Jean-Louis WEISSBERG PRÉSENCES À DISTANCE Déplacement virtuel et réseaux numéri

Jean-Louis WEISSBERG PRÉSENCES À DISTANCE Déplacement virtuel et réseaux numériques : POURQUOI NOUS NE CROYONS PLUS LA TELEVISION ÉDITIONS L'HARMATTAN 5-7, rue de l'École-Polytechnique 75005 Paris Tél 01 40 46 79 20 email : harmattan1@wanadoo.fr 304 pages Prix : 160 F Présentation Ce livre propose une analyse des incidences culturelles de la cyber-informatique autour de la présence à distance, selon trois idées directrices - Tendance anthropologique fondamentale (indissolublement culturelle et technique), la Téléprésence voit augmenter son caractère incarné Désormais, c'est avec notre corps entier que nous communiquons à distance ou avec des environnements virtuels (jeux vidéo, par exemple) Au-delà de l'opposition entre présent et absent, se construisent de fines graduations qui incitent à repenser la relation aussi bien lointaine qu'immédiate - L'incarnation dans la présence à distance, alimente la crise de confiance envers la télévision, en particulier Téléprésents, nous exigeons désormais des images incarnées, vivantes : des moyens pour expérimenter l'actuel -ou le passé- et non plus pour en reproduire de simples traces Les médias numériques offrent naturellement leurs services pour cette expérimentation directe de l'information modélisée Mus par un puissant attracteur techno-culturel, nous substituons progressivement, à l'ancienne figure "cru parce que vu", la formule "cru parce que expérimentable" - Les incidences culturelles de la téléinformatique sont paradoxales Et les visions convenues (catastrophe du "temps réel" ou, à l'inverse, suprématie du savoir comme fondement du lien social) sont, au mieux, simplificatrices En effet les réseaux numériques fabriquent une forme de localisation Le temps différé se tisse à l'instantanéité La linéarité est vivifiée par l'hypermédiation et l'accélération nourrit le ralentissement de la communication Loin de dessiner un paysage univoque, la téléinformatique métisse anciennes et nouvelles logiques Ces trois questions offrent autant de vues sur le statut de l'interactivité informatique, les enjeux politiques de l'apprentissage des langages hypermédias, l'automatisation de la médiation sur Internet, ou encore certains aspects de l'art numérique en passant par une relecture de L'image-temps de Gilles Deleuze Jean-Louis Weissberg est Maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université Paris XIII Il enseigne aussi en INFOCOM et au département HYPERMÉDIA de l'Université Paris VIII Table Présentation Remerciements Introduction Chapitre I : Entre présence et absence A - Éléments pour une archéologie de la Réalité Virtuelle C - Les interfaces : la commutation homme/univers virtuel D - Le retour du corps E - Graduations de présence F - Simulation, restitution et illusion Chapitre II : La crise de confiance des massmedia et le principe d'expérimentation A - Du spectacte au spectacte B - La crise de confiance des massmedia C - La demande de participation traduite par le système télévisuel D - Vers l'expérimentation de l'information E - Une expérimentation véridique, sans mise en scène ? Chapitre III : L'auto-médiation sur Internet comme forme politique A - L'auto-médiation versus autonomisation B - L'auto-médiation versus automatisation C - L'auto-médiation, un concept paradoxal D - Scénographie de l'auto-médiation Chapitre IV : La téléinformatique comme technologie intellectuelle A - Technologies intellectuelles, activité scientifique, dynamiques sociales B - Réseaux, information, travail symbolique et travail "immatériel" C - Archive virtuelle, archive "spectrale" Chapitre V : Retour sur interactivité A - L'interactivité : quelques réévaluations B - Éloge des savoir-faire intermédiaires ou le home multimédia, un enjeu politique C - Récit interactif et moteur narratif Chapitre VI : Commentaires sur l'image actée, à partir de L'image-temps de Gilles Deleuze A - De Matière et mémoire au concept de cristal dans L'image-temps B - De L'image-temps aux concepts de l'image actée, versus de l'image virtuelle du miroir à l'avatar virtuel C - Image-temps et image-présence : l'hypothèse du "cristal présentiel" Chapitre VII : Les paradoxes de la téléinformatique A - Réseaux et présence à distance : une disparition de l'inscription territoriale ? B - Internet : l'évanouissement des intermédiaires dans l'espace public ? C - L'univers de l'hypermédiation : une éclipse de la séquentialité ? D - La retraite de l'auteur et l'amour des génériques E - Panoptisme et réglage individuel des trajets F - Le régime temporel des télé-technologies : ralentir la communication Conclusion Index Bibliographie Table des matières À Rose REMERCIEMENTS J'adresse mes remerciements à Jean-Pierre Balpe dont les judicieux commentaires m'ont permis de clarifier certaines questions alors que cet ouvrage était encore dans une phase intermédiaire. De plus, ses travaux ont inspiré certaines de mes réflexions, ainsi qu'en témoigne l'un des chapitres de ce livre. Ma gratitude va aussi à mes collègues et amis de l'I.U.T. de Villetaneuse, Pierre Barboza, Frédéric Dajez et Patrick Delmas. Le cadre de travail élaboré en commun pour imaginer et mettre en place de nouvelles formations au multimédia a été une incitation permanente pour ouvrir de nouvelles directions de recherche et préciser mes analyses. Je remercie aussi Claude Poizot pour son travail de correction de ce livre. Enfin, je ne saurais oublier à quel point au cours de ces dernières années de réflexions communes, les vues pénétrantes de Toni Negri m'ont, latéralement, fait entrevoir de nouveaux horizons pour penser à la fois la dynamique propre des télétechnologies et leur efficacité dans les mutations sociales en cours. "Il faut prendre à la lettre ce que nous enseigne la vision : que par elle nous touchons le soleil, les étoiles, nous sommes en même temps partout, aussi près des lointains que des choses proches, et que même notre pouvoir de nous imaginer ailleurs - "Je suis à Pétersbourg dans mon lit, à Paris, mes yeux voient le soleil" [Robert Delaunay, Du cubisme à l'art abstrait] - de viser librement, où qu'ils soient, des êtres réels, emprunte encore à la vision, remploie des moyens que nous tenons d'elle." "La peinture réveille, porte à sa dernière puissance un délire qui est la vision même, puisque voir c'est avoir à distance, et que la peinture étend cette bizarre possession à tous les aspects de l'Être, qui doivent de quelque façon se faire visibles pour entrer en elle." Maurice Merleau-Ponty, L'oeil et l'esprit Introduction Pourquoi mettre Présences au pluriel dans le titre de ce livre ? Les "présences à distance" visent une région particulière, celle des déplacements fluides gérés par les technologies numériques, mais conçus dans leur dépendance aux "machines" intellectuelles et corporelles (langage, vision, audition, geste, etc.). Il ne s'agit, ici, ni d'une lecture généalogique, ni d'une description fidèle du paysage technique et politique des télécommunications. Nous explorons, en revanche, quelques logiques homogènes aux procédés actuels de déplacements des signes de la présence en les comparant à celles qui ont gouverné leurs prédécesseurs. Nous ne présupposons pas que la Téléprésence est appelée à se substituer aux rencontres charnelles dans les activités humaines. D'où le pluriel qui affecte le terme "présence", exprimant le développement de solutions intermédiaires entre l'absence et la présence strictes : les modalités de la présence à distance se multiplient, et surtout, le coefficient corporel augmente dans ces transports. La Téléprésence agit comme une "forme culturelle" qui redéfinit la notion même de rencontre (comme d'autres, telles que la photographie ou la télédiffusion audiovisuelle, l'ont déjà accompli). Nous aurons bien sûr, à nous expliquer sur cette notion de "forme culturelle" dans ses rapports à la technique en général et aux techniques particulières qui la sous-tendent. Ainsi -c'est l'une des propositions principales de ce livre- la Téléprésence transforme l'exercice de la croyance telle qu'elle se concrétise aujourd'hui encore dans la télévision, parce qu'elle affecte les conditions du déplacement de la présence. La crise de confiance qui taraude les massmedia dans leur fonction informative entretient, en effet, des rapports explicites avec la Téléprésence, si l'on admet que la croyance, quel qu'en soit le vecteur, exige un transport de l'événement (article de presse, enregistrement vidéo, etc.). On est présent par procuration en lisant un article de presse qui décrit un affrontement militaire, par exemple. On est témoin par oeil et oreille interposés quand on regarde un reportage sur ce même conflit. Avec les vecteurs numériques, on est présent aussi, mais de manière à la fois plus distante et plus intime, dès lors qu'il devient possible d'expérimenter l'événement par le truchement de son modèle, et non plus d'apprécier la transposition écrite ou la capture audiovisuelle pratiquée par autrui. Transporter suppose alors de modéliser préalablement l'événement. Et c'est là qu'interviennent les technologies numériques, non pas seulement pour transporter l'information mais pour la mettre en forme et la rendre ainsi expérimentable. Et l'on voit bien que ces questions pourraient être prolongées dans le domaine politique puisque le système de la démocratie représentative repose sur la séparation entre représentants et représentés. Quelles formes politiques pourront-elles bien correspondre à une situation où l'on peut être à la fois ici et ailleurs ? À ce commerce entre le technique (la maturation, la disponibilité des techniques de modélisation numérique) et le culturel (l'exigence d'expérimentation que personne n'exprime en propre et que tout le monde partage), la notion de "forme culturelle" vient apporter un cadre. Il s'agit bien d'un lieu de mixage où se négocient, s'interpénètrent et se contraignent mutuellement, dispositifs, usages sociaux et désirs collectifs. On pourrait aussi bien parler de "forme technoculturelle". Ce serait, au plan épistémologique, uploads/Science et Technologie/ presences-a-distance.pdf

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