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L 13418 - 898 - F: 5,30 € - RD Choyez_SciencesAvenir_200x270_0811.indd 1 Choyez_SciencesAvenir_200x270_0811.indd 1 08/11/202 08/11/202 N° 898 - Décembre 2021 - Sciences et Avenir - La Recherche - 3 ÉDITORIAL Q uiconque a entendu les marins de la transat Jacques-Vabre évoquer ces jours-ci leur bateau aura senti à quel point ils ou elles fi nissaient par faire corps avec lui. Ce dernier se muant peu ou prou en une personne sur laquelle on peut vraiment compter ou pas. Imaginons le jour où, doté d’une intelligence artifi cielle douée de langage naturel, le bateau leur parle, les avertissant d’une faiblesse de son mât, pronostiquant la force de la houle ou la formation d’un ouragan. Rien de tel pour défi nitivement anthropomorphiser l’engin. Des robots qui discutent. Qui d’entre nous, d’ailleurs, ne s’est pas retrouvé un jour à sermonner sa propre voiture quand, par un froid matin d’hiver, elle refusait de démarrer ? Comment allons-nous nous comporter à l’avenir, suite à des échanges de plus en plus fréquents avec les agents conversationnels — ces « chatbots » ou robots qui discutent — répondant à nos questions et donnant des conseils ? Déjà une réalité pour qui converse avec Siri sur son iPhone ou avec Alexa d’Amazon, appelé avec Disney à se déployer un peu partout. Manipulation douce. Que se passera-t-il demain avec le développement du métavers annoncé récemment par Mark Zuckerberg (lire p. 42) ? Dans cet univers virtuel, où tout un chacun est censé vivre via son avatar en 3D parmi d’autres avatars amis, comment détecter les pseudo-personnages… Des robots si persuasifs qu’on les prendrait pour des anges gardiens. À l’heure où la Stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (2018-2022) entre dans sa deuxième phase, ce n’est pas un hasard si un avis sur les enjeux éthiques des chatbots vient d’être émis par le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN). Les agents conversationnels sont en effet des intermédiaires puissants du système numérique pour que ce dernier engrange pléthore de données sur nos réactions émotionnelles et notre comportement général. Un apprentissage qui, en retour, peut permettre d’exercer insidieusement une « manipulation douce », explique ainsi Laurence Devillers, corapporteuse de l’avis du CNPEN, professeure d’IA et d’éthique (université Paris-Sorbonne, CNRS) que les lecteurs de Sciences et Avenir–La Recherche connaissent bien. Brouillage et mensonges. Il est grand temps que des normes encadrent la déferlante annoncée de chatbots, pour éviter le brouillage entre humain et non-humain. Voire une perte de repères entre la vie et la mort, quand il devient possible de poursuivre le dialogue avec une personne décédée grâce à un « deadbot » qui en garde la voix et l’apparence. Que deviendrait le temps du deuil, indéfiniment prolongé ? Une éducation s’impose ainsi dès le plus jeune âge, pour faire prendre pleinement conscience de cette nouvelle réalité. Pour éviter non seulement que s’aggrave l’addiction aux images ou à la consommation de produits mais aussi que s’infiltrent mensonges et fake news, à l’insu de notre plein gré. Un défi à la démocratie. ! @dominiqueleglu Gare aux amis virtuels Dominique Leglu Directrice éditoriale BERNARD MARTINEZ SA898_003.indd 3 SA898_003.indd 3 10/11/202 10/11/202 Courriels à : courrier-lecteurs@sciencesetavenir.fr Ordre de grandeur Dans l'article « Le dernier sou- pir d'une étoile », vous écri- vez : « 14 millions de fois plus d'énergie que toutes les étoiles de la Voie lactée, c’est la puis- sance libérée en moins d'une seconde par un sursaut de rayons gamma… » Je suppose qu'il s'agit de l'énergie rayon- née par les étoiles (par an, par jour ?) alors que pour le sur- saut gamma il s'agit de l'énergie libérée par la fusion due à l'ef- fondrement de l'étoile ? Cette énergie-là étant potentielle- ment présente dans toutes les étoiles encore « en vie » ? Marc Bories S. et A. : Afi n d’illustrer l’extraor- dinaire puissance de ce sursaut gamma, Tomás Ahumada, de l’uni- versité du Maryland (États-Unis), explique sur le site de la Nasa : « Le sursaut a émis 14 millions de fois plus d’énergie que la Voie lactée tout entière en moins d’une seconde. » On notera d’abord que Tomás Ahumada prend soin de préciser qu’il s’agit bien d’énergie par seconde, ce qui correspond à une puissance, comme men- tionné dans la brève. Concernant la demande de précisions : oui, il s’agit bien de l’énergie de toutes les étoiles de la Voie lactée. En mesurant l’énergie rayonnée libérée par le sursaut gamma, les chercheurs ont constaté que c’est 14 millions de fois plus que ce que libèrent toutes les étoiles de la galaxie dans le même temps. Il est bien évidemment ques- tion d’une moyenne de l’énergie rayonnée par les étoiles (essen- tiellement dans le domaine visible pour le Soleil), ce qui est forcé- ment approximatif. Les étoiles n’émettent pas toutes la même quantité d’énergie, cela dépend de leur type. Par ailleurs, il n’y a pas de consensus non plus sur le nombre exact d’étoiles dans la Voie lactée. Ce chiff re est un ordre de grandeur et il faut le prendre comme tel. Hêtre pourpre Dans la rubrique « Questions de lecteurs » (S. et A. n° 895), à la question « Pourquoi les feuilles sont vertes ? », vous nous avez expliqué le rôle de la chlorophylle mais quid du hêtre pourpre et pourquoi ses feuilles redeviennent-elles vertes avant de mourir ? Bernard Weber S. et A. : Si la majorité des feuilles affi chent en eff et des couleurs vertes dues à la chlorophylle, chez certaines espèces, elles peuvent arborer d’autres teintes. Cela est lié au fait que dans leurs feuilles, la chlorophylle n’est pas le pig- ment dominant. D’autres comme les anthocyanes ou les caroté- noïdes peuvent être majoritaires, et dans ce cas leurs teintes domi- neront. Ainsi pour le hêtre rouge, ce sont les anthocyanes qui leur donnent leur couleur (ces pig- ments sont notamment présents dans les fruits rouges). Quant au verdissement de ces feuilles à l’automne, il peut être attribué à la dégradation des pigments qui dominent et laissent brièvement apparaître la chlorophylle. Précision Orion. Dans l’article « Une planète en orbite autour de trois étoiles » (S. et A., n° 897), la constellation d’Orion n’est pas située à 1300 milliards d’années-lumière, mais à 1300 années-lumière. ! « Le dernier soupir d'une étoile » (Sciences et Avenir - La Recherche n° 895, septembre 2021) COURRIER 4 - Sciences et Avenir - La Recherche - Décembre 2021 - N° 898 les étoiles de la Voie lactée. En mesurant l’énergie rayonnée libérée par le sursaut gamma, les chercheurs ont constaté que c’est 14 millions de fois plus que ce que libèrent toutes les étoiles de la galaxie dans le même temps. Il est bien évidemment ques- tion d’une moyenne de l’énergie rayonnée par les étoiles (essen- tiellement dans le domaine visible pour le Soleil), ce qui est forcé- ! © Photo : Christophe Abramowitz / Radio France Minute Papillon ! Sidonie Bonnec Lundi 6 décembre à 14 h Les continents engloutis avec Sylvie Rouat, journaliste à Sciences et Avenir-La Recherche En collaboration avec SA898_004.indd 4 SA898_004.indd 4 09/11/202 09/11/202 N° 898 - Décembre 2021 - Sciences et Avenir - La Recherche - 5 Mathieu Nowak Rédacteur en chef BERNARD MARTINEZ ÉDITO I l est rare d’entendre le mot « révolution » dans la bouche des scientifi ques tant leur prudence est légendaire. Mais la situation n’a rien d’ordinaire. Le 18 décembre, Ariane 5 doit décoller avec le plus gros et le plus puissant télescope jamais envoyé dans l’espace. Sa conception a débuté en… 1989, avant même le lancement du mythique Hubble ! Sa mise au point s’est révélée particulièrement délicate et étant donné qu’il sera positionné à 1,5 million de kilomètres de la Terre, tout problème ruinerait cette mission à 10 milliards de dollars. Cette interdiction de l’échec explique en grande partie les treize ans de retard sur la première date annoncée pour le lancement. La pression est énorme, tout comme le sont les promesses. Car les scientifiques le savent, en regardant dans cet infrarouge invisible à nos yeux, ils verront ce qu’ils n’ont encore jamais vu. La lumière émise par les premiers astres qui ont peuplé l’Univers, la nature de l’atmosphère des exoplanètes, des systèmes solaires en formation ou encore les confins du nôtre. Si aujourd’hui le sigle JWST (pour James Webb Space Telescope) est mystérieux même pour les passionnés de sciences, sa célébrité est assurée. Car il sera associé à toutes les prochaines découvertes qui changeront notre vision de l’Univers. C’est pourquoi nous avons consacré un dossier à « cette machine révolutionnaire » qui sera le héros d’une « prodigieuse aventure scientifique », comme nous l’explique l’astrophysicien Pierre-Olivier Lagrange qui supervise l’un de ses appareils de détection (p. 30). L’aventure d’une vie. Mais ce n’est pas la seule révolution annoncée dans Sciences et Avenir-La Recherche. La découverte de continents jusqu’ici inconnus (p. 48) nous oblige à repenser ce que l’on croyait figé dans les manuels scolaires des sciences de la vie et de la Terre : la tectonique des plaques. Car uploads/Science et Technologie/ sciences-et-avenir-decembre-2021.pdf

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