Dossier Les encéphalopathies spongiformes transmissibles la lettre n01/2001 de
Dossier Les encéphalopathies spongiformes transmissibles la lettre n01/2001 de l’Académie des sciences L e CADAS a donné naissance à l’Académie des technologies. C’est une étape importante et nous devons maintenant définir les modalités de la coopération, qui sera nourrie et féconde, entre l’Académie des sciences et cette nouvelle insti- tution. Notre Académie des sciences a déjà une bonne pratique d’initia- tives communes avec d’autres acadé- mies telles que l’Académie des sciences morales et politiques et l’Académie de médecine. Au cours des dernières années, une étude approfondie a été menée sur les réformes qui devraient être apportées aux statuts et règlements de l’Académie des sciences pour lui donner les moyens de jouer mieux encore son rôle dans le monde d’aujourd’hui. Cette réflexion arrive à son terme. L ’architecture prin- cipale des modifications souhaitables a été approuvée et le chantier devrait main- tenant très bientôt pouvoir être clos. Une activité importante de notre Académie est la rédaction de rapports sur des sujets d’actualité. Une douzaine de fascicules ont déjà été publiés. Ils sont d’une incontestable qualité. Nous devons nous attacher à les faire mieux connaître encore des autorités qui sont amenées à prendre des positions dans les domaines qui font l’objet de nos analyses. Les colloques sont un autre mode d’ac- tion important. Nationaux ou, le plus souvent multinationaux, ils permettent de faire le point, entre scientifiques, sur des questions en évolution rapide, puis d’en rendre compte au public par l’in- termédiaire des médias. Les réunions en région nous donnent aussi l’occasion de rencontres fructueuses avec les acteurs de la vie scientifique, mais aussi avec les élèves des établissements d’en- seignement secondaire. Les relations de l’Académie des sciences avec les journalistes qui popularisent la science méritent une attention soutenue. Nous avons de grands espoirs de voir mettre en place très bientôt une émis- sion scientifique hebdomadaire sur une chaîne de télévision de grande audience. Les activités de l’Académie des sciences dans la diffusion du savoir se manifes- tent aussi dans des actions vis-à-vis du public scolaire. " La Main à la pâte " est une remarquable réussite que nous devons au talent et au dévouement de quelques uns de nos confrères. L ’Académie des sciences est très présente en dehors de nos frontières. Yves Quéré anime avec une grande effi- cacité nos actions internationales. Nous sommes reconnus au meilleur niveau dans les institutions académiques euro- péennes et mondiales. Mais nous voulons garder aussi à notre Compagnie un caractère convivial: les réunions dans le Palais de l’Institut sont une occasion d’échanger des idées, d’ex- poser des opinions et de nous retrouver dans une atmosphère qui donne sa pleine dimension à l’appartenance de chacun de nous à une même " Compagnie " Hubert Curien Président de l’Académie des sciences, professeur émérite à l’Université Pierre et Marie Curie. Sommaire Éditorial La lettre du Président Hubert Curien page 2 Dossier Les Encéphalopathies spongiformes transmissibles Nicole Le Douarin page 3 Discours de M. Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre de la Recherche page 7 Allocution de M. Lionel Jospin, Premier ministre page 9 L ’épidémiologie de la maladie de Creutzfeldt- Jakob en France: Questions à Annick Alpérovitch page 11 Entretien avec Kurt Wüthrich page 13 Questions d’actualité Les téléphones portables: un danger? Pierre Buser page 14 Peut-on se ressaisir face aux controverses alimentaires? Comment y remédier Guy Paillotin page 16 Vers un nouveau programme cadre de recherche et de développement pour l’Europe Alain Pompidou page 17 Un nouveau directeur général à l’INSERM Jean-François Bach page 17 Les agents pathogènes des plantes Michel Thellier page 20 A lire Anatomie et biologie des Rhinogrades, un nouvel ordre de Mammifères de H. Stümpke page 20 Editorial La Lettre du Président 2 la lettre n01/2001 de l’Académie des sciences 3 C onnue sous le nom de “maladie de la vache folle”, l’encéphalopathie spon- giforme bovine (ESB) avec ses risques de transmissibilité à l’homme, est devenue en quelques années une formidable menace socio-économique en même temps qu’un questionnement fondamental pour les sciences du vivant. C’est dans ce climat de véritable urgence qu’un colloque sur les “Encéphalopathies spon- giformes transmissibles” a été organisé à l’Académie des sciences du 14 au 16mars 2001 dans le cadre d’une collaboration avec l’Academy of Medical Sciences du Royaume-Uni. À l’invitation de son Prési- dent, le Professeur P . Lach- mann, ce projet avait été présenté à l’Academy of Medical Sciences en novembre 2000 lors de sa réunion de rentrée. Le principe accueilli très favorablement, la décision d’organiser cette conférence et d’y associer l’Académie nationale de médecine a été prise au début du mois de janvier 2001. Il s’agissait : 1. de faire le point sur l’état des connaissances sur le sujet, 2. d’encourager des scientifiques français à s’engager dans des recherches sur l’agent causal ou prion, 3. d’éclairer le public et les responsables poli- tiques sur les agents, les mécanismes et l’évolution prévisible de l’épidémie. Dossier Les encéphalopathies spongiformes transmissibles le Professeur Kurt Wüthrich (de Zurich). Stanley Prusiner, dont les travaux ont été récompensés par le Prix Nobel de médecine en 1997, soutient l’hypothèse selon laquelle l’agent infectieux, qualifié auparavant de virus lent à cause de la longue durée d’incubation de la maladie, serait une protéine appelée prion (pour PRoteinaceous Infectiosity ONly) sans intervention d’un acide nucléique. Kurt Wüthrich a récemment déterminé la struc- ture tridimensionnelle de la protéine appa- rentée au prion, qui existe normalement dans les cellules et qu’on désigne par le sigle PrPc. Les encéphalopathies spongiformes transmis- sibles (EST) affectent de nombreuses espèces de mammifères La forme la plus anciennement connue de cette maladie est la “tremblante” du mouton (en anglais scrapie), dont les Par Nicole Le Douarin Secrétaire perpétuelle de l’Académie des sciences L ’épidémie d’encéphalopathie spon- giforme bovine (ESB), reconnue en Grande-Bretagne depuis 1986, y a rapi- dement pris une grande ampleur. Le nombre de bovins ayant été affectés par la maladie est estimé à environ 1000000 en Grande-Bretagne, 500 au Portugal, 500 en Irlande, 250 en France. L ’épi- démie, qui a atteint un maximum en 1993, a fortement décliné depuis que des mesures ont été prises pour essayer de l’enrayer . Les animaux atteints par l’ESB restent aujourd’hui plus nombreux en Grande-Bretagne que dans l’Europe continentale. En 1996, on s’est aperçu que l’ESB pouvait être transmise à l’homme. Les scientifiques anglais se sont alors engagés dans des recherches sur l’agent infectieux, l’origine de l’épidémie bovine, la transmission de la maladie des bovins à l’homme, etc… En France, l’effort de recherche a été moins grand. Il est appelé à s’intensifier, puisque les crédits ont été récemment triplés (pour atteindre 210 MF en 2001) par décision du Premier ministre avec la création d’un Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) sur les maladies à prions lancé par le ministre de la Recherche et de la Tech- nologie en février 2001 1. L ’expérience des chercheurs anglais était donc précieuse. Invités par le comité d’organisation, les principaux chefs d’équipe anglais, de même que les cher- cheurs français déjà engagés dans cette voie d’investigation, ont répondu posi- tivement. Ont également été invités à présenter leurs résultats à ce colloque, le Professeur Stanley Prusiner, de l’Uni- versité de Californie à San Francisco et premières descriptions remontent à 1730. On a montré en 1936 qu’elle pouvait être transmise d’un animal à l’autre par injection et, vers la fin des années 1950, que la transmission de la maladie pouvait franchir la barrière d’es- pèce (du mouton à la chèvre au rat, au hamster et à la souris). Cependant, le passage de la forme ovine de la maladie à l’homme n’a jamais été constaté. L ’existence de différentes “souches” de l’agent infectieux du scrapie avait déjà été montrée en 1961 par Pattison et Millson. Ce problème fait aujourd’hui l’objet d’études approfondies dont le Dr Moira Bruce de l’Institute for Animal Health Neuropathogenesis d’Edimbourg a donné un aperçu. La résistance exceptionnelle de l’agent du scrapie à divers traitements a été découverte entre 1954 et 1967. Cette caractéristique s’applique aussi à l’agent des autres formes d’EST. Les prions résistent à toutes les procédures géné- ralement utilisées pour inactiver les virus conventionnels. Ainsi, l’agent des EST 1 Le colloque s’est tenu à l’Institut de France avec trois cent cinquante participants. Il a été financé par le minis- tère de la Recherche (dans le cadre du GIS sur les mala- dies à prions) par le Ministère de l’Éducation nationale, le Ministère de la Santé, Le Ministère de l’Agriculture, l’Académie nationale de médecine et le British Council. Il à été honoré par la présence de M. Lionel Jospin, Premier ministre, de M. Roger-Gérard Schwartzen- berg, ministre de la Recherche, de M. Jean Glavany, ministre de l’Agriculture et de M. Bernard Kouchner, ministre-délégué à la Santé. 4 Dossier n’est pas complètement dénaturé par des températures sèches supérieures à 160 °C pendant 24 heures et à 360 °C pendant 1 heure. Un traitement par la formaldehyde à 10 % n’est pas efficace. Une décontamination totale peut être obtenue par l’autoclavage à 132° pendant 1h30, par un traitement par la soude caustique ou l’eau de Javel pendant 1 heure à 20°C ou uploads/Science et Technologie/ lettre-1.pdf
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- Publié le Aoû 26, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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