I. Notre motivation : la raison du choix de thème A voir les réalités contempor

I. Notre motivation : la raison du choix de thème A voir les réalités contemporaines ou encore le statut de l’homme du XXIe siècle, fort est d’affirmer que le projet de domestiquer la nature, ou, si l’on préfère, de la dominer, est un projet réalisé, un but atteint. A la question de savoir qu’est ce qui justifie ce fait, la réponse à la lumière des trois révolutions prédites par Einstein est sans doute suffisante et satisfaisante. Il s’agit entre autres des révolutions démographique, nucléaire et communicationnelle. La première révolution, c’est-à-dire la révolution démographique se justifie en ce que l’essor de la médecine, ou, si l’on préfère, la maitrise du contexte d’existence fait que l’homme a davantage la main mise sur les maladies qui autrefois lui étaient fatales (les épidémies et les maladies incurables etc…). La révolution nucléaire quant à elle se fait ressentir dans les progrès de la physique qui permettent la diversification des sources d’énergie pour l’industrialisation des sociétés. La possibilité d’une circulation en temps réel des préoccupations humaine, économique et même sociopolitique, ceci grâce à l’avènement de la cybernétique, est aussi une preuve que la révolution communicationnelle est effective. Tout ceci semble montrer que l’homme moderne a finalement recouvré sa pleine réalisation, et jouit d’un bonheur jamais égalé. Toutefois, des questions relatives à la crédibilité de ce succès quant à l’assurance du bien-être de la nature et de l’homme ont été soulevées de par et d’autres. Car, faut-il le souligner, la même technique qui s’est voulue libératrice de la condition humaine produit manifestement des effets qui laissent à désirer. C’est pourquoi depuis notre entrée dans l’univers philosophique, ainsi que dans notre regard quotidien, nous avons pu faire état d’un certain nombre de constats. De prime abord, nous avons fait une remarque selon laquelle la question de l’ambivalence de la technique (que d’un coté elle est le fondement du devoir-être de l’homme contemporain et que de l’autre elle l’inquiète par ses dérives) marque davantage de nos jours ses empruntes dans les consciences. Ensuite, un autre constat c’est qu’autour de nous, les objets issus des techniques, surtout des nouvelles technologies de l’information, paraissent davantage fascinant pour l’homme à tel enseigne que celui-ci semblent avoir trouvé ʺcelui sur qui il peut enfin compter et reposer tout son espoir ʺ. Nous voulons dire qu’on se sent par exemple plus à l’aise quand on est en face de son écran de télévision ou d’ordinateur ; ou encore avec son téléphone multimédia, qu’avec une personne en sa compagnie. Enfin, des débats autour de la préservation de l’environnement, des énergies renouvelables, du développement durable se font de plus en plus persistants au sein de nos sociétés contemporaines. Face donc à cette aporie au sujet de la technique, se profilent un scepticisme et un pessimisme dans lesquels le discours sur la technique apparait comme un facteur d’aliénation de l’homme. C’est donc au regard de cette mouvance que nous nous sommes proposé de réfléchir sur le thème : « Le discours sur la technique comme un facteur de remodelage de l’homme moderne : Essai d’analyse à la lumière du Bluff technologique de Jacques Ellul. » II. Problématique du sujet et hypothèses - problématique Jacques Ellul (1912-1994) apparait à proprement parler à nos yeux comme l’un de ceux- là qui ont mené des réflexions sérieuses et profondes sur la question de la technique. C’est ainsi que dans l’un de ses trois ouvrages consacrés à la technique, Le Bluff technologique (1988), le penseur français s’attaque sans réserve au caractère « flatteur » du discours tenu par les techniciens, les politiques et les medias , lesquels déifient les possibilités techniques et voilent radicalement les aspects négatifs. Ce discours sur la technique, répandu absolument partout et jamais critiqué est tel que l’homme se trouve hypnotisé et dilué dans le système technicien. En d’autres termes, il est plongé au cœur même de la fascination et placé dans une situation de dépendance irréversible. C’est donc à partir de là que s’est dégagé de manière explicite le véritable problème qui nous hantait, à savoir l’impact du discours sur la technique sur le quotidien de l’homme moderne. Ce qui nous a conduit à nous interroger : comment l’homme peut-il faire usage des techniques tout en restant lui-même devant les multiples possibilités « vantées » par le discours sur la technique ? De manière plus explicite, la techno-logie, entendue comme discours sur la technique, aveugle-t-elle véritablement l’homme ? Peut-on dire de l’homme qu’il est libre dans le contexte de la technocratie ? Qu’est-ce qui fait de l’homme un réel différent des autres réels ? - Hypothèses D’abord nous pensons que l’homme peut garder tout son statut d’homme devant la technique s’il considère celle-ci comme l’une des productions de l’esprit humain. Autrement dit, s’il a la conscience que la technique à elle seule ne saurait résoudre tous les problèmes qui se posent à lui. Ensuite, le caractère trop exaltant du discours sur la technique modifie le comportement de l’homme. Par conséquent, l’homme ne vit plus que sous la dictature de la technique et de ses objets. L’homme se dilue dans ce que l’on appelle « culture technicienne » et ne parviens plus à se ressaisir. Face à cela, le discours sur la technique se devra de revêtir un visage humain ; c’est-à-dire viser moins le progrès des techniques que le progrès de l’homme. Enfin, seul un nouveau paradigme de la technique pourra amener l’homme à être lui- même. Et dans cette perspective, l’homme qui est au Sud du Sahara a encore une chance d’intégrer vite ce nouveau paradigme, car il ne vit pas encore totalement les mêmes réalités de la technique que l’homme d’occident. III. Définition des concepts et notions clés - Jacques Ellul Le penseur français Ellul est né à Bordeaux en 1912. Issu d’une famille modeste, la connaissance de la personne de cet homme s’articule autour de deux réalités qui plus souvent semblent opposées. Il s’agit d’un côté de sa vie de foi qui le conduit en 1930 à s’engager dans le protestantisme, soit l’Eglise réformée de France. De l’autre côté, un an plus tard, c’est-à- dire en 1931, le jeune Ellul fait la connaissance de l’œuvre de Karl Marx. Après une lecture approfondie d’un des ouvrages célèbre de celui-ci, Le capital, Ellul s’engage à une étude intégrale de l’œuvre du philosophe allemand auquel, par la suite, et durant plus de trois décennies, il consacre un cours lorsqu’il enseignera à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Bordeaux. En 1936, Ellul soutient une thèse de doctorat en Droit, après avoir été pendant une brève période chargé de cours, d’abord à la faculté de Droit de Montpellier, ensuite de Strasbourg et enfin de Clermond-ferrand. Nous parlons d’une brève période comme chargé de cours parce qu’en 1940 il est révoqué pour avoir critiqué le Maréchal Pétain1 devant ses propres étudiants. Fort heureusement, Jacques Ellul réussit le concours d’agrégation de droit romain et d’histoire du droit en 1943. C’est ainsi qu’à partir de 1943, il enseigne l’histoire des institutions et l’histoire sociale à l’université de Bordeaux, ceci jusqu’en 1980. Ellul meurt en 1994. - La technique Avant de donner une définition de la technique, Ellul montre d’abord ce que celle-ci n’est pas. Et nous nous appuyons ici sur deux cas. 1 Pétain, Philippe (1856-1951), maréchal et homme politique français, chef de l’« État français » (1940-1945). D’une part, la technique n’est la machine.2 La technique moderne ne saurait être réduite strictement à un moyen que l’homme déploie pour ses propres besoins. La machine est la forme la plus évidente, la plus massive et la plus impressionnante de la technique, mais elle n’est pas la technique. Ainsi, assimiler la technique à la machine est trop restrictif ; dans la mesure où la technique ne se réfère pas seulement aux tâches évidentes et n’a pas pour seul objectif l’allègement de la charge du travail de l’homme. Il est bien vrai que l’homme ordinaire, lorsqu’il voit la machine, pense inévitablement à la technique, comme quoi celle-ci dépendait uniquement de la machine. Mais Ellul note que « c’est la machine qui, aujourd’hui, dépend en tout de la technique, et ne la représente plus que pour une partie. »3 D’autre part, la technique est différente de la science. En effet pour Ellul, il est bien vrai que science et technique entretiennent une relation très étroite de nos jours. On parle désormais de technoscience, mais ce n’est plus aujourd’hui la frontière de la science qui est en jeu, mais la frontière de l’homme. En d’autres termes, le phénomène technique est d’une importance beaucoup plus considérable pour la situation de l’homme actuellement que le problème scientifique. C’est pourquoi « il ne semble plus que ce soit par rapport à la science qu’il faille définir la technique. »4 Pour Ellul, tout comme la machine, la science est devenue un moyen de la technique. Bref si elle n’est rien de tout cela, qu’est-ce que donc la technique ? Selon Ellul, « le phénomène technique est la préoccupation de l’immense majorité des hommes de notre temps de rechercher en toutes uploads/Science et Technologie/ projet 1 .pdf

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