La sagesse « présocratique » Communication des savoirs en Grèce archaïque : des
La sagesse « présocratique » Communication des savoirs en Grèce archaïque : des lieux et des hommes Fronterotta-001-328.indd 1 Fronterotta-001-328.indd 1 26/04/13 13:34 26/04/13 13:34 Fronterotta-001-328.indd 2 Fronterotta-001-328.indd 2 26/04/13 13:34 26/04/13 13:34 SOUS LA DIRECTION DE Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta La sagesse « présocratique » Communication des savoirs en Grèce archaïque : des lieux et des hommes Ouvrage publié avec le soutien de l’Institut Universitaire de France et du groupe de recherche Philosophie, Langages et Cognition (EA 3699, Université Grenoble-Alpes) Fronterotta-001-328.indd 3 Fronterotta-001-328.indd 3 26/04/13 13:34 26/04/13 13:34 Parmi nos dernières publications Maquette de couverture : Raphaël Lefeuvre Illustration de couverture : XXXXXXXXXXXXXXXX ©RMN/XXXXXXXXXXXXX ©Armand Colin, 2013 ISBN : 978-2-200-27737-6 www.armand-colin.fr Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contre- façon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’informa- tion de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). Armand Colin Éditeur • 21, rue du Montparnasse • 75006 Paris Fronterotta-001-328.indd 4 Fronterotta-001-328.indd 4 26/04/13 13:34 26/04/13 13:34 Sommaire 1. Introduction ........................................................................ 7 Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta 2. Poètes et savants : une fausse opposition ? ............................ 21 I. Traditions poétiques et identités intellectuelles, entre Homère et les « présocratiques » .................................. 21 David Bouvier II. Historiens, médecins et scientifiques : la polymathie comme nécessité heuristique ? ........................ 37 Marie-Laurence Desclos 3. Milet .................................................................................... 61 I. Thalès, Anaximandre, Anaximène : la découverte de l’esprit scientifique ? ........................................................ 61 Jérôme Laurent II. Lire et ne pas lire Héraclite ............................................. 89 Magali Année 4. Égée ..................................................................................... 117 Xénophane : construction d’images divergentes par la tradition doxographique antique ................................ 117 Bruno Centrone 5. Élée ...................................................................................... 131 Une école éléatique ? Parménide, Zénon et Mélissos ............ 131 Francesco Fronterotta 6. Sicile .................................................................................... 149 Une relecture de la double zoogonie empédocléenne : que sont les oulophueis tupoi du fragment 62 ? ..................... 149 Anne-Laure Therme Fronterotta-001-328.indd 5 Fronterotta-001-328.indd 5 26/04/13 13:34 26/04/13 13:34 La sagesse « présocratique » 7. Calabrie ............................................................................... 167 La figure historique de Pythagore et du pythagorisme antique : un problème encore actuel .................................................. 167 Bruno Centrone 8. Abdère ................................................................................. 189 Leucippe et Démocrite : l’atomisme, du système à l’aporie ... 189 Pierre-Marie Morel 9. Athènes ................................................................................ 215 I. Les sophistes, derniers « présocratiques » ? ......................... 215 Marie-Laurence Desclos II. Anaxagore et Homère : trier les moutons, trier les hommes, trier l’univers ....................................................................... 235 Arnaud Macé et Anne-Laure Therme 10. Conclusion ........................................................................ 263 Marie-Laurence Desclos Annexes Bibliographie générale ................................................................ 271 Index des passages cités ................................................................ 299 Index des noms .......................................................................... 311 Index des notions ....................................................................... 317 Index des mots grecs .................................................................... 321 Fronterotta-001-328.indd 6 Fronterotta-001-328.indd 6 26/04/13 13:34 26/04/13 13:34 1 Introduction Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta « S i Timothée n’avait pas existé, il nous manquerait beaucoup de mélodies, mais sans Phrynis, il n’y aurait pas eu Timothée 1. » Que nous soyons là en présence d’une affirmation lourde d’une concep- tion du savoir – quelle que soit la nature de ce savoir – tout à la fois téléologique et continuiste n’est plus à démontrer 2. L’antécédence, en effet, comme le rappelait André Laks, dit à la fois ce qui précède dans le temps et ce qui prépare un déploiement ultérieur qu’elle contient certes en germe, mais auquel elle ne saurait être qu’inférieure 3. Tels seraient ces « premiers philosophes » que depuis le xviiie siècle nous appelons « présocratiques », voire, avec Nietzsche, « préplatoniciens 4 ». À ceci près 1. Aristote, Métaphysique, II [α], 1, 993 b 15-17. 2. On aura reconnu la question des « successions de philosophes (διαδοχαὶ τῶν φιλοσόφων) ». Voir Barnes (1987), p. 9-35 ; Mansfeld (2006) ; Laks (2002b), p. 17-26 et (2006), p. 5-30. 3. Laks (2002b), p. 22. 4. Le terme « présocratique » se retrouve déjà chez un certain nombre d’historiens du xixe siècle (voir Ritter [1829], Brandis [1835] et Zeller [1856]), même s’il a été employé pour la première fois par Johann August Eberhard, auteur d’une Allgemeine Geschichte der Philosophie zum Gebrauch akademischer Vorlesungen, publiée en 1788 (comme le rappellent Paquet-Roussel-Lafrance [1988-1995], t. III, p. 118), mais c’est à Hermann Diels que revient l’étiquette de Vorsokratiker comme substantif. Si Ueberweg (1867) introduisait dans le cadre des « présocratiques » une distinction entre les penseurs « pré-attiques » et « pré-sophistiques », c’est Nietzsche (1994 [1872- 1873]) qui s’opposa le premier à la dénomination dielsienne, suggérant plutôt celle Fronterotta-001-328.indd 7 Fronterotta-001-328.indd 7 26/04/13 13:34 26/04/13 13:34 8 La sagesse « présocratique » que « philosophes » tous ne le sont pas, et que ceux que nous serions prêts – aujourd’hui – à enrôler sous la bannière de la philosophie ne se définissaient pas ainsi. Gagnera-t-on plus de clarté, et moins d’am- biguïté, à les appeler « naturalistes » et à faire, avec Aristote, de Thalès « le fondateur de cette sorte de philosophie 1 » ? Ce serait oublier que ce n’est pas parce que l’eau se substitue à Océan et à Téthys, ou au chaos hésiodique, que naît la philosophie 2. Ainsi s’explique que M. L. West ait pu interpréter les fragments du poète Alcman ou du « théologien » Phé- récyde de Syros, au même titre que ceux de Thalès, comme des « cosmo- logies présocratiques 3 ». Ce qui naît, c’est un nouveau type de discours de savoir s’opposant à d’autres discours de savoir, considérés comme tels ou se prétendant tels. Il convient donc de s’interroger sur la nature de cette nouveauté, sans tenir a priori pour acquis qu’elle réside dans l’ab- sence des dieux 4. Car alors que faire, non seulement d’Alcman (Téthys, Tekmor, Poros 5) et de Phérécyde (Zas, Chronos, Chthonia 6), mais aussi, selon le mot de West, du « démiurge féminin (female demiurge) » (Aphrodite ou Dikè-Anankè 7) de Parménide et d’Empédocle, et pour de « pré-platoniciens », qui serait plus appropriée dans la mesure où tous les penseurs qui précèdent Platon, y compris Socrate, se présentent comme des types « purs » et « originaux », dans leurs caractères et dans leurs doctrines, alors que Platon introduit le premier une philosophie « mixte », au sens où elle dépend d’une synthèse théorique et d’une réélaboration de la réflexion des prédécesseurs. Tout en étant (à juste titre) sujette à discussion, la dénomination de « présocratiques » reste aujourd’hui majori- taire, même si des propositions alternatives ont été formulées : on se reportera par exemple à Colli (1975) et (1977-1980), qui, pour sortir de tout classement de nature chronologique et en quelque sorte a posteriori (comme pré-socratiques ou pré-plato- niciens), parle des « sages », pour indiquer ainsi les σοφοί, dont le savoir est cette σοφία encore énigmatique qui se rattache aux pratiques religieuses. Sur « la construction » de cette « catégorie de l’historiographie philosophique », voir Laks (2002b) et, pour la « constellation moderne », (2006), p. 31-53. 1. Aristote, Métaphysique, I [Α], 3, 983 b 21-22. 2. Ibid., 983 b 31-32 et 984 b 23-31. 3. West (1963). En ce qui concerne Alcman, voir également Sassi (2005). Sur les « cos- mologies présocratiques » on renverra à Wright (1995a) et (2008). 4. Voir Laks (2002b), p. 35 : « Le point essentiel est le suivant : l’eau n’est pas une divi- nité, et surtout pas une divinité personnelle, comme dans les cosmogonies proche- orientales ; elle n’est pas non plus entourée d’autres divinités primordiales, telles que, chez Hésiode, la Terre, le Ciel, ou Éros. Cette “naturalisation” est l’une des marques les plus sûres et les plus universellement acceptées, pour fixer les débuts de la philoso- phie grecque. » 5. Alcman, fr. 81 Calame (P . Oxy. 2390, fr. 2, col. II, 22 sqq. et col. III). 6. Phérécyde, fr. 9 [A1] Colli = Diogène Laërce, I, 119 (= 7 B 1 DK). 7. West (1963), p. 154-156 et p. 158. Pour Empédocle, cf. 31 B 74 Diels-Kranz [abrégé en DK] (= Plutarque, Propos de table, V, 10, 4, 685 E 6-F 5). Pour Parménide, 28 B 13 DK (= Dialogue sur l’Amour, XIII, 756 E 1-F 1) ; A 37 DK (= Aétius, 335, 4-16). Voir également Betegh (2001), Primavesi (2006) et Messina (2007a). Fronterotta-001-328.indd 8 Fronterotta-001-328.indd 8 26/04/13 13:34 26/04/13 13:34 Introduction 9 ce dernier, de la personnalisation de la « quadruple racine » (Zeus, Héra, Aidônéus [Hadès], Nestis 1) ? Face à cette « présence en plein logos des physiciens […] des noms ou épiclèses des dieux mythologiques 2 », la solution doit-elle être cherchée dans une interprétation allégorique, ainsi que le fait, par exemple, Oliver Primavesi à propos d’Empédocle : « Mais pourquoi Empédocle désigne-t-il les quatre masses divines au uploads/Science et Technologie/ la-sagesse-presocratique-sommaire-introduction 1 .pdf
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- Publié le Aoû 30, 2021
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