LES NOTES DE POLITIQUE DU CRES Diffusion de variétés de riz et du système de ri

LES NOTES DE POLITIQUE DU CRES Diffusion de variétés de riz et du système de riziculture intensive : quel impact sur la filière ? N° 15 / 2017 Recherche menée sous la direction du Pr Abdoulaye DIAGNE cres@cres-sn.org Introduction Le Sénégal se place au premier rang des pays ouest africains consommateurs de riz, avec une consommation de 90 kg par habitant et par an en moyenne. Mais plus des deux tiers de la de- mande intérieure de riz (estimée à un peu plus d’un million de tonnes) sont importés. L’incerti- tude qui plane sur les marchés mondiaux du riz rend le recours aux importations de plus en plus risqué. Sur une production moyenne de 436.000 tonnes de riz paddy par an 83% proviennent des zones irriguées et 17 % des zones pluviales. Fort de ce constat, l’Etat du Sénégal a mis en œuvre, le Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR) avec l’objectif d’atteindre 160 000 de riz paddy nécessaires à l’autosuffisance alimentaire en 2017. Autre objectif du PNAR : un meilleur équilibre entre la culture irriguée et la culture pluviale. Deux projets d’implantation de paquets technolo- giques portant sur la riziculture pluviale ont été mis en œuvre dans le cadre du Programme de producti- vité agricoles en Afrique de l’Ouest (PPAAO) : un pro- jet de diffusion des variétés de riz Nérica et Sahel dans les régions de la Casamance (Ziguinchor, Sé- dhiou et Kolda), et le projet de diffusion du système de riziculture intensive dans les régions du Bassin arachidier sud (Fatick, Kaolack, et Kaffrine). Mis en œuvre en 2014, le premier projet visait à améliorer la production de riz pluvial par l’intermédiaire de 11.000 producteurs dont 8800 femmes. Lancé en 2015, le second projet avait comme objectif de diffuser auprès de plus de 19200 producteurs des techniques cultu- rales destinées à améliorer la productivité des sys- tèmes de culture du riz pluvial à travers la formation des bénéficiaires en gestion des plants, du sol, de l’eau et d’intrants utilisés. La présente note de politique présente les résultats d’une étude réalisée par le CRES visant à évaluer les impacts de ces deux projets. MÉTHODOLOGIE Pour mesurer les impacts des technologies agricoles diffusées par les deux projets, une enquête d’ordre quantitatif et qualitatif a été effectuée auprès de 789 producteurs de riz dont 687 dans les zones bénéfi- ciaires des projets PPAAO et 102 dans les com- munes non bénéficiaires. Sur le nombre total de producteurs enquêtés, 439 sont des bénéficiaires et 350 (44%) des non bénéficiaires. Les producteurs bénéficiaires enquêtés ont été for- més sur le système de riziculture intensive (136) et parmi eux certains ont reçu un paquet technologique composé des variétés améliorées de riz intégrant des itinéraires techniques (au nombre de 303). Signalons enfin que 72% des producteurs bénéficiaires de l’échantillon sont des femmes. Rue 10 Prolongée, Cité Iba Ndiaye Djadji, Lots N° 1 et 2 - Pyrotechnie Dakar, Sénégal CP : 12023 - BP : 7988 Dakar-Médina - Tél. : 33 864 77 57 ; Fax : (221) 33 864 77 58 E-mail : cres@cres-sn.org - Information : contact@cres-sn.org Site Web: www.cres-sn.org Pour être efficaces, les technologies d’amélioration des rendements en matière de riziculture nécessitent la formation, non seulement en termes de sensibili- sation mais aussi d’expérimentation desdites techno- logies. Les résultats de l’enquête montrent cependant qu’au total, seuls 17% des bénéficiaires en moyenne déclarent avoir reçu une formation sur les itinéraires techniques des trois technologies. Cette formation a plus concerné les bénéficiaires du système de rizicul- ture intensive que ceux des variétés de semence. Cet écart peut s’expliquer par le fait que pour la réussite du système de riziculture intensive, les producteurs ont nécessairement besoin d’une formation pratique sur les techniques culturales (repiquage, plantation, etc.). Même si l’appui/conseils donné par les conseillers des projets n’a pas profité à tous les bénéficiaires des projets, il a probablement permis de pallier le faible niveau de sensibilisation et de formation des produc- teurs sur les différentes technologies. Pour l’ensem- ble des trois projets, on note que des visites ont en effet été rendues à près de la moitié (49%) des béné- ficiaires. Les bénéficiaires du projet de riziculture intensive ont été cependant relativement plus nombreux (57%) à recevoir des visites des conseillers tech- niques que les bénéficiaires des variétés de semences de riz (46%). Cette différence s’ex- plique sans aucun doute par la différence de nature entre les deux types de technologie, la mise en place du premier étant plus exigeante en termes de maîtrise. Des taux d’adoption différenciés mais relative- ment élevés L’adoption des trois technologies proposées est un processus qui passe par la sensibilisation des pro- ducteurs, la formation, l’apprentissage et la mise en application sur les parcelles. Le fait de connaitre et d’apprendre à utiliser une technologie favorise son adoption. Le graphique 1 ci-dessous montre que les trois quarts des 789 producteurs enquêtés ont eu connaissance de l’une des trois technologies diffu- sées, et que 42% d’entre eux ont fini par adopter l’une d’entre elles. Avec 44% de taux d’adoption, les femmes sont relativement plus nombreuses à utiliser les technologies diffusées que les hommes dont seu- lement 36% en ont adopté l’une ou l’autre. Preuve de la supériorité des nouvelles technologies par rapport aux pratiques traditionnelles, le pourcentage des bé- néficiaires ayant adopté les technologies proposées (59 %) est trois fois plus élevée que celui des non bé- néficiaires (21 %). RÉSULTATS Un faible niveau de sensibilisation et de formation compensé par un appui technique relativement sa- tisfaisant Les résultats d’enquête révèlent que seuls 16 % des producteurs enquêtés ont déclaré avoir été sensibilisés sur les projets. Le taux de sensibilisation est plus élevé chez les bénéficiaires des projets (avec 25% de sen- sibilisés) que chez les non bénéficiaires (3%). Tableau 1 : Niveau de sensibilisation des producteurs selon les différentes technologies (en %) Les résultats de l’enquête montrent également que les producteurs sans aucun niveau d’instruction sont moins réceptifs aux technologies proposées que ceux ayant atteint un niveau d’éducation soit primaire soit secondaire. Les producteurs d’un certain niveau d’instruction sont mieux préparés à comprendre, à respecter les itinéraires techniques et donc à tirer pro- fit des technologies proposées. Il apparaît en outre que l’adoption des technologies est d’autant plus facile que les producteurs sont âgés. La proportion de producteurs ayant adopté les nou- velles technologies passe ainsi de 14% parmi ceux âgés de 14 et 25 ans à 50% parmi ceux de plus de 56 ans. Ces différences témoignent en définitive de l’importance du nombre d’années d’expérience ac- quises par les riziculteurs dans l’adoption de nou- velles pratiques culturales. Parmi les bénéficiaires le taux d’adoption varie ce- pendant d’une technologie à l’autre, alors qu’il atteint plus de 60% parmi les bénéficiaires des variétés de riz, il s’élève à 50% seulement parmi les producteurs ayant bénéficié d’une formation sur le système de ri- ziculture intensive. Cette différence s’explique sans aucun doute par les difficultés liées à l’application d’un tel système comparé aux deux autres technolo- gies. Graphique 2 : Adoption des producteurs enquêtés selon le genre Niveau de satisfaction des bénéficiaires La répartition des bénéficiaires des technologies selon leur niveau de satisfaction montre que la grande majorité d’entre eux sont très ou assez satis- faits de l’utilisation de celles-ci. En effet, cette appré- ciation est partagée par trois bénéficiaires sur quatre en moyenne. Avec 86% de satisfaits, les bénéficiaires du système de riziculture intensive représentent la ca- tégorie de producteurs manifestant le niveau de sa- tisfaction le plus élevé. Ce niveau de satisfaction peut s’expliquer par les avantages que les bénéficiaires disent tirer de l’utili- sation des technologies. Ces avantages sont par ordre d’importance : l’amélioration des rendements (pour 64% des bénéficiaires), l’augmentation des re- venus (55%) et le renforcement des connaissances en techniques de production (38%). Impact des technologies sur les rendements Les résultats de l’estimation des gains de rendement générés par les nouvelles technologies confortent l’appréciation généralement positive des bénéficiaires sur les avantages de celles-ci. Ces résultats indiquent en effet que même si les rendements à l’hectare de 2014 et de 2015 sont en augmentation pour tous les producteurs de riz pluvial, les bénéficiaires des nou- velles technologies ont obtenu des rendements su- périeurs respectivement de 14% et 17% en moyenne à ceux obtenus par les non bénéficiaires. On en conclut à une plus grande productivité des nouvelles technologies comparées aux technologies tradition- nelles. Les données recueillies lors des visites techniques in- diquent cependant que les gains de rendement pour- raient être plus importants, si les bénéficiaires respectaient les itinéraires techniques et les quantités de semences recommandées. Tableau : Gains de rendement réalisés par les bénéficiaires par rapport aux non bénéficiaires CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS Cette Publication a été réalisée grâce à une subvention du Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI) dans le cadre de l’initiative Think Tank Un certain nombre d’enseignements peuvent être tirés des résultats de l’étude. Premièrement, les conditions et le niveau d’adop- tion des nouvelles technologies montrent l’impor- tant rôle que jouent la sensibilisation et la formation des uploads/Science et Technologie/diffusion-de-varietes-de-riz-15.pdf

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