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) UNIVERSITÉ LAVAL Une alliance entre forêt et agriculture pour sauver les sols et l'eau en voie de perdition à travers des milliers de conflits territoriaux et ethniques Professeur Gilles Lemieux Publication nº 184 ! "# $% %$ !" " Une alliance entre la forêt et l'agriculture… Lemieux, G. (2004) 2 Groupe de Coordination sur les Bois Raméaux Département des Sciences du Bois et de la Forêt Université Laval, Québec, Canada Une alliance entre forêt et agriculture pour sauver les sols et l'eau en voie de perdition à travers des milliers de conflits territoriaux et ethniques. par le Professeur Gilles Lemieux Département des Science du Bois et de la Forêt Université Laval Québec G1K 7P4 QUÉBEC, Canada gilles.lemieux@sbf.ulaval.ca S'il y a eu de l'eau sur la planète Mars comme semble l'indiquer les robots américains, les preuves apparaîtront dans les traces de vie à l'intérieur des roches sédimentaires mais également dans les sols fossiles, comme quoi eau et vie sont intimement liées. Dans ce cas il faut bien admettre que l'eau libre n'existant plus, il en serait fini de même pour la vie. N'observons-nous pas une tendance analogue depuis à peine un demi-siècle sur terre? Nos institutions, tant nationales qu'internationales, n'ont fait la promotion de ce qui est connu depuis des millénaires dans la production alimentaire, mais rien ou très peu des nouvelles connaissances apportées par la science concernant le fonctionnement des écosystèmes. Seules d'énormes sommes ont été consacrées pour la description des composantes de base en estimant que les écosystèmes sont statiques avec une dynamique, à court terme seulement, s'inscrivant dans la production pour des besoins anthropiques, assurant une production alimentaire en toute sécurité. Cette vision découle du fait que seul le modèle agricole, tout à fait artificiel, est considéré. Pourtant, le résultat est palpable et limpide, forçant les pays tropicaux du Tiers-Monde à utiliser un modèle agricole, mis au point en climat tempéré, mais particulièrement inadapté pour les pays tropicaux à forte densité de population. En milieux tropicaux, plus encore que sous les conditions de climat tempéré, la consommation d'eau est exponentielle particulièrement dans les cultures irriguées. Cette expansion de l'utilisation de l'eau va de pair avec une diminution vertigineuse des réserves avec une distribution temporelle de plus en plus anarchique. Une alliance entre la forêt et l'agriculture… Lemieux, G. (2004) 3 Groupe de Coordination sur les Bois Raméaux Département des Sciences du Bois et de la Forêt Université Laval, Québec, Canada Tous les problèmes que nous connaissons et connaîtrons avec la production et la sécurité alimentaire sont directement liés à la dégradation et l'érosion des sols de même qu'au manque de disponibilité de l'eau, de sa piètre qualité et de l'effet dévastateur et cyclique des sécheresses. À ce jour, aucune technologie ne peut prétendre produire des sols productifs et stables, C'est particulièrement le cas des pays du Moyen-Orient où l'absence de solutions condamne ces derniers à d'impossibles solutions valables à court, moyen et long terme. Cela s'applique également à l'Afrique sub-saharienne et probablement à de larges portions du territoire chinois pour des raisons analogues. Le surpâturage et l'écobuage semblent en être les causes premières. Pendant des siècles, une agriculture primitive et frugale, donnant une mortalité hâtive parmi les populations, furent sans doute à la base de la conservation des sols et de l'eau. Tout ceci se présente en même temps que l'explosion sans précédent des technologies qui insistent à la surconsommation au détriment de la conservation avertie des sols et de l'eau dans le cadre de l'urbanisation rapide et sans précédent des populations. Cela se traduit par un abandon des milieux ruraux, souvent dégradés ou surpeuplés, comme dans la région des Grands lacs africains excédant largement la capacité de se nourrir adéquatement. Des pépinières perpétuelles à kamikazes Sans apports nouveaux de la science et de nouvelles connaissances, dont certaines sont déjà disponibles, nous sommes voués à osciller entre l'homme et ses technologies et une structure sociale archaïque et instable comme il y a des millénaires. Le pouvoir et la richesse, issus de la technologie, montrent des effets similaires comme la dominance de l'homme sur l'homme avec, en fond de scène une pauvreté ancillaire et récurrente, le terreau propice au racisme et à la ségrégation. Si on y prend garde, nous sommes à imposer un vieux paradigme social. Le temps et les moyens sont à notre disposition pour changer les paramètres de base de ce vieux paradigme. Cela est possible grâce à la somme phénoménale des nouveaux savoirs accumulés par le genre humain, jour après jour, tout au long des deux derniers siècles. L'un des paradigmes les plus tenaces est sans doute l'agriculture, elle-même à la base de la vie des hommes par la nourriture qu'elle procure. De ce fait, l'agriculture a évolué à l'extérieur du monde scientifique mais plutôt dans un Une alliance entre la forêt et l'agriculture… Lemieux, G. (2004) 4 Groupe de Coordination sur les Bois Raméaux Département des Sciences du Bois et de la Forêt Université Laval, Québec, Canada monde technique aussi vieux que l'homme lui-même avec des conséquences économiques majeures. Dans son travail, Jackson (1985)1 pose l'hypothèse que l'agriculture "moderne" telle que nous la connaissons aujourd'hui utilise des pratiques et des "croyances". un "paradigme d'ignorance". Ici la technologie et l'argent sont toujours au service de vielles croyances basées sur l'homme et sa survie. Cela a comme conséquence l'exclusion de nouvelles connaissances en l'absence de consensus entre les individus et les sociétés responsables des productions alimentaires. Cette situation a permis aux industries d'imposer par des voies détournées des technologies très pointues dont les règles de base sont l'acceptabilité, la commercialisation et surtout les profits. L'autre côté plus sombre est certainement l'utilisation de "l'arme alimentaire" pour des fins bassement politiques, voire commerciales et de domination des marchés. Si la politique, les compétitions ethniques, le contrôle des monnaies et des changes ont des effets profonds sur l'accessibilité alimentaire, le contrôle des connaissances par les "secrets" scientifiques devenus "propriétés privées" de la grande industrie sont un frein incommensurable au développement de l'agriculture. Cela est particulièrement le cas dans l'évolution du maïs et le sera davantage pour les OGM (organismes génétiquement modifiés) dans l'avenir. Le vieux paradigme agricole et la naissance d'un nouveau La compétition entre les hommes, les hommes avec le genre humain et l'environnement sera toujours notre lot, ce qui se traduit par différents types de civilisations à travers les cultures qui nous caractérisent. L'évidence de notre monde est qu'il est confiné à notre planète ; la Terre. Aussi longtemps que la technologie a été embryonnaire, presque inconnue, ce sont les interactions entre tous les "acteurs" de notre monde laissant, de-ci de là, des niches plus stables nous permettant de nous développer en atteignant une certaine maturité sociale. Depuis lors, nous avons acquis des connaissances scientifiques portant sur les phénomènes qui régissent notre évolution., mais nous ne pouvons augmenter les bases de notre monde comme l'espace, l'eau, l'air où le SOL qui a presque toujours été ignoré par les scientifiques et la science en général. Ce sont les règles de l'économie qui ont identifié les sols en général comme un coût et un 1 Jackson, W. (1985) «New roots for agriculture» University of Nebraska Press , 150 pp Une alliance entre la forêt et l'agriculture… Lemieux, G. (2004) 5 Groupe de Coordination sur les Bois Raméaux Département des Sciences du Bois et de la Forêt Université Laval, Québec, Canada fardeau nécessaire, conférant au sol de la part des producteurs agricoles, le rôle de support de nutriments pour toutes les espèces vivantes En réalité, le sol est issu de l'évolution biologique de notre monde, tout comme le lien fondamental entre la vie et le monde minéral. Ce sont les hommes de science ukrainiens qui, les premiers, décrivirent les traits physiques des sols en leur conférant des noms russes comme podzol, tchernozem, rendzine, solonetz… universellement acceptés depuis la fin du XIXe siècle. La vitesse avec laquelle se sont développées et répandues les technologies associées aux nouvelles connaissances au cours du XXe siècle, n'a pas permis de reconnaître les caractéristiques fondamentales des sols. Cela a eu pour effet de maintenir, voire de renforcer le vieux paradigme agricole qui avait été partiellement modifié au XIXe siècle par l'homme de science d'origine allemande, von Liebig. Il fut le premier à reconnaître le rôle fondamental des nutriments chimiques comme l'azote dans la structure des protéines de tous les tissus vivants. Cette perception "chimique" de la productivité des sols fut vite mise à profit par une industrie chimique en pleine expansion, pour laquelle ce fut une véritable mine d'or. Cette approche chimique à la productivité végétale suscita la "venue" de nombreux problèmes, tant de la uploads/Science et Technologie/ gilles-lemieux-une-alliance-entre-foret-et-agriculture.pdf
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- Publié le Aoû 28, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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