010 (en milliers) Créations nettes d’emplois en 2000/2010 (en milliers) Besoins de remplacement liés aux départs en retraite sur 2000/2010 (en milliers) Informaticiens 590 204, 4 56, 0 Chercheurs 427 170, 2 63, 0 Ingénieurs et Cadres techniques Industrie 148 13, 8 41 Santé 2 095 239, 7 362, 5 Transports 2 041 302, 8 396, 0 Electricité 328 15, 3 72, 5 Mécanique 1 366 70, 4 321, 0 Industrie des process 1 255 176, 1 252, 0 Maintenance 704 84, 1 168, 0 Construction 1 612 19, 3 421, 5 Enseignement 1 385 166, 7 419, 5 * 2005 : le choc démographique, défi pour les professions, les branches et les territoires (rapport du groupe Michel AMAR). 5 Certaines professions appartenant aux secteurs de l’enseignement, de la fonction publique, de la formation d’adultes et de la santé connaîtront des besoins importants en recrutement d’ici 2010. Paradoxalement, les métiers des études et de la recherche ou encore l’informatique connaîtront des difficultés sur le marché du travail voire une pénurie possible de postulants. Malgré la diversité des situations, des tensions ne manqueront donc pas d’apparaître, dans tous les pays occidentaux, d’ici quelques années. L’Université française doit s’attacher à relever ces défis de la formation. La réforme du L.M.D. (Licence-Master-Doctorat) arrive à point nommé pour modifier un certain nombre de comportements traditionnels* : - enseignements beaucoup trop disciplinaires et cloisonnés, orientés uniquement vers la recherche universitaire - formations déconnectées des réalités économiques et culturelles de notre époque - manque d’adaptation au cursus lycéen des néobacheliers. L’Université a pour mission de former des étudiants compétents, capables de mettre leurs connaissances, leurs savoir-faire, leur personnalité au service d’une société de plus en plus complexe et souvent imprévisible. Les Sciences et les Technologies sont au cœur de cette bataille de l’intelligence. L’Université doit sans conteste être « au rendez-vous » pour former les très nombreux techniciens et cadres dont notre pays a besoin ; elle doit être également en phase avec l’environnement européen et international puisque la réforme du L.M.D. devrait être effective d’ici 2005. * Rappelons que dans toutes les réunions internationales, la « spécificité » voulue par notre pays dans la réforme du L.M.D. était de mener des actions fortes dans le domaine de la pédagogie universitaire (rénovation des enseignements). Les nouveaux défis de la formation universitaire : savoir évoluer et s’adapter au nouveau contexte socio- économique 6 Et pourtant … la « désaffection » des filières scientifiques se poursuit Dans un précédent rapport *, nous avons cherché à analyser cette curieuse évolution qui affecte tous les pays occidentaux (et certains pays en voie de développement comme le Maroc). En France, les effectifs des primo- entrants en DEUG « Sciences et Technologies » ont continué de décroître en 2002-2003. De très nombreux rapports internationaux ont été publiés à ce sujet depuis mars 2002. Certains continuent de nier la réalité de ce phénomène, mais restent fort heureusement minoritaires. Rappelons notre diagnostic pour la France : seules les filières scientifiques universitaires générales (DEUG, seconds cycles) sont touchées. Il n’y a pas de problème particulier pour : - la filière scientifique du Baccalauréat (effectifs globalement stabilisés depuis 1990 pour le Bac S). - les filières post-bac professionnalisantes (STS, IUT, IUP, DESS, Ecoles d’Ingénieurs et Santé). Les CPGE, après un fléchissement dans les années 1998-2000, sont redevenues attractives. On peut globalement considérer que la filière « Ingénieurs » gagne environ 1 000 étudiants chaque année ; 100 000 jeunes seront bientôt concernés par ce système de formation qui reste très prisé en France. Il s’agit par conséquent de s’interroger sur la formation universitaire générale. Le colloque national de Bordeaux (3, 4 et 5 février 2003) a proposé de nouvelles formes d’apprentissage en Sciences. Nous en ferons largement état dans ce rapport. * Les jeunes et les études scientifiques : Les raisons de la « désaffection », Un plan d’action. Maurice Porchet, Professeur à l’Université de Lille 1 (mars 2002). La désaffection des filières scientifiques : un problème qui affecte essentiellement les cursus universitaires 7 La Communauté scientifique universitaire donne parfois l’impression d’être « morose » sinon « désabusée ». Un excellent chroniqueur (1) a comparé les partisans d’une solution pédagogique à la crise des sciences, aux passagers du Titanic qui « chantaient des cantiques pour empêcher le transatlantique de sombrer » ! Le célèbre professeur anglais de littérature comparée, George Steiner voit dans nos sociétés actuelles un facteur de crise lié à l’impossibilité d’enseigner les sciences et les mathématiques à la moyenne de l’humanité. Or, c’est dans ces domaines que se manifestent les énergies créatrices et poétiques les plus profondes. Notre pays a l’obligation morale de répondre à cette forme larvée de désespoir. Le temps des réflexions et des colloques doit s’achever, celui de l’action doit prendre le relais. (1) Didier NORDON (Pour la Science, janvier 2003) Le temps des illusions est révolu : il faut désormais céder la place à l’action 8 Une volonté politique d’améliorer l’attractivité des filières scientifiques universitaires L’enseignement des sciences actuelles est de plus en plus difficile à concevoir. La démarche scientifique n’est pas la démarche du « sens commun ». Un effort doit être exigé des élèves comme des étudiants. Cette demande aboutira à deux conditions : - rendre attractifs et intéressants les enseignements scientifiques - prouver que ces études difficiles conduisent à une insertion professionnelle réelle. Les enseignements scientifiques ont été tellement spécialisés en sous- disciplines (l’exemple des Sciences de la vie est révélateur d’une telle « balkanisation »), tellement théorisés (mathématisés !) et désincarnés (par rapport aux réalités économiques et culturelles de notre temps) qu’il n’y a plus de véritable formation à une démarche scientifique. Au mieux, nous formons des uploads/Science et Technologie/ 5940-pdf-43541.pdf
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- Publié le Sep 28, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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